Ivre de fatigue, je tire sur mon short de pyjama et traine les pieds jusqu'à la cuisine. J'ai mal partout, je suis rentrée par je ne sais quel miracle hier soir et c'est... usant. Je suis usée. C'est pas une vie que de sortir autant mais pourtant, c'est ma vie. J'adore faire partie de la mather house mais je commence à fatiguer. Un bon week-end à dormir me ferait le plus grand bien, je ne peux pas le nier. J'entends un bourdonnement dans mon oreille gauche et grogne. " Musique à la con " Et alcool à la con. J'avais l'impression que tout allait bien hier mais faut croire que non. Dans un boucan monstre, je sors saladier, farine, lait et oeuf. " Pancakeeeeees de l'amour, ça te dit ? " Criais-je encore la tête dans le frigo. Allez Isaiha, viens me tenir compagnie. Et les cuire, avant que je fasse tout brûler.
Isaiha était levé depuis un moment quand sa sœur l’avait appelé pour le petit déjeuner. Dès son réveil, il avait sauté dans sa tenue de sport pour se faire un footing. Il faut dire que depuis sa rupture avec Amanda, il cherchait par tous les moyens à s’occuper l’esprit au maximum pour ne pas regretter son geste, sa décision. Alors, peut-être se raccrochait-il un peu trop aux jeux, à ses amis mais c’était la seule solution qui s’imposait à son esprit de peur de s’entendre penser qu’un retour dans l’Ohio était l’idée du siècle. « Avec du sirop d’érable ? » demanda-t-il à sa sœur en arrivant dans la cuisine, un jean sur les fesses, torse nu, une serviette un peu humide en travers de l’épaule. « Tu es rentrée tard hier soir » commenta-t-il simplement sans reproche ni rien. Avec le recul, il ne dirait pas non pour s’abrutir parmi une foule bruyante au lieu de sculpter des petits personnages en bois, dans un coin de sa chambre.
Je tourne le visage vers Isaiha quand j'entends sa voix et ferme presque les yeux parce que la lumière qui arrive de derrière lui manque de me rendre aveugle, je dois bien l'avouer. " Ouai comme tu veux " Soufflais-je en me dirigeant vers le placard après avoir fermé le frigo. Le verre doseur, où est-il... ? Je ne vois pas très clair et j'ai les idées un peu embrumée, je dois bien l'avouer. " Il nous reste encore de la confiture de framboise-rhubarbe ? " C'est le mélange le plus étrange que j'ai pu goûter mais c'était quand même super bon... Je me rends compte au moment où je lui pose cette question que je ne suis jamais là pour manger réellement... Jamais au point où je ne sais même pas ce que l'on a dans le frigo. Sur la pointe des pieds, j'attrape le verre doseur et le pose sur la table. Je sens que je vais en mettre plus à côté qu'autre chose... Je l'écoute et déglutis. Je sais. Et je rentre tard presque tous les jours depuis l'agression. Des fois je ne rentre pas du tout. Et d'autres je comate à 21h sur le canapé du salon. Ça dépend des jours et des soirées prévues.. " Ah ouai ? " Demandais-je innocemment. " Je t'ai réveillé ? " J'espère pas... Mais bon, vu le nombre de mur que je me prends en rentrant, ça m'étonnerait pas trop.
Isaiha n’était pas idiot, il voyait bien que sa sœur fuyait les lieux depuis ce qui c’était passé et il ne pouvait pas la condamner seulement, elle lui manquait affreusement surtout avec les derniers événements. « Oui j’en ai racheté l’autre jour » répondit-il avant qu’il ne lui fasse remarquer qu’elle était rentrée tard, comme à son habitude. « Je ne dormais pas vraiment alors non, tu ne m’as pas réveillé » tint-il à lui faire savoir avant de quitter la cuisine pour se diriger vers sa chambre où il enfila un T-Shirt noir avant de déposer la serviette dans la salle de bain. Ce n’est qu’une fois cela fait qu’il retourna auprès de sa sœur. « Casey… il faut que je te parle de quelque chose… J’ai… J’ai rompu avec Amanda » lâcha-t-il la bombe. Il espérait que sa sœur ne lui en tienne par rigueur car il savait que les deux jeunes femmes s’appréciaient. « Capucine m’a proposé de l’accompagner à Londres pour me changer les idées et j’ai accepté. Je pense que cela nous fera du bien de prendre un peu de distance. J’ai bien compris que depuis ce qui s’est passé à notre anniversaire, tu fuis l’appartement comme la peste » soupira-t-il. Ce n’était peut-être pas très sain de tout lui annoncer dans la même phrase mais au moins, il était certain de ne pas manquer de courage entre deux révélations.
Bon, si je ne l'ai pas réveillé, c'est déjà ça non ? Oui, je tente de me contenter de ça, de me dire que tout va bien puisque je ne l'ai pas réveillé. Et je ne vois même pas qu'il ne dormait pas, qu'il est donc tracassé. Casey ou l'art de l'égo centrisme depuis peu. Ce n'est pas moi ça. Ou alors si, c'est mon nouveau moi. Je le regarde filer et je commence à faire la pâte. Ça devrait être plutôt rapide et je connais la recette par coeur à force d'en faire. C'est d'ailleurs l'une de mes dernières vidéos sur ma chaîne youtube. Je suis entrain de tout mélanger quand il revient et me dit qu'il n'est plus avec Amanda. " Quoi ? " Je lâche ma fourchette qui glisse dans le saladier et je le regarde. " Depuis quand ? " Je le regarde et tente de voir si tout va bien pour lui. Pourquoi ? Je ne comprends pas trop... Ils étaient amoureux ces deux là et j'avais enfin fini par l'accepter quoi. Mais il ne répond pas tout de suite à mes questions, il enchaîne avec un voyage à Londres avec Capucine. Et par le fait que je fuis l'appartement. " À Londres ? C'est sérieux là ? " Demandais-je en commençant à rire légèrement mais ma tête me fait vite mal. " Et après on se demande qui fuit l'autre " Lâchais-je sèchement en plongeant la main dans le saladier pour récupérer ma fourchette et je commence à tout mélanger et à faire un boucan d'enfer. Je commence même à trembler et je sens les larmes arriver. " Tu vas m'abandonner à nouveau pour la première paire de seins qui passe, c'est ça ? " Lâchais-je en le dévisageant. Je fuis parce que je ne suis pas bien ici mais on s'éloigne un peu plus chaque jour quand même nous deux... La faute à qui ? À nous deux surement.
« Cela fait quelques jours » répondit-il sans vraiment s’attarder sur les détails. La rupture était encore fraiche et douloureuse malgré le fait qu’il en soit le principal instigateur. Par sa faute, Amanda avait fini par quitter Harvard. La culpabilité le rongeait à petit feu, le poussant à se perdre davantage dans les casinos et autres salles clandestines. En gros, cela l’arrangeait bien que sa sœur déserte car ainsi, elle ne remarquait pas ses propres absences. « Au moins, je te préviens de mes absences, je ne joue pas au fantôme » rétorqua-t-il en s’en voulant aussitôt de cette petite pique. Casey souffrait, lui aussi mais contrairement au passé, ils n’arrivaient plus à se tourner l’un vers l’autre. Où étaient passés les Buchanan contre le reste du monde ? Depuis quand leur lien si fort partait en lambeaux ? « De quoi tu parles, je ne t’ai pas abandonné Casey… Je suis toujours là et je pense que jamais une femme pourra à nouveau entrer dans mon cœur. Cela ne sert à rien, je n’ai rien à offrir. Si je ne peux pas prendre soin de toi, je ne pourrais jamais prendre soin de quiconque » dit-il en s’approchant d’elle pour poser ses mains sur ses épaules et son front, contre le sien. « Casey, tu me manques tellement mais si je reste, je vais y perdre la tête… Quand tu m’avais parlé de combien l’amour faisait mal, je ne pensais pas que ce serait aussi douloureux »
" Oh " C'est tout ce qui arrive à sortir de ma bouche alors que je regarde mon frère. Sérieusement, il a rompu avec Amanda depuis quelques jours et ce n'est que maintenant que je m'en rends compte ? Mais qu'est-ce qu'il se passe sérieusement entre nous ? À quel moment, la vie et la ville ont pu nous séparer comme ça ? Je ne comprends pas trop. " C'est ma fête ? Tu préfères que je te dise "désolée ce soir je fais la fête alors je vais rester dormir dans ma confrérie, ça évitera de me tuer sur le chemin du retour" ? " Demandais-je sèchement. Non parce que s'il veut, je peux lui envoyer un message à chaque fois et on verra si ça lui plait ou pas en fait. Il m'agace et je perds vite moyen, n'ayant aucune résistance aux critiques émanant de mon frère. S'il avait été un ami ou un inconnu, je lui aurais balancé le contenu du saladier à la gueule mais là, c'est pas le cas. Je l'écoute et je sens mon sang bouilloner à l'intérieur. " Tu ne m'as pas abandonné ? Quand t'es sortie avec Amanda, je te voyais plus. Je t'ai limite pas vu de l'été, fais pas genre ! " Et je l'avais plutôt mal vécu mais j'avais fais avec parce que c'est mon frère. Ses mains sur mes épaules, son front contre le mien, mon regard est toujours aussi sombre. " Je t'avais prévenu " Lâchais-je comme si ça allait changer quelque chose. " Vous en êtes arrivés là comment ? " Parce que ouai, j'avais tellement peu été là que j'avais tout loupé, comme d'habitude. En tout cas, ça changeait pas que j'étais en colère contre lui... Ne se disait-il pas que si je préfère dormir ailleurs c'est à cause de l'appartement ?
« Parce que tu es venue me chercher ? Tu es tellement prise avec tes vidéos, avec ton envie de t’intégrer que c’est limite une chance si j’arrivais à te parler plus de cinq minutes. Oui, je me suis accroché à Amanda parce que tu étais tellement occupée à te faire aimer de ces gens que tu n’avais pas besoin de moi » s’écria-t-il parce qu’ils étaient deux à mal vivre cette situation. Casey l’avait complétement livré à lui-même alors qu’il était venu la chercher elle. « J’ai tout quitté pour toi et pas pour une autre. Tu es la femme la plus importante de toute ma vie mais j’avais besoin également de trouver une autre raison de rester. J’ai pensé que cela pouvait être Amanda et je me suis lancé tête la première dans cette histoire » soupira-t-il plus calme. Au final, l’amour l’avait brisé malgré toutes les recommandations de Casey. « Nous étions trop différents… On a essayé, elle m’a rendu heureux. Rien que pour cela, je ne pourrais jamais l’oublier mais je sais que je n’étais pas l’homme capable de la rendre heureuse sur le long terme » dit-il avant de s’éloigner légèrement de sa sœur. « Et nous, comment nous en sommes arrivés là ? On arrive plus à se parler alors que par le passé, un seul regard vers toi et je comprenais tout ce qui se passait dans ta tête. Parle moi Casey, dis moi ce qui ne va pas… laisse moi être là pour toi. Je sais que tu es en colère contre moi mais si tu ne me dis rien, comment je peux faire pour t’aider ? Pour me faire pardonner. S’il te plait, ne me tiens pas éloigné de toi » souffla-t-il, misérable.
Fatiguée, la tête qui tape et pourtant sur le point de me prendre la tête avec Isaiha. J'ai envie d'hurler, de tout balancer mais je me retiens, me défoulant sur la fourchette que je fais battre dans le liquide qui va nous faire notre petit déjeuner, sauf si je balancer tout dans l'évier. " Je suis prise avec mes vidéos parce que c'est avec ça que je vis ! C'est ça qui paye ma partie du loyer, c'est ça qui a payé ce putain de lait ! " Lâchais-je en balançant la bouteille vide sur son torse, les yeux rouges de rage, comme si tous les vaisseaux avaient pété. " C'est un mal de vouloir s'intégrer ? T'as des amis non ? " Oui il en avait. La preuve, il partait avec Capucine en vacances, comme si de rien n'était. Hypocrite. Je rêvais de lui cracher ce mot au visage, de lui faire autant de mal qu'il m'en avait fait mais là, je m'offusquais de ce qu'il me disait. " T'essayes de me rendre responsable de ta situation ? C'est bas Isaiha, très bas ! " Son ton s'était posé, calmé mais alors le mien, clairement pas, c'était encore pire. J'étais folle. Le coup du "tout ça c'est ta faute", je refusais catégoriquement. J'étais mal de l'entendre dire qu'il n'était pas capable de la rendre heureuse parce que j'étais persuadée du contraire. Balivernes, c'est elle le problème et pas l'inverse. Elle lui a menti, elle est partie sans lui dire où elle allait... Je soupire. Mais les reproches reviennent de plus belle. " T'es sérieux là ? " Lâchais-je en posant mes mains sur la table. " On s'est fait attaquer à cause de tes conneries Isaiha ! C'est depuis là que je fuis la maison. Je me sens pas en sécurité ici " Lâchais-je en allumant un feu avant de sortir une poêle. " Je veux partir d'ici. Je préfère passer la nuit chez des inconnus qu'ici, y a pas un soucis ? " Criais-je en posant la poêle dans un bruit sourd, en colère. C'est pas possible !
« Je rends personne responsable mais toi, est-ce que tu te reproches la moindre chose ! Non ! T’es parfaite, tu fais jamais des erreurs n’est-ce pas ?! C’est vrai, tu es exempte de reproche n’est-ce pas ? » s’écria-t-il à son tour en colère. Isaiha aurait aimé que cela se passe autrement, qu’ils puissent se retrouver, qu’ils puissent à nouveau être deux contre le reste du monde mais Casey faisait tout pour le repousser. Il aurait beau lui présenter ses excuses, se mettre à genoux, elle continuait de se nourrir de sa colère pour le tenir à l’écart. « PARCE QUE TU CROIS QUE JE LE VIS BIEN ? » cria-t-il avant de faire demi-tour pour commencer à tracer un sillon dans la cuisine en faisant les cents pas. « Toi, d’entre tous, tu as été molestée par ma faute, par ma propre faiblesse. Tu crois que je me sens bien ? Tu crois que je n’ai pas envie de remonter le temps et de m’empêcher de commettre toutes ces erreurs ? J’essaie d’arrêter, j’essaie de rembourser ma dette… J’y arrive pas, j’ai l’impression de me noyer et de trouver aucune aide. Tu es là à me reprocher les choses, à t’éloigner de moi mais bon sang Casey, est-ce que tu comprends que je peux souffrir aussi ? Que je peux être effrayé ? Je maitrise rien de tout ce qui se passe dans ma vie et tu sais ce qui est le pire ? C’est de me dire que je te mets en danger en restant près de toi. Je sais plus où j’en suis, ni même quelle est ma place : est-ce que c’est à tes côtés ou aux côtés de nos parents ? Tu fuis l’appartement mais en faisant cela, tu me fuis aussi par la même occasion. Je comprends que tu aies peur Casey mais je suis tout autant effrayé que toi par cette situation. Avant, nous aurions fait front commun, on se serait serrés les coudes. Regarde où nous en sommes : on ne sait faire que se reprocher les choses, s’éloigner l’un de l’autre. Tu m’avais promis qu’on s’en sortirait et maintenant ? Hein ? » lui demanda-t-il avant de baisser la tête et de soupirer. [color=#8258FA] « Tu devrais prendre une chambre à la Mather, ce serait moins cher pour toi. Je vais demander si c’est possible d’être hébergé au centre équestre sinon je prendrais une chambre à la Lowell. Si vivre ici dans cet appartement t’angoisse alors il vaut mieux que tu partes en effet. En venant te chercher, je n’avais jamais imaginé que je serais un poids dans ta vie ou même une source de danger
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Ivre de fatigue, je tire sur mon short de pyjama et traine les pieds jusqu'à la cuisine. J'ai mal partout, je suis rentrée par je ne sais quel miracle hier soir et c'est... usant. Je suis usée. C'est pas une vie que de sortir autant mais pourtant, c'est ma vie. J'adore faire partie de la mather house mais je commence à fatiguer. Un bon week-end à dormir me ferait le plus grand bien, je ne peux pas le nier. J'entends un bourdonnement dans mon oreille gauche et grogne.
