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Sorti fraichement de l’hôpital, me voilà en sortie avec quelques amis de la Eliot. Pas de sermon sur l’imprudence d’une telle chose, sur le fait qu’il fallait mieux que je me repose, que je me rétablisse et me remette de cette opération et de ses suites compliquées, non, s’il vous plait, je n’avais pas le temps pour ça. J’avais l’impression d’avoir mis ma vie en pause ces derniers mois. Cette fichue tumeur avait semé un dawa pas possible dans mon existence, et comme après une tempête ravageuse, me voilà à devoir tout reconstruire. Toutes ses relations finement acquises avec le temps, ces liens stratégiques avec les gens de mon milieu, de mon monde, qu’il allait falloir retisser doucement. J’en avais gros sur la conscience : accusations farfelues, spéculations folles, coups de gueule injustifiés, j’avais même menacé de faire virer certains de la Eliot House, quand dans mes délires parano, je les avais cru impliqués dans un complot imaginaire me menaçant… Je détestais ce sentiment, me sentir coupable, en faute, redevable envers les autres. Et comme les excuses n’étaient pas mon fort, c’est à coup de boissons que j’avais choisi d’acheter leur pardon. Des tournées offertes dans un club de striptease branché, qui pouvait dire non à cela ? Comme d’habitude, Cole Windingham choisissait la facilité, préférant sortir le chéquier que de me lancer dans une croisade de pardons à la chaîne qui pourtant auraient été justifiés. Téléphone en main, quelques coups de fils pour rameuter les troupes, j’eus le regretter d’entendre ce cher Alan décliner l’offre. Je m’en voulais un peu de ne pas avoir été très présent pour lui, le pauvre avait vu sa fiancée le lâcher devant l’autel et moi et mon cerveau délirant avions un peu été aux abonnés absents pour ce pauvre bougre. « Ce n’est que partie remise, maintenant que je suis remis sur pied, on aura l’occasion de se voir plus souvent. » soufflai-je à mon ami avant de raccrocher. Nouveau costard pour l’occasion, j’ajustai mon nœud de cravate avant de filer en direction du Nirvana, rejoindre la bande que j’avais convié là bas. Coin VIP réservé pour l’occasion, champagne, whisky et cognac de renom à volonté, danseuses plus séduisantes que jamais, j’avais sorti le grand jeu. Sauf qu’au cours de la soirée, entre deux discussions animées et éclat de rire, l’un de mes invités fit remarquer que le champagne venait à manquer. Je fronçai les sourcils, contrariés. Je fis la réflexion à la danseuse qui haussa niaisement les épaules en me répliquant que ce n’était pas elle qui était en charge des boissons. « Gourdasse… » ronchonnai-je dans ma barbe, me levant du confortable sofa avec un agacement certain. Je quittai alors le carré VIP pour prendre la direction du bar, énervé, interpellant avec un ton particulièrement impérieux la demoiselle derrière le comptoir, une brune qui me tournait alors le dos et que je n’avais pas encore reconnu donc : « Hey, vous là ! Vous connaissez le sens de –à volonté- ? » Non parce que c’était bien beau de payer cette option une blinde si il fallait à chaque fois que je me déplace au bar pour aller nous ravitailler, ça allait vite me gonfler moi.(Invité)