Kyla souffla l’hypothèse que des clichés de moi avaient pu être pris pendant mon hospit. Alors, y’a quelques semaines de cela, j’aurais surement sauté sur cette simple hypothèse pour y voir un complot, une volonté de me nuire ou un truc dans le genre, mes cellules neuronales étaient désormais réparées. Et un petit rire s’échappa donc de mes lèvres, alors que je confirmai en suite : « En fait t’as raison, je suis sûr que l’infirmière a du me prendre en photo… Elle avait cette façon de me regarder. Elle est probablement tombée folle amoureuse de moi, je suis sûr qu’elle va harceler Ayma pour avoir mon numéro… » C’était pas pour autant que j’allais arrêter de me faire des films. Peut être qu’il y avait une autre tumeur ailleurs, qui me rendais mégalo et me faisais croire que j’étais le nombril de l’univers ? Ha non, ça c’était juste mon caractère. Incurable donc. Mais mon sérieux revint finalement, au moment où elle évoqua avec une certaine tristesse Dante. « Pourtant ça n’a pas duré longtemps… » commentai-je quand elle parla de son emménagement avec moi, une coloc de très courte durée… « Il est naz ce type, oublie le… » Qui jarretait ses potes sous prétexte de ne pas valider ses choix amoureux ? Ha oui, moi je faisais ça. Interdisant même à mes camarades eliot de fréquenter la racaille verte… Ma doctrine devrait être : fais ce que je dis, ne fais pas ce que je fais. J’expliquai ensuite à Kyla le cheminement de ma pensée, comment j’étais passé de complètement aveugle à soudain clairvoyant sur sa liaison avec le blond en les apercevant en pleine embrassade sur le terrain de quidditch. Mon ton ne l’offusqua pas, elle s’en amusa plutôt. Que c’était appréciable, d’échanger sans électricité, posément, calmement. Bref, j’ajoutai qu’avec la crémaillère de Vic, mes soupçons sur leur couple s’étaient confirmés. Et voilà, inspecteur Cole parano avait vu juste sur un point : Darwin et Kyla étaient bel et bien ensemble. Je questionnai ensuite la brune sur le changement opéré dans sa relation avec ma jumelle. Elle m’expliqua que le mariage, l’émotion et l’entraide qu’il y avait pu avoir entre elles là bas, cela les avait sans nul doute liées. On sortit du bâtiment et elle me demanda finalement si ça me dérangeait. « Pas du tout. » Haussement d’épaules. « Vous faites ce que vous voulez. » Et au commentaire de Kyla, je rectifiais : « Tu sais que ça n'a pas pesé, vos différents, ça comptait pas. Ca n’aurait rien changé, qu’elle t’adore ou qu’elle te déteste… Je veux dire Leevy était sa meilleure amie et on n’a pas franchement eu une fin plus glorieuse elle et moi. » C’était moi le facteur perturbant. La preuve même mon faux couple, je le faisais clapoter. Mais je perdis le fil de mes pensées lorsque mon regard se posa sur ma Rolls. Celle que je ne pensais jamais revoir. « Je crois que je vais pleurer. » Je m’avançais lentement vers le véhicule, une lueur de joie dans les yeux, un large sourire éclairant mon visage. « C’est le plus beau jour de ma vie. » Surjeu ? Non, cette bécane, c’était mon grand amour. Ma main caressa un instant la carrosserie… Et je fis volte face vers Kyla pour réclamer, avec une petite moue suppliante : « Laisse moi la conduire s’il te plait… » J’savais que c’était pas raisonnable, que j’étais pas en état mais bordel, j’avais trop envie de tenir le volant à nouveau et de faire ronfler son moteur…