« Juste un petit verre ! »

Encore une soirée de finie. Je soupire doucement en redéposant au sol les dernières chaises, après avoir passé un coup au sol. Je crois que c’est ce que je déteste le plus dans la fermeture du bar : le ménage. Une main passe doucement dans mes cheveux tandis que je relève le visage pour regarder le bar vide dans lequel je travaille. Un dernier coup de torchon sur le torchon quelques minutes plus tard, et j’estime avoir enfin terminé. Je récupère mes affaires dans la réserve . mon sac à la main, je sors mon téléphone pour envoyer un rapide SMS à Bon ‘ . j’ai prévu de dormir dans sa chambre à la Quincy, cette dernière se trouvant plus près du Bar que mon appartement, et rentrant à pied … c’est plus simple pour moi quoi. Sauf que je ne sais pas s’il y est ou s’il dort chez lui alors si la chambre est fermée à la Quincy, je ne suis pas dans la merde. Toutes ces choses, je devrai m’y prendre plutôt pour les régler, pas au milieu de la nuit alors que le principal intéressé dort peut-être… mais non... j’y pense tout simplement pas. Je range mon téléphone dans la poche de mon manteau, les clés du bar dans une main, je sors à l’extérieur, mon souffle se transformant presque directement en vapeur ou en fumée, je connais pas le nom. Je ferme la porte du bar derrière moi et introduis les clés dans la serrure, prête à tourner cette dernière lorsqu’un bruit me surprend, me fait sursauter, les clés s’échappant de mes mains pour tomber au sol dans un bruit sourd. Je me tourne vers l’auteur de ceci et tombe face à un homme. « Désolé c’est fermé… Il y a encore le people Republik d’ouvert » dis-je s’il souhaite vraiment boire un verre. Je baisse les yeux pour chercher dans le noir où sont tombé mes clés

La fatigue est présente depuis déjà plusieurs heures, mais je continue de tenir le cou, de sourire aux derniers clients, de nettoyer le bar du mieux que je peux, n’étant pas vraiment une fée du logis. Mais à présent, la seule chose que je souhaite, c’est rentré, me débarrasser de ses vêtements et m’emmitoufler dans une couette qui sera ma meilleure amie pour les 8 prochaines heures. Et au moment où je pense que cet objectif sera bientôt atteint, il faut que ce mec vienne me casser les pieds pour venir boire un verre alors qu’il y a encore des boîtes d’ouvert. Je hausse un sourcil à ce qu’il dit. Il se fout de moi . « Ouais mais la pancarte « close » est retourné depuis au moins ¾ heures, alors que ça soit fermé à clé ou non, c’est fermé ok ? » dis-je de mauvaise humeur, ce n’est pas lui qui est debout depuis 6 heures du matin, qui ne s’est pas assis depuis 21h et qui n’en peut plus de ses plantes de pieds, alors justement qu’il utilise ce dernier pour parcourir le reste de la rue et aller au People. L’entrée est peut-être payante, mais il pourra rentrer au moins. « Les clients, c’est ce qui vient à l’heure des services, hors ce n'est pas ton cas. Alors vas voir ailleurs si t’es roi ! » dis-je toujours en continuant de chercher les clés. finalement je décide de sortir mon téléphone pour éclairer le sol et les retrouver à un mètre e mon pied. Un léger sourire sur les lèvres je me penche rapidement pour les ramasser, heureuse de voir quelles ne sont pas tombés dans les égouts ou autres... une chance dans mon malheur de la soirée.

L’envie de me prendre la tête avec quelqu’un est loin d’être présente, mais malgré tout, je ne peux pas accéder à sa requête. Ok je pourrais le laisser rentrer lui servir un verre et personne ne serait au courant, mais ouais il est bien là le problème. Qui me paye mes heures stupp ? C’est lui qui va nettoyer le verre ensuite ? Qui rentrera une demi-heure plus tard ce qui veut dire, encore des minutes de sommeil en moins. C’est son problème s’il est sorti trop tard, qu’il n'a pas vu l’heure où je ne sais quelle autre excuse. C’est pas le mien !Je relève les yeux vers lui lorsque j’ai récupéré les clés sur le trottoir revenant vers la porte pour la fermer. « ‘coute c'pas mon bar, alors si tu veux te plaindre à quelqu’un pour les horaires tu viendras voir mon patron. En attendant dégage ton pied ! » dis-je commençant vraiment à perdre patience ; Je suis fatigué, il le comprend ça . « C’est bien continu de me menacer, ça me donne encore plus envie de te faire rentrer. » dis-je en levant les yeux au ciel. Très bonne technique franchement, après ce qu’il vient de dire j’ai envie d’être enfermé dans un bar avec lui. « Mais si tu veux rentrer vas’y. » dis-je en ouvrant finalement la porte en grand en le regardant. « je me ferai un plaisir de t’enfermer… et de faire passer ça pour un « cambriolage » au téléphone avec la police... » dis-je en sortant mon téléphone de ma poche. Je suis même pratiquement certaine que si je dis au tel qu’il y a un client perturbateur ils vont débarquer.

Je pourrai croire que ce qu’il me dit est un compliment, mais pour le coup, je ne le prends pas pour tel. Ce n’est pas une situation où je suis très à mon aise non plus, ce mec commence réellement à me les briser à insister comme cela pour boire un verre. Je sais pas il y a d’autres bars ? Il s’éclatera plus dans un endroit où il ne sera pas seul non ? « Non finalement c’est peut- être le Nirvana qui t’irait le mieux. » dis-je, n’étant pas du genre à me laisser marcher sur les biens. S’il pense m’amadouer comme ça, c’est raté. Des dragueurs me faisant les yeux doux pour ne pas payer leurs verres j’en ai vu, et des nettement plus doués que lui. « Vois ça comme tu veux, je dis juste que si on cherche les ennuis on finit par les trouver… » commençai-je. Je ne pense pas que ce soit son cas, surtout pour un malheureux verre. Mais je dois me tromper « Aie, mais t’es cinglé ! » dis-je tandis que je dégage mon poignet de ses doigts, le tenant de mon autre main, regardant mes clés qu’il tient dans sa main. « Ne crois pas que t’as gagné ! » dis-je en le fusillant du regard. Je lâche mon poignet. « tu me forceras pas à te servir… » dis-je en sortant discrètement mon téléphone, essayant à l’aveuglette d’accéder aux appels pour appeler les flics ou je ne sais qui.

Je ne peux m’empêcher de me tenir le poignet le massant légèrement, tandis que ce dernier est rougi, et commence certainement à enfler sous mes doigts, mais ce n’est pas ce qui m’inquiète le plus pour le moment, mais plutôt le jeune homme, qui commence sérieusement à me faire flipper. Aller boire un verre ailleurs, sincèrement ce n’est pas une affaire d'État, pourquoi insiste-t-il ainsi. Pourquoi n’accepte-t-il tout simplement pas que le bar puisse être fermé ? Je suis prise de court, ne sachant comment réagir, paralyser par la peur qui s’insinue dans mes veines lorsque je vois son regard. Le reflexe est de prendre mon téléphone, d’essayer de composer un numéro de téléphone à l’aveuglette alors qu’il me force à rentrer de nouveau dans le bar. Je grimace lorsqu’il me pousse. Je n’essaie pas de crier car je sais que c’est inutile, personne n’est à l’extérieur et si les habitants du coin l’entendre, ils ne comprendront pas assez vite que ce n’est pas un cri de joie d’une personne un peu bourré. Je me tourne vers lui en entendant la clé dans la serrure. « qu’est-ce que tu veux ? » dis-je en me mordant la lèvre, toujours mon téléphone à la main que je ne pense plus à cacher malheureusement. Ce dernier le remarqua. Sa main s’abattant sur ma joue eut l’effet d’une bombe, me faisant légèrement vaciller, reculant d’un pas, et faisant couler une larme de mon œil dû à la douleur que je ressens sur ma joue, comme marqué au fer rouge. Je ne relève même pas les yeux vers lui, et cours vers l’arrière-cuisine, ayant l’avantage de connaître l’endroit et de savoir où se trouve la porte de derrière.