The truth is, everyone is going to hurt you. You just got to find the ones worth suffering for.
Les bras de Declan lui manquaient déjà. Là tout était simple, chaud et doux, le contraire même de sa vie. L’envie de replonger dedans la titilla un temps. A croire que ce genre de comportement s’avérait addictif. Une frustration naquit dans son échine oscillant entre la colère d’être aussi faible et l’envie pressante de retourner en sécurité contre Declan. La lutte intérieure dura jusqu’à la question fatale. Evidemment, la curiosité du jeune homme ne manquait pas, jamais. Comme elle, il s’animait d’un instinct de protection envers ses proches. Prise en faute, la détective se mordit à nouveau l’intérieur de la joue. La tête se secoua de gauche à droite pour répondre à la demande. Vraiment pas envie de devoir s’expliquer. Lassée, fatiguée de lutter contre l’inéluctable vérité, la brune s’assit sur le banc pour mieux lisser son jean dans un élan de nervosité.
«
J’ai merdé au cours d’une affaire alors une enquête a été ouverte à mon sujet. » Bien sûr, il souhaiterait en savoir plus et découvrir le motif de l’enquête, les accusations et l’aboutissement. Alors Alysse sautait directement à la fin, la conclusion et le rendu final afin de ne pas avoir à s’étendre sur les horreurs qui lui étaient reprochées. «
Elle a pris fin sans me blanchir, sans m’inculper non plus. »
L’expérience de flic de Declan lui permettait de parfaitement comprendre que cette façon de terminer une enquête était le plus souvent causée par un manque de preuve et non parce que l’innocence avait été assurée. De nombreux criminels réussissaient à échapper à la justice de la sorte. Elle ne brillait pas dans cette réalité. La pointe de son pied glissait sur le petit rebord d’un pavé mal encastré parmi les autres. Pousser et repousser ce semblant de marche l’occupait et lui évitait d’avoir à faire face au regard de son ami.
«
Mon père a pris la porte du cabinet sans plus m’adresser la parole alors j’ai pris la relève. »
Juan Frank trônait parmi les dieux aux yeux d’Alysse. Sa façon de l’idolâtrer paraissait mal saine d’un point de vue extérieur. Pour les plus proches de la brunette, elle n’était que la résultante d’une éducation stricte, sévère et dure. Pour une fois, une touche positive avait été apportée à la relation père fille. Enfin, en théorie seulement car dans la réalité, son père ne lui adressait plus la parole, les flics lui tournaient le dos et sa réputation était entachée à vie. Même innocente, sa vie était foutue. Même coupable, sa vie était foutue dans une moindre mesure. Un comble, le rêve de la jeune Frank s’était réalisé. Le cabinet de détective lui appartenait. Elle avait pris la relève de son paternel. Malheureusement entre la réalité et le fantasme qu’elle avait nourri depuis des années, le fossé était immense. Un soupir lui échappa. Ce qu’elle pouvait être égoïste. Des vies avaient fanées par sa faute et sa seule réaction était de regarder son nombril.
«
Un hot dog ça te dit ? Tu gardes le banc et je vais nous chercher ça ! » Proposa finalement la brune pour couper court à la conversation.
D’un bond, son postérieur quitta le banc et sa main tendit la petite boite en métal qu’ils avaient l’habitude de planquer dans le pied du banc. Il n'avait qu'à saisir ce petit morceau de métal pour accepter la proposition. Pourvu qu’il lui laisse cette pause pour se remettre de ses émotions. Énoncer à voix haute toute cette merde l’avait retourné, probablement parce que sa situation, jusque-là imagée, s’était transformée en réalité à chaque mot prononcé.