Is it too late to say sorry ? × Billie

Juste un mec qui attendait devant le mcdo, un pied posé devant l'autre, tirant sur ma cigarette comme si elle était ma drogue. Chaque taff était une bouffée d'air frais, ironique vu que cet air me dévorait les poumons. Mais au fond je m'en foutais, la vie était toxique, elle nous tuait à la fin alors pourquoi pas s’abîmer un peu avant ? Profiter du peu qu'elle nous donne ? C'était ce que j'avais voulu faire le soir où j'ai croisé cette fille. Du sexe, c'était tout ce qui me donnait envie. Alors on a flirté, elle a vu une facette de moi qui n'existait pas, une facette que j'avais crée de toute part. Nos lèvres se sont touchées, mes mains ont effleurés son corps. Fin de l'histoire. Billie m'a vendu du rêve pour ensuite me ramener à la dure réalité : elle ne voulait pas de moi. Heureusement pour elle que j'étais pas trop alcoolisé en fait, parce que je l'aurais fait dégager. Au lieu de ça, c'est moi qui suis parti, la laissant seule comme une malpropre, comme un jouet usagé qui n'avait plus aucune valeur. « T'as fini tard aujourd'hui ! » lançais-je, attirant ainsi l'attention de Billie tandis qu'elle sortait du mcdo. Un sourire en coin, une dernière bouffée d'air frais et j'écrasais la cigarette. Qu'est ce que je foutais là ? Comme je l'ai déjà dit j'étais juste un mec qui attendait devant le mcdo. Et la fille tant désiré était maintenant là, en face de moi. Elle n'avait pas voulu de moi ce soir là mais elle craquerait, je l'aurais à l'usure. « On va boire un verre ? » Allez, fais pas ta tête de mule, sois pas rancunière et dis moi oui. Je ne te demande pas grand chose, juste quelques paroles et une heure de ton temps. Après t'auras toute la nuit pour t'amuser.  

Encore une journée à travailler d'arrache pied au mcdo de Cambridge. J'aurais préféré avoir de l'argent et de ne pas avoir à travailler dans ce genre d'endroit. Ce n'est pas un métier qu'on rêverait d'avoir dans la vie. Puisque caissière au mcdo n'est pas glorieux. Ça fait légèrement tâche sur mon CV. Toutefois, je n'ai pas réellement le choix. La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Je m'étais apprêté de manière décontractée, sans pour autant être dégueulasse à regarder. Je passe l'après-midi et une partie de la soirée à travailler. Je passe de caissière à préparer les sandwichs, les frites, les happy meals. Puis, vient le moment où mon patron décide de me dire que je pouvais rentrer chez moi. Il était temps, j'attendais cela depuis quelques heures déjà. Je passe dans les vestiaires pour me changer et récupérer mes affaires. Je passe derrière l'établissement tout en allumant une cigarette une fois à l'extérieur. Je commence à marcher pour repasser dans l'enceinte du mcdo, quand j'entends soudainement une voix. Une voix qui appartient à un beau connard de première catégorie. « Qu'est-ce que ça peut te faire ? » Répondais-je en plongeant mon regard sur Ilhan. Je continue à fumer tranquillement ma cigarette tout en le regardant. Il m'irrite la peau, je n'arrive pas à apprécier sa présence. Du moins, je n'y arrive plus depuis l'instant où il a joué au connard avec moi. « Je n'ai pas spécialement envie de perdre mon temps avec toi ... » Dis-je honnêtement à Ilhan. Pourquoi mentir ? Il sait ce que je pense de lui. Tout comme il sait que je n'ai pas le pardon facile. Je ne suis pas prête à déposer les armes avec lui.

Qu'est ce que ça pouvait me faire ? Billie avait raison sur ce point, j'étais pas supposé m'en préoccuper. Mais j'avais attendu une heure devant le McDonald's, il était hors de question que ça ne serve à rien. Plongeant son regard dans le mien, elle me déstabilisa quelques instants. Ses yeux. Ils donnaient l'impression de vous transpercer de part en part, vous donnaient envie de vous excuser même si vous n'aviez rien fait de mal, ce qui n'était pas mon cas. Je faisais toujours des conneries, déconnant tous les jours, presque toutes les heures. Mais pour une fois je n'avais pas l'impression de mal agir, pas quand je lui demandais si elle voulait boire un verre. Et elle m'envoya chier, comme attendu. « Allez tu ne vas pas m'en vouloir éternellement ! » Lâchais-je, levant les bras d'un air innocent, comme un enfant pris en flagrant délit et qui tentait encore d'embobiner ses parents. Ouais, voilà, j'étais un enfant. Un pauvre gosse que personne n'arrivait à canaliser, à part peut-être Carter. « Pour ma défense tu m'as fait espérer qu'il y aurait plus, qu'est ce que tu voulais que je fasse quand tu m'as dit non ? Que je reste et qu'on discute comme deux vieux potes ? C'est pas comme ça que ça marche à une fête » continuais-je en m'approchant d'elle, osant même passer un bras autour de ses épaules, comme si elle était une vieille amie. « Allez c'est moi qui paye le verre, t'as rien à perdre ! »

Je ne comprends pas pourquoi Ilhan se préoccupe du fait que j'ai fini plus tard que prévu le travail. Si je veux faire des heures supplémentaires c'est dans mon droit. Je n'ai aucun compte à rendre. Surtout pas à lui. Il m'a humilié, il m'a ignoré, il joue de moi. Tout ça parce que j'ai refusé de coucher avec lui à la dernière minute. Est-ce un crime ? Je ne pense pas. Certes, je n'aurais jamais dû le draguer autant pour finalement le mettre un stop. Mais, je ne voulais pas coucher avec lui dans l'unique but de faire comme toutes les autres. Je ne suis pas une femme parmi tant d'autre, il devrait le comprendre. C'est pour cette raison que j'ai également refusée toute proposition indécente avec lui. Ce n'était pas dans le but de le manipuler, ni même de le blesser dans sa fierté. Je l'envoie valsé dès qu'il ose me proposer d'aller boire un verre avec lui. En même temps, il s'attendait à quoi ? « C'était dans mes projets, vois-tu. » Je n'ai pas spécialement envie de m'étaler à ce sujet-là. M'en veux pas Ilhan. J'ai bien trop de fierté pour te pardonner aussi facilement de ton comportement pittoresque. Je viens à remettre la cigarette contre mes lèvres pour en tirer une longue bouffée avant de rejeter la fumée du tabac dans l'air froid de la ville. « Désolée si je ne suis pas comme les pétasses que tu arrives à séduire suite pour une soirée. » Je ne m'excuserais pas. Tout comme je lui avouerais pas mon secret. Je ne lui fais pas confiance. « Si j'accepte de boire un verre, tu ne vas pas espérer plus de ma petite personne ? » Je préfère que les choses soient claires dès le départ.

Elle me fait sourire, ses répliques me mettent de bonne humeur. Non, en fait c'était lui parler qui me faisait cet effet là. Depuis cette nuit je ne pensais qu'à elle, qu'à nous. Billie avait refusé de coucher avec moi et, au fond, ça m'avait plu. Cette force de caractère, le respect  de ses valeurs, le feeling qu'on avait eu, plein de choses qui me donnaient envie de la revoir, d'apprendre à la connaître. T'es pas comme les autres Billie, t'es différente, tu m'intrigues, tu m'obsèdes, tu me rends dingue. « Parce que tu crois vraiment que je vais te demander d'aller boire un verre pour ensuite t'emmener à un hôtel direct après ? » Je n'étais pas si con quand même. Si t'as refusé de coucher avec moi alors que t'étais alcoolisé ce n'est pas la caféine qui va te faire changer d'avis. « Ecoute je veux juste apprendre à te connaître ok ? Rien d'autre. » Mensonge. Encore et toujours. Pourquoi je ne pouvais pas être sincère avec elle ? Lui dire tout l'effet qu'elle me faisait ? Parce que je suis un monstre et que les monstres n'ont pas de fins heureuses. Arrête de te prendre la tête Ilhan. Elle ne veut pas de toi. Au fond personne n'est vraiment intéressé par toi. Toutes ces « pétasses » ne voulaient que ton physique. Les femmes souffraient d'être abandonnées, qui a dit que les hommes restaient indifférents ? Soudain, mon cœur se brisa, explosa en mille morceaux. J'avais trop souvent été abandonné. Ma main vint trouver sa joue, comme si la caresser m'apporterait du réconfort. Illusion. Elle verrait juste ma faiblesse. « Un café. C'est tout ce que je demande ».  

Je ne mâche pas mes mots, face à Ilhan. En même temps, je n'avais aucune raison pour être agréable avec le jeune homme. Pourtant, ça me faisait plaisir de le revoir. Je n'arrive pas à comprendre le comment du pourquoi. C'est la sensation que je ressens dans tout mon corps. Je me dis que même s'il a été un pauvre con avec moi, qu'il m'a ignoré. Tu ne renonces pas pour autant. J'avais peut-être besoin de ça pour remonter la pente. Puis ça montre au jeune homme que j'ai des valeurs, que je me respecte. Pas comme une partie des jeunes femmes de maintenant qui ouvrent les jambes à volonté. « J'espère pour toi que ce n'était pas ta première idée. » Tu peux l'oublier directement. Autant que les choses soient dites. « OK. Mais, pourquoi moi ? » Je ne comprends pas sur l'instant. Je ne vois pas pourquoi Ilhan persiste avec moi, qu'il veuille apprendre à me connaître. Tu peux avoir tellement mieux sur le marché Ilhan. Faut dire qu'aucun homme ne s'est intéressé à-toi jusqu'à présent. Quand je ressens la main du beau brun sur ma joue, je viens à frissonné immédiatement. C'est bien la première fois que je ressens cette sensation. « Allons boire ce café, dans ce cas. »

Accepte ce café. C'est tout ce que je te demande. Boire avec moi est-ce trop espérer d'une femme aussi bien que toi ? J'osais croire que non. Ma main sur ta joue, mon pouce qui la caresse doucement et mon regard plongé dans le tien, qui te dévore comme si t'es la plus belle femme au monde. Pourquoi je ressens ça ? Pourquoi mon cœur s'emballe quand tu acceptes ma proposition ? Je crois qu'en fait tu te rends pas compte du pouvoir que t'as sur moi là tout de suite. Je crois aussi que t'es la première depuis longtemps à me faire ressentir un truc, comme si mon cœur revivait après tant d'années de solitude. « J'en ai vu un pas loin, on y va ? » Un sourire s'étire sur mes lèvres, le plus sincère que j'ai eu depuis des années et il est pour toi. Toi qui me perturbe sans arrêt, toi qui me rend fou. Sans attendre, je prends ta main, doucement, un peu comme le ferait un petit ami et t'emmène vers ce café dont je t'ai parlé. « Tu préfères dehors ou dedans ? » Au fond je m'en fiche, je cherche juste à capter ton attention pour pas que tu t’ennuies, pour te prouver que je peux être intéressant, digne de toi. Mais qu'est ce qu'il te passe par la tête Ilhan au juste ? Ouais pourquoi je suis comme ça ? Pourquoi je me prends autant la tête ? Parce que t'as une chance d'être heureux, de rattraper tes erreurs. Ouais, mes erreurs. Celles qui m'avaient permis de voir à quel point ce monde était pourri. S'il te plaît Billie, ne te laisse pas corrompre par cette putain de terre, par ces gens qui prétendent être bon. « Ça m'fait plaisir que t'ai accepté. » Parce qu'il faut bien mettre de côté le mensonge parfois.

Ça ne semble pas être la mer à boire pour toi. Cependant, pour moi c'est tout le contraire. Tu es l'interdiction Ilhan. Mon interdiction. Je ne dois pas, m'attachait à toi. Ni même ressentir quoique ce soit pour ta petite personne. Pourtant, j'ai envie de te revoir depuis cette soirée. Même malgré ton caractère de merde et l'ignorance que tu as pu avoir à mon égard. Alors, le fait de ressentir ta main sur ma joue et ton pouce la caresser. Je ne sais vraiment plus quoi penser. J'ai une folle envie de t'embrasser sur-le-champ. De l'autre, j'ai envie de te faire poireauter pour te faire comprendre que je n'ai pas le pardon facile. C'est bien la première fois que j'ai l'esprit à l'envers. « Avec plaisir. » Dis-je avec un petit sourire au coin de mes lèvres. C'est même le premier sourire que j'arrive à sortir depuis que j'ai appris pour mon frère. C'est la preuve que tu as peut-être une bonne influence sur moi. Je commence à me promener à tes côtés avant de m'apercevoir que tu m'attrapes la main. C'est étrange que tu agisses de la sorte ! Je ne sais pas ce que je dois faire au fond. « Dehors, on sera mieux pour papoter. » Autant avoir une petite intimité. Même si ce n'est que pour se parler, pour se poser des questions. C'est toujours mieux que d'être entouré d'idiot qui vous scrute du regard constamment. Toutefois, j'admire le fait que tu essaies de rattraper tes erreurs Ilhan. C'est tout à ton honneur. « Même si je t'ai engueulé au départ. Je suis bien contente que tu sois venu à la sortie de mon boulot. » Pourtant, d'être caissière à mcdo ce n'est pas très enrichissant.

J'ignorais pourquoi mais un sourire vint étirer mes lèvres, le genre de sourire qu'un gosse de cinq ans affiche quand il reçoit le cadeau qu'il lui avait demandé. Oui voilà, t'étais un cadeau Billie, offert par cette putain de vie qui faisait enfin quelque chose de bien. Ta main, j'avais pas envie de la lâcher, elle se fondait parfaitement bien dans la mienne, comme si elles étaient faites pour se tenir. Mais je devais divaguer. Je nageais en plein rêve, pourvu qu'il ne se transforme pas en cauchemar, que tu ne me laisses pas en plein milieu du café car finalement tu t'ennuies de moi. A ce moment là je ressentirais sûrement ce que t'as sentie quand je t'ai laissé tombé dans la chambre. Connard. Le premier mot qui me vient en y pensant. Pourtant j'avais pas envie de m'excuser, trop de fierté vois-tu. « Monaghan ne me dis pas que tu es en train de tomber sous mon charme ? » Les sourcils levés, un sourire en coin, je jouais la carte de la confiance en soi alors qu'au fond je ne savais pas comment agir avec toi. Tu crois que ça peut le faire entre nous si je joue le prétentieux Billie ? Moi j'en sais rien. Je ne sais même pas pourquoi t'as accepté ce café. « En tout cas j'ai de la chance tu ne sens pas les frites ». Adossé au dossier de ma chaise, je ne la quittais pas du regard. Qu'elle était belle. « J'aurais pas dû... » dû quoi ? Te laisse tomber ? Ça on le savait déjà. Mais je l'avais jamais reconnu, je t'avais jamais dit que j'étais désolé. Il fallait le faire et pourtant les mots restaient bloqués dans ma gorge. Détournant le regard, je secouais la tête, passant ma langue sur ma lèvre inférieure. J'aurais jamais dû aborder ce sujet. Heureusement la serveuse vint en renfort, nous demandant ce qui nous ferait plaisir. « Un chocolat chaud pour moi et pour elle... » mon regard se reposa sur Billie, attendant qu'elle commande à son tour. Prend ton temps, je n'étais pas pressé de reparler de cette soirée.

Un sourire sur mes lèvres. J'ignore pourquoi j'agis de la sorte. En sachant, que ça fait des semaines que je ne souris plus à qui que ce soit. Malgré tout, je continue de me promener à tes côtés jusqu'à rejoindre le café qui se trouve non loin du mcdo. Main dans la main, je n'arrive pas à la retirer de la tienne. Pourquoi ? Je l'ignore totalement. Tu as joué au con avec moi et maintenant tu es doux. Je ne sais pas à quel jeu tu joues Ilhan. Mais, je suis en train de tomber dans ton piège. J'aurais envie de te planter là, devant ce café pour que tu puisses ressentir le mal que tu m'as fait en quittant cette chambre après que j'ai refusé tes avances. Toutefois, je ne peux pas. « Même pas en rêve Eastwood. Il m'en faut largement plus pour tomber sous le charme de quelqu'un. » Mensonge. Tu me plais énormément Ilhan. Mais ayant une grosse fierté, je ne te l'avouerais pas. Il est bien trop tôt pour dire quoique ce soit. « Parce que tu m'aurais pas invitée si je puais la friture ? » C'est intéressant à savoir. Je m'installe sur la chaise qui se trouve face à Ilhan. Je m'adosse correctement tout en ancrant davantage mon regard sur le beau brun. Il a son petit charme, ce con. « Pas dû quoi ? » Je préfère faire l'ignorance et qu'il dévoile ces mots. J'ai envie et surtout besoin que tu t'excuses. Or, la serveuse vient à notre rencontre pour prendre notre commande. Je n'ai pas le temps d'entendre le reste des mots d'Ilhan. « Un creamy caramel latte s'il vous plaît. » Réclame-je à l'encontre de la serveuse. Je repose ensuite mon regard sur Ilhan avec ce petit rictus au coin des lèvres. « Tu veux savoir quoi sur moi ? » Étant donné que le but de notre petit rendez-vous café, c'était pour apprendre à se connaître. C'était ton souhait quand tu m'as récupéré à la sortie du mcdonalds.