Je ne pouvais pas dire que j'étais une experte en amour. Ma vie amoureuse était un total désastre en ce moment. On ne voyait qu'en moi qu'une bonne amie. Rien de plus. On peut pas dire que j'avais eu un bon modèle non plus. J'avais grandi avec seulement une mère. Elle n'avait jamais eu de petits copains. Fait dire que c'était pas facile d'avoir un copain quand on se prostituait pour de l'argent. Ce n'est pas quelque chose dont j'aimais parler mais ça restait tout de même pas réalité. "Peut-être que vous avez seulement besoin de prendre du recul, chacun de votre côté. Ça va vous permettre de voir où vous en êtes." Réfléchir était souvent la meilleure des solutions, prendre du temps pour soi. C'est ce que je pouvais conseiller à mon amie. En même temps, quelque chose me trottait dans la tête. J'osais pas trop demander car je me doutais bien de la réponse mais je voulais tout de même m'en assurer. "Carter, dis moi..." Valait mieux que je demande. "Cette rumeur. Elle est fausse, n'est-ce pas?" Je ne pensais pas que mon amie soit capable de faire ça, ça ne lui ressemblait pas.
Toute cette histoire te rendait dingue, tu ne savais plus quoi faire parce que putain, t’étais réellement amoureuse de Roman. Tu ne pouvais pas faire autrement, tu avais cet homme dans la peau. Parfois tu aimerais que cela change, tu aimerais l’avoir un peu moins dans la peau parce que tout était compliqué avec lui, avec vous. Tu n’avais jamais eu d’histoire de la sorte, tu avais eu des histoires, mais tu n’avais jamais aimé quelqu’un comme tu étais amoureuse de Roman. « Ouais, c’est clair. Je pense que le fait qu’on est plus ensemble et qu’on ne vive plus ensemble, cela va nous aider. J’espère juste que tout se règle. » Pour le bébé si tu pensais le garder, pour toi, pour ton esprit qui allait en prendre un coup si tout se passe mal avec lui. Tu savais que si rien ne marchait avec lui, tu n’allais pas garder ce bébé car tu étais incapable d’élever un enfant toute seule, tu ne pourrais pas être une mère célibataire, clairement pas possible. Tu relavais la tête pour poser tes yeux sur la jeune femme qui était en face de toi, tu secouas la tête ne pouvant pas faire autrement avant de prendre la parole pour lui répondre. « Totalement fausse. Je suis bien trop amoureuse de lui pour pouvoir aller voir une autre personne enfant quand je suis avec lui. Je peux pas l’expliquer, mais c’est lui et personne d’autre. » C’est vrai, dans ton cœur ça serait toujours Roman même si dans ta tête, ça ne serait pas tout le temps le cas. Tu faisais comme tu pouvais pour l’oublier, tu n’avais pas honte de jouer de ton corps, de finir dans des draps d’autres hommes pour cela. De toute manière, tu n’étais plus en couple avec lui.
Je sais que ce n'était pas le genre de chose qu'on demande normalement mais je devais le faire. Je devais m'assurer que, comme je le pensais au plus profond de moi, cette rumeur était totalement fausse. J'ai donc un soupir de soulagement lorsque mon amie avoua que c'était faux et qu'elle serait incapable de faire cela pendant qu'elle était en couple avec Roman. Ce qu'elle faisait en dehors la regardait bien. Je veux dire, je suis pas une sainte non plus. Quand on est célibataire, on peut bien faire ce qu'on veut de notre corps. "C'est ce que je pensais." avouai-je. Jamais je n'aurais cru que mon amie puisse faire une chose pareil, surtout à Roman. Elle l'avait dans la peau ce mec. "Il est pas toujours facile à vivre mais c'est quelqu'un de bien quand même." dis-je en parlant de mon meilleur ami. Il était carrément pas facile à vivre. Surtout depuis le départ de Carter. Il agissait comme le pire con de la planète. Même avec moi. Il ne répondait plus à mes SMS, agissait pratiquement comme si je n'existais pas.
Tu devrais sûrement dire la vérité à Kacy, lui dire pourquoi tu étais réellement partie et puis pourquoi cette rumeur était en train de courir sur ta personne. En soit, tu te foutais de ce que les gens pourraient dire sur toi, mais tu avais besoin de lui dire à elle parce qu’elle te connaissait et qu’elle était surtout la meilleure amie de l’homme que tu aimais. Elle n’allait sûrement pas te comprendre comme tu ne te comprenais pas sur le coup, mais bon. Tout était compliqué dans ta tête, tout était…trop, voilà tout était de trop et tu rêverais presque de retrouver ta vie comme avant. Sans futur enfant, sans prise de tête et juste être en couple avec celui que tu aimais, que tu aimes. « C’est un homme compliqué, mais c’est lui. Il est comme ça, il se donne une attitude de connard, mais au fond c’est juste quelqu’un d’adorable. Je sais qu’il a totalement changé pour moi et je ne pensais pas qu’il serait comme ça. Je pensais juste que j’étais une fille comme une autre pour lui. » Il avait réellement fait des efforts pour votre relation, même si son erreur n’était pas simple, pas réellement pardonnable. Mais il avait fait des efforts pour que cette relation marche, il n’avait pas fuit comme avec ses autres copines. « Je porte son enfant Kacy. Il le sait pas, il croit que c’est l’enfant d’un autre comme je n’ose pas lui dire. Mais je suis enceinte de Roman. »
Roman est un homme compliqué. On pouvait pas mieux dire. Il pouvait agir comme le pire des crétins et pouvait aussi se montrer très agréable. Avec moi, en temps normal, il était correct. J'avais su lui tenir tête et faut croire qu'il avait apprécié parce que nous étions maintenant de meilleurs amis. Je connaissais pratiquement tout les côtés de mon ami. Les bons comme les mauvais. J'avais clairement remarqué la différence lorsqu'il était avec Carter. Il faisait des efforts pour elle et j'avais trouvé cela plus qu'adorable de sa part. Ça n'avait pas toujours été facile par contre. "Je le connais assez bien pour te dire que tu n'étais pas une fille parmi tant d'autres." Je n'avais jamais vu Roman faire des efforts comme ça pour une fille. Normalement, quand ça faisait pas son affaire, il balançait le tout à la poubelle et repartait. Pas avec Carter. Puis, alors que je ne m'y attendais pas du tout, Carter m'avoua la vraie raison de son départ. Une raison qui me laissa bouche bée au départ. Elle était enceinte. Elle portait l'enfant de Roman. "Carter, c'est..." C'est quoi? C'est merveilleux puisqu'elle est en train de créer la vie? C'est pas de chance parce que le père ignore qu'il s'agit de son enfant et en plus, le couple est séparé? "Comment tu le prends? Et je sais que ça me regarde pas mais tu devrais en parler à Roman. Je lui dirai rien, j'te jure. Mais j'crois que par respect pour lui, tu devrais lui dire la vérité."
Dès le début, ta relation avec Roman avait été compliquée parce que ce n’était qu’une histoire de cul, mais tu ne faisais que de répéter que tu le détestais. De plus, tu ne parlais clairement pas de toutes les disputes par lesquelles vous étiez passés. Vous ne faisiez que ça et c’était surtout pour des conneries avant de se retrouver dans le même lit. C’était le même cercle, mais tu avais compris que derrière sa carapace, derrière son caractère de connard se trouvait un homme plus qu’adorable. Tu l’aimais, tu l’aimais pour ça parce qu’il voulait repousser les autres, mais quand on apprenait à mieux le connaître tout était plus simple. Tu l’aimais, tu aimais tous ses cotés chez lui, tu ne détestais pas réellement son côté connard, tu savais que c’était dans sa personnalité, tu faisais avec. « Je m’en suis rendue compte. Je sais comment il était avec les autres et je ne peux pas dire que je suis contente qu’il soit comme ça avec moi. Tu sais que c’est lui le premier qui a été à me dire je t’aime ? » Tu souris en coin sachant que tu avais gardé ce message, ce n’était clairement pas rien pour toi parce que tu doutais clairement que Roman puisse avoir dit cette chose à une autre femme. Tu te sentais de plus en plus unique avec lui, en sa présence et putain ça te faisait du bien. Tu venais d’avouer la raison de ton départ, pourquoi cette rumeur et tout le reste. Tu étais enceinte, tu étais en train de porter la vie, tu étais en train de porter l’enfant de Roman et tu savais que ce n’était pas rien, mais tu préférais le cacher. « Dingue. » Autant le dire, c’était dingue parce qu’il y avait tellement de facteur à prendre en compte. Tu n’étais plus en couple avec Roman, il était malade en plus de ça et il n’était pas au courant. La totale, il fallait le dire. « Je sais pas si je serais capable de faire face à cette grossesse et surtout si je serais capable d’être une mère. C’est réellement compliqué pour moi, il faut le dire. Je te fais confiance et je finirais par le dire, je finirais par lui dire sauf que j’ai besoin de temps, j’ai réellement besoin de temps pour savoir comment le faire et surtout ce que je ferais face à cette grossesse. » Tu n’avais pas envie de mentir, tu n’avais clairement pas envie de lui mentir.
Je fus surprise d'apprendre que c'était Roman qui avait dit Je t'aime en premier. Ce n'était pas du tout son genre de le dire en premier. Ou de le dire tout court dans certaines situations. Mais je n'avais aucune difficulté à croire ce que Carter me disait. Après tout, lorsqu'ils étaient ensemble, Roman avait su se montrer bien différent de ce qu'il avait pu être avec d'autres filles. "Sérieux? Je crois que c'est une première ça." D'ailleurs, le jeune homme ne s'en était pas vanté. Tout comme mon amie ne se vantait pas de sa grossesse. En fait, pour le moment, elle trouvait que tout ceci était plutôt dingue, pour reprendre ses mots. La situation n'était pas simple, je l'accorde. Carter semblait avoir des doutes sur le fait qu'elle allait pouvoir élever un enfant, qu'elle serait une bonne mère. Je soupira légèrement puisque je m'apprêtais à avouer à Carter quelque chose de mon enfance, quelque chose dont je n'aimais pas parler. Seuls les personnes les plus proches de moi ou encore ceux qui me connaissent depuis mon enfance le savent. "Carter, la seule chose dont tu as besoin pour être une bonne mère est d'être capable d'aimer cet enfant. Peut-être un peu de volonté aussi. Mais l'important, c'est l'amour d'une mère. J'te jure que ma mère est pas le modèle de la mère de l'année. Elle en a fait des erreurs. Elle a même été jusqu'à se prostituer pour que je puisse manger. Mais elle m'aimait. Elle me l'a prouvé à chaque jour. Même si je lui en ai voulu d'avoir fait ça, j'ai toujours adoré ma mère. Même si elle n'est plus là, je l'aime encore." J'avais une boule dans la gorge à l'évocation de ma mère. Ça faisait trois ans qu'elle avait été assassinée et je trouvais encore difficile d'en parler ou d'y penser. Je me ressaisis et revint porter mon attention sur Carter. "Tu as des amis aussi. Tu n'es peut-être pas avec Roman mais il ne te laissera pas tomber là-dessus" J'allais m'en assurer personnellement. Je savais ce que c'était grandir sans père et je n'allais pas permettre à Roman de faire ça à l'enfant que Carter portait si elle décidait de la garder.
Tu avouais beaucoup de choses sur ton ancien couple à la meilleure amie de Roman, tu ne savais pas s’il avait été capable de lui en parler ou pas. Dans tous les cas, ce n’était pas comme ci elle n’était pas au courante de la vie de Roman alors tu ne faisais rien de mal, du moins à tes yeux. « Je crois aussi. Je pense que ce qu’il a été capable de me dire, il n’a pas du le dire à beaucoup de femmes. Tu vois c’est un peu le genre de trucs que toutes les femmes aimeraient entendre. » Tu haussas les épaules, tu connaissais Roman, du moins sa réputation. Tu savais aussi que quand c’était trop sérieux, il prenait ses jambes à son cou et il partait loin, très loin. Enfin il trompait, tu avais peur qu’il fasse la même chose avec toi et pourtant ce n’était pas le cas. Il avait fait du mieux qu’il pouvait pour se faire pardonner, pour que tu restes avec lui. Il t’avait dis tellement de choses que tes sentiments n’avaient fais qu’augmentait à ce moment là. Mais tout était retombé maintenant, malheureuse pour toi, pour vous. Mais cet amour était toujours présent, il t’avait dis je t’aime quand tu avais été capable de le rencontrer dans les couloirs, il t’aimait mais il voulait que tu restes loin de lui, trop contradictoire entre vous, mais c’était vous. Tu jouais avec ton stylo tout en la regardant, tu savais qu’elle avait raison du début à la fin, mais ça te faisais peur. « J’ai peur de mettre ma vie entre parenthèse pour cet enfant. J’ai pas envie d’arrêter mes études, c’est réellement important pour moi. Je pensais, sûrement bêtement, que je serais mère dans quelques années, que j’avais le temps de me faire à l’idée d’avoir un enfant. De plus, j’ai jamais parlé de ça avec Roman, je ne sais pas ce qu’il penserait et j’ai pas envie de lui mettre un enfant dans les bras comme ça, qu’il se retrouve du jour au lendemain père sans réellement le vouloir. » Tu ne voulais pas le forcer, tu ne voulais absolument rien forcé avec lui. Tu ne pouvais clairement pas faire tout ça, tu ne pouvais pas penser à toi avant lui. Tu ne marchais comme ça, tu étais obligé de penser à lui avant tout. « Je suis réellement désolée pour toi. Puis je te rassure, j’ai pas eu une enfant facile même si je me souviens de pas grand-chose. Mais j’ai perdue ma mère à l’âge de trois ans et j’ai été adopté par un trafiquant d’enfant, j’ai été séparée de ma jumelle. » Pas facile, il fallait le dire et tu ne parlais pas de tes nombreuses agressions, la vie n’avait pas été toute rose avec toi et tu avais appris à faire avec, de sourire même quand tu étais très malheureuse. « Je prendrais pas de décision sans lui en avoir parlé avant. C’est son enfant, même si j’aimerais réellement avorter pour être honnête avec toi. »
Roman ne m'avait pas parlé de ce qu'il avait ressenti quand Carter était partie. Il ne m'avait même pas dit qu'elle était revenue. Il se refermait complètement avec moi. Oubliant la personne que je voyais en lui pour redevenir celui qui n'en faisait qu'à sa tête malgré les conséquences. En fait, j'étais pratiquement certaine qu'il ne pensait même plus aux conséquences. Il pensait seulement à combler le vide qu'il avait en lui sans vouloir se l'avouer. Carter avait raison. Toutes les filles avaient envie d'entendre ses mots de la bouche d'un garçon. Moi, la première. Depuis bien trop longtemps, je ne les avais pas entendu. Quand on en vint à parler de l'enfant, Carter m'expliqua qu'elle n'avait pas envie de mettre sa vie de côté pour élever un enfant, elle n'avait pas envie de perdre tout ce qu'elle était en train de faire pour devenir une mère. C'était comprenable. On venait à Harvard avec des buts, des projets. Et un enfant venait troubler ses projets. Je n'étais pas pour l'avortement, vraiment pas, mais je ne pouvais quand même pas empêcher Carter de le faire si c'est ce qu'elle désirait. Je ne pouvais pas lui dire de donner l'enfant en adoption ou de se laisser une chance. La décision lui appartenait. À Roman et à elle. "J'comprend que c'est certainement pas facile d'être aux études avec un enfant. Mais il y en a plusieurs sur le campus qui le font. Peut-être que vous devriez parler avec quelques-uns avant de prendre une décision." C'est évident qu'il y avait des étudiants qui avaient des enfants quelque part sur le campus. J'avais déjà vu des étudiantes enceintes dans les corridors. À commencer par Summer et Paris. Peut-être que je pourrais leur demander de rencontrer Carter et Roman si ces derniers acceptaient. Quand on parla de nos enfance, je confia à Carter quelque chose que pratiquement personne ne savait. "Je m'en suis remise, ça va. Et tu vois, on est quand même rendue ici aujourd'hui. On s'en est pas trop mal sorti." dis-je avec un petit sourire.
Parler de ta relation, de ton ancienne relation avec Roman était étrange parce que ce n’était pas dans tes habitudes. Mais tu préférais mettre tout ça derrière toi, tu devais réfléchir de tout ça plus tard, beaucoup plus tard et te concentrait sur les cours que tu avais en retard, tu avais tellement de choses à reprendre pour ne pas finir par couler dans l’année, dans la fin de l’année. Tu passas ta langue sur tes lèvres sachant que tu étais maintenant en train de parler de l’enfant, de votre enfant plus particulièrement. Putain, c’était dingue de te dire ça sachant que tu avais peur, tu continuais d’avoir peur surtout d’être mère quoi. C’était horrible cette sensation qui te prenait à chaque fois que tu étais en train de penser à tout cela, tu allais devenir mère, tu allais avoir un bébé, un enfant et tout ce qui impliquer quoi. Tu étais juste pas prête et encore le mot était faible, tu ne savais pas du tout ce que tu serais capable de faire, ce qu’il allait se passer par la suite. Tu pensais à tous, à tous ce que tu allais devoir mettre de côté pour ta vie, pour élever ton enfant et qu’il soit autant heureux que tu as pu l’être dans ton enfance, malgré ton enfance assez compliqué. « Peut-être qu’on pourrait gérer tout ça, mais peut-être pas aussi. Enfin je n’en sais rien, tout est possible surtout avec nous alors j’ai juste peur de me lancer dans cette histoire, dans cette chose et me rendre compte qu’après quelques mois, je ne gère plus rien du tout. » C’est vrai, tout était possible et comment tu pouvais être certaine de réussir ? Tu savais qu’elle allait te dire qu’on n’était sûre de rien, qu’on ne connaissait pas du tout le futur et que c’était un risque à prendre. Tu souris à la jeune femme alors que vous étiez en train de parler de vos enfance, de vos enfance qui n’avaient clairement pas été toute rose, mais comme elle venait de le dire, vous vous en sortiez bien en étant dans cette école, cette grande école dont beaucoup de monde aimerait être à votre place. « Je suis totalement d’accord avec toi, ce n’est pas parce qu’on a eu un parcourt assez compliqué qu’on ne peut pas finir où on est actuellement. » Tu souris encore une fois, te doutant bien que la jeune femme ne racontait pas tout ça à tout le monde, comme toi. Tu gardais réellement cette chose pour toi, seulement pour toi, refusant de parler de ton enfance, de ton adoption à n’importe qui.