Je ne pensais pas être celui qui s'en irait. ✻ WILDER

J'deteste quand rien n'est clair, que tu mets en doute mes convictions. Elles n'étaient pas seulement là pour faire jolies, mais pour me permettre d'avancer. Savoir que ton futur à Boston était plus stable pour toi me rassurait. J'savais que tu serais mieux ici, du moins sur le long terme. Et pourtant, j'creve d'envie que tu partages mon appartement new-yorkais. Que je puisse te raconter ma journée en direct le soir, et non via des sms, des appels ou des Skype. C'est en me prenant pour le dernier des imbéciles, en minimisant mes efforts pour TON avenir professionnel, que tu me perds. Tu m'étouffes avec tes mots. Et tu sais très bien que je vais franchir cette porte dans la minute.  Attends .. Jm'arrete, face à la porte, main sur la poignée.  C'est bon, reste. Faut qu'on discute de tout ça. J'la serre cette poignée, pour faire passer la frustration, la déception. Tout ce que tu m’empêches d'évacuer dehors. Parce que je peux plus sortir, plus maintenant. Alors il se tourne et lance, « Je veux que tu viennes Victoria, j'l'ai toujours voulu. Et j'pensais faire le bon choix, j'avais pas pris en compte tout ces trucs d'études. ». Essaye de ne pas être agressif, d'adoucir sa voix, de rester à sa place. Souffle, calmement. « Vu tous les fringues que t'as, tu devrais commencer tes valises. » Très lèger, mais alors très léger sourire.

Je veux que tu viennes Victoria, j'l'ai toujours voulu. Et j'pensais faire le bon choix, j'avais pas pris en compte tout ces trucs d'études. Et tout ce qu'elle a voulu elle, c'est qu'il lui dise ça plus tôt. Victoria voit dans son regard qu'il est sincère, ce qui la conforte dans son idée : Avery ne comprends pas. Elle a eu beau extérioriser ses sentiments pour une fois, il ne les a pas compris, pas vraiment. Il est persuadé d'avoir fait le meilleur choix, de n'avoir rien dit pour son bien à elle alors que la blonde persiste dans ses idées. Ils ont tous les deux raison d'une certaine manière, c'est simplement qu'ils ne se comprennent pas. Qu'ils ne comprennent pas vraiment le point de vue de l'autre et qu'au fond, ils ne parlent pas vraiment de la même chose. Ça passera pour cette fois, ils traverseront cette petite crise. Allez savoir ce qu'il en sera des suivantes. Vu tous les fringues que t'as, tu devrais commencer tes valises. J'ai pas dis que j'allais venir. Victoria, ou comment être une grosse casse-couille de première. J'rigole ! Elle s'avance vers lui et le prend dans ses bras. La tension redescendue, elle se sent plus joviale. Je veux venir avec toi. Elle tourne la tête doucement et effleure ses lèvres. J'compte sur ton aide pour les valises ! dit-elle à la volée, en partant vers la chambre. Elle a bien envie d'ajouter qu'il est hors de question qu'elle dorme dans un taudis New Yorkais et qu'il faudra trouver autre chose, mais elle se retient pour l'instant, c'est trop tôt. Elle lui annoncera en chemin.

J'ai pas dis que j'allais venir. Voyez les gros yeux d'Avery, les levant vers le plafond pour montrer son agacement. J'rigole ! Il la fixe quelques secondes, le visage neutre. Fait un mouvement horizontal de la tête, l’incline légèrement à droite, soupire. « Tu m’agaces Wild. », mais avec un fin sourire qui adoucie les propos. Qu'elle se dépêche de faire ses valises maintenant. Le départ est encore loin, mais Victoria n'est pas la plus rapide. Surtout quand c'est dans la précipitation. Que prendre oulala. Dilemme. Elle vient, l'attrape pour le prendre dans ses bras. Un geste auquel il répond. Je veux venir avec toi. J'compte sur ton aide pour les valises ! Et il aurait embrassé ses lèvres trop proches si elle ne s'était pas extirpée en moins de deux secondes. Il passe sa main dans ses cheveux, regarde l'appartement machinalement. Si Vic vient avec lui, alors il ne verra plus jamais cet appart. Ça ne fait pas longtemps qu'il y habite, mais il commençait à s'être habitué aux goûts de luxe de demoiselle. Le changement va être radical dans l'appartement choisi à New-York.

New-York. Ils y sont. Enfin. Et les voilà tout les deux dans l'appartement. C'est clairement pourri si on compare à celui de Boston. On sent la différence de moyen dans le couple. Et il est persuadé que dès ce soir Victoria cherchera meilleur logement. En attendant, il pose les valises près du lit, et vient poser ses mains sur les hanches de sa copine. « Prete pour de nouvelles aventures ? »

Elle sait qu'elle l'agace, il l'agace aussi. C'est leur façon de s'aimer : ces accrochages, ces disputes, ces montagnes russes émotionnelles et ces non-dits. Leurs différences les éloignent pour mieux les rapprocher ensuite, et au final, ils sont parfaits ensemble, dans leurs imperfections.

Victoria l'a suivi à New York. Plus rien ne la retenait vraiment à Boston, elle avait envie d'Avery et de changement alors le choix avait été simple. Ils avaient passé la première nuit dans l'appartement choisi par le blond, et l'anglaise avait lutté très fort pour réprimer une remarque acerbe sur la petitesse et la précarité des lieux. Elle s'était tu, mais lorsqu'elle avait su trouver un moment seule en prétextant aller au toilette, elle avait immédiatement dégainé son téléphone pour contacter l'agence immobilière la plus prisée de la ville. Le lendemain matin elle avait reçu plusieurs propositions alléchantes, et le soir même, Avery et elle signaient le bail de leur nouvel appartement dans l'Upper East Side. Victoria était prête à faire des compromis, mais elle restait une Smythe-Wildingham.

Ils vécurent là-bas heureux pendant quelques années. Victoria s'occupa de la branche américaine de l'entreprise familiale et Avery connu beaucoup de succès dans la filière qu'il avait choisi. Leur couple, à l'instar de ce qu'ils avaient tous prédis, dura des années. Ils vécurent leur histoire pleinement, complètement, jusqu'à ce qu'arrive son terme. Car s'ils se sont aimés profondément, s'ils se sont épanouis ensemble, leur couple n'était pourtant pas fait pour durer. Avery n'était pas l'homme de sa vie, et elle n'était pas la femme de la sienne, c'était aussi simple et beau que ça. Ils se sont séparé et ont trouvé l'amour ailleurs, mais ne sont pour autant jamais sorti de la vie l'un de l'autre.

▬ THE END ▬