[snow and awkwardness] PARRALLY

Il ne pouvait même pas reprocher à sa sœur de l’avoir invitée sans avoir pris la peine de lui en parler car cela n’avait rien d’exceptionnel. A vrai dire, il était rare que Parrish et sa sœur partent seuls, rien que tous les deux. En général, certains de leurs amis venaient se greffer ce qui était une bonne chose car Elizabeth et son aînée Amandine avaient vraiment le don de se disputer vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Au moins, quand leurs amis étaient là, ils faisaient en sorte de se tenir un peu, ce qui permettait de garder une bonne ambiance dans le groupe. D’habitude, Elizabeth ne voyait donc aucun inconvénient à partir avec les copines de sa sœur, copines qu’il connaissait déjà pour la plupart, mais cette fois-ci, il avait dut prendre sur lui pour ne pas laisser transparaître son embêtement lorsqu’il avait vu Sally devant le jet, un sac de voyage à ses pieds. Il avait pris sur lui comme il savait si bien le faire, s’armant d’un beau sourire et se montrant agréable, mais sa présence le mettait tout de même mal-à-l’aise. Ce n’était pas tant qu’il lui en voulait pour quelque chose qu’elle aurait fait. Non, en fait il s’en voulait surtout à lui-même. Il s’en voulait de son incapacité à passer outre son béguin pour elle et il se flagellait également pour avoir déjà couché plusieurs fois avec elle dans la folie de moments chargés en passion. A croire qu’il était incapable de prendre sur lui, qu’il était une sorte d’animal dépourvu du moindre contrôle sur ses propres actions. Il avait beau se seriner que coucher avec une copine de sa sœur n’était pas une bonne idée, sa volonté avait tendance à fondre comme neige au soleil quand Sally se rapprochait un peu trop près de lui.

Ils étaient arrivés à Aspen la veille au soir et la première journée avait été plutôt bonne. Comme prévu, ils avaient passés leur temps sur les pistes, profitant de la neige et Parrish éprouvait une bonne fatigue lorsque la soirée tomba enfin. Sally, sa sœur, lui et quelques amis rencontrés plus tôt sur les pistes étaient partis au restaurant dans la soirée avant de rentrer et de se poser dans le hall de l’hôtel, un bel établissement (car les Parrish ne couchaient jamais dans un hôtel qui n’en soit pas un) proposant un espace de détente regorgeant de fauteuils et autres canapés très confortables. Elizabeth était installé dans un fauteuil en cuir noisette, son portable à la main. Il conversait avec les gens tout en sentant la fatigue pointer. La soirée était bien avancée, il avait eut une longue journée éreintante et le ventre bien plein et n’aspirait désormais plus qu’à se retrouver un peu seul histoire de se reposer pour repartir en forme le lendemain. Alors que les gens partaient doucement, ne laissant que Sally, Elizabeth, la sœur de ce dernier et un mec qui lui faisait ouvertement du pied, il se décida à s’esquiver. « Allez je monte, je fatigue » lança-t-il avec un sourire tout en rangeant son téléphone dans la poche de son manteau. Il salua le type qu’il ne connaissait pas quelques heures plus tôt, embrassa sa sœur et enfin Sally, le tout avant de se diriger d’un pas tranquille vers les ascenseurs. Quelques minutes plus tard, il utilisait sa carte magnétique pour entrer dans sa chambre adjacente à celle, encore plus vaste, des filles. Il referma la porte derrière lui et commença à entreprendre de se déshabiller, jetant son manteau sur le dossier d’une chaise et envoyant valser ses chaussures. Il alla ensuite allumer la télévision dans une forme de réflexe, le tout avant de commencer à farfouiller dans son sac de voyage pour dénicher de quoi se changer pour la nuit.

La chambre d'hôtel d'Elizabeth était particulièrement spacieuse, quoiqu'ayant une décoration un brin dépassé avec d'épais rideaux en velours accrochés en fenêtre et de gros meubles en bois clairs à l'aspect vieillot. Elizabeth cependant s'en fichait éperdument. Il se contrefichait de l'hôtel, il était venu pour skier et passer un bon moment et jusque-là, tout se passait plutôt bien. Après avoir sorti de son bagage en cuir une tenue pour dormir constituée en tout et pour tout d'un bas de pyjama en coton, il fila sous la douche. Celle-ci fut rapide, quoique tout de même franchement délicieuse. Il se sentait fatigué, son corps ne demandant qu'à s'affaler sur un matelas après tout l'exercice effectué dans la journée. En dépit de son envie de se poser tranquille, il se lava tout de même les cheveux et une fois tout propre, il enfila le pantalon qu'il avait sortit et quitta la salle de bain pour se pencher sur ses bagages. Il avait beau être fatigué, il se connaissait suffisamment bien pour savoir qu'il n'allait pas suffire qu'il se glisse directement entre ses draps pour sombrer immédiatement dans les bras de Morphée. A la place, il fouilla dans le bordel qu'il avait emmagasiné en faisant rapidement ses bagages à Boston et finit par mettre la main sur son macbook et sa tablette. Cela pouvait sembler un peu bizarre d'emporter ça pour un week-end au ski, mais il en était ainsi avec le fils Parrish : il y avait des choses sans lesquelles il refusait obstinément de partir même pour ne serait-ce qu'une toute petite poignée de jours et son matériel en faisait parti. C'était pour lui une façon d'amener un bout de sa passion avec lui et c'était plus pratique que de trouver de la place dans ses bagages pour une toile et de la peinture.

Son ordinateur et sa tablette sous le bras, Parrish grimpa gracieusement sur son lit. Devant lui, la télévision ronronnait, passant une émission de réalité quelconque dont il se foutait éperdument. Ignorant totalement l'écran, il commença rapidement à dessiner sur sa tablette, se laissant aller à la première de passion, passion qui avait toujours eut le mérite de l'apaiser. Dessiner ainsi avant de dormir était quasiment devenu un rituel pour lui. Parrish promenait ses doigts sur l'écran avec un sérieux indéniable lorsqu'il eut la surprise d'entendre frapper à sa porte. Fronçant les sourcils, il posa sa tablette sur le couvre-lit avant de se lever pour aller ouvrir la porte sans prendre particulièrement la peine de se couvrir, se figurant dans un coin de la tête qu'il allait tomber sur sa soeur aînée. Il n'en fut rien cependant et sur Sally que son regard se posa. Sally avec qui il n'était pas très sage de passer du temps alors qu'elle était en nuisette et lui à moitié dévêtu. « Salut » dit-il, tout à coup bêtement mal-à-l'aise. Il s'écarta dans l'encadrement de la porte, la laissant entrer bien que ne sachant pas avec précision ce qu'elle lui voulait. Bon, il avait peut-être une petite idée et ça ne le réjouissait pas des masses. Refermant la porte derrière elle une fois qu'elle fut à l'intérieur de la chambre, il fila ensuite en quelques pas se positionner devant sa valise dans laquelle il attrapa un pull tricoté qu'il passa rapidement sur son torse nu. « Tout va bien ? Tu as passé une bonne journée ? » Interrogea-t'il d'un ton travaillé et qui sonnait assez léger.

Dans le fond, ce n’était pas si « scandaleux » que ça. Ils étaient tous les deux majeurs et vaccinés, ce n’était comme s’il avait quinze ans. Leur différence d’âge se résumait à quelques années et ça ne l’aurait pas plus choqué que cela s’il ne s’était pas agit d’une amie de sa sœur aînée, sœur aînée dont il lisait dans son regard qu’en dépit des années, elle persistait à le voir comme un gamin. Il était âgé de vingt-quatre ans et elle devait se douter qu’il avait déjà fait l’amour depuis belle lurette maintenant, mais il savait en revanche que tout cela lui déplairait. Elle continuait encore à sourire en le voyant draguer, le genre de sourire qui veut dire « mon petit frère fait la cour à une fille, c’est pas trop mignon ? » et il savait que tout cela allait la contrarier. Au delà de cela, il n’aimait pas cette relation et l’image qui s’en dégageait. Il avait l’impression de ne rien contrôler, de se laisser aller à une forme de passion déraisonnable. Ce n’était pas sage et il le savait pertinemment alors il essayait d'éviter de se mettre dans une situation susceptible de le pousser à l'erreur. Il évitait Sally, en quelque sorte, même si ça ne l'amusait pas du tout. Il estimait simplement que c'était plus facile ainsi, mais à peine eut-il posé son regard sur Sally en cet instant qu'il senti sur le champ qu'elle ne percevait pas les choses de la même façon que lui. A son instar, elle avait pris sur elle depuis qu'ils s'étaient retrouvés pour grimper dans le jet mais maintenant qu'ils étaient seuls pour un laps de temps dont la durée demeurait encore indéterminée, ils n'avaient plus à s'embarrasser de faux semblants. Malgré cela, Elizabeth décida de se couvrir un peu plus, précaution qui ne manqua pas d'arracher un commentaire à Sally. « Je t'ai vu beaucoup plus dévêtu que ça... Enfin je veux dire c'est pas la peine d'enfiler un pull je ne vais pas te sauter dessus. » Elizabeth sentit malgré lui les coins de sa bouche se soulever légèrement en une ébauche de sourire. Effectivement, elle l'avait carrément vu nu comme un ver, oui, mais ce n'était pas une raison pour s'exhiber maintenant d'autant plus alors qu'il essayait de se contenir. Pour la même raison, il était franchement ennuyé par la légèreté de la tenue de Sally. Il lui aurait été beaucoup plus aisé de se montrer convaincant dans son discours s'ils avaient pu avoir cette conversation en bas des pistes plus tôt dans la journée, quand les courbes de son corps disparaissaient sous plusieurs couches de vêtements. « Compte tenu de nos derniers exploits du genre, je n'estime pas la précaution si stupide que ça » elle avait décidé d'être franche alors il n'allait pas s'embêter à emprunter des voies détournées. Clairement, jusqu'alors, ils s'étaient montrés franchement nuls pour ce qui était de contrôler leurs pulsions. « Autant rentrer directement dans le vif du sujet, à priori tout va bien et j'ai passé une bonne journée et j'aurais encore plus apprécier si tu m'aurais pas éviter, je veux dire c'est quoi le problème Eli?? » A ces mots, Elizabeth croisa ses bras sur son tricot, l'air ennuyé. Il ne comprenait pas qu'il lui faille expliquer cela. N'était-ce pas évident ? « Qu'est-ce que t'attends de cette... De ce qu'on fait ? » Car il peinait à appeler cela une relation. « Franchement, je crois que ça rime à rien, c'est pas raisonnable et je trouve plus simple de mettre de la distance entre nous » et c'était pas un choix si égoïste que ça. Il pensait sincèrement que c'était le mieux à faire pour elle aussi.

« Tu sais avec la distance que tu met entre nous je n'aurais pas prit le risque de te sauter dessus. » Elizabeth se fendit d'un haussement d'épaules à peine perceptible. Peu importe, mieux valait prévenir que guérir. Il essaya ensuite d'expliquer son ressenti en s'exprimant d'un ton calme, plat, le même ton avec lequel il aurait expliqué une technique de peinture ou quoi que ce soit d'autre. Il n'avait aucun grief personnel contre elle et n'avait vraiment pas envie que toute cette histoire prenne une tournure plus dramatique qu'elle le devrait. « Comment ça?? Rien, je sais depuis le départ que tu n'es pas un mec qui est du genre à ce poser et qui cherche du sérieux surtout pas avec une nana de 27 ans et qui a un enfant et je ne suis pas en train de tomber amoureuse de toi. » Les traits du visage d'Elizabeth se crispèrent légèrement. Qu'est-ce qu'elle racontait là ? Il avait l'impression de se faire cataloguer par une fille qui ne le connaissait pas tant que cela. C'était l'amie de sa soeur, pas la sienne et il n'appréciait franchement pas qu'elle pense d'ores et déjà avoir fait le tour de sa personne. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il voulait, son image de lui se résumant grosso modo à celle que sa soeur avait bien pu lui dépeindre. « Donc tu décide et j'obéis?? Dit moi franchement où est le problème parce que je ne comprends pas. » Il commençait à se sentir vraiment irrité alors qu'il se tenait encore debout, lui faisant face, l'air désormais vaguement agacé. « Je décide rien du tout. Tu fais ce que tu veux et je fais ce que je veux, il a jamais été question qu'il en soit autrement » il n'appréciait vraiment pas le tournant pris par cette histoire. « Et, pour que ce soit bien clair, je suis désolé, mais tu ne sais rien de moi et de ce que je veux. » Il n'y allait franchement pas avec le dos de la cuillère, mais la journée touchait à sa fin et il n'avait pas la force d'enrubanner une vérité qu'elle était de toute façon venu chercher. « S'envoyer en l'air comme on le fait, ce n'est pas ce que je veux et si je me montre distant, c'est car je préférerais qu'on arrête. » Et c'était bizarre à dire. C'était quelque par comme plaquer quelqu'un avec qui il ne sortait pas. C'était ridicule, mais il ne voyait pas d'autres moyens de se dépêtrer de tout ça. Ce n'était pas lui que de coucher ainsi et si elle pensait le contraire, c'était vraiment qu'il était temps d'arrêter.

« Et ce qu'on faisait il me semble qu'on le voulait tout les deux non?? » C'était plus fort que lui, il ne pouvait s'empêcher de se sentir irrité par cette conversation. Il avait l'impression qu'elle ne comprenait rien, à moins que ce soit lui qui ai brusquement perdu sa faculté à s'exprimer. « Je ne crois pas avoir dis le contraire » il ne sous-entendait en rien avoir été d'une manière ou d'une autre forcé de faire quelque chose qu'il ne voulait pas. Il assumait pleinement la responsabilité de ses actions. « Je n'ai jamais dit le contraire, je n'ai aussi jamais dit que je ne voulais pas en savoir plus. » Il décida de prendre le parti de ne pas répondre. Tel qu'il voyait la chose, il n'avait pas ce genre de relation. A moins qu'il ne soit en train de se prendre trop dans la tête ? Il n'en savait rien, la fatigue et l'irritation jouaient contre lui. « Donc tu m'as sauté et maintenant que ce jeu te lasse tu décide que ce n'est pas toi. Déjà parler me le dire en face aurait peut être été mieux que d'agir comme ça on est adulte non?? Dit moi qui tu es alors parce que je n'avais pas franchement l'impression que cela te dérangeait toutes les autres fois. » Il serra les points. C'était là une situation délicate, une situation qu'il lui fallait gérer avec minutie de sorte à éviter au maximum la casse. Le week-end n'était pas fini, restait encore le lendemain et il n'avait pas envie de fuir sa soeur toute la journée. « Tu ne m'as jamais forcé à quoi ce soit et si tu penses que j'essaie de me défaire de ma responsabilité dans cette histoire tu te trompes. J'ai couché avec toi, plusieurs fois, car j'en avais envie. » Car c'était une espèce de fantasme, de ceux qui sont si clichés qu'ils en deviennent presque drôle. La petite soeur qui craque pour le copain de son grand frère ou le petit frère qui craque pour la copine de sa grande soeur. C'était vieux comme le monde, ce dilemme. Et il avait cédé à ce dilemme, plusieurs fois, le fait que Sally soit également attirée physiquement par lui aidant grandement. « Mais c'était stupide de ma part car je sais que contrairement à ce que tu penses, ce n'est pas ce que je veux. Je ne suis pas ce mec qui veut juste s'envoyer en l'air même si c'est ce que j'ai tendance à devenir avec toi, car tu m'attires physiquement » elle le rendait faible d'une certaine façon et l'idée n'avait rien de séduisant une fois les moments où la passion était à son pic passés. « Alors je préfère qu'on arrête et désolé de pas te l'avoir dis tout de suite, c'était pas intelligent de ma part, mais maintenant c'est fait. »