I'm my own worst enemy. Mira

Il se sentait vraiment misérable à cet instant précis car il avait l’impression de perdre Mira à cause de ses conneries. Jamais il n’avait souhaité qu’elle s’imagine qu’il la prenait pour une fille de mauvaise vie. Elle était la personne la plus honnête et droite qu’il connaisse dans sa vie mais la colère avait pris le dessus et malheureusement, elle avait fait une victime toute désignée. Cela n’excusait en rien ses propos et il espérait vraiment pouvoir rattraper le coup. Le problème c’est que plus il s’exprimait et plus il s’enfonçait avec toujours ce mur devant lui qui semblait lui dire : allez fonce, tu verras, tu n’en seras que plus malheureux. « Arrête s’il te plait, tu es loin d’être une prostituée ou quelque chose dans le genre » avait-il lancé mais peine perdue, sa belle était déjà retournée à l’intérieur, bien en colère contre lui. La soirée était vraiment merdique et l’envie de boire pour oublier tout cela ne s’en faisait que plus présente. D’ordinaire, il n’était pas le genre d’homme à sombrer dans l’alcool mais c’était ça ou allait voir Emilia pour la supplier de lui donner un petit médicament histoire de planer un bon coup. Il devait tenir songea-t-il en plongeant la main dans la poche de son jean pour en sentir la petite médaille qu’il tenait de son groupe de parole. Un an qu’il était clean, voilà ce qu’elle représentait à ses yeux.

Retournant à l’intérieur à son tour, il ne put s’empêcher de l’observer en grimaçant. Il ferait mieux de partir, de la laisser travailler en paix. A présent qu’elle était en colère contre lui, elle ne chercherait même pas à l’écouter. Toutefois, il essayait pour mieux froncer les sourcils face à sa réponse. « Ma mère a 50% de chance de mourir en couche et je devrais leur dire : mais allez-y, continuez de vous réjouir de cette grossesse. Mon père sera très heureux quand il se retrouvera veuf mais je pense qu’à moi effectivement » lâcha-t-il en se passant une main dans les cheveux. Ne fais pas d’esclandre et va-t-en Weasley ne cessait-il de se répéter. « Je m’excuse si tu as pensé ça… c’est juste… J’ai passé une sale soirée, je suis pas d’humeur à supporter le cirque de tes clients. Je m’en suis pris à toi alors que tu n’y es pour rien et je te demande pardon » débita-t-il tout bas pour n’être entendu que d’elle seule. « Je ferais mieux de te laisser travailler » ajouta-t-il en taisant la partie : et aller boire ailleurs. « Je te dois combien pour mon verre ? »

À mon tour, d’être de mauvaise humeur, de passer une mauvaise soirée, qui s’annonçait pourtant bien. Bonaventure a tout gâché en l’espace de quelques minutes ; la vue de ce dernier rentrant dans le bar, avait pourtant porté mon cœur, un sourire aux lèvres tandis que je m’étais dirigés vers lui . et en un claquement de doigt, tout a basculé. Je lui lance de nouveau un regard noir avant de rentrée de nouveau dans le bar, où la chaleur est plus présente, ainsi que les sourires amicaux et les paroles réconfortantes, choses que Bonaventure ne semble avoir jamais connues aujourd’hui.

Je range les différents verres dans le lave-vaisselle avant d’aller encaisser un client, écoutant Bonaventure finalement se livrer, dire ce qui ne va pas, ce qui s’est passé dans la soirée pour le mettre d’aussi mauvaise humeur, pour que ce dernier se décide à me prendre comme bouc émissaire. Je tourne de nouveau vers elle vers lui, soupirant légèrement avant de passer une main dans mes cheveux. « elle a la possibilité d’avoir un enfant, de porter la vie alors que c’était impossible. Et tu veux la faire renoncer à ça… si tu avas la possibilité de remarché sans canne, mais qu’il y avait un risque important...je suis sûr que tu le prendrais tout de même. » dis-je finalement, car je connais Bona', je sais comment il réagit, comme avec sa canne, alors que les médecins lui conseillent de reste dans un fauteuil roulant. À ce moment-là, il ne prend pas en compte l’avis des médecins n’est ce pas . Je soupire, m’occupant encore de quelques clients avant de revenir vers lui, me mordillant légèrement la lèvre à ces excuses. J’ai envie de le croire, croire qu’il est désolé, lui pardonner et reprendre mon service comme si de rien n’était. « alors fallait pas venir ici, si tu savais que tu n’étais pas d’humeur. » dis-je en haussant les épaules. Qu’est-ce qu’il a gagné à venir ici en sachant que ça se finirait mal ? J’en sais rien et j’ai pas envie de le savoir. « Ouais laisse-moi travailler » je t’emmerde pas quand tu es à ton boulot toi. Je te traite pas de psychopathe ou de je ne sais quoi quand tu t’occupes de tes morts ou que tu joues les espions, alors ne viens pas me critiquer quand je suis au boulot. Je souffle doucement, me retenant de dire tout ce que je pense pour ne pas avoir une nouvelle dispute. « Rien… Évite juste de m’envoyer des messages quand tu seras bourré, je préfère pas le savoir.»

« Mais c’est complétement différent ! On ne parle pas de finir sa vie sur un fauteuil roulant mais carrément d’une histoire de vie ou de mort. Excuse-moi de ne pas réussir à me réjouir à l’idée que ma mère puisse mourir mais allons-y gaiement, jouons à la roulette russe juste pour une histoire de grossesse » répliqua-t-il avec colère retenue. Il se sentait frustré que même sa petite-amie ne comprenne pas son point de vue, qu’elle soit du côté de ses parents. C’était de la folie, ils étaient tous plus ou moins cinglés. Comment pouvait-on se réjouir d’une naissance qui allait peut-être foutre en l’air toute sa famille ?! « Et pour information, j’ai la possibilité de me faire opérer mais le risque que j’y laisse la peau est trop important… Par moment, je sais écouter l’avis des professionnels » ajouta-t-il en révélant une information qu’il avait gardé pour lui. Bonaventure pouvait se faire retirer le bout de métal qui continuait de lui pourrir la vie mais il avait trop peur à l’idée de passer une énième fois sur le billard. L’opération contenait trop de risque d’après ses médecins et d’après ses propres connaissances en médecine.

Mira avait raison, il n’aurait jamais dû venir la voir en espérant quoi ? Trouver du réconfort ? Il aurait pu le trouver si seulement il ne l’avait pas rejeté ou s’il n’avait pas joué au petit con de première, elle ne serait pas en train de l’envoyer paitre à cet instant précis. D’un côté, il s’en voulait mais de l’autre, il lui en voulait également. En fait, il ne savait vraiment plus quoi penser, il était paumé. La seule chose qui lui venait en tête, c’était qu’il ferait mieux de partir, de la laisser tranquille mais la crainte de voir leur histoire se terminer sur une dispute le tétanisait. Il ne pourrait que s’en prendre à lui-même… « J’ai compris… je te laisse » marmonna-t-il en sortant son portefeuille pour laisser quelques billets sur le comptoir. Elle n’aurait qu’à prendre le trop plein en pourboire ou le donner à n’importe qui. Pour sa part, l’envie de boire n’était plus là, il avait plutôt envie de prendre sa voiture et de rouler le plus loin possible et c’est ce qu’il fit.

Bonaventure lui envoya tout de même un sms le lendemain pour lui demander pardon mais n’obtenant aucune réponse, il fut tenté à la fois d’insister mais également de disparaitre. Mira n’avait peut-être pas envie de perdre son temps avec un mec comme lui ?! Elle avait vu l’envers du décor et avait certainement compris qu’il ne valait pas mieux que les autres, pire, qu’il était sûrement pire que les autres. Durant deux trois jours, il se garda bien de rentrer sur Cambridge ou Boston voire même de donner un signe de vie à quelqu’un. Il avait besoin de faire le point, de se remettre en question, de trouver une solution. Alors, en désespoir de cause, il envoya un ultime sms à sa petite-amie : « Est-ce que c’est fini entre nous ? ».