well, i'm here for you (jusia)

Oh, comment pouvait-il donc le savoir ? Bah oui tiens, bonne question. C'était pas comme si ça se voyait à dix kilomètres qu'ils étaient tous plus cons les uns que les autres. Et apparemment pour lui, Ana semblait vouloir se compter parmi eux. "T'es vraiment en train de demander ?" C'était tellement évident pour lui... Lui qui jugeait les gens au premier abord et bien trop rapidement d'ailleurs. Mais pas là, non. Il suffisait juste de regarder autour pour comprendre. "Dès le début, j'la sentais pas cette soirée." Voilà pourquoi il n'avait pas voulu venir. Et voilà pourquoi il s'y trouvait, désormais, à écouter la blonde lui racontait ô combien le barman était exceptionnel alors que lui était toujours persuadé qu'il ne s'agissait pas d'un vrai barman. Serrant les dents, il la regarda sans prononcer un seul mot, encaissant ce qu'elle venait de lui avouer. C'est à dire que ce connard faisait de bien meilleurs cocktails que lui. Elle disait ça pour l'énerver et dans le fond, le mather le savait très bien. C'était pas censé lui faire quelque chose mais ces derniers temps, monsieur était susceptible alors... oui ça l’énervait. Donc vite qu'ils ne se tirent de là, ce serait déjà une bonne chose de faite. Le plus dur, très certainement. Ignorant les interrogations de la jeune femme, il l'entraîna avec lui pour se retrouver enfin, hors de ce manoir. Et bah, c'était pas trop tôt. Restait plus qu'à monter dans la voiture, maintenant. "J'te ramène chez toi. À moins que tu ne préfères tenir compagnie au barman." Voilà, il venait de remettre le sujet sur le tapis mais bon, c'était plus fort que lui. Rien de tout ça ne lui plaisait alors il le lui faisait comprendre à sa manière.

« T'es vraiment en train de demander ? » J'haussais les épaules d'un air amusé. J'étais trop alcoolisée pour être sérieuse. Peut-être bien qu'ils étaient tous des cons et que je n'avais rien à faire à cette soirée, mais jusqu'à ce que Jules arrive, je m'amusais. Non pas que je m'ennuyais désormais, mais c'était autre chose maintenant. Je me demandais ce que le mather me voulait. Pourquoi il était là ? Pourquoi ON était là à se regarder ? Tout ça après les disputes. Je pensais qu'il me détestait au point de ne plus vouloir me voir. « Dès le début, j'la sentais pas cette soirée. » J'esquissais un sourire en le regardant. Je m'amusais, je devais l'avouer. Même ivre j'arrivais à le chercher. Lui dire que ses cocktails étaient miteux par rapport à celui du petit barman que je venais de rencontrer. C'était faux bien sûr, j'étais amoureuse de Jules. Qu'est-ce que je venais de dire ? Oula. Faut que j'arrête de penser. Je secouais la tête doucement en fronçant les sourcils. « J'te ramène chez toi. À moins que tu ne préfères tenir compagnie au barman. » Il me tirait vers l’extérieur et je profitais simplement de ce contact, de son attention. L'air froid me saisissait et sans réfléchir, je venais me caler contre le mather, posant ma tête sur son torse. Le mieux, c'était de faire passer ça pour l'ivresse. « Je veux bien que tu me ramènes chez moi » lui confiais-je alors en me poussant pour ouvrir la portière de sa voiture tant bien que mal. Autant passer sous silence cet écart de conduite.

Le suivre ou rejoindre le barman ? Quel dilemme... Mais en fait, ce n'était ni une question ni une proposition de la part du mather, il la reconduisait, point barre. De toute façon, il la connaissait tout de même assez pour se douter qu'elle ne l'enverrait pas promener, sinon elle l'aurait déjà fait depuis longtemps au lieu de le suivre jusque ici. Par contre, ce à quoi il s'attendait moins, c'était cet élan d'affection soudain. Elle dans ses bras, contre lui, ouais ça lui faisait bizarre parce que... ça faisait longtemps. Et quand bien même, ils n'étaient pas du genre à se faire des câlins, pas Jules du moins. Mais il eut à peine le temps d'ouvrir la bouche pour prendre la parole qu'elle s'était déjà retirée pour monter dans la voiture. Ok, il était peut-être l'heure de partir, enfin. S'installant à son tour à l'intérieur du véhicule après avoir jeté un dernier coup d'oeil à ce fichu manoir, il tourna les clés pour démarrer. Et après cinq minutes seulement, le regard de Jules se porta sur... la boîte à gants qu'il s'empressa aussitôt de claquer un bon coup. Putain, elle était mal fermée. Si ça se trouve, Ana ou même quelqu'un d'autre avait vu ce qui se trouvait à l'intérieur. Même si bon, la blonde ne se serait sûrement pas retenue de faire un quelconque commentaire.

Je ne savais pas exactement ce qu'il m'avait pris. Je m'étais simplement glissée contre Jules, le serrant contre moi et reposant ma tête sur son torse. Je crois même que son coeur s'était mis à battre plus vite, mais avec l'alcool dans le sang, je n'avais pas relevé ce genre de détails. Et puis, se fut rapide. À peine il avait le temps de se rendre compte de ce qui était en train d'arriver que j'étais déjà dans la voiture à attendre qu'il fasse de même. À ma grande surprise, Jules ne dit pas un mot. Je ne savais pas ce que ça voulait dire. Est-ce que c'était positif ou alors il préférait certainement passer ce moment sous silence. Valait mieux ne pas trop se poser de questions. Le mather prit place derrière le volant en silence et je sentais que l’atmosphère allait être pesante. J'étais ivre mais pas encore totalement stupide. Alors au moment où Jules referma la boîte à gants de sa voiture d'un geste vif, mon regard tiqua sur celle-ci. Pourquoi il avait fait ça comme s'il était totalement stressé ? Je fronçais doucement les sourcils et... j'ouvrais la boîte à gants pour dévoiler ses secrets. Dedans, il y avait de la drogue. Malgré l'expression de mon visage, je crois que je n'étais pas si surprise que ça. Il est mather, non ? À l'époque où nous traînions avec notre groupe d'amis, il tirait sur des pétards, nan ? Je refermais et je tournais la tête en direction de mon ancien amant. « Tu te drogues ? » il allait peut-être bien vouloir m'en dire plus ?

Agir avant de réfléchir, c'était pas ça le proverbe ? Non, sûrement que non, mais ça n'empêchait Jules de suivre cet ordre là, ce soir du moins. La boîte à gants était mal fermée et son premier réflexe avait été de la refermer d'un coup sec, sans se dire que ce serait justement encore moins discret que de ne rien faire. Et la preuve, à peine avait-il reposé les mains sur le volant qu'Ana récupérait la drogue en le questionnant. Well done, as always Jules. Inutile de mentir et lui faire croire que c'était pour quelqu'un d'autre ou quelque chose de ce style, elle ne le croirait pas. Alors il continuait de rouler, les yeux rivés droit devant lui pour rester vigilent mais surtout éviter le regard de la jeune femme qui le trahirait sans aucun doute. Le mieux, c'était de garder un air désintéressé sur le sujet et de se contenir. "C'est rien. Remets ça où tu l'as trouvé tu veux bien." Oui allez, sois donc un peu gentille pour ne pas lui faire regretter d'être venu rien que pour toi. De toute manière, ça ne le regardait absolument pas et en plus, qu'est-ce que ça pouvait lui faire ? "Sinon je peux savoir c'est quoi, ta nouvelle adresse ou c'est top secret ?" demanda-t-il par nécessité et surtout histoire de changer de sujet le plus rapidement possible. Les femmes avaient toujours la fâcheuse tendance se prendre pour leurs mères que c'en était  agaçant. Vingt-cinq ans et il n'était toujours pas libre de faire ce qu'il voulait ? N'importe quoi, voilà ce que c'était.

À peine le jeune homme avait refermé la boîte à gants d'un geste vif que j'étais déjà en train de l'ouvrir à nouveau. Il aurait dû s'en douter non ? Que c'était le meilleur moyen pour moi d'attirer mon attention. J'attrapais la substance illicite qu'il voulait cacher et je le questionnais alors, bêtement. « C'est rien. Remets ça où tu l'as trouvé tu veux bien. » J'haussais les sourcils, sentant déjà que j'étais en train de dessaouler à grande vitesse. C'était un oui. Bien sûr qu'il se droguait, quoi d'autre ? Je laissais échapper un soupir avant de finalement remettre la drogue à l'endroit où je l'avais trouvé comme il venait de me le demander. Qu'est-ce que je pourrais dire de toute façon ? Je tournais la tête pour regarder la route avant de reporter mon attention sur le jeune homme à nouveau. « Sinon je peux savoir c'est quoi, ta nouvelle adresse ou c'est top secret ? » - « J'habite dans l'hypercentre de Boston.. Tu peux me laisser à quelques rues, c'est pas un problème. Je finirais à pieds. » En vérité, il allait galérer et donc, nous allions être coincés dans la même voiture pendant un petit moment. J'avais l'impression que Jules était venu à cette soirée pour venir me chercher, mais en même temps, qu'il n'avait pas spécialement envie de me parler et sérieusement, je ne voyais pas l'utilité.

Dans le genre con, pour le coup, difficile de faire mieux que Jules. En voyant la boîte à gants mal fermée, son premier réflexe avait été d'y toucher sans se soucier une seule seconde que cela ne ferait qu'attirer l'attention d'Ana. Et bien sûr, madame était bien trop curieuse pour se retenir d'aller y jeter un coup d'oeil. Ça faisait peut-être une éternité qu'ils ne s'étaient plus vraiment adressés la parole mais ça ne l'empêchait pas pour autant de faire comme chez elle. Et Jules, de lui donner des ordres. D'ailleurs, la blonde se contenta simplement de ranger la drogue comme il le lui avait demandé, ce qui l'étonna assez même s'il ne dit rien  C'était pas le mather qui allait s'en plaindre, hein. "C'est bon ça va, je suis pas à trois rues près." Déjà et puis surtout, s'il était venu ce n'était pas pour la laisser finir le trajet toute seule dans le noir. Ils étaient tous les deux très bien placés pour savoir que rien n'était jamais sûr, encore moins les petits trajets connus. Même s'il ne souriait pas, même s'il n'était pas très bavard, Jules était venu la chercher alors il allait le faire jusqu'au bout, parce qu'il en avait envie. Ça et rien d'autre.

Cette soirée était définitivement bizarre. Entre Jules qui apparaissait juste pour me faire rentrer et qui en plus agissait de manière étrange et moi qui me laissais totalement faire sans rien dire. Faut croire qu'il se passait un truc entre nous deux qui faisait qu'on arrivait toujours à trouver un terrain d'entente. Malheureusement, j'avais l'impression que c'était toujours en faveur du mather. Bon en même temps, j'avais trop bu pour pouvoir pleinement réfléchir à la situation ce soir. Le seul avantage que j'avais, c'était de tomber sur la drogue et de comprendre qu'il se droguait depuis un certain temps. J'avais ouvert, regardé et refermé la boîte à gants quand il me l'avait demandé. J'étais sage ce soir et j'espérais vraiment qu'il était en train de le remarquer. Je lui donnais mon adresse, le conseillant de me lâcher un peu plus tôt pour ne pas qu'il se tape le centre ville en voiture. « C'est bon ça va, je suis pas à trois rues près. » - « Merci... tête de cochon » Parce que clairement, il l'était. Le reste du trajet se fit en silence, m'endormant presque. D'ailleurs, je crois que j'aurais aimé m'endormir totalement, juste pour le sentir me réveiller ou m'aider à arriver jusqu'à ma porte. Là, je n'avais pas le cran de lui demander de venir et j'avais même pas le cran de tenter quoi que ce soit d'autre. J'étais juste sortie de la voiture et j'étais entrée dans mon immeuble.

FIN DU RP