Savage rescue (biki)

La soirée avait pourtant démarré sur les chapeaux de roues. Une fête chez un pote, qui s'était poursuivie en boite, pour finir par de longues embrassades en pleine rue. Sincèrement, malgré sa tenue assez sexy - une robe en cuir que l'on pouvait enlever d'un zip et des bottes de la même matière - Bambi n'était en rien outrageuse ou à l'apparence d'une fille de joie. Au moment de l'altercation, elle cherchait juste un taxi, ou plutôt à en appeler un. L'homme était survenu par derrière, lui avait brutalement arraché son sac à main et lui avait mis une telle mandale que l'italienne eut l'impression de faire trois tours dans ses godasses, au bas mot. Il lui fallut quelques secondes à peine pour reprendre contenance et se mettre à courir, la lèvre légèrement fendue, son portable en main et la peur au ventre. Avec son gabarit de crevette, jamais elle ne ferait le poids. A croire que la frayeur donnait des ailes, car elle courut à une vitesse folle malgré ses bottes à talons aiguilles, jusqu'à un local désaffecté qu'elle pût verrouiller de l'intérieur. Bordel de bordel... Son assaillant l'avait vue entrer, et tambourinait tel un beau diable à la porte... mais plutôt que d'appeler les flics, sans savoir pourquoi, son seul réflexe fut de lui envoyer un message... À lui...

Tu étais chez Patty ce soir-là. Vous aviez dîné ensemble, et tu comptais rester pour la nuit. Il t'arrivait de le faire surtout quand tu avais cette impression d'avoir été trop absent. Elle te manque rapidement cette femme. Elle était celle qui se rapprochait le plus de ce qui pourrait être une mère pour toi. Il était tard et elle dormait. Toi, tu t'occupais en attendant Morphée jusqu'à la réception de ce fameux message. Enfilant ton jean, un sweet sur ton torse nu, couplé d'une veste en cuire tu t'es plus précipité que préparé. Le centre ville c'était pas si proche pour une telle situation, et à cet instant tu n'avais même pas le cran de te rappeler à quel point elle était bonne à s'attirer des ennuis. Tu as complètement omis de prendre ton casque, et tu t'es aventuré avec ton deux roues sans même savoir comment tu allais pouvoir la localiser. Tu faisais en fonction du lieu où elle avait passé sa soirée et ça payait. Après quelques minutes à gambader à pieds, tout en t'assurant qu'elle allait bien, tu as fini par apercevoir une silhouette désastreuse tout en lisant le dernier message de Bambi, rassuré qu'elle soit assez sereine. Malheureusement la rue la nuit, tu connaissais. Du coup en voyant une minable bouteille de verre au sol, tu t'en es armé vidant son fond, avant de la briser pour avoir de quoi répondre en cas d'altercation. Tu as enfilé ta capuche, glissé ton téléphone dans la poche arrière de ton pantalon. Hé l'ami, besoin d'aide peut-être ?! Tu ne mettais pas forcément en évidence ton arme mais comme à chaque fois ça pouvait aller très vite.

@Bambi C. Corleonesi

Au début complètement paniquée, tremblante telle une feuille morte un soir d'automne, Bambi parvint à se calmer peu à peu au fil des messages qu'elle recevait de la part de Ciarán. Pourquoi l'avait elle contacté lui, alors qu'ils se connaissaient à peine ? Mystère et balle de golf. Mais le jeune homme avait répondu présent et ses messages parvinrent à faire cesser les tremblements de la demoiselle. Un miracle, vu la situation. Son assaillant continuait de tambouriner à la porte du local, tel un beau diable, beuglant des propos incompréhensibles et ajoutant du stress à la crainte crevant déjà le plafond de l'italienne. Mais par chance, elle reconnut bientôt la voix de son sauveur et, sans trop savoir pourquoi, elle ouvrit la porte. T'es venu... fit-elle d'une petite voix alors qu'elle saignait de la lèvre inférieure, preuve que la baffe précédemment reçue n'avait pas été piquée des hannetons. Bambi se riait presque du danger là, tout de suite, hahaha. Mais son assaillant en profita pour la saisir violemment par le bras et la plaquer contre le mur. Lâche moi connard !! vociféra-t-elle, essayant de se débattre malgré son gabarit de grignette. Sa robe qui tenait d'une fermeture éclair, elle, tenait à peine.

A peine croisais-tu le regard du ravisseur, que la bichette sortait de son enclos qui l'avait si bien protégée. Elle aurait certainement du y rester un peu plus longtemps. Tu as à peine eu le temps de faire de pas vers elle que le loup affamé, craquait déjà. T'as entendu la demoiselle, vicelard ? L'attrapant par l'épaule, tu l'as senti se retourner très rapidement, et te menacer d'un coup de poing, ce à quoi tu as répondu par ton arme favorite. La bouteille brisée à l'abdomen du cet enfoiré sans aucun scrupule. tTu l'as observé épris par le choc certainement. Bourré comme il était il avait peut-être pas eu la lucidité d'apercevoir cette bouteille que tu n'avais pour autant mis en évidence. Le voyant au sol, blessé mais sans danger de mort -du moins il fallait l'espérer pour toi - tu ressentais ce soulagement comme si ton geste avait été mérité. D'autres auraient paniqué, pas toi. Tu cognais quand on te menaçait. Encore une grosse faiblesse qui creusait un fossé entre toi et les autres. Ton regard s'est relevé vers Bambi, tu t'es approché d'elle avant de lui demander. Ca va aller ? Ton index se glissa sous son menton pour lui relever légèrement le visage et voir sa blessure apparente à la lèvre, rien d'insurmontable, et ça ne te plaisait pas pour autant. Vaut mieux qu'on s'arrache d'ici. As-tu reconnu en sortant ton téléphone de ta poche.

@Bambi C. Corleonesi

Bambi aurait dû réagir, l'aider, s'écarter mais elle avait été inerte. Un simple regard lancé à la scène comme si elle n'en faisait pas partie, comme si on lui racontait un film et qu'elle s'imaginait les événements ou mieux, qu'elle regardait l'oeuvre avec ses propres yeux. La froideur avec laquelle elle contempla la chose ne l'effraya même pas. Ciarán venait de lui sauver la vie en blessant le type et il pouvait être mort en bouffant le bitume dans son dernier souffle, rien qu'une toute petite fois, pas un élan de compassion ne traversa son esprit. Il fallut que son sauveur vienne lui relever le menton pour qu'elle réagisse enfin, le regardant d'un air hautement reconnaissant. Grâce à toi oui... je sais pas comment je vais payer ma dette admit-elle en tentant un faible sourire, avant de grimacer car sa lèvre était douloureuse. Le sang avait séché contre son menton et l'hématome qu'elle allait avoir ne serait sûrement pas jojo. J'avoue... je crois que j'ai pas envie de voir ma coloc elle va me prendre la tête à mort ! Y'a un hôtel dans le coin tu crois ? Remarque avec ma gueule... pute borgne !

Le silence de Bambi aurait du t'étonner. Elle aurait du t'insulter en te disant que tu étais complètement fou, ce qui au fond était le cas. Mais tu étais comme ça. Elle n'avait rien dit, et très vite tu allais finir par te demander si tu ne l'avais pas un peu trop choquée. Quoiqu'il en soit sous le choc ou non, elle te remerciait et tu as simplement fait un non de la tête en répondant. Considère qu'on est quittes. Oui pour toi c'était le cas. Elle n'avait pas à se sentir redevable tant que ça. Tu t'étais déplacé certes, mais tu aurais eu tort d'ignorer une telle demande. Ses grimaces ne t'avaient pas échappées, preuve qu'elle souffrait malgré tout, ce qui ne t'étonnait pas. Prise par la peur et l'adrénaline, elle n'avait rien du ressentir sur le coup, jusqu'à ce petit moment d’accalmie. Tu as simplement pris sa main avant pour vous éloigner de là, On va trouver un hôtel potable, t'inquiète pas. Tu savais que l'assaillant était complètement torché, mais tu préférais éviter qu'il vous sache dans un hôtel. Va savoir qui viendrait à son secours, et si on pouvait éviter de remonter à vous ça t'arrangerait pas mal. Vous dirigeant vers ton deux roues, tu regrettais de pas pouvoir proposer une autre solution que l'hôtel. Se pointer chez toi à la mather ne serait pas l'idéal aux vues de deux colocataires, et retourner chez Patty c'était trop risqué, pas si tard et dans cet état. J'ai pas de casques, mais je jouerai la prudence. As-tu dit comme pour la rassurer. Jouer c'était le bon mot. La prudence et la route c'était pas toujours toi, la preuve en arrivant. En attendant vous aviez roulé jusqu'au premier hôtel potable. Le regard de la réceptionniste te gênait affreusement. Vous passiez pour un couple instable, quoi de mieux pour te confronter à tes vieux démons. Tu as simplement demandé une chambre en essayant de en pas soulever les vilains regards suspicieux. Non tu ne battrais jamais une femme.

@Bambi C. Corleonesi

Quittes ? C'est le deuxième énorme service que tu me rends ! Bambi avait grimacé et été inerte sur le coup mais reprenait peu à peu et des couleurs, et du poil de la bête. Ce n'était pas sa faute si elle n'avait jamais la larme à l'oeil, comme n'importe quelle demoiselle digne de ce nom. C'était tellement rare que l'événement devait être absolument colossal. Le dernier en date... bah, elle ne s'en souvenait même pas. A croire qu'elle ne soit pas comme le commun des mortels, mais il fallait apprendre à l'aimer ainsi. En tout cas, l'italienne ne se fit pas prier pour quitter les lieux et garda la main de Ciarán dans la sienne jusqu'à ce qu'ils ne parviennent à son deux roues. S'il n'avait pas pris de casque, autant dire qu'elle s'en moquait bien. Te fais pas de bile, ça m'arrive souvent... le rassura-t-elle aussitôt en tentant un nouveau sourire, grimpant à l'arrière de l'engin. La demoiselle s'agrippa fermement au jeune homme et fut rassurée qu'ils trouvent un hôtel potable à cette heure ci, même si le regard de la réceptionniste acheva de l'énerver. Ça va tu te rinces l'oeil ? Donne les clefs et fais pas chier ! Bambi s'empara et des clefs, et de la main de Ciarán, attendant qu'ils ne soient dans l'ascenseur pour laisser échapper un rire nerveux. Connasse ! Trois neurones et elle a cru que la vie c'était un kiwi ! Elle se calma aussitôt avec la douleur, s'apercevant qu'elle avait gardé la main de son sauveur dans la sienne. Je suppose que... tu vas pas vouloir rester ?

@Ciarán S. Halstead

Bambi n'avait peut-être pas une once d'idée de ce qui se tramait dans ta tête, mais il fallait reconnaître que tu n'étais pas très conscient de tout ça de ton côté également. Tu avais presque voulu, volontairement, lui faire comprendre que tu ne la mettrais pas en danger sur la route, comme si tu en avais assez fait sous ses yeux. Encore elle ne te jugeait pas. Voilà qui devrait être un exemple pour le monde, à commencer par la réceptionniste. Tu avais demandé une chambre, et tu étais bien conscient qu'elle vous voyait comme un couple, et qu'elle voyait Bambi comme une victime. On pourrait songer à un malentendu, mais pour toi c'était une insulte que tu ne saurais supporté, et pour cause tu venais de là. Tu étais né dans ce genre d'ambiance. Tu t'es raclé la gorge, en l'entendant, surpris et presque amusé te laissant guidé par elle. Elle a surtout cru je te battais si tu veux mon avis. Oui autant dire les choses telles qu'elles sont. L'avantage était bel et bien que tu n'avais rien à te reprocher, bien au contraire. Mais c'était ton identité ces conneries, c'était ton histoire, tu venais de là, et tout ce qui pouvait t'y ramener te révoltait. Je vais peut-être te soigner avant de songer à partir.. As-tu en clin d'oeil à votre dernière soirée ensemble. Ta cicatrice se voyait encore mais ça restait léger, et bien foutu. A sa question, tu sentais presque comme un petit reproche, ou une petite déception. En voilà un effet que tu pouvais souvent faire, aux filles biens. Et peut-être que si tu me le demandes, je resterai. Tu en aurais certainement envie, après à savoir si c'était une bonne idée ou pas, c'était tout autre chose. La vérité c'était bien que tu toi aussi tu n'avais pas supporté qu'on s'en prenne à elle. Tu l'a laissé quitté l'ascenseur alors que vos mains se séparaient et tu la suivi jusque dans la chambre.

@Bambi C. Corleonesi

Bambi leva les yeux au ciel. Non pas à cause de Ciarán, bien au contraire, mais à cause de cette maudite réceptionniste dont le jugement silencieux et implicite lui donnait des envies de meurtre. Mais ce qui étonnait plus encore l'italienne, c'était le calme, du moins apparent, avec lequel son sauveur prenait ledit jugement de valeur. Je sais et ça me fout en boule ! Je sais pas comment tu fais pour être aussi calme mais j'veux bien un cours ou deux... plaisanta-t-elle au sujet de son tempérament assez impulsif. Elle en avait conscience et sûrement était ce pour cela que le sauvetage de Ciarán, du moins ses méthodes, ne l'avaient pas choquée plus que ça. Cette fois c'est toi le doc et moi la patiente alors... j'aurais droit à un bisou magique ? Bambi papillonna des cils quelques secondes, pour plaisanter, sachant que sa lèvre allait lui faire mal mais que rien de cela n'était grave. Au pire, elle aurait quelques bleus sur le corps, et c'était tout. L'italienne se concentra davantage sur la réponse de son interlocuteur, qui lui arracha un sourire énigmatique, alors que son regard d'un bleu profond se mit à briller. Elle ouvrit la porte de la chambre d'hôtel, l'incitant à la suivre, et ce n'est qu'après avoir refermé ladite porte derrière lui qu'elle recroisa son regard. Je suis plus du genre à demander un câlin quand j'ai froid ou ce genre de trucs... je ne veux pas t'obliger à rester si t'as pas envie. Même si pour une fois j'ai envie de le demander...

Bambi jouait la carte de l'humour même si elle ne disait pas faux pour autant. Tu n'avais rien dit bien que conscient des fausses idées que la réceptionniste avait pu se faire sur vous. Peut-être que ça te plongeait trop loin, et que son silence avait été d'or. Si elle avait eu le cran de faire une remarque ta réaction n'aurait pas été la même. Preuve que je n'avais pas de bouteille sous la main... Humour oui mais un poil sanglant tout de même. En avais-tu seulement conscience ? Forcément tu ne le pensais pas vraiment mais une fois de plus c'était comme pour désamorcer l'épisode de la bouteille dans cette allée malfamée. A croire que tu te souciais vraiment ce qu'elle pouvait penser, et ce n'était pas forcément bon signe. Bientôt tu finiras par te demander comment elle a pu faire pour te pousser à autant de remises en question. Dis moi, t'as pensé à la pédiatrie ? Tu serais parfaite là-dedans ! Curieux, tu te disais qu'elle serait parfaite dans ce rôle. Elle était trop affectueuse et bienveillante pour ne pas être aux services d'un public tout mignon comme les enfants. Elle allait être contente puisqu'elle t'avait fait sourire avec ses histoires de bisous magiques. En attendant toi, tu n'allais pas tarder à te plaindre gentiment. Par contre c'est la dernière fois que tu me regardes avec des yeux pareils. Tu l'avais remarqué bien assez tôt, elle avait des yeux magnifiques. Le genre de regard dans lequel on aimerait se perdre, ce genre de regard qui devenait vite fatal dans les moments comme celui-ci. Tu n'étais qu'un homme après tout. Une fois à l'intérieur tu as retiré ta veste, essayant de repérer la salle de bains du regard. Tant que tu ne me fais pas dormir dans la baignoire ! En attendant tu étais déjà dans la salle de bains à te laver les mains minutieusement avant de faire quoique ce soit. Tu allais rester, il était tellement tard, mais peut-être que tu en avais simplement envie.

@Bambi C. Corleonesi