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I can tell by the way you carry yourself
feat. Artwald
La journée prenait une tournure bien étrange. Si j’avais pensé leur rendre visite aujourd’hui, ce n’était certainement pas pour tenter de me calmer, ni venir accompagner. Non, j’avais pour habitude de venir ici pour leur faire plaisir, parce qu’apparemment nous étions peu à vouloir leur bonheur. Comment avais-je trouvé cette habitude-là ? Je n’en savais trop rien. J’avais rencontré Madame Dawson dans la rue, alors qu’elle avait fait tomber ces courses. Je l’avais aidé, et elle avait commencé à me parler de ces petits garnements. De fil en aiguille, elle m’avait invité à passer le voir, parce qu’ils n’avaient pas beaucoup de compagnie, d’après elle. Alors j’étais finalement venu chez eux, par curiosité. Parce que même si à Londres j’avais pris l’habitude d’aller aider de nombreuses associations, ici j’avais un peu oublié cet aspect de ma vie. Elle m’avait convaincue de reprendre mes activités altruistes, et lorsque j’en avais envie, je venais leur dire bonjour. Au plus grand bonheur des gamins, parce que pour eux, avoir un Prince qui vienne juste les saluer était surréaliste. Et puis un jour, j’étais venu avec mon violon, et le rituel s’était installé comme par magie.Au fond, j’avais juste l’impression qu’on s’entraidait mutuellement, et c’était cette paix qu’il finissait par me donner que je venais chercher ici. Lorsque je franchissais ces portes, j’en oubliais mes problèmes, j’en oubliais ma chaise, j’oubliais mon abandon, j’oubliais mon destin. On était tous pareils : des êtres qui n’avaient pas eu de chances. « Arthur, t’es là ! » Un autre petit gars vint à mon rencontre avec son épée de pirate et son chapeau. Je me mis à rire en le voyant déguisé : « C’est nouveau ça ? » « Oui, on me la offert pour mon anniversaire » « ça te va à ravir capitaine Ryan » Il se mit à rire, tandis que tout le monde commençait à s’installer dans le salon. « Tu vas nous jouer quoi ? » « Vous voulez entendre quoi ? » « Des chansons de pirates ! » cria Ryan en brandissant son épée. « Non ! Des chansons de princesses ! » Je roulais des yeux en l’air. Ils ne seront jamais contents, et n’étant pas grands amateurs de plus grands compositeurs, je supposais que j’allais devoir faire avec. « Montrez donc ce dont vous êtes capable. » C’était Oswald, qui avait pris place sur un canapé avec un petit gamin. Je soutins son regard, presque trop intimiste, et souris légèrement. Mon attention se reporta quelques secondes plus tard sur les enfants et je décidai : « Et si on se racontait une histoire…de pirates. » Je pris un ton mystérieux qui interpella tous les enfants. Gwenny toujours sur mes genoux finit par descendre en s’asseyant par terre devant moi. Je saisis mon violon, et me m’y en place. « …de pirates tellement amoureux de l’or qu’ils furent maudits. Mais c’est sans compter sur l’aide de la Princesse…» « Gwendolyne ! » cria Gwenny. «…c’est sans compter sur l’aide de la princesse Gwendolyne qu’ils seront libérés. » Mon regard s’arrêta sur l’homme qui venait d’entrée. Il me sourit en me voyant, et pris place près de moi. « Maestro ? » lui dis-je tandis qu’il relevait ses bras. Lui, c’était George, le mari de Madame Dawson, qui avait toujours aimé le théâtre et qui était sans doute acteur dans une autre vie. Alors, lorsqu’on venait, on s’accordait parfaitement pour leur offrir une véritable histoire grande nature. « Il était une fois… » Commença-t-il tandis qu’il débutait une histoire inventée de toute pièce, racontant les aventures d’un certain capitaine Jack et de sa princesse Gwendolyne. Plus il avançait dans l’histoire, plus je suivais ses propos. Je reprenais certains thèmes de comptes pour enfant, des extraits de films, des chansons de compositeurs, sans jamais m’arrêter. Plus l’histoire évoluait, plus je jouais vite, comme transporté aussi par cette histoire. J’accompagnais le compteur simplement pour faire frissonner les enfants, qui étaient tous en haleine, parfois s’écriant, parfois se levant pour exprimer leur désaccord. J’aimais ces moments et pour rien au monde, j’arrêterai sans doute de venir ici pour leur apporter autant d’imaginations que possible. Mon regard retomba rapidement sur Oswald, son visage fermé d’expression. J’aurai eu envie de savoir ce qu’elle pensait finalement. Le Grincheux était-il finalement aussi borné et malheureux que ça ?
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