After all this time ? Always. ✻ HOLLERY

Washington, quelques années après Harvard,

Silver a un de ces beaux bureaux dans le journal de New York. Silver gagne bien sa vie. Très bien même. Pour celui qui a toujours vécu dans la pauvreté et la dépendance de la bourse, le changement fut radical. Silver va bien. Une fois le diplôme acquis, l’homme a immédiatement trouvé un poste dans sa branche. Le sport. Il ne pratique plus de basket, n’a plus le temps, plus la forme physique non plus.

Son coeur a continué de battre pour Victoria un certain temps. Ils ont trompé tous les pronostics. Puis, la routine s’est installé. La boucle fermé. Leur chemin, mains liés, achevé. C’était simple. Un commun accord. Pas de cris. Qu’un sourire attristé par le départ de l’autre. Aujourd’hui, le numéro de la demoiselle est toujours dans son portable. Un message indiquant la présence de la demoiselle en Angleterre aussi. Elle voit Adam. Ce gars qu’il n’a pas revu depuis des années. Faute aux sentiments éprouvés pour Victoria. Il a essayé de garder l’amitié intacte. Essayé.. Ceci dit, il est heureux d’apprendre que les deux meilleurs amis se reparlent. Un jour leur chemin se rejoindront, il veut le croire.

Le temps est donc passé. Harvard s’éloigne un peu plus chaque jour. Il commence à en oublier la couleur des couloirs, l’ambiance de la Winthrop House et de la Dunster House, certains visages, certains délires. Si l’homme a voulu garder des contacts avec ses camarades d’université, la tache s’est avéré plus compliqué lorsque tout ce beau monde s'est dispersé sur l’ensemble du territoire américain. Lui-même bouge beaucoup afin d’obtenir les meilleurs papiers possibles.

De passage à Washington pour le boulot, il est obligé de prendre le temps de passer revoir Mlle Holly Connor. Les deux ex-étudiants ont toujours gardé contact. Pas un mois sans un sms. Se voir étant plus compliqué, les ex ont souvent privilégiés les Skype ou les appels. Elle lui manque. Depuis leur conversation sur leurs sentiments en quatrième année, les deux se sont éloignés, et même si ce pincement au cœur finissait par s’estomper, l’homme a toujours voulu la revoir pleinement dans son quotidien. Finalement le voilà, foulant le sol de la capitale américaine, à la recherche de la demoiselle. Il n’aura jamais autant détaillé les visages. Sait-on jamais qu’il la loupe. Une certaine appréhension se fait sentir par des maux de ventre. Les secondes sont des minutes. Puis la voilà. Rayonnante. Et Silver ne peut contenir son sourire. Heureux. Simplement.

Washington, quelques années après Harvard,

Je crois que je suis tombée amoureuse de Washington la toute première fois que je suis venue ici. Les yeux qui pétillent, le regard qui se perd un peu partout dans la capitale de notre pays. Clairement, Washington est à mon image et je pense que je suis bien ici. Je ne regrette pas d'avoir quitté Boston pour venir m'installer dans cette ville, même si ça n'a pas été facile. Parce que le temps avait beau passer, la seule chose qui me retenait dans cette ville était les souvenirs de mes années passées à Harvard. Des belles années, certes, mais qui relevaient du passé maintenant que j'avais fini mes études. Je ressors d'Harvard avec un doctorat en Histoire et des millions de possibilités s'offrent à moi. Bien sur que je voudrais retourner dans le Colorado où j'ai mes parents. Le Colorado qui m'a souvent manqué lorsque j'étais à Harvard mais.. ma place n'était plus là. Après avoir goûté à la vie dans une grande ville, je ne pouvais pas retourner dans mon Etat d'origine. Mon choix s'est tourné d'abord vers Washington essentiellement pour Lincoln, je dois le reconnaître. Il avait sa famille là-bas, et c'est une ville de rêve pour toute personne récemment diplômée en histoire. Alors nous nous sommes installés là-bas et j'ai commencé par un petit boulot dans un musée pas très connu de la capitale. Je ne saurais pas dire ce qui n'a pas été avec Lincoln. Peut-être le fait que le fantôme d'Avery était toujours là, quelque part dans un coin de mon esprit. Le fait est que ça n'a pas marché, ça n'a pas duré et que nos chemins se sont séparés.

Depuis un an maintenant, je travaille au département de recherches du National Museum of Natural History en tant qu'Historienne consultante et je m'occupe également de donner quelques visites guidées car j'aime raconter l'histoire. L'histoire n'est pas faite que pour être étudiée, elle est faite avant tout pour être racontée. Je suis heureuse, je crois. J'ai quelques histoires pas franchement sérieuses avec des hommes. Disons que j'espère trouver celui qui arrivera à nouveau à faire battre mon coeur, mais ça n'est franchement pas ma priorité. Bien sur qu'Avery me manque. On se parle un peu, on se skype, on ne s'est pas vu depuis des années maintenant. Il est occupé, je suis occupée et.. depuis cette histoire qu'il y a eu entre nous il y a quelques années, quelque chose s'est cassé. Disons qu'il avait besoin que je m'écarte de son chemin pour vivre ce qu'il avait à vivre avec Victoria et il s'est écarté du mien pour que je vive mon histoire avec Lincoln.

Mais malgré cela, je me sens excitée et un brin nerveuse alors que je suis à l'aéroport international de Washington-Dulles. Son vol a atterrit il y a déjà vingt minutes et les premières personnes commencent à sortir de la zone de débarquement. Je me mets sur la pointe des pieds, je scrute chaque visage en espérant croiser son regard. Et un sourire se dessine sur mon visage lorsque ça arrive. Je m'avance et sans aucune gêne, comme j'avais tant l'habitude de le faire avant, je me glisse dans ses bras sans dire un mot. Je le serre, fort avant de me reculer pour le regarder tout en gardant cet immense sourire sur les lèvres. « Mon Dieu Silver t'as pris un petit coup de vieux », que je lui lance d'un air taquin. Je dis ça, mais il vieillit bien. J'ai toujours su qu'il resterait ce bel homme même après quelques années. De passage à Washington, je lui ai proposé de dormir chez moi pour lui éviter de payer une chambre d'hôtel et avoir l'occasion de rattraper un peu le temps perdu. Je lâche le jeune homme et je remonte la bretelle de mon sac à main sur mon épaule, « Tu dois être à ton rendez-vous à quelle heure demain ? »  Que je sache si on peut se coucher tard ou pas, si on va se croiser demain matin. Parce que je compte bien rattraper le temps perdu.

Washington, quelques années après Harvard,

Holly a su trouver sa place. Elle fait ce qu’elle aime, et Avery ne pouvait concevoir un autre avenir pour la belle. L’histoire est ce qui la définit. Depuis qu'il la connait. Un petit bout de temps maintenant. Quoi de mieux que de vivre de sa passion. Avery aura essayé, mais jamais il n’a été assez bon pour taper dans l’oeil d’un sélectionneur. Même avec ses deux titres de capitaine à Harvard. Aujourd’hui, il est satisfait de ce qu’il fait, même si le basket ne fait plus parti de ses activités quotidiennes. Bref. Demoiselle fait son apparition. Des années qu’il n’a pas vu ce sourire en direct. Qu’il n’a pas pu serrer son corps entre ses bras. Qu’il n’a pas pu embrasser sa joue pour la saluer. « Mon Dieu Silver t'as pris un petit coup de vieux »  Il rit doucement, touche son visage du bout des doigts. « Merde, ma crème anti-rides est une arnaque. » Holly a également pris de l’age. Chose que les pixels de Skype ne permet pas de déceler. Ceci dit, elle est toujours aussi jolie. Belle demoiselle, célibataire. Évidemment qu’il a suivi les amours d’Holly. Plus de Lincoln. Plus personne d’ailleurs.  « Tu dois être à ton rendez-vous à quelle heure demain ? »  Silver sort le petit papier de sa poche arrière où est inscrit le rendez vous et l’adresse. Il a le temps. « 10h45. Ça va. En plus, tu m’as dit que ça se trouvait près de chez toi, nan ? » Pas besoin de se lever très tôt. Ou de se priver d’une soirée car monsieur doit partir à l’aube. « Du coup, je dépose mes affaires chez toi et tu me fais visiter la ville ? J’ai encore jamais eu le temps de découvrir notre belle capitale. Et je veux les commentaires historiques, tant qu'à faire. » Le boulot oblige des déplacements, mais pas des visites. Il passe plus de temps dans les hôtels, qu’à arpenter les rues.

Washington, quelques années après Harvard,

Aujourd'hui, je suis le genre de femme très occupée par son travail. Le genre de femme mariée avec son boulot, comme on pourrait dire. Mes parents sont fiers, même si je pense qu'ils aimeraient que je me case et que j'essaie de leur faire des petits enfants, même si.. avec la maladie qu'on m'a détecté quand j'étais à Harvard, il y ait des chances que j'ai énormément de mal à en avoir. Avoir une famille n'est pas ma priorité. Je suis au début de ma trentaine, j'ai encore un peu de temps. J'ai su me détacher d'Avery, en fait j'ai instauré une espèce de distance entre nous. Une distance obligatoire par peur de voir des vieux sentiments remonter à la surface. On vit pas très loin l'un de l'autre au final : lui à New-York, moi à Washington.. mais je crois qu'on a toujours eu un peu peur de redevenir proches comme avant. Le temps et la distance guérit les blessures il parait. Je le taquine sur son âge mais c'est de la maturité qu'il a prit et comme beaucoup d'homme, vieillir lui va vraiment bien. « Merde, ma crème anti-rides est une arnaque. » J'imagine Avery se mettre de la crème antirides et ça me fait discrètement sourire. Maintenant, je veux qu'on rattrape un peu le temps perdu, même si on aura peu de temps pour le faire. C'est certainement un nouveau chapitre des aventures d'Hollery. « 10h45. Ça va. En plus, tu m’as dit que ça se trouvait près de chez toi, nan ? » J'hoche la tête, 'Oui, ça n'est qu'à trois arrêts de métro de là où je vis, tu devrais y être en une quinzaine de minutes" Le destin fait bien les choses comme on dit. On sort de l'aéroport et je nous dirige vers ma voiture, « Du coup, je dépose mes affaires chez toi et tu me fais visiter la ville ? J’ai encore jamais eu le temps de découvrir notre belle capitale. Et je veux les commentaires historiques, tant qu'à faire. » Je le regarde avec des gros yeux et je lui donne un petit coup d'épaule, "Toi, tu veux des commentaires historiques ? T'es sûr ?" Ca m'étonne, il sait dans quoi il s'engage en me disant ça mais soit. Je nous conduit jusqu'à mon appartement et comme convenu, on dépose nos affaires à mon appartement pour sortir en ville. On passe devant le Capitol, la Maison Blanche ou encore le fameux obélisque de la ville pour finir en début de soirée dans un petit resto pas très loin de chez moi. Après avoir commandé nos plats, on rend nos cartes et je lui souris, "J'ai vu que tu voyageais beaucoup avec ton boulot, ça doit pas être facile de toujours être à droite et à gauche ?" Notamment pour rencontrer quelqu'un et avoir une relation stable. En réalité, je lis régulièrement ses articles, même si je ne suis pas très fan de sport. C'est un moyen comme un autre de garder le contact. On vient nous servir à boire et je prends mon verre en le levant vers lui pour trinquer, "A nous ?" Je trinque et je bois une gorgée, "Ca me fait plaisir de te voir, ça m'avait manqué tout ça" Mon meilleur ami m'a manqué. Et je l'ai plus vu depuis des années alors forcément, ça fait du bien. J'ai jamais retrouvé quelqu'un avec qui j'ai tissé une amitié aussi forte.

Toi, tu veux des commentaires historiques ? T'es sûr ? Est-ce qu'il a besoin de préciser que ce n'est pas les commentaires historiques qu'il veut vraiment, mais de revoir une Holly si passionné qu'elle en oublie les heures qui passent. Cet air assuré. Heureux, tout simplement. C'est ce qu'elle lui offre pendant toute la visite. Et l'homme en profite pour apprendre des anecdotes hallucinantes sur sa capitale. Bon, la plupart des informations sont déjà oubliés au restaurant. C'est pas le gars qui va se souvenir que tel ou tel président à fait construire tel batiment. J'ai vu que tu voyageais beaucoup avec ton boulot, ça doit pas être facile de toujours être à droite et à gauche ? Il hausse les épaules, grimace légèrement. C'est un mode de vie. Le curieux en lui adore tous ses déplacements. Apprendre à connaitre de nouvelles personnes, sympathiser, interviewer des joueurs qu'il admire. « J’aime bien. Après être resté dix huit ans à Chicago, et cinq à Boston, c’est cool de pouvoir voir d’autres endroits. Après, je retourne souvent voir Briony. Tu verrais la petite Juliette, elle est adorable. » La petite bouille de sa nièce lui revient en tête, lui étirant un sourire. « Ceci dit, si un jour j’ai envie de me poser, suffira que je m’enferme dans un bureau à parler de fait divers tous les jours. C’est moins le kiffe, mais ça arrivera un jour si je veux avoir une famille. » Pas sûr que son hypothétique femme supporte un mari toujours en déplacement. Puis c’est pas comme ça que Silver imagine sa vie de famille. « D'ailleurs, t'en es où à ce niveau là ? A quand le mariage de la petite Connor ? » S'enquiert t-il. Si un jour, demoiselle devrait se marier, il serait difficile pour Avery de venir à la cérémonie. Trop de souvenir de leur couple. Ils entrechoquent leurs verres, heureux des retrouvailles. « Pareil. Le feeling est toujours là malgré les années. Et je parie qu'on sera toujours là dans dix ans à se plaindre de nos gosses qui se tapent dessus constamment. En tout cas, tu m'as manqué Connor. Et passe à New-York quand tu peux. On n'est pas loin l'un de l'autre, faut qu'on profite. »

On a des modes de vie bien différents lui et moi, mais dès le départ on était deux personnes très différente. Je crois que c'est ça qui faisait de nous un duo fort, que c'est ce qui nous a rapproché. Parce que qui se ressemble s'assemble mais.. les opposés s'attirent beaucoup plus quand même. Parce que nous nous complétions et c'est toujours le cas. Alors ça ne m'étonne pas que nous ayons des modes de vies opposés. « J’aime bien. Après être resté dix huit ans à Chicago, et cinq à Boston, c’est cool de pouvoir voir d’autres endroits. Après, je retourne souvent voir Briony. Tu verrais la petite Juliette, elle est adorable. » J'hoche le tête, parce que je comprends. Je souris et je lui lance un regard rieur, « Monsieur Avery serait-il un tonton gâteau ? » Je suis sûre qu'il est gâteau avec Juliette, derrière sa grande carrure et son air parfois dur, Avery est un vrai nounours. Il faut juste apprendre à le dompter, à l'apprivoiser. « Ceci dit, si un jour j’ai envie de me poser, suffira que je m’enferme dans un bureau à parler de fait divers tous les jours. C’est moins le kiffe, mais ça arrivera un jour si je veux avoir une famille. » Je lui souris alors que je me serre un verre d'eau. Je l'imagine très facilement père de famille. Avery serait un bon papa, ça j'en suis certaine. « D'ailleurs, t'en es où à ce niveau là ? A quand le mariage de la petite Connor ? » J'éclate de rire et je pose mon verre face à moi, « Oula, heureusement que tu me demandes à moi et pas à mes parents parce qu'eux te répondraient que je suis déjà mariée avec mon travail » J'hausse les épaules en lui souriant doucement, « J'ai jamais trouvé quelqu'un qui a su me faire.. vibrer. Et toi ? » Pas comme toi tu l'as fait. Et après avoir goûté à ça c'est dur de se laisser entrainer dans une relation plus platonique. J'aimais notre passion, nos drames car ils nous réunissaient toujours de manière mémorable après. En tout cas, une chose est sûre; il m'avait manqué et je regrette d'avoir mis cette barrière entre nous pendant toutes ces années. Mais la peur que les sentiments remontent était trop forte et elle est encore là d'ailleurs. « Pareil. Le feeling est toujours là malgré les années. Et je parie qu'on sera toujours là dans dix ans à se plaindre de nos gosses qui se tapent dessus constamment. En tout cas, tu m'as manqué Connor. Et passe à New-York quand tu peux. On n'est pas loin l'un de l'autre, faut qu'on profite. » Je lui lance un regard taquin et j'hausse les épaules, l'air de rien: « Oui, c'est sur qu'on se plaindra de nos gosses, surtout s'ils sont frères et soeurs » Je ne dis pas ça pour le mettre mal à l'aise, je dis ça plus sur le ton de la plaisanterie mais l'arrière pensée est là. J'l'ai toujours dit et je le pense, t'es l'amour de ma vie alors on ne sait pas trop ce qui pourrait arriver à l'avenir. Je souris en coin et je bois une gorgée de mon verre, « D'ailleurs, j'ai un truc que je voulais te renvoyer mais maintenant que t'es là » Je fouille dans la poche de mon manteau et je ressors une petite boite qui devrait être familière au jeune homme que je pose sur la table face à lui. « Il y a environ trois ans, j'étais à Boston dans un cash store et je suis tombée dessus. J'étais persuadée que c'était celle que tu m'as offerte, le gars m'a dit que c'est un mec qui lui a vendu mais qui avait pas le certificat d'authenticité. Du coup je l'ai acheté et j'ai été voir un bijoutier pour savoir si c'était la bague de mon certificat et c'est elle. » Appelle ça comme tu veux: le hasard, une coïncidence.. moi j'appelle ça le destin.

« Monsieur Avery serait-il un tonton gâteau ? » Tellement. Tu le verrais devant la petite, tu te moquerai devant trop de niaiserie. Il adore sa nièce, et, ne le crions pas fort, mais quand il va voir sa sœur c'est bien plus pour la petite que pour l'autre Silver. « Juliette me kiffe, c'est le principal. » Puis ca grandit si vite qu'il faut en profiter avant que la gamine devienne distante. Un jour, il sera père, il n'en doute pas. Silver attend juste la bonne personne, ne se précipite pas sur la première personne venue. Attend d'aimer sincèrement. Ce qu'il n'a pas vécu depuis Victoria. « Oula, heureusement que tu me demandes à moi et pas à mes parents parce qu'eux te répondraient que je suis déjà mariée avec mon travail. J'ai jamais trouvé quelqu'un qui a su me faire.. vibrer. Et toi ? » Il rit doucement. On est passionné ou on ne l'est pas. Avery a toujours su qu'Holly serait très impliquée dans son travail. Ses prédictions se confirment. « Non plus. Faut dire qu'on parle de se poser définitivement avec quelqu'un. C'est pas un choix à faire à la légère. Et j't'avoue que j'ai pas le temps de construire une relation. » Fut un temps où il pensait qu'Holly serait la femme qui lui tiendrait la main jusqu'à la maison de retraite. Puis il a pensé que se serait Victoria. Aujourd'hui, la seule chose qu'il sait, c'est que Victoria ne sera pas cette femme. « Oui, c'est sur qu'on se plaindra de nos gosses, surtout s'ils sont frères et soeurs » T’inquiète pas Connor, il n'est pas mal à l'aise. Rentre plutôt dans le jeu. Si s'en est un. « J'aime bien Hailey comme prénom. Sache que j’appellerai ma fille comme ça. » Allez, accepte que notre hypothétique fille s'appelle comme ça. Demoiselle intrigue l'homme en ressortant une boite. Pas le temps de se demander ce qu'il y a dedans qu'elle lui raconte l'histoire. La bague qui fut volé. Sourire nostalgique, il attrape la petite boite et l'ouvre doucement. Les souvenirs le frappent. « Tu sais, j'ai toujours su qu'un jour on allait la perdre. Parce qu'on est des boulets. Mais j'ai toujours pensé qu'on serait toujours ensemble, mariés, même un mariage à Vegas. » Nombre de fois il a regretté leur fin. « Elle te va bien. Tu devrais la remettre. » Et je suis conscient de la signification. Justement.

« Juliette me kiffe, c'est le principal. » Bien sur qu'elle le kiffe, je n'ai aucun doute là-dessus. Avery doit être un tonton attentionné et ça, c'est forcément précurseur d'une bonne relation avec sa nièce. Ca fait tellement longtemps que je n'ai pas vu cette petite, je suis sûre que je serais choquée de voir à quel point elle a du grandir depuis la dernière fois. En ce qui concerne ma vie sentimentale, elle est assez plate. Je fréquente des gars parfois, mais ça n'est jamais l'amour fou. Pas comme celui que j'ai pu vivre avec Lincoln et encore moins avec Avery. Disons que je me conforte en me disant que c'est à cause de mon boulot. « Non plus. Faut dire qu'on parle de se poser définitivement avec quelqu'un. C'est pas un choix à faire à la légère. Et j't'avoue que j'ai pas le temps de construire une relation. » J'hoche la tête sans rien ajouter parce que je comprends ce qu'il veut dire. J'en suis au même point dirons-nous. Il me fait sourire en parlant de nos futurs enfants. Avec la maladie qu'on m'a détecté à la fac, je vais avoir du mal à en avoir et je m'imagine encore difficilement mère mais j'espère que ça changera. Je le taquine et il le prend plutôt bien, répondant même au tac au tac, « J'aime bien Hailey comme prénom. Sache que j’appellerai ma fille comme ça. » - « Hailey ça sera alors. » J'aime bien ce prénom aussi, alors pourquoi pas ? Je sors de mon sac la petite boite contenant ma bague et je lui montre en lui racontant comment je l'ai retrouvé. « Tu sais, j'ai toujours su qu'un jour on allait la perdre. Parce qu'on est des boulets. Mais j'ai toujours pensé qu'on serait toujours ensemble, mariés, même un mariage à Vegas. » Je ris doucement et je secoue la tête, « Jamais je l'aurais perdue, je tiens trop à elle pour ça » Et même après qu'il m'ait quitté, j'ai eu du mal à l'enlever de mon doigt une bonne fois pour toute. Cette bague, elle nous représente nous, ça veut dire beaucoup. « Elle te va bien. Tu devrais la remettre. » Je le regarde, interpelée et je souris doucement, « Je préfère que tu la gardes, pour le jour où tu me redemanderas de t'épouser » Parce que j'ai toujours cette petite voix au fond de ma tête qui me dit que je ne pourrai jamais aimer quelqu'un comme je t'ai aimé. J'hausse les épaules alors qu'un serveur vient nous servir nos plats et j'attends qu'il parte pour me pencher vers Avery, « Et si par malheur tu finissais par tomber amoureux d'une fille et que tu voudrais la demander en mariage, tu pourras toujours revendre celle-là pour lui acheter une autre bague » Je le fixe et j'ajoute, « Mais si tu veux mon avis, personne ne peut porter le nom Silver aussi bien que moi » Je lui souris et je me redresse pour attraper mes couverts et commencer à manger comme si de rien était. Comme si tout ce que je venais de dire était parfaitement normal dans une conversation entre deux exs.. entre deux meilleurs amis ?

« Jamais je l'aurais perdue, je tiens trop à elle pour ça » Cette bague est remplie de symboles. Elle désigne leur amour. Il lui a donné dans leurs meilleurs jours, elle l'a perdue dans les pires. Et aujourd'hui, elle réapparaît sous les yeux des deux exs. Et ils ne doivent pas y voir une signification ? Avery ne peut que la remarquer. Certainement parce qu'il a toujours le coeur battant pour la demoiselle. Alors vas-y, reprends-la, soyons heureux ensemble. Pour toujours cette fois. « Je préfère que tu la gardes, pour le jour où tu me redemanderas de t'épouser » Il ne sait même pas si c'est un jeu. Il ignore si ce qu'elle balance est une véritable alternative. C'est si sincère et en même temps, trop simple. A croire que se marier est anodin. Avery récupère la petite boite, joue avec, laissant le serveur apporter les plats. Remercie l'homme, pose la boite à côté de son verre, regarde Holly. « Et si par malheur tu finissais par tomber amoureux d'une fille et que tu voudrais la demander en mariage, tu pourras toujours revendre celle-là pour lui acheter une autre bague. Mais si tu veux mon avis, personne ne peut porter le nom Silver aussi bien que moi. » Un sourire en coin se dessine sur le visage masculin. « Je le sais. » Il attrape ses couverts, pense à eux tout en découpant sa viande. Ils peuvent être heureux ensemble. Leur futur peut être mis en commun. Il n'y a plus de Victoria ou de Lincoln. Pas d'ombre sur leur tableau. Cohérent. Démesuré. A peine la revoit-il, à peine s'imagine t-il une fin à ses côtés. L'effet des retrouvailles ? Véritable envie ? L'homme ne sait pas, mais aime se faire bercer par cet avenir hypothétique. Le repas continue avec divers sujets. Un mélange de nostalgie et de nouveautés. Ils doivent rattraper tellement de choses. Les rires se mêlent. Les sourires ne disparaissent pas. Le dîner est terminé et les deux ex mariés retournent dans l'appartement de la belle où ils finissent la soirée autour d'un dernier verre. Sa bague est dans sa poche. Au chaud. Une fois son verre terminé, il la ressort. « Tu sais, quand j'raconte à mes potes ou mes collègues, que je me suis déjà marié à Vegas, ils se foutent de moi. Ils parlent d'erreur, même si je leur dis que je suis resté en couple pendant un an. Au final, j'ai jamais su si c'était une erreur. Parce qu'on était bien ensemble et c'était entièrement grâce au mariage. Mais on s'est aussi perdus avec ça.. alors ouais ca devait être une erreur. » Il marque une pause, lève les yeux vers la demoiselle, sourire amusé pour cacher les craintes. « Mais on devrait refaire la même erreur, histoire d'être certain qu'on est pas fait pour être ensemble. »

Est-ce que ça n'est qu'un jeu ? Je ne le sais pas moi même. Disons que le temps a passé et de l'eau a coulé sous les ponts. Je me sens beaucoup plus sereine avec tout ça et j'ai appris à me faire à cette idée. Bien sûr que je l'aimerais toujours. Pour moi, Avery restera l'amour de ma vie. Ca a été peut-être court, mais ça a été intense, ça a été.. ça a été quelque chose que je n'avais jamais connu et que je n'ai jamais connu de nouveau après. Je pense sincèrement qu'il est mon âme soeur. On a appris à s'apprivoiser malgré nos différences et on s'est aimés après un espèce de coup de foudre qui nous a frappé des années après notre rencontre. C'est ce que ça a été, cette soirée à Vegas: un coup de foudre. Alors si on doit finir ensemble, on finira ensemble. Et je le dis clairement à Avery parce que je suis à l'aise avec ça. J'y crois, malgré les années qui sont passées, malgré la distance. « Je le sais. » Je souris en coin et je ne sais pas comment le prendre moi non plus. Il le sait. Il pense que la bague me va bien, que je devrais la reporter. Il y a tellement de significations possibles derrière ces simples mots. On mange, on rit et rien n'a changé. On est exactement les même qu'à Harvard, avec l'âge en plus, la maturité aussi. On rentre chez moi et on boit un dernier verre. Demain, il aura son rendez-vous professionnel et assez rapidement il sera partie. Ca passe vite. Beaucoup trop vite. Le verre dans ma main, je bois une gorgée alors qu'Avery finit par me dire: « Tu sais, quand j'raconte à mes potes ou mes collègues, que je me suis déjà marié à Vegas, ils se foutent de moi. Ils parlent d'erreur, même si je leur dis que je suis resté en couple pendant un an. Au final, j'ai jamais su si c'était une erreur. Parce qu'on était bien ensemble et c'était entièrement grâce au mariage. Mais on s'est aussi perdus avec ça.. alors ouais ca devait être une erreur. » Mon regard est attiré par la petite boite que je lui ai donné plus tôt dans la soirée. Je relève les yeux vers le jeune homme, sourcils légèrement froncés par la perplexité de ce qu'il vient de dire. Je ne peux pas croire que ça ait été une erreur. Et encore moins qu'il le pense. « Mais on devrait refaire la même erreur, histoire d'être certain qu'on est pas fait pour être ensemble. » Je me mords légèrement la lèvre inférieure alors que mon regard croise le sien. Mon coeur bat vite, très très vite et j'ai les joues chaudes. « J'aimerais beaucoup refaire la même erreur.. »  Ma main se pose sur son genoux et je pose mon verre, me penchant légèrement vers lui pour approcher mon visage du sien. J'en ai envie. J'ai envie de ses lèvres, j'ai envie de retrouver ça, je ne vais pas le nier. J'y pense depuis que je l'ai revu ce matin à l'aéroport. Et je sais que je vais ne faire qu'y penser quand il sera parti, surtout si mes lèvres ne rencontrent pas rien qu'une fois les siennes. Cependant, j'arrête mon visage à quelques millimètres du sien, assez pour sentir son souffle contre ma peau. Un sourire en coin apparaît sur mes lèvres et je le regarde dans les yeux, murmurant, « Mais j'suis pas sûre que tu sois cap » J'le taquine, j'le cherche. Comme on s'était cherché ce soir là à Vegas. Là où tout a commencé.