Lisadès || Breathe

J'en peux plus. J'étouffe. Il me faut de l'air. Il me faut un paysage différent. Il me faut un truc neuf. Il me faut du recule. J'ai vu Noah, donc là dessus, ça va un peu mieux, je sais maintenant que je ne suis pas tout seul. Noah est là. Lily est là. Mais les souvenirs aussi sont là. Trop présent, trop dur à supporter. J'ai l'impression que si je reste, je vais m'écrouler. Cole est en vacance, Abélard y va aussi et je compte bien pas rester dans cette ville comme ça. J'peux pas enfaite. Les paroles de mon père n'arrête de revenir dans ma tête et le pire, c'est sûrement que ma mère n'a même pas été capable de me dire deux mots. Elle ne m'a pas parlé depuis des mois. C'est à peine parfois si je me souviens du son de sa voix. Je devrais être habitué, mais non. Ça m'fait mal. C'est un coup de poignard dans mon cœur meurtrie. Mon père a été con, comme d'habitude, entre les reproches sur nos sales gueules -il faut le dire, j'ai une tête de mort- et ses remarques sur tout et rien, s'en ai trop. J'en peux plus d'eux. Mais j'ai même plus assez de voix pour leur hurler dessus, j'ai même plus assez de souffle, je sais même pas comment je tiens debout. Mon dernier verre d'eau remonte à des semaines. C'est officiel, il faut que je parte. Parmi tous ces cons dans mon carnet d'adresse, il y en a trois avec qui je peux envisager ça. Noah, Aria et Lily. Mais honnêtement, j'ai envie de voir ma blonde. J'ai envie de voir Lily. Et un pré sentiment me fait penser qu'elle en a peut être besoin. On a repassé du temps ensemble depuis le câlin en silence, depuis nos explications, je pense qu'elle est de ceux qui arrive à me faire sourire même quand j'ai pas envie. Elle est de ceux qui me rendent un peu moins con. Elle est de ceux qui me rendent un peu plus moi. Elle voit, elle me voit. Alors c'était logique que je lui propose. Le départ approche, alors je boucle ma valise, enfin, Maria la boucle, ça me fait du bien de me dire que je vais au soleil. Que je vais à Rio. J'ai tout organisé : hôtel de luxe, limousine et chauffeur, j'ai repéré des coins sympa, ... L'heure du départ, je la retrouve, dans l'avion je dors, tout est organisé, si bien que à peine sorti, nos valises sont réceptionnées et on est conduit à l'hôtel. Dans une limousine s'il vous plait. Il est inconcevable que je monte dans un taxis. Ou même que Lily monte dans un taxis. Faut pas déconner. Dans la voiture, le silence, je crois qu'on est tous les deux entrains de mettre de côté nos problèmes, les ranger dans un petit coin de notre tête. Le trajet est court. Ou long, j'en sais rien. Mais descendre me fait du bien. L'hôtel de l'extérieur à l'air bien. Pas dégueulasse quoi. Instinctivement, comme pour être sur de ne pas la perdre, j'attrape la main de la jeune femme pour l'entrainer dans l'entrée alors que l'autre s'occupe de nos valises Alors, tu penses quoi de l'hôtel ? de l'extérieur, on s'entend. On pourra vraiment l'apprécier quand on sera dedans. Rio. Cette ville semble me dire que tout est possible. Mes problèmes sont restées à Boston. Je n'ai pas envie de réfléchir. Je n'ai pas envie de penser. Et puis Lily est là. Je sais qu'elle réussira à chasser mes idées noirs en un sourire. Un homme en uniforme arrive et dit dans un anglais vraiment très moyen Monsieur De Belgique, Madame Wertheimer, veuillez me suivre, je vais vous montrer votre suite. il a une salle gueule, un costume en polyester, voila comment ils finiront ces couillons de Mather, et encore, même ça, ça serait un luxe pour eux. L'homme nous conduit rapidement jusqu'à la suite et nous laisse devant la porte. Oui, la suite. Une suite avec deux chambres. Lily choisira la sienne, je me contenterai de l'autre. Je voulais juste pas être loin d'elle, ou trop loin d'elle enfaite. Osé vu qu'elle m'a recalé l'autre fois, mais bon, depuis on a quand même presque dormi ensemble, à regarder un film sur son canapé, je ne pense pas qu'elle le prendra mal, elle verra la même logique que moi, non ? J'ouvre la porte et fais signe à Lily de rentrer Les femmes d'abord non je ne suis pas galant avec tout le monde, mais avec elle, oui, je le suis, parce que Lily voyez vous, c'est une pépite d'or, elle mérite le meilleur des traitements.

New York, Rio... C'est à croire que t'essayes vraiment de fuir ta propre vie. Et tu cherches même pas à réfléchir quand Hadès te propose de t'envoler avec lui, loin. Loin de tout le monde, loin de toutes les merdes qui vous tombaient dessus sans cesse. T'acceptes, presque de suite. Parce que t'en as autant besoin que lui. Parce que revenir à Cambridge te déprime encore plus que quand t'en es partie. Parce que deux jours loin de tout ce merdier, c'était clairement pas suffisant. Si tu t'écoutais, tu partirai pour toujours. Mais tu peux pas. Et à la place, t'acceptes de partir avec Hadès. Peut être que cette fois-ci ça marchera. Peut être qu'au-près de lui ça sera plus facile à oublier. Parce que si Hadès sait que ça ne va pas, il ne sait pas pourquoi. Et c'est peut être mieux ainsi. T'attends avec impatience le mercredi soir et il arrive très vite. Meiko, tes valises et toi même finissaient par rejoindre Hadès à la forteresse, histoire d'y laisser ton chiot. Il est toujours aussi paumé que la dernière fois que tu l'as vu, ça te fait un petit pincement au coeur de le voir dans cet état. T'aimes pas le voir comme ça. T'espères que lui aussi, il trouvera la force d'oublier. T'espères que lui aussi, il profitera de ce voyage pour se changer les idées. Pour oublier. Tous les oublier. Vous prenez l'avion et Hadès dort pendant tout le voyage. Tu le laisses tranquille et te contente de l'observer : même ses rêves ne semblent pas l'apaiser. Et tu te demandes de quoi sont peupler ses cauchemars à lui. Est-ce que le visage d'Arthur arrive à le hanter même dans son sommeil ? T'imagines que oui... Autant que le visage de ton agresseur vient hanter les tiens. Vous n'avez pas les mêmes problèmes avec Hadès mais vous êtes autant paumés l'un que l'autre. Brisés par cette vie que vous n'avez pas choisi. Brisés par cet argent que vous dépensez sans même le compter. Brisés par les gens, par les vôtres. Vous êtes tous brisés. Complètement cassés, amochés. Et y'en a pas un pour rattraper l'autre. Dans la limousine, c'est le même silence. Mais les silences avec Hadès, ils ont quelque chose de réconfortant. Ils n'ont rien de gênants. Un silence qui ressemble à celui de la fois sur le canapé pourri de la Cabot House. Main dans la main. Dans le silence, mais ensemble. Plus aussi seuls que vous l'auriez pensé. Il ne vous faut pas très longtemps pour arriver sur les lieux. Tu sors de la voiture et observe les alentours, un sourire ravi sur les lèvres. Le décor est tel que tu te l'étais imaginé... C'est paradisiaque. Tu t'émerveilles des alentours et ne te préoccupes même pas des bagages, ni même de la personne qui vient vous accueillir. T'aimes ce que t'as sous les yeux et tu te surprends à penser que tu pourrais facilement te faire à ce décor. Ce n'est que lorsque Hadès glisse sa main dans la tienne pour t’entraîner à l'intérieur que tu t'arraches à ta contemplation. Tu lui adresses un large sourire, les yeux brillant par l'excitation. C'est parfait. on va être bien ici... soufflais tu, resserrant sa main dans la tienne. Vous suivez la personne qui vous accueille jusqu'à la suite qu'il semble avoir réservé et t'attends que le monsieur en costume parte avant de te retourner vers de Belgique, tes traits déformés par la surprise. T'as réservé toute une suite ? T'es fou... Hadès finit par ouvrir la porte, t'intimant de rentrer. Tu laissa échapper un petit rire de tes lèvres avant de te tourner vers votre suite, y entrant la première. Attention, je pourrais facilement m'habituer à tant de galanterie. Tu le taquinais, alors que tu regardais ce qu'il allait être votre "chez vous" pour les prochains jours. Tu tournais sur toi même pour observer la beauté des lieux et ne pus t'empêcher de remarquer qu'il y avait deux portes, deux chambres donc ? T'as prévu qu'on fasse chambre à part alors ? Et tu riais une nouvelle fois, avant d'aller ouvrir les portes, de partir explorer votre suite. Hadès sur tes talons, tu rentrais dans la première chambre alors que tu continuais de lui parler. D'ailleurs, tu m'as pas dis et j'ai même pas pensé à te le demander mais... On est parti pour combien de temps ? lui demandais-tu, mordillant ta lèvre inférieure par réflexe. Tu rêvais à ce qu'il te dise pour toujours et bien que ça te semblait quasi-impossible, tu pourrais facilement te faire à une vie ici. Avec Hadès à tes côtés. T'as pas envie d'être toute seule et sa présence semble t'apaiser.

Des fois, j'aimerai pouvoir m'enfuir sur une ile déserte, loin d'ici, loin de tout, loin du luxe, loin de ce fric qui pue l'hypocrisie et la méchanceté de l'espèce humaine. Nous sommes des enfants, devenus inhumains, contaminé par le poison qu'est l'argent. On est trop riche pour croire en l'espoir, on est trop riche pour être heureux, on est trop riche, on connait les faux semblants de ce monde, on connait la fausseté de ces gens, on sait lire les sourires faux, on sait lire la douleur des grands de ce monde. On est lucide. Et c'est ce petit détail qui nous arrache au bonheur. Cette clairvoyance nous tuera. Ces imbéciles sans le sous ne le savent pas que l'espoir n'est rien qu'il n'existe pas. Ces cons ne se rendent pas compte d'à quel point notre monde est pourri et corrompu. Nous on le sait, depuis toujours je crois. On a vu nos parents retenir leurs larmes et pleurer, on a vu nos parents faire des coups en douce, on a vu papa tromper maman avec la bonne. Nous, on sait que le conte de fée n'existe pas, que le prince charmant est mort ou qu'il s'est cassé avec une pute. Nous on sait que notre sourire nous sauvera de tout. Nous on sait que la solitude sera toujours notre fardeau car dans ce monde de fou, on ne peut compter que sur nous même. On ne peut pas s'attendre à avoir plus. On peut juste espérer trouver dans notre solitude quelqu'un qui nous comprendra. Et pour moi, il y a Lily. J'étouffe ici, à Boston, alors je lui propose, comme ci inconsciemment je sais qu'elle en a besoin aussi, de s'échapper. Combien de temps ? J'en sais rien. Où ? J'en sais rien, qu'elle choisisse. J'ai pas eu la force de réfléchir, je voulais juste partir. Alors c'est ce qu'on a fait, direction Rio. Direction la ville de la joie, la ville de la danse et des excès, la ville du soleil, la ville de la beauté. Peut être pourra t-elle nous rendre un peu moins maussade de la vie, un peu moins détruit par le fric, un peu moins brisé par les autres. Mais je pense que peut importe où la ville n'importe guère enfaite, moi tant qu'elle est là, ça ira. Les choses s'enchainent vite, j'organise le voyage, elle vient déposer son chiot pour qu'il soit avec le mien et direction l'avion. Dans l'avion, je suis tellement crevé, que je dors, d'un sommeil agité, mais je dors, probablement à cause de ces trop nombreuses nuits blanches que j'ai passé. Heureusement qu'elle avait été là certaines nuits d'ailleurs. Je ne sais même plus comment j'ai tenu aussi longtemps sans elle. Comment j'ai pu me résigner à la laisser partir sans la retenir. Parce que Lily est de ceux qui m'apaise et j'espère être pour elle de ceux qui lui rendent la vie un peu plus jolie, un peu plus joyeuse. Et si mon humour laisse à désirer, le chaos nous réunira en détruisant un gars, n'importe lequel, pour satisfaire notre cruauté présente depuis le berceau, présente parce qu'on est pas heureux et que si on peut pas l'être les autres le seront pas non plus. Après l'avion, le trajet en limousine, côte à côte, liés par le silence, on est pourtant pas seul, je ne suis pas seul, je le sais, elle est là. Ce n'est pas un silence déprimant qui nous sépare, c'est un silence réconfortant, qui nous lie, elle et moi, nos âmes bercé par la paix que le silence nous permet d'avoir. Devant l'hôtel, sorti de l'habitacle de la voiture, j'observe d'un oeil critique l'hôtel, il est beau il vaut les 5 étoiles et la qualification d'hôtel de luxe. Elle, elle s'émerveille, heureuse d'être loin de Boston visiblement, contente de la destination qu'elle a choisi et ça me réchauffe le coeur de voir qu'elle arrive encore à s'émerveiller de petites choses. Si vous saviez comme elle est belle quand elle admire ce paysage. Je l'observe du coin de l'oeil avant de prendre sa main, comme pour retrouver cette proximité qu'on s'accorde l'un à l'autre. Quand je lui demande si ça lui plait, elle affirme qu'on sera bien ici Oui, tu as raison de toutes façon, on est ensemble, alors on sera forcément bien non ? Elle ressert ma main, sa peau douce dans la mienne me rappel que la solitude qui me ronge est à Boston, loin d'ici, ici, elle est là, avec moi, prête à sombrer dans l'oublie, prête à se libérer. Arrivé devant la suite, elle s'étonne que ça soit une suite que j'ai choisi, je lui adresse un sourire Pour les meilleurs, je demande le meilleur Oui une suite, c'est le minimum pour les gens comme eux. L'argent leur donne cet accès au luxe et aux abus. Je vous le dis, on dépense sans compter, vous basse populace, vous seriez écoeuré de voir à quel point on jette l'argent par les fenêtre. Mais que voulez vous c'est l'avantage, le seul de notre fardeau. J'ouvre la porte pour découvrir notre lieu de vie et lui propose d'entrer d'abord, étonnant quand on me connait, j'suis plus du genre à pousser pour choisir le meilleur lit, mais là non. Je la laisse entrer en première dans l'espoir de revoir un sourire naitre sur ses fines lèvres rosées. Ses paroles m'amusent T'habitue pas trop, je suis un goujat, tu me connais. mais bizarrement avec elle j'ai pas envie, avec elle, je veux la voir sourire, l'entendre rire. Peut être parce qu'en la voyant un peu heureux, cet espoir que je connais pas renait que je me dis que moi aussi je pourrai en avoir. J'en sais rien. Elle entre dans la pièce et la détaille des yeux. Un haussement d'épaule après sa question concernant les chambres, un sourire en l'entendant rire Pas spécialement non. Il peut y avoir une chambre pour nos valises. Ca m'arrangerai même, car mes démons ont beaux me suivre dans le sommeil, tel un attrape cauchemar, je suis sûr qu'à ses côtés, ça irait un peu mieux et je connaitrai enfin la paix quelques secondes. Et même si ça n'allait pas, je n'aurai pas à faire semblant. On est du même monde, on est du même genre, on se comprend, même sans un mot. On est connecté. Je la suis à la trace alors qu'elle visite. Même si j'ai vu la suite en photo, je m'étonne à observer aussi, alors que franchement c'est pas vraiment mon genre. Elle finit par me poser la question fatidique, on est là combien de temps ? Je réponds naturellement avec un sourire Pour toujours ? le pire dans tous ça c'est qu'on aurait les moyens de très bien vivre ici pour toujours. On est pas comme ces cons qui s'activent autour de nous, le travail n'est qu'optionnel dans nos vies. C'est un plus pour amassé plus de frics alors qu'on en a déjà trop. Oui, elle et moi, on pourrait rester pour toujours ici, loin de nos mauvais souvenirs, loin de cambridge, ensemble. On pourrait.

 

Quand Hadès t'as proposé de choisir la destination pour votre échappatoire, il t'as laissé le choix entre trois villes et c'est finalement vers Rio que vous vous envolez. Un nouveau continent, un nouveau pays, un nouveau décor. Et cette même envie de balayer toute la misère de votre vie, toute la solitude de votre quotidien, en étant juste tout les deux. Main dans la main. Il est tard lorsque vous arrivez mais tu peux pas t'empêcher d'observer le paysage qui vous entoure, la façade de l'hôtel de luxe qu'il a choisi et ce pendant de longues secondes. T'as l'air d'une gamine émerveillée, tes yeux brillent et on aurait du mal à imaginer toutes les pensées morbides qui saturent ton esprit depuis ces dernières semaines. Elles n'existaient plus ici, elles n'ont plus lieu d'être. Il n'y a qu'Hadès et toi. Et Rio. La magnifique Rio. Hadès finit par attraper ta main pour te tirer à l'intérieur parce que t'es tellement occupée à observer les alentours que tu te rends pas bien compte qu'il est temps d'entrer à l'intérieur de l'hôtel et d'aller vers la suite que le prince à réservé. Sans réellement y penser, parce que ça te semble tellement naturel et normal, tu noues tes doigts aux siens alors que vous suivez le ridicule majordome qui vous accueille. L'intérieur de l'hôtel est magnifique, ça pue le luxe et le fric... Bien sûr. Ça ressemble quelque peu à votre quotidien mais c'est tellement différent à la fois. Tu t'étonnes à voix haute parce qu'il a réservé une suite... Sauf que c'est logique et limite le minimum ouais... Vous êtes tellement riches que vous auriez pu louer l'hôtel tout entier et ça vous aurait pas ruiner. Tu riais doucement à sa réponse alors qu'il ouvrait la porte et qu'il te laissait rentrer en première. Tu fais un petit commentaire sur sa nouvelle galanterie, histoire de le taquiner. M'ouais... J'en suis pas si sûre. que tu finis par lui répondre, en souriant. Et puis tu fais le tour des lieux mais tu lâches pas sa main, ça l'oblige à te suivre. T'as pas envie de lâcher sa main. Y'a quelqu'un chose de réconfortant à tenir celle d'Hadès et t'as plus envie de la lâcher du coup. Tu remarques qu'il y a deux portes attenantes à la suite et finis par découvrir que ce sont deux chambres. Tu lui demandais donc s'il avait prévu de dormir de son côté ? Te souvenant parfaitement du "vent" que tu lui as mis la dernière fois, alors que vous étiez tout les deux sur le canapé de la Cabot House. Tu te souviens qu'il avait dis qu'il voulait plus parler de Paris, si c'était pas pour recommencer. Sauf que toi, tu pouvais pas... Pas encore. Mais peut être que tu changerai d'avis, peut être que les bras d'Hadès te ferait oublier les événements de Boston. T'hausses des épaules alors que tu te retournes vers lui. Moi je préférerai que tu dormes avec moi quand même... que tu soufflais finalement. Le truc c'est que tu voulais vraiment pas être seule. C'était même pour ça que tu l'avais fais venir plusieurs fois depuis la discussion à la Cabot House, ne supportant pas cette solitude. Ne supportant plus d'être toute seule dans tes draps, à fixer le plafond, à attendre que Morphée veuille bien t'amener au pays des rêves. Tu voulais retrouver un vrai sommeil. Tu voulais de vrais nuits. En plus à partir de cette chambre, on peut voir la plage. Et puis tu finis par lui demander combien de temps vous allez rester ici, parce qu'au final, t'es partie sans vraiment savoir quand est-ce que vous allez rentrer. Même si secrètement, t'espères ne jamais rentrer. Ne plus jamais retrouver ton quotidien morne et sans aucune saveur. Tu voulais ne plus te soucier de rien, pour toujours. Rester ici, avec Hadès. Pour toujours. Tu glissais ton regard dans le sien alors qu'il te répondait, naturellement : Pour toujours ? Ton coeur manqua un battement alors que tu te perdais dans ses yeux. Tu te noyais dans son regard, essayant de savoir s'il était sérieux. Parce que toi, t'étais cap de plus jamais repartir. Vous pouviez aisément vivre ici, ne plus jamais vous préoccupez de rien, sauf d'essayer d'être heureux. La seule chose qui vous manque réellement dans votre vie. Me tente pas comme ça... chuchotais-tu, alors que tu ne pouvais détacher son regard du sien. Ouais, il devrait pas jouer comme ça, parce que toi tu veux bien rester ici pour toujours. Avec Rio la belle comme décor. Avec Hadès pour seule compagnie. Tu crois qu'on pourrait être heureux ici ? Sans tout le monde, sans tout le reste ? Juste toi et moi. Le monde, on s'en fout.

Ce besoin de prendre l'air m'était devenu vital. J'ettouffe, je suffoque, dans ce quotidien trop dur à supporter aujourd'hui, sans ce quotidien trop monotone, rempli des même têtes de cons qui me servent de domestiques, remplit de connerie toujours semblable. Il faut que je parte, que je respire, à Noah ça a dû lui faire du bien non ? A Abélard aussi et à Cole aussi je suppose alors pourquoi pas moi ? Mais partir seul et me supporter encore m'est impossible. La première personne qui me vient à l'esprit en partenaire de fuite, c'est elle, Lily jolie, Lily a la gueule d'ange. On ne se quitte plus en ce moment et je ne me vois pas partir avec quelqu'un d'autre. Elle a cette capacité à me calmer, à me faire me sentir un peu moins minable, quand elle est là, je sens que je pourrai renoncer à l'alcool et à ces conneries. Alors j'lui propose et nous voila dans la magnifique ville brésilienne, dans cette ville qui respire la joie selon la rumeur, dans cette ville où les gens sont heureux, peut être qu'ils nous contamineront avec ce foutu virus qui fait sourire tout le temps. J'espère. Les problèmes et les idées noires restent à Boston. Pour elle comme pour moi. J'aimerai que tout ces trucs négatifs qui me hantent depuis trop longtemps partent, mais je suis lucide, je le sais, la lucidité finit toujours par tuer les gens comme nous, car nous, on voit le vrai, on voit le réel, les illusions sont un luxe qu'on ne peut plus s'offrir. Mais on peut s'offrir des moments loin de tout comme celui là. Face au paysage splendide que nous offre la superbe Rio, Lily semble captivé, des étoiles dans les yeux, je la laisse faire en l'admirant, elle est belle quand les ténèbres la quittent, elle est belle même quand ils sont là, Lily c'est une beauté froide, magnifique en toutes circonstances. Mais là, c'est comme ci être ici avait rallumé une lumière en elle qui se cache trop souvent, alors je l'admire un instant avant d'attraper sa main dans la mienne, avant de remettre ce contact physique entre nous, pour me rassurer, elle est bien là. Elle est à côté de moi. Ce contacte, aussi infime soit-il réchauffe mon coeur meurtrie par la solitude que je m'impose trop souvent. Elle est là, près de moi. Ce tout petit contacte que l'on s'accorde l'un à l'autre me le confirme. Et au fond de moi, je le sens, je peux le dire, je suis heureux qu'elle soit à mes côtés aujourd'hui. Et j'ai envie de tout lui montrer, de voir ses yeux briller, encore et encore, alors je l'entraine à l'intérieur par la main, on suit un laquet fort mal habillé, on reconnait tout de suite la basse populace des gens comme nous. Lily a mon bras, on se distingue des petits employés, on pue le frique et la supériorité mais on s'en branle, on est bien comme ça et le fric est notre fardeau, alors autant en abuser. Le petit peuple nous regarde avec ces regards envieux et haineux de notre richesse, ils ne comprennent pas nos souffrances, ils sont ignorants et ils ont presque de la chance de l'être. Mais là, avec elle, l'un à côté de l'autre, nos regards méprisants et hautain s'accordent vers le petit peuple et je pense qu'elle est aussi contente que moi que ce gars bas de gamme s'efface. Devant la suite, elle s'étonne de mon choix, et je lui souligne que vu notre capital c'est le minimum qu'on doit s'offrir, à défaut de réserver le bâtiment entier. On pourrait, on le sait. Ca nous éviterai de croiser des minables tous les deux pas, des gens qui se la jouent nouveau riche mais qui n'ont aucunes sophistications ou réelle richesse. Et dans ma lancer, pour continuer d'être agréable et gentil, bon j'avoue que c'est naturel quand elle est là, je lui ouvre la porte, galanterie quand tu nous tiens. Elle s'en amuse, elle me taquine et ça m'arrache un léger sourire que je lui adresse. Elle sait lire entre mes lignes, elle sait qui je suis, je n'ai pas à porter de masque quand elle est là. Et elle le sait au fond que je ne suis pas que méchant et sadique, elle le sait que j'ai des bons côtés, comme je sais qu'elle en a. Elle est juste une des rares privilégiés à le savoir. Elle sourit, elle aussi et finis par entrer dans la suite, en me tirant par la main. On pourrait se lâcher la main l'un de l'autre, mais non. Cet infime contacte est tellement bon quand c'est elle. Alors je la suis, bien à ses côtés, je la regarde tout détaille et je m'étonne moi même à faire de même. Elle remarque les deux portes de chambres et ça me fait plaisir que ça semble la gêner. Je lui réponds avec un haussement d'épaule que je savais juste pas quoi faire donc j'ai joué la précaution. Histoire de pas paraitre présomptueux. Parce que Lily, je la respecte, je la forcerai jamais à rien. Lily, elle est trop bien pour qu'on lui impose quoi que ce soit. Elle m'avoue doucement qu'elle aimerait qu'on dorme ensemble. Si elle savait comme ça me soulage. Si elle savait comme ça me libère. Je n'avais absolument pas envie d'être seul. Je voulais être avec elle. Ces derniers jours, où on s'est rapproché, où on a passé plus de temps ensemble, ça m'a fait du bien. Alors ma main serre un peu plus la sienne Je préfèrerai que tu dormes avec moi aussi yeux dans les yeux, je lui fais moi aussi cette confidence. Cette solitude nous tue, l'un comme l'autre et ensemble, elle semble se dissipé un peu. Peut être même que Morphée nous accordera quelques heures de vrais sommeil dans les bras l'un de l'autre. Et même si on dort pas, rien que de se tenir la main dans le silence nous rendra peut être moins déprimé et enclin aux idées noires. Mon regard ne lache pas le sien quelques secondes et elle trouve même l'excuse parfaite pour justifier le fait qu'on dorme ensemble, la vue d'une des chambres. Mon regard la quitte un instant pour constaté qu'elle a raison. Un sourire, comme soulagé que ça soit une affaire conclue mes yeux reviennent sur ma douce poupée et je réponds donc T'as raison. En plus, la chambre est plus grande. Oui en voila une autre bonne raison, on aura pas l'impression d'étouffer dans un petit espace. Elle finit par me demander combien de temps nous allons rester. J'en sais rien à vrai dire. Pour toujours ? C'est la seule chose que je trouve à dire. Parce qu'à ce moment précis, je me sens bien, je me sens juste bien. Je me sens complet, tranquille. Alors si ça pouvait durer pour toujours, ça m'irait. Je serai capable de rester là, pour toujours avec elle, et la regarder sourire chaque matin. Je me perds dans ses yeux, d'un bleu éclatant, alors qu'elle me demande de ne pas la tenter. Mais elle le sait comme moi, on pourrait. On pourrait vivre comme ça, se contenter de ça. Peut être qu'ici, on aurait enfin accès à ce qu'ils appellent le bonheur, ce mythe urbain qu'on ne peut pas s'offrir en dépit de notre or et de nos vies extravagantes. Perdue dans le regard de l'autre, je suis silencieux, je la tente pas, je le voudrai vraiment. Elle me demande si je crois qu'on pourrait être heureux, ensemble, ici. Loin de tout. Dans notre bulle. On pourrait essayer, tu crois pas ? Elle et moi, ici, juste nous. Ensemble. Je crois que je n'aurai besoin de rien de plus. Partager cette chambre, cette ville avec elle. M'endormir dans ses bras et arrêter de me torturer constamment. Rester avec elle, pour toujours. Ca serait beau oui. Mais finalement, est ce vraiment la ville qui nous rend mieux ? A Londres ou à Mexico ne serait-on pas aussi bien ? Je pense que la ville, ce décor n'ont rien à voir avec ce qui ressemble au bonheur en ce moment, c'est le fait d'être avec elle. C'est le fait d'être ensemble. Avec elle, je sens que c'est possible. D'être heureux. Que c'est possible, de se détester un peu moins. Avec elle, c'est possible de sourire un peu plus sincèrement. Au fond de moi, je le sais, le lieu m'importe peu, c'est elle qui fait toute la différence. Juste elle.

 

Plus rien ne semble plus compter dès lorsque vous posaient les pieds à Rio. T'essayes de ranger tes pensées morbides dans un coin, t'essayes d'oublier la peur qui t'anime depuis beaucoup trop longtemps. Tu veux juste ressentir des choses que t'as fini par oublier. Comme le bonheur. Parce qu'au fond, tu sais pas trop ce que c'est et c'est peut être l'occasion de le frôler du bout des doigts. De flirter avec lui le temps de quelque jours. Le temps de ce voyage avec Hadès. Tu profites d'être avec lui, pour oublier tout ce qu'est ton quotidien. Toutes les choses qui font que vous ne pouvez pas être heureux. Oh, tu te fais pas d'illusions. Tout ce que t'essayes d'oublier ne s'en ira pas juste en venant ici mais peut être qu'en étant main dans la main avec le prince, ça sera plus facile à faire abstraction de tout le reste. Peut être que tu pourrais avoir un aperçu de ce que le bonheur peut être. Ta main dans la sienne, la solitude te semble maintenant bien loin. Ce simple contact te rappelle que t'es pas toute seule, non. Il est là lui. Tout aussi bousillé que toi. Tout aussi seul que toi. Mais ici, maintenant, vous n'êtes plus seuls. Et plus rien ne compte à part lui et Rio. Plus rien ne t'empêche de goûter à ce sentiment si inconnu, à cette chose dont t'as jamais eu droit. Tu réfléchis pas, tu te contentes d'être là et de t'émerveiller face à ce qu'Hadès t'offre. Ce nouveau décor, cet hôtel, sa présence. Tu le suis à l'intérieur, ne faisant même pas attention au majordome qui vous accompagne jusqu'à votre suite. Tu te fous de lui, il n'est qu’accessoire. Y'a que Hadès qui compte, y'a que son contact qui compte. Et t'es limite soulagée qu'il finisse par vous laisser, juste lui et toi. Dans votre bulle. Dans cette tentative d'oublier le monde qui vous entoure, le monde bousillé dans lequel vous êtes nés. Le commun des mortels ne sait pas ce que ça fait d'être vous. Ce que ça fait de savoir que tout ne peut pas s'acheter. Ils pensent tous que vous êtes heureux, avec tout ce fric qu'on laisse dépenser sans compter. Mais si le fric pouvait tout acheter, ça se saurait non ? Si le fric pouvait empêcher de souffrir, ça se saurait aussi non ? L'argent n'achète pas le bonheur. Et au final, vous finissaient tous pareils : détruit pas tout cet argent, par votre monde. Tellement entourés mais si seuls au fond. Seul avec cette lucidité qui vous donne la gerbe et l'envie de tout fracasser. De tout détruire. Parce que si vous êtes pas heureux, pourquoi les autres le seraient ? Ils ont pas le droit d'être heureux, ils ont pas le droit au bonheur non plus. C'est cette lucidité, cet incapacité à se bercer d'illusions qui fait ce que vous êtes : détestable, mesquin, pervers. La perversité de vos jeux pour vous sentir mieux quelques instants, pour vous sentir au dessus de tout ces idiots, de tout ces cons qui comprennent rien à la vie. Non, décidément, ils ont rien compris. Hadès lui, il sait. Il est autant lucide que toi et c'est pour ça qu'il est autant bousillé, autant seul. Et t'espères que ta présence lui fait le même bien que la sienne peut te faire. T'espères que le contact de ta main dans la sienne l'aide à sortir de sa solitude. Vous finissez par rentrer à l'intérieur et tu le taquines un peu. Mais au fond toi tu sais qu'Hadès est pas si con qu'il aimerait bien le faire croire aux autres. Tu sais qui il est. T'es une des seules privilégiées à le savoir. T'es une des seules à savoir qu'il y a du bon en Hadès et qu'il ne réserve que cette facette de sa personnalité à son cercle fermé, donc tu fais partie. T'observes tout de tes yeux bleus et tu finis par remarquer les deux chambres. T'interroges Hadès à ce propos. T'es touchée qu'il ai pensé à ce que peut-être, tu serai pas à l'aise de dormir avec lui. Qu'il te respecte assez pour pas t'imposer quoi que ce soit. Mais tu lui fais clairement comprendre que tu comptes dormir avec lui et ça te réchauffe le coeur quand il te dit que lui aussi, il voudrait dormir avec toi. On dormira ici alors, avec les bruits des vagues pour chasser tout nos mauvais rêves. Oui.. Et sa présence pour te tenir compagnie quand Morphée voudra pas de toi. Peut-être que dans ses bras, t'arrivera à cheater Morphée et que tu finira pas dormir d'un sommeil profond. Un sommeil dont on t'as privé depuis de trop nombreuses semaines. Et puis tu finis par lui demander combien de temps vous êtes là. Et il est sur la même longueur d'onde, il veut être là avec toi, pour toujours. Tu te plonges dans ses yeux et tu n'y rencontres aucune forme de mensonge. Ses mots semblent sincère et ça te fait sourire. Tes lèvres se dessinent en un petit sourire qui n'est que pour lui. Tu te demandes si ici, vous pourriez être heureux. Et tu te rends compte que oui, ça pourrait être tout à fait possible. Et qu'au fond, peut importe où est-ce que vous êtes, c'est pas tant le décor qui fait que ça pourrait être possible. C'est surtout le fait qu'il soit là, avec toi, pour le découvrir. Même si l'idée de rester à Rio pour toujours te tente pas mal. On peut pas être malheureux avec autant de soleil de toute façon non ? Tu finis par acquiescer, toujours les yeux plongés dans les siens. Oui... Découvrons ça. Tu veux pas trop penser au retour. Tu veux rester sur le moment présent et tu finis par lâcher sa main pour aller du côté du balcon qui donne sur la plage privée de l'hôtel. T'observes le mouvement des vagues pendant de longues secondes, elles ont cet façon de t'apaiser. Comme Hadès en ce moment, depuis que vous vous reparlez et que vous passez pas mal de temps ensemble. Tu finis par te retourner vers lui, une drôle d'idée dans la tête. T'affiches un air d'enfant qui va commettre une bêtise avant de t'adresser à lui. Viens, on va se baigner. Toi et moi, et la lune. Après on pourrait faire chier le room service, commander tout les trucs compliqués du menu et regarder la télé alors qu'on comprendrait même pas ce qu'ils y racontent. Viens on essaye d'être heureux, viens on joue aux enfants. On oublie tout le reste. Toi et moi. Parce qu'au fond, y'a que nous qui compte là non ?

Le bonheur, c'est immatériel, rien ne peut l'acheter. Les gens pensent que parce qu'on a du fric dans les poches, on est heureux. Que parce qu'on peut manger au plus haut de la tour eiffel ou se payer un jet privé, on est heureux. Ils pensent que nos sourires sont sincères sur les photos. Qu'on est des gosses modèles. Ils se bercent d'illusion et nous, être suprême de ce monde, nous les laissons faire. Nous les laissons croire. Qu'ils nous adulent ces pauvres cons, qu'ils nous envient, qu'ils bossent encore plus pour nous enrichir nous. Qu'ils nous pensent parfait. Nos sourires figés devraient pourtant les mettre sur la voie : le bonheur, ce n'est pas l'argent. Le bonheur, c'est ces gens avec qui on est, c'est ces petits moments, ces courts instants avec des gens vrais qu'on aime au plus profond de soit. Le bonheur ... Je ne l'ai connu que quelques années, 7 ans pour être exact, Arthur avait cette capacité à me rendre heureux. Avant je ne connaissai pas ce sentiment et je crois finalement que j'aurai préféré ne jamais le connaitre. Parce que depuis des mois, j'ai le sentiment que je n'y accèderai plus à cet extase, à cette joie en entendant son rire ou sa petite voix, à ce sentiment de bienêtre et de fierté quand j’entendais ses ronflements compléter les notes de pianos que j'étais entrain de jouer pour l'endormir. Je ne pensais pas y avoir accès. Pourtant ici, à ses côtés, dans ce spectacle splendide que nous offre la merveilleuse Rio, dans cet océan de couleur sombre qui enveloppe la ville et qui guide tous les regard vers un point lumineux, le Corcovado et son saint christ rédempteur, comme ci cette ville allait nous pardonner de nos pêchés et nous donner un nouveau départ. Et des pêcher, Dieu sait que j'en ai fais. C'est dans ma nature. Je vous l'ai dis, nous sommes les suprêmes. Nous sommes les princes, les héritiers, les grands de ce monde. Nous sommes arrogant, hautain, dédaigneux, individualiste, égocentrique, manipulateur, maitre dans la perversion. Nous trouvons un semblant de bonheur dans la destruction et les larmes des autres. Je l'avoue moi même : je ne suis pas heureux, pourquoi les autres le serait ? Ils ne le méritent pas plus que moi. Alors détruire leurs vies, la tenir entre mes mains, trouver leur faille et leurs faiblesses pour ensuite les écraser, ça, c'est jouissif, ça, ça me procure, pour quelques secondes, du bonheur. Ca, ça me rend un peu moins minable. Et je pense que la plupart des Eliots sont comme ça. On réplique à notre malheur, le désespoirs des autres pour se rassurer. Je ne porte pas ce prénom pour rien, Hades, roi des enfers dans la mythologie, je fais honneur à mon prénom -enfin mon second, le premier est tellement moche que je n'ose le dire devant tout le monde- je fais honneur à mon titre et je détruis. Lily est pareil. La destruction est notre amie, la destruction est notre alliée, la souffrance des autres notre El Dorado. Pendant ces nuits trop longue, où Morphée décide de nous bouder, s'occuper l'esprit avec des plans tordus en fixant le plafond est notre activité favorite. Nous montrons le pire de nous même, au reste du monde. Je crois qu'on attend trop de nous depuis trop longtemps, alors on fait tout pour briser leurs attentes. On ne veut avoir de compte à rendre à personne. On ne veut pas que les gens s'attendent à nous voir comme des héros. On ne veut pas être la déception de quelqu'un. On porte déjà assez de déception comme cela : celle de nos parents qu'on blesse par nos actes, et la nôtre. Pourtant, on a du bon en nous. Je suis quelqu'un de plutôt sympathique et drôle. Très raleur, très narcissique, très froid, mais foutrement sympa quand on me connait. Lily elle sait qui je suis. Elle sait ce que je vaux. Contrairement à la plupart, elle, elle me voit vraiment. Quand son regard océan se pose sur moi, je sais que je ne suis pas invisible. Je sais qu'elle sait qui je suis. Et elle, qu'elle n'en doute pas, je la vois. Je la vois entièrement et complètement. Et cette souffrance que nous partageons qui vient d'origine différente, nous attache l'un à l'autre depuis que nous nous sommes retrouvé. Il suffit de ma main dans la sienne pour que mon coeur retrouve comment il doit battre. Il suffit que son regard m'effleure pour que notre monde se referme et que le reste disparaisse. Même quand on marche, le monde autour ne m'intéresse plus, il n'y a qu'elle. Le reste je m'en fou. Il pourrait brûler. Ca m'est égale. Ils peuvent bien souffrir, moi, je sens mon mal être s'éloigner de nous quand elle est là. Ca me fait tellement de bien que je voudrai rester collé à elle tout le temps, même la nuit. Mais pour ne pas paraitre oppressant ou lourd, j'ai demandé 2 chambres dans la suite. Je la respecte, Lisa-Rose est trop belle, trop angélique, trop machiavélique pour qu'on lui manque de respect ou qu'on s'imagine qu'on peut lui imposer sa volonté. Lily, elle est libre. Libre de faire ce qu'elle souhaite. Mais je suis soulagé quand elle conclue qu'on dormira ensemble, bercé par le bruit des vagues, ou bien par le souffle de l'autre. Et si Morphée s'amuse à nous bouder, elle comme moi ne seront pas seul. On sera là. Côte à Côte, corps contre corps peut être, on ne sera pas seul dans le noir. On sera ensemble. Ca me semble parfait cette idée me fait même sourire et mon regard ne se détache pas du sien. Auprès d'elle, j'en suis sûr, je dormirai bien, elle sera mon attrape cauchemars, elle est tellement féroce qu'ils n'oseront pas nous approcher, ils auront trop peur de nous, enfants de la luxure, du luxe et de la destruction, ils auront trop peur car ensemble, j'ai le sentiment qu'on pourrait être invincible. Nos regards ne se quittent pas, je lui livre ma sincérité sur un plateau dans le fond de mes yeux. Elle peut lire en moi à quel point j'ai mal, à quel point j'ai eu mal, mais aussi à quel point je suis heureux, ici, près d'elle. Alors oui, je pourrai rester là pour toujours. Mais j'ai sentiment qu'ici ou ailleurs, ce n'est pas important, ce qui compte, c'est qu'elle soit à mes côtés, c'est que sa main tienne la mienne. Paris, Milan, Tokyo ou Rio, peut importe tant qu'elle est là. J'ai le sentiment qu'à ses côtés tout ira bien. Sa réponse me fait sourire un peu plus, un sourire qui s'étire sur mes lèvres et mon regard qui s'illumine à l'idée d'essayer de se rappeler ce que c'est le bonheur ou de le découvrir ensemble. Ne pensons pas à demain, à nos problèmes et à nos idées noires qui nous attendent, profitons de maintenant, de ce moment. Elle me lâche la main, mais je n'ai pas peur qu'elle s'envole, elle est là, je le sais, elle ne partira pas, elle a toute ma confiance. Je l'admire de la chambre, sur le balcon, face au vent et à la mer, face à ce silence brisé par le bruit apaisant des vagues. Un homme frappe et je m'en occupe, je laisse ma superbe regarder le paysage, les étoiles dans ses beaux yeux, aussi bleu que cet océan, l'homme dépose nos valises dans la chambre, sans un bruit, et je lui fais signe de partir vite en lui tendant un billet, irrité de sa présence qui ne me plait guère. Irrité de cette irruption dans notre monde. Il disparait et mes yeux reviennent sur elle qui admire la mer, sa crinière d'ange dans le vent. Je me hâte à la rejoindre, m'appuyant à l'encadrure de la porte, elle finit par se retourner, un sourire malicieux sur les lèvres, un sourire qui dit qu'elle a une idée. Et elle me propose de sortir, de se baigner, de profiter elle, moi et la lune comme spectatrice de nos âneries, de notre impulsivité, de notre désire de se vider la tête quelques instants. Un large sourire revient sur mes lèvres, partant pour cette idée, je la taquine en reprenant On commandera au Room Service du chicons au gratin et des fraises. un petit clin d'oeil à une de nos conversations qui avait abouti sur un moment ensemble, mais sans chicon au gratin. Mais en plus, je m'en fiche du chicon au gratin, j'aime ça, mais c'est plus dans l'idée de faire chier de pauvres gars, qui vont s'activer pour savoir c'est quoi les chicons au gratin et qui vont galérer, c'est ça le plus drôle. On trouvera pleins de nom de plat typique, qu'on commandera, on mangera pas tout, mais on s'en fichera, on sera ensemble et c'est tout ce qui comptera pas vrai ? Allons nous baigner. Sourire aux lèvres, comme un gosse face à un truc qu'il a trop envie de faire, je lui tends la main, pour qu'on y aille ensemble, pour qu'on ne se quitte pas et qu'on essaye, qu'on essaye de voir ce que ça peut faire le bonheur et l’insouciance. Peut être qu'ensemble on peut y arriver. Et même si on y arrive pas, on est ensemble, c'est le principal non?

 

T'as très vite compris et intégré que dans la vie, il était bien plus facile d'être craint que d'être aimé. C'est ce que tu t'emploies à faire depuis ton plus jeune âge, depuis que la lucidité s'est imposée à toi. Tu ne te berces d'aucunes illusions, tu vois le monde tel qu'il est : perfide, moche, dégénéré. Comme l'être humain. Y'en a pas un pour rattraper l'autre. Et t'as très vite décidé que c'est toi qui imposerai tes règles au reste du monde, que ce serait toi la maîtresse du jeu. Ton jeu, le tien. Tu t'amuses des gens, tu passes ta vie à jouer d'eux. Ce sont tous tes jouets, tous autant qu'ils sont. Des petits pions, placés où t'as envie sur le grand échiquier qu'est ta vie. Et tout les gens de ton espèce sont pareils. Ils se délectent de la peur qu'ils lisent dans vos yeux de pauvres mortels, ils s'amusent de l'enfer qu'ils vous font subir. Ils s'amusent de vos illusions qu'ils brisent, sans aucune once de remords. Parce qu'au fond, ça vous remet à votre place. Personne n'a le droit d'être heureux dans ce bas monde si eux ne peuvent l'être. Personne n'a le droit au bonheur si toi, t'y as pas droit. L'amour... Ce sentiment pour les faibles d'esprit. Toi t'as vite compris que les sentiments amoureux pouvaient être très dangereux et t'as décidé de jamais en ressentir. T'as pas besoin de devenir comme tout les autres, des gens dépendants d'autres gens. Tu ne veux dépendre de personne si c'n'est de toi même. Pourtant, si Hadès lâche ta main là, tu le vivrais mal. Toi qui a longtemps essayé d'avancer seule, toi qui pensait qu'il valait mieux gravir les échelons tout seul. T'es en train de découvrir une nouvelle forme de dépendance. Parce que sans la main d'Hadès dans la tienne, tu pourrais vite te sentir perdue. Tu retrouverai la solitude dans laquelle tu t'es enfermée depuis des années, cette solitude dont tu ne veux plus. A ce moment précis, t'as plus peur d'elle que du fait de dépendre de quelqu'un. Tu la déteste, tu la déteste de te rendre aussi misérable. Et la présence d'Hadès c'est comme une échappatoire à cette solitude. Parce que même sans savoir, il comprends. Il comprends mieux que personne tout ce que tu peux vivre ou ressentir. Et rien qu'en étant là, à tes côtés, Hadès arrive à atténuer toute les horreurs de ta misérable vie, toutes les pensées morbides que tu peux avoir, toutes les peurs qui aimeraient t'engloutir. C'est comme un rayon de soleil après le mauvais temps. Le calme après la tempête. Alors t'as pas envie de lui lâcher la main et tu la serres encore plus fort. Y'a plus que toi et lui. Vous êtes seuls au monde, debout dans cette suite qui pue le fric. Dans cette bulle qui est la vôtre et que tu voudrais jamais voir éclater. Vous finissez même par conclure que vous allez dormir ensemble. Et cette idée te réchauffe le coeur, te sort un peu plus de ta solitude. Si Hadès est à tes côtés, tu te fous de Morphée. Tu te fous de veiller jusqu'au petit matin. Tant qu'il est là, t'es prête à rester debout jusqu'à pas d'heures et à juste profiter de sa présence. Pourtant, tu finis par lui lâcher la main pour aller sur le balcon et voir d'un peu plus près la vue que la suite vous offre. T'as plus peur de lui lâcher la main parce que tu sais qu'il sera quand même là, pas loin. Et tu te permets de te perdre dans le mouvement des vagues. T'y trouves une certaine sérénité. Tu penses à rien alors que tu fixes la mer de tes yeux de la même couleur. Tu ne fais même pas attention à l'être humain qui ose vous interrompre pour ramener vos bagages. Hadès s'en occupe, le met assez vite dehors et finit par te rejoindre sous le clair de lune. C'est la seule présence que tu remarques et qui t'arraches à ta contemplation. Tu te retournes vers lui, avec une idée dans la tête. T'as envie d'aller te baigner dans les vagues. T'as envie de ne plus penser à rien et de redevenir une enfant le temps de quelques instants. Tu veux rire avec lui, avec la lune pour seule spectatrice de votre découverte du bonheur, de l'insouciance. Tu lui exposes ton idée et voit un sourire apparaître sur son visage. Ce qui te fait sourire aussi. Tu laisses même un petit rire s'échapper de tes lèvres alors qu'il fait référence à votre conversation de deux soirs plutôt. Ils vont nous détester mais on s'en fout, on commandera des trucs qu'ils sauront pas faire et ça nous fera rire de les voir se plier en quatre pour nous. Parce que le client est roi, parce que toi et moi, on est les rois du monde et qu'on les emmerde tous. T'attrapes la main qu'il te tend et tu retrouves le contact rassurant de sa peau contre la tienne. Tu noues vos doigts et finis par le regarder quelques secondes dans les yeux, avant de pouffer de rire. T'as intérêt de courir vite de Belgique. Tu sais pas trop ce qui te prends mais tu l'entraîne à l'extérieur de la suite. Main dans la main, vous sortez et tu te mets à courir, l'obligeant à faire de même pour te suivre. Tu retrouves cette excitation insouciante, celle que vous aviez autrefois quand vous étiez gamins. Quand vous étiez pas encore assez lucide pour vous laisser avoir par ce monde pourri. Tu cours, Hadès derrière toi et ça te rends heureuse. Tu te surprends même à rire. Tu te trompes de chemin plusieurs fois même, mais tu t'en fous, tu finis par trouver le bon et après quelques minutes à courir comme des enfants, à emmerder les gens sur votre passage, vous finissez par atterrir sur la plage privée et tu lâches sa main pour courir à toute vitesse vers l'eau qui n'attends plus que vous. Le dernier dans l'eau est une poule mouillée ! que tu cries, comme une enfant. Comme si t'avais à nouveau cinq ans. L'adrénaline coule dans chacune de tes veines et tu cours devant toi, Hadès essayant de te rattraper. Tu ris, manquant même de tomber à cause du sable. Mais tu t'en fous, t'es bien là. Vous êtes bien là, tout les deux, en train de frôler du bout des doigts ce qui ressemble à une forme de bonheur. Vous êtes seuls au monde et t'as besoin de rien pour te sentir autant vivante et heureuse qu'en cet instant.

La solitude fut ma plus grande alliée pendant des mois et peu à peu, elle m'a détruit, peu à peu, j'en pouvais plus, de dormir seul, trop seul et en même temps, je ne pouvais accepter personne à mes côtés, parce que c'était la place d'Arthur, parce que je dormai avec ce mome de 7 ans et que c'était sa place, je me suis enfermé dans la solitude que seul les riches peuvent comprendre. On l'a passé l'âge de l’insouciance, l'âge où la lucidité nous est encore qu'une belle inconnue, on l'a passé le bel âge où on rit de rien, où on pense à rien et rien n'a vraiment d'importance. On l'a passé l'âge où voir un papillon refait notre journée et où on est content d'avoir des devoirs, des contrôles et de voir la maitresse. On l'a passé cet âge con. On a grandit. Et quand la jeunesse dorée grandit, elle ouvre les yeux sur le monde, sa perversion, sa cruauté et on ne peut qu'hair ce monde, trop surfait, où la corruption est de mise, où l'argent est censé faire tout, où l'argent est censé régler tous les problèmes. Ces enfants là, qui baignent dans les billets depuis la naissance peuvent le dire, l'argent ne fait pas le bonheur, le bonheur devient même inaccessible quand on grandit. On l'a trop vu, on sait qu'il n'existe pas vraiment, qu'il n'est qu'un mythe. Le petit peuple ne comprend pas. On nourrit même machiavéliquement leurs idées reçues pour qu'ils essayent d'arriver à notre niveau et pour se faire un plaisir de les descendre car quoi qu'ils fassent, peut importe leurs frics, il y aura toujours une barrière entre la sophistication du caviar et le patté d'oie qu'on mange à la campagne. Nous n'avons rien à voir avec eux. Ils ne nous comprendront jamais. Ils ne comprendront jamais nos démons, nos besoins, notre souffrance. Ils ne comprendront jamais nos actions. Notre perversion restera dégueulasse pour eux quand nous, elle nous amuse, elle nous délecte, elle nous arrache un sourire. Nous sommes des monstres. Nous ne sommes pas vraiment humains. Les sentiments sont un handicape au sommet, on le sait. Je le sais. Et pourtant, je ne suis pas parti seul. J'aurai pu. J'aurai dû je crois. Mais je ne l'ai pas fais. Elle est là. Elle a ma main dans la sienne. Sa présence à mes côtés me fait croire un peu à un monde plus beau. Me fait espérer à un monde pas si pourri. A une vie pas si morne. Et même si la vie n'était que mensonge, je suis sûr qu'ensemble nous pourrions faire des exploits en matière de destruction. Elle et moi. Ensemble. Elle tient ma main et ça me parait possible tout ce merdier. Je n'aimerai être avec personne d'autre en ce moment précis. Je n'aimerai tenir aucune autre main. Sa présence me suffit, me comble même. Elle ne sait pas tout. Elle ne connait que les grandes lignes, comme tous ceux qui ont lu mon histoire, mais elle comprend. Je le sens qu'elle me comprend. Je le sens qu'elle sait ce que c'est. Et même sans connaitre ce mal qui la ronge, je comprends ses maux, je comprends ses souffrances, je la comprends. On se comprend. Nous sommes du même monde, du même moule, du même système. Nous n'avons pas vécu les même choses, mais on se comprend, mieux que personne. Et dans ce monde où on est tous invisible, où on ne prend même plus de nouvelles des siens, dans ce monde où on semble n'être que des illusions, elle me voit et je la vois. On est là. L'un face à l'autre. Et on se promet de dormir ensemble. Et je sais d'avance que la nuit sera bonne. Morphée peut aller se faire foutre, le train du sommeil aussi, on s'en branle, on est là, tous les deux. Et cette idée me rassure. Je ne suis pas seul. Elle n'est pas seul non plus. Ou bien peut être qu'on l'est quand même, mais ni elle ni moi ne nous sentons seul à ce moment précis. Alors même quand elle brise ce contact physique, que ma main caresse de nouveau l'air, je n'ai pas peur, je sais qu'elle est là, je sais qu'elle n'est pas loin. Je sais que ma main retrouvera bien vite la sienne. Je sais que ça arrivera. Je la laisse observer la nuit, observer la mer, copiner avec la lune et je traite le parasite qui vient déposer nos affaires, je le fais partir d'un geste de main, je ne veux pas qu'on nous importune, je ne veux pas qu'on pourrisse notre espace vitale, cet espace rien qu'à nous, où on sait qu'on peut respirer. Le misérable disparait avec son pour boire, on reconnait l'avare qui le cache dans sa poche de pantalon pour ne pas partager avec ses collègues. Pauvre homme. Pauvre âme qu'il est. Mais je n'ai aucune remarque à lui faire, je n'ai pas le temps, mon attention revient vers elle et je la rejoins, pour retrouver sa présence non loin de moi et je l'observe, émerveiller, regarder le paysage, captivé par sa beauté. Elle remarque ma présence près d'elle, elle me regarde, elle me sourit et elle me propose une idée un peu folle, elle me propose de retrouver notre âme d'enfant, de sauter dans les vagues et d'emmerder le monde. Elle me propose de vivre tout simplement et pas de se contenter de survivre en trainant notre peine. Et cette idée m'emballe. On va se baigner et faire chier le monde en commandant des plats complexes. On va se la jouer capricieux et les regarder patauger dans la galère. Et on en rira. Et ils nous serviront. Car le client est roi. Et le client friqué est est empereur. Ce soir, je suis son roi, elle est ma reine. Roi et Reine de la bêtise, Roi et Reine à la recherche de l'innocence et de ce fameux bonheur qu'ils voudraient caresser du bout des doigts. Ce soir, ensemble, nous sommes indestructible. Je ris à ses paroles et apprécie le son de son rire qui caresse mes tympans On va les rendre fou C'est une promesse. Ils vont prier pour qu'on parte vite, car on va leur rendre la vie impossible et on en rira. Elle pouffe de rire à nouveau, ma main enfin ayant retrouvé la sienne, m'annonçant que j'ai intérêt de courir vite et elle me tire avec elle, partant en courant, mon rire se mêle au sien, alors qu'on est bruyant et qu'on doit faire chier notre monde. On court, on court à droit, puis on fait demi tour, on va à gauche, tout droit, puis on descend des escaliers, on prend un chemin complètement aléatoire, on sait même pas où on va, mais tous les chemins mènent à Rome donc je suppose que tous les chemins mènent à notre plage non ? Alors on court, sans perdre une minute, car le temps file trop vite et qu'ici, on ne compte pas le perdre avec des ignorants ou des inintéressants. On compte le passer, ensemble, où on a envie, quand on a envie. On a envie de vivre. L'adrénaline dans nos veines, on finit par rejoindre la plage, mais elle n'est pas fatiguée ma poupée blonde, elle a encore de la force et ne prend même pas le temps de retirer ses vêtements, non, elle lâche ma main et court vers cette eau claire qui semblent n'attendre que nous. Elle m'annonce que le dernier est une poule mouillée, alors je cours à mon tour, je lui laisse de l'avance car ça la fait sourire et dieu sait que c'est pas dans mes habitudes ce genre de sympathies Cours plus vite ! J'arrive ! nos rires, nos pas, nos paroles et le flux et le reflux de l'eau, brise ce silence qui était trop dur à supporter pour nous il y a quelques heures. J'accélère, j'arrive à sa hauteur et m'arrange pour l'attraper dans mes bras, pour la prendre contre moi, oui, on va y aller dans l'eau et on va rire comme des gamins. L'eau est froide, pas autant que la Manche mais froide quand même, mais je m'en fou, j'entre dans l'eau en la portant, j'avance, je m'arrête pas, je rigole T'es prêtes ? je la regarde un instant avant de la jeter dans l'eau en riant. Ce soir, rien ne compte, pas même nos souffrance, ce soir, ici, ensemble, le monde s'efface pour laisser place au nôtre, à ce monde qui ensemble, nous rend un peu mieux, un peu moins seul, un peu plus supportable. Ce soir, on est ensemble et le reste, ça n'a juste pas d'importance.

 

A Rio, le monde n'existe plus. Vous rentrez dans une bulle dont tu ne voudrais jamais ressortir, une parenthèse que tu voudrais voir s'étaler sur toute une vie. Il n'y a qu'Hadès et toi, le monde n'est plus qu’accessoire. Les gens n'existent plus, au point que tu ne fais même pas attention lorsqu'un des membres du personnel de l'hôtel vient poser vos bagages dans la chambre. Il est comme les autres, inutiles. Et tu n'as que faire de sa présence. Il vient briser votre bulle, quelques secondes, avant que le prince le dégage de la suite. Personne ne doit interférer, personne n'a le droit de s'interposer entre vous. Ils comprendraient pas, de toute façon. Ils comprendraient pas comme Hadès peut te comprendre, sans même que tu ouvres la bouche. T'façon, ils comprennent jamais rien les autres. Ils comprennent que ce qu'ils veulent, pour mieux s'endormir la nuit. Ils se bercent d'illusions, espérant que demain tout ira mieux. Ils se mentent et c'est un luxe que les gens comme Hadès et toi n'avait plus. Bien trop lucides pour prétendre ne pas savoir, pour faire semblant de ne pas voir. T'as essayé toi, de te complaire dans le déni, de faire semblant de ne rien voir mais ça marche pas ces conneries. Juste le temps de quelques heures et ça te revient en pleine gueule. La vérité s'impose à toi, elle se fraye un chemin jusqu'à toi, sans rien te demander. C'est juste que des conneries ouais. Mais ici, dans votre bulle, rien de tout ça n'existe. Tout ça n'a plus d'importance tant qu'Hadès sera là, à te tenir la main. A tes côtés. T'oublies tout ça, tu oublies le monde, t'oublies cette nuit où tout est parti en vrille. T'oublies tes peurs, t'oublies tout. Et tu te concentres sur le moment présent. Tu ne veux voir que ça. Hadès, Rio et la lune. Pendant qu'Hadès s'occupe de virer le petit personnel, une idée germe dans ton esprit. Et lorsqu'il revient à tes côtés, tu lui en fais part et ça semble l'emballer autant que toi. Ouais, vous allez redevenir des enfants. Pour sauter pieds joints dans la mer, main dans la main. Rire quand les vagues viendront vous engloutir. Et puis redevenir ces gamins imbus d'eux-même, désireux de faire chier leur monde. Parce que si vous êtes obligés de vivre ici, avec tout ces autres inutiles, il faut bien qu'ils servent à quelque chose. Et ce soir, vous alliez les faire craquer, le prince t'en fais la promesse. Tu pouffes de rire et t'attrapes sa main, avant de l'entraîner à la suite. Tu sais pas ce qu'il te prends, tu veux pas comprendre, tu t'en fous. Tu veux juste profiter avec lui, tu veux l'entraîner dans ton délire, dans ton insouciance. Ses rires répondent aux tiens et ça te réchauffe le cœur d'entendre son rire. Le vrai. Tu ris encore plus fort alors que vous vous trompez de chemin plusieurs fois, alors que tu rentres dans les gens et que tu les bouscules, sans même t'excuser. T'as pas le temps pour ça, t'as pas le temps pour eux : la mer vous attends. Et t'es pressée de la rejoindre. Une fois les pieds sur le sable, tu lâches sa main, pour pouvoir prendre de l'avance et tu le défis de te rattraper, de te dépasser. Vos rires se mélangent aux bruits des vagues. Tu l'entends derrière toi et t'essayes de courir plus vite mais il finit par te rattraper. Tu pousses un cri alors qu'il t'attrape dans ses bras et te met à rire une nouvelle fois alors qu'il te colle contre lui. Tu passes tes bras autour de son cou, le laissant faire parce que de toute façon, t'avais bien prévu de finir à l'eau. Hadès arrive au niveau de la mer, il s'y enfonce et l'eau lui arrive maintenant jusqu'à la taille. Il s'arrête enfin, te demandant si t'es prêtes mais t'as pas le temps de répliquer, qu'il te balance à l'eau. Un nouveau cri s'échappe de tes lèvres alors que ta peau rentre en contact avec l'eau. Putain, ce que c'est froid. Putain, ce que tu te sens vivante. Mais s'il croit qu'il va s'en tirer comme ça, il se trompe. Tu vas l’entraîner avec toi, tu vas le faire plonger. Le faire basculer tout entier dans la mer. Comme il l'a fait avec toi. Tu restes sous l'eau et viens tirer sa jambe pour qu'il tombe à la renverse et qu'il soit lui aussi, le cul dans l'eau. Tu remontes à la surface juste à temps pour le voir tomber et sa tête te fais rire. Tu croyais tout de même pas que j'allais être la seule à y passer. que tu dis, entre deux fous rires. Tu tiens maintenant sur tes deux jambes et tu le regardes se remettre debout à son tour. Vous êtes autant trempés l'un que l'autre, peut être même que vos vêtements sont foutu mais tu t'en fous, c'est accessoire. Et puis c'était drôle, alors ça en valait carrément la peine. Tu frisonnes un petit peu, l'eau est pas aussi chaude que tu l'aurai pensé mais ça aussi, c'est pas grave. T'es bien là, tu te sens à peu près heureuse. Et y'a ton sourire qui arrive pas à quitter tes lèvres pour le prouver. J'ai hâte d'être demain et qu'on vienne faire les larves sur le sable. J'ai hâte de voir Rio en plein jour. Tu veux être émerveillée, encore et encore. Tu veux t'en mettre plein la vue avant de devoir quitter votre bulle, avant de devoir retourner dans le monde réel. Mais pour le moment, t'y penses pas trop ou du moins, t'essayes. Tu te concentres sur vous alors que ton regard vient se perdre à nouveau dans le sien. Tu voudrais être là pour toujours, à te perdre dans ses yeux. Parce que quand tu le regarde, y'a plus rien qui existe autour. Y'a plus que lui et ça te laisse croire qu'il existe peut être un moyen de te sentir moins seule, avec lui à tes côtés. Sa présence est devenue comme le remède à ta propre solitude. Et t'as envie de ressentir ça pour longtemps encore. Peut être même que t'es pas obligée de le ressentir qu'ici, peut être que ça marcherait ailleurs. Parce que t'as l'impression là tout de suite, que tant qu'Hadès sera à tes côtés, t'aura plus à avoir peur d'être seule. Il est là maintenant, il pourrait être là après ? Ou peut être qu'il finirait par partir lui aussi, comme tout les autres... Tu sais pas, t'as pas envie d'y penser. Et t'envoies chier cette mauvaise pensée avant qu'elle ne prenne possession de ton esprit. Avant qu'elle ne s'insinue en toi pour y mettre le doute. Qu'importe l'après, qu'importe ce qu'il se passera, ce qui compte c'est maintenant. C'est la certitude que t'as, tes yeux dans les siens.