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Je le déteste. Je suis en colère. Et ce que je suis en train de faire me paraît totalement ahurissant. Je ne veux plus quitter ses lèvres, j'veux le frapper. J'ai envie de lui en décoller une quand je sens ses dents sur mes lèvres, que je sens toute sa rage s'évacuer sur moi comme on se défoule sur un sac de frappe, comme on se vide dans une pute. Mais qu'est ce que j'ai envie qu'il continue ! Il m'embrasse de nouveau, malgré le coup entre les jambes. Ça m'a fait du bien de lui faire mal, comme un besoin malsain. C'est tellement puissant. Ce n'est pas de la passion, c'est de la rage. Ses lèvres, ses dents, sa main qui attrape mes cheveux pour me faire tendre le cou vers lui. Sale con va ! Je ne veux même pas imaginer comment il traite toutes les putes qu'il saute. Parce que ce qu'il disait à Eve, c'était bien différent. De la douceur, une tendresse à fleur de peau, du romantisme dans l'air. C'était doux et chaud, c'était sensuel et terriblement jouissif. Mais là, c'est juste violent. Ce n'est pas Eve qu'il embrasse, c'est son fantôme. Il embrasse son cadavre. Il m'embrasse moi, le pote en qui il a perdu confiance. Et ce regard qu'il me jette, son visage à quelques centimètres du mien. Ses yeux qui me crient toute leur colère et leur déception. Et mes yeux revolvers. Sa main fouille la poche de ma veste accrochée autour de ma taille et en retire la clé. Je n'ai pas le temps de réaliser qu'il me pousse vers l'entrée béante, m'attirant dans les entrailles de l'immeuble en m'embrassant de nouveau. Mais qu'est ce qu'il fait bordel ? Je ne vais plus pouvoir m'arrêter, Eve hurle de joie et saute de plaisir. Elle aime ça la salope, elle aime qu'il m'attrape par les cheveux, qu'il m'embrasse à me tuer d'asphyxie. Et ses doigts qui glissent sur la peau de mes cuisses, remontent doucement. Je ne frissonne pas, c'est pour les nanas in love ça. Je ne me demande même plus pourquoi il agit de cette façon avec moi, je m'en fout totalement. Une légère impulsion et je saute dans ses bras sans réfléchir. Putain que je le déteste... Je ne pourrais plus décoller son corps du mien, ma poitrine s'installe contre son torse. Et je serre fortement mes jambes, à lui en briser les côtes flottantes, à compacter ses viscères, à le faire exploser, littéralement. Dans sa violence, il frappe mon corps contre le mur. Gémissements étouffés. Je mords sa joue, ses lèvres, à chaque contact qui me dérange. Et quand sa bouche quitte la mienne pour manger mon cou, je le frappe avec mes pieds au bas de son dos, enfonçant mes talons dans ses reins. Le bruit sourd de mon corps contre le mur se transforme en bruit métallique. J'ai fermé les yeux je crois, parce que je ne réalise pas que nous sommes déjà à l'ascenseur. Mes paupières s'ouvrent et découvre le visage de Noah sans émotion, sans vie. Je le regarde dans les yeux. Pause. Mon majeur glisse sur le métal froid et appuie pour appeler l'ascenseur. Et je le regarde. J'ai envie de poser mes pouces sur ses yeux, de fermer ses paupières, et d'appuyer si fort que je ne verrai plus jamais la rage dans ses yeux. Parce qu'on s'embrasse comme on fait la guerre. C'est la troisième guerre mondiale, pire que les autres, plus violente. Ding ! La porte s'ouvre dans mon dos. En rentrant, j'appuie sur le bouton du dernier étage. Play. Mes ongles griffent ses bras, sans sensualité. J'installe mes doigts autour de son cou, serrant de plus en plus fort alors que j'approche ma bouche de sa joue. Et je colle plus fermement mon bassin contre son ventre. Mes dents se serrent contre son oreille, la lâchent, resserrent. Le souffle joue sur sa peau. Le pouce casse le contact avec son cou et remonte pour caresser ses lèvres du bout de l'ongle. J'entends au loin les bips annonçant les étages qui défilent. Nous ne sommes déjà plus loin du palier de mon appartement. Allons plus haut, encore plus haut.
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