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J'me demande si Cupidon est un peu myope ou un peu con.
J'ai relu ses messages. Une bonne dizaine de fois chacun. En les décortiquant, en essayant de comprendre. En me persuadant que si elle pensait vraiment n'en avoir rien à foutre, elle n'aurait pas répondu. En me convaincant qu'elle essayait juste de me tester, voir jusqu'où j'étais prêt à aller. Me dire qu'elle s'attend à me voir baisser les bras vite en espérant que je ne le fasse pas. Elle me prend la tête. Mille fois plus que quand j'étais parti, j'pensais même pas que c'était possible. J'suis revenu à Boston, et j'ai l'impression que rien n'à changer. C'est encore plus intense, encore plus déroutant. J'lui cours après sans chercher à m'demander pourquoi. Parce que si j'commence à le faire, c'est clair, j'vais fuir encore. Incapable d'assumer l'évidence. J'me persuade moi aussi que si j'fais ça, c'est uniquement par principe. J'dois m'excuser et m'faire pardonner mon indélicatesse, lui avoir posé un lapin, ne pas l'avoir prévenu de mon absence. C'est ce que font les gentleman non ? Et putain, j'le sais que j'me mens. J'le sais, parce que c'est moi, Noah. Noah ne s'excuse pas, Noah n'en a rien à faire. De ce qu'on pense de lui, du fait qu'on le déteste. J'ai voulu qu'elle me déteste, de toutes mes forces, je l'ai cherché. Maintenant que c'est fait, maintenant que je le sens dans sa manière de m'appréhender, j'ai envie d'me mettre une balle dans la tête. J'lui cours après, j'déteste ça. J'me déteste d'être comme ça, aussi préoccupé, aussi en demande, et ... mince. Je n'étais pas préparé. A ce que ça prenne ce tournant là, un virage à 360°, je n'arrête pas de tourner. J'suis sorti de l'appartement. Kenneth m'a conduit à la Dunster House, j'ai fais en sorte de ne pas être vu. Par mes amis, par mes camarades. Je ne suis pas prêt à m'expliquer sur les raisons de mon départ, ni n'ai envie de le faire. Leurs reproches deviennent lourds à encaisser, et comme à mon habitude, mon mécanisme de défense me fait faire des bonds d'humanité en arrière. J'redeviens détestable, froid, hautain, méprisant. J'les repousse, j'leur réponds. Que ouai, j'suis un minable, une merde, un lâche. Et alors ? Allez tous vous faire foutre. J'entre dans la Dunster sous les yeux étonnés de quelques étudiants. J'demande s'ils ont vu Lara, personne ne répond. J'monte les escaliers, arrive à sa chambre. Frappe, une fois, deux fois, et rien. Baisse la poignet, ouvre la porte et ... Crack. Mon coeur rate un battement conséquent, ça me fait une douleur atroce dans les côtes. La chambre est vide et j'ai juste envie ... de disparaitre. Je m'imagine le pire, peut-être qu'elle est partie, peut-être que je ne la reverrais plus. Je m'énerve contre tout, contre elle, contre moi-même. Sors en trombe de la Dunster sous les cris d'un étudiant qui hurle Tu n'as rien à faire là. Ferme ta putain de gueule le gueux, je monte dans la limousine, hargneux. Claque la porte sous le regard faiblard de Kenneth trop habitué à mes crises de colères. J'attrape mon téléphone et fouille vraiment énervé le site de la faculté d'ingénierie. J'finis par trouver l'emploi du temps, son cours se termine dans une demi heure. J'indique le lieu à Kenneth qui m'y conduit. J'suis vert de rage, j'crois qu'il y a tout qu'est entrain d'exploser d'un coup. J'rentre en colère dans l'université, cherche à la hâte la salle de cours en question. Regarde par le hublot des portes. Une porte, deux portes et ... la troisième. Elle est là. J'crois que j'pourrais chialer sur place quand mes nerfs se relâche et que mes épaules se baissent. Je la regarde un instant, bref instant, avant de me reculer de quelques pas quand le professeur approche. Et j'attends. Pour dire quoi ? Pour faire quoi ? J'en sais rien, peut-être la tuer et que ce putain de bruit dans ma tête finisse par s'arrêter.
@Lara Kovalenka
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