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J'me demande si Cupidon est un peu myope ou un peu con.
Sérieusement, j'ai juste envie ... de pleurer. J'crois que je préférais quand elle était froide, quand son regard était dur, quand elle ne me laissait rien percevoir. J'crois que j'aurais préféré qu'elle m'hurle dessus, qu'elle me gifle encore, qu'elle m'insulte, qu'elle me frappe, qu'elle me crache dessus même. J'aurais préféré tout, sauf ça. Son regard éprouvant pour moi, qui sent la déception et la colère à mille lieues. Je l'ai blessé et ... putain, je déteste ça. C'est insupportable. C'est à ce moment là que je mesure mon degré d'attachement. Attaché, je sais que je l'étais, je l'ai compris dans les rues des villes que je sillonnais quand même perdu au milieu de mille et unes activités stériles, je n'ai pas cessé de penser à elle. Mais être attaché au point de détester l'idée même d'avoir pu la peiner, ça c'est ... terrible. Dans toutes les relations que j'ai eu avec les filles, j'ai toujours mis un point d'honneur à les contrarier. A leur faire mal, à les torturer. Même Amanda la Quincy qui ne méritait en rien ce que je lui ai fait, je n'ai pas cherché à la ménager. Je n'ai jamais su que faire mal, et le plus triste dans ma condition de sadique, c'est que j'y trouvais du plaisir. Ou au pire, une indifférence placide qu'aurait fait rougir le diable lui-même. Mais là ... c'est différent. J'ai mal de lui avoir fait mal, mal d'être moi. Et sans pouvoir le contrôler, je me mets à me dire que je suis peut-être nocif pour elle. Que si j'étais moins égoïste, je ne serais pas là. Que je ferais mieux de la laisser tranquille, que ... je suis indigne d'elle. C'est déroutant de se retrouver à ce point à côté de son égo pour quelqu'un qui le sur-joue constamment comme moi. Déroutant de ne pas réussir à la regarder dans les yeux par culpabilité. Déroutant de s'en vouloir à ce point. Et je m'en veux. Affreusement. Je gagne mon aplomb en me faisant violence, balançant sur l'air du jeu qu'on avait fait, des vérités qui ne sont que trop vraies. J'crois qu'elle a saisit le message, il n'y a pas besoin de décortiquer. Et vous savez le pire ? C'est que même quand elle dit accepter mes excuses, je ne suis pas satisfait. Pire, je baisse à peine les yeux sans trop le montrer, honteux. Je m'étais convaincu que j'étais venu chercher le pardon, et quand elle me le donne, je réalise que ce n'était pas ce que je voulais. Que ce n'est pas assez. J'ai voulu me montrer impertinent dans mes expectatives mais la vérité ... c'est que je voudrais ne pas avoir tout gâché. Moi, le destructeur, qui met un point d'honneur à tout foutre en cendre, je suis là à essayer de rattraper quelque chose que j'ai tant de fois voulu éradiquer. Je voudrais que rien n'aie changé, je voudrais qu'on soit comme dans cette limousine, et cette fois au téléphone. Et j'crois que j'ai peur que ça ne revienne jamais. J'crois que j'ai vraiment peur d'avoir tout bousillé, de l'avoir perdu : "Shinjuku", je finis par lancer, essayant de me rattraper à autre chose qu'à mon marasme. Le quartier d'affaire, celui qu'elle devait s'attendre à entendre. Où d'autre aurais-je pu trainer ? Et j'essaye d'alléger tout ça, en prononçant avec beaucoup de maladresse les seuls mots en japonnais que j'ai appris : "Hadjimémashté. Watashi wa Noah desu. Watashi wa ... kibo Whisky". Enchanté, je suis Noah, je voudrais un whisky. Et j'essaye de voir si j'arrive à la faire sourire, même un peu. Rien qu'un petit peu, ça sera déjà beaucoup.
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