OSWALD J. HOLMES ► chloe bennet

Le silence … il n'est brisé que par le balancier de l'horloge, cette horloge que tu as toujours détesté. Tu l'as trouve trop vielle comme beaucoup de choses dans cette maison. Tout te semble si ancien que ça te rappelle presque l'orphelinat à Londres. Pourtant, ici tu reçois bien plus d'amour que tu ne l'aurais jamais imaginé. Il y a encore quelques années, ta vie tu la voyais se dérouler dans les rues et ruelles de Londres à la recherche de n'importe quoi pour te nourrir. A l 'époque, tu étais persuadée de ne pas mériter la moindre once d'amour parce que tu y avais eu le droit mais ça t'avait été arraché sans que tu ne comprennes pourquoi. Du rejet, ce fut aussi simple que ça. Toi, la petite fille qui n'avait rien demandé à la vie mais qui mordait la poussière, tu avais été rejetée. Mère décédée en te donnant naissance, tu avais fini à l'orphelinat où tu n'avais reçu qu'une éducation et rien d'autre. Chaque nuit tu avais espérer partir de cet endroit froid et effrayant sans voir ton rêve se réaliser, du moins pas avant tes six ans. Les Hawthorne. Un couple qui n'arrivait pas à concevoir, un homme et une femme qui rêvaient d'avoir un enfant. Tu fus leur coup de cœur et une fois les papiers en règle, tu emménageas chez eux … trois mois seulement. Ta famille d'accueil allait accueillir un nouveau membre et si toi tu t'imaginais déjà être la parfaite grande sœur, eux ne le voyaient pas ainsi. Ils voulaient un enfant, mais ils n'en voulaient qu'un et tu as été renvoyée à l'orphelinat avec ce sentiment horrible qui t'as bouffé de jour en jour. Tes amis, tu les as vu partir les uns après les autres alors que toi tu restais là, sans plus la moindre trace d'espoir, convaincue que tu ne recevrais jamais d'amour. C'est à douze ans que tu as fini par en avoir marre et que tu es partie avec le peu d'affaires que tu possédais. Tu as vécu dans la rue une année durant avant de tenter de voler le portefeuille de la mauvaise personne … ou plutôt de la bonne personne à bien y réfléchir. Samuel Holmes, héritier de l'empire Holmes dirigé par son père de l'autre côté de l'Atlantique. Si t'as bien cru finir au poste de police et de retour à l'orphelinat, il n'en fut rien. A la place tu vis dans cette immense manoir à l'extérieur de Washington. Ça n'a pourtant pas été facile. Persuadée que tu allais de nouveau être rejetée, tu as fugué mais ce fut sans compter sur l'amour que cette famille te portait déjà. Trois mois et ils t'avaient retrouvé à New York vivant une fois de plus dans la rue. La suite elle est simple, tu es devenue une Holmes. Tu as été adoptée et aimée. « Mademoiselle Oswald ? » Ton regard quitte la photo qui tu fixais depuis un temps indéterminé. Alfred se trouve à la porte du bureau, les mains dans le dos et bien droit. Il ajoute une touche d'ancienneté à cet endroit, à croire que ta famille vit quelques siècles en arrière. Seulement, Alfred c'est aussi ta famille. Aussi neutre et distant qu'il puisse être par moment, il a toujours été là pour ton frère et toi. Pour ton père aussi, surtout pour lui dernièrement. A nouveau, tu t'intéresses à au cadre que tu regardais. Vous avez l'air tous si heureux dessus. Cette journée, tu t'en souviens comme si elle avait eu lieu la veille. Si ton père est le futur leader de Holmes Enterprises, ta mère était dans l'armée et elle a toujours éveillée de la fierté en toi. Ton père l'aimait démesurément, il aurait été capable de tourner le dos aux siens juste pour vivre avec elle. Il n'a pas eu à le faire, parce que ta grand-mère a toujours su faire entendre raison à son mari, une chance pour ton frère et toi. Seulement ce métier dont ta mère était tellement fière, c'est également celui qui lui a coûté la vie. Tu baisses la tête pour regarder ta tenue. Une robe sobre et noire, le genre de robe que tu aurais pu porter à l'un des galas organisés par ta famille … tu aurais préféré que ça soit le cas. « Vous pensez qu'elle l'aurait aimé ? » Tu demandes en redressant la tête. Alfred est toujours aussi impassible, pourtant tu es persuadée que lui aussi est affecté par le décès de ta mère. « Non. » Lance-t-il sobrement. Tes sourcils se froncent alors que tu sens la déception monter en toi. Alfred vient dans ta direction et glisse une main sous ton menton pour te faire redresser la tête. « Elle l'aurait adoré. Il est temps d'y aller maintenant. » Il recule de quelques pas et tend une main dans laquelle tu glisses la tienne. Tu le suis en silence alors que vous quittez le bureau de ton père et que vous gagnez l'imposant escalier en bois massif qui mène à la porte d'entrée. Sur le perron, Alfred lâche ta main et tu regardes la voiture qui t'attend, celle qui va t'emmener au cimetière, le dernier endroit où tu as envie d'aller. Ton frère est à l'intérieur mais ton père t'attend près de la porte. Alors que tu arrives à sa hauteur, il glisse son bras autour de tes épaules et t'amène contre lui. Tu n'es ni de sa chair, ni de son sang mais ça n'a jamais compté. Aux yeux de Samuel et Elena Holmes tu vaux tout l'amour du monde au même niveau que leur fils biologique. « On va s'en sortir. Tous les trois. » Glisse-t-il à ton oreille pour ensuite t'ouvrir la porte de la voiture. Tu vois ton aîné à l'intérieur qui fixe la vitre. Tu le connais par cœur et pour cette raison tu sais qu'il refuse de montrer qu'il pleure, trop fier pour ça. En silence, tu t'assois à côté de lui et tu vas chercher sa main que tu sers dans la tienne alors que votre père entre dans la voiture et que celle-ci démarre en direction du lieu où vous allez faire vos adieux.

Noël. C'est une fête à laquelle tu t'es rapidement habituée lorsque tu es arrivée aux États-Unis. En Angleterre, ça t'étais totalement inconnu et pas uniquement parce que tu as vécu dans la rue. Les sœurs de l'orphelinat ne fêtaient jamais rien, pas même Noël. Pendant longtemps tu as dû te contenter de ce que tu voyais à la fenêtre de ta chambre, espérant qu'un jour tu aurais la chance d'avoir de tels moments en famille. « Oz ? T'as écouté ? » Ramenée sur terre, tu quittes la fenêtre au travers de laquelle tu regardais la neige tomber. William te regarde avec insistante et tu souris comme pour t'excuser d'avoir été ailleurs quelques instants. Pour Noël, ta famille et toi venez souvent dans ce chalet, en Suisse. Il appartenait à ta mère et ton père l'a racheté à sa mort. Venir ici compte beaucoup pour vous et tu ne t'en lasseras jamais. « Pas vraiment, désolée. Tu disais quoi ? » Ton frère lève les yeux au ciel, exaspéré que tu n'es pas été attentive à ses paroles lui qui adore être écouté. « Il te demandait comment c'est passé ta rentrée à Harvard ? » Oui, Harvard rien que ça. Qui aurait pu imaginer que toi, la petite orpheline, l'enfant des rues, entrerait à Harvard un jour ? Sûrement pas toi. T'as tout de même fini par avoir ta lettre d'admission il y a deux ans et, chaque année, William ne peut pas s'empêcher d'essayer de trouver de quoi prouver que l'université où lui est est mieux. « Très bien ! L'ambiance y est toujours aussi agréable si tu veux tout savoir mais les cours c'est une autre histoire. » Tu affirmes en frottant tes mains pour te réchauffer. « Les profs sont assez difficiles mais en médecine c'est normal je suppose. » Parce que tu n'as pas choisi la facilité et que ce cursus te tien énormément à cœur. William est celui qui reprendra les rênes de l'entreprise, mais toi es plus libre et ça, ce n'est pas négligeable. « Et l'intégration ? » Te questionne ton père en quittant la cuisine avec Alfred. Tu regardes le plateau que le majordome apporte avec envie et lui fait même signe de s'asseoir près de toi pour déguster avec vous. « Ça va. Enfin passé la première année ça ne peut qu'aller. Au moins je n'ai plus de bizutages à supporter, c'est plus agréable. » Ça ne sert à rien de cacher son existence. Ton père est un ancien étudiant de Harvard, un ancien Eliot d'ailleurs et même si William étudie à Columbia, le bizutage existe également à New York. Tu n'as eu connaissance de ça que lorsque ton frère a fait sa première année et t'as eu sacrément peur de passer le tien mais finalement ça s'est fait et aujourd'hui tu te sens à Harvard comme chez toi. En plus de ça tu adores Cambridge et Boston ce qui ne gâche en rien ton plaisir de retourner étudier tous les ans. « Aaah le bizutage, je me souviens du mien et ... », « Papa, on connaît. Tu as dû nous le raconter une bonne centaine de fois. » Le coupe William. Ton père te regarde et tu agites la tête, approuvant les paroles de ton frère. « Bien. Et bien portons un toast. » Lance-t-il alors que vous prenez chacun un verre servi par Alfred. « A ces nouvelles vacances ici et à vos années d'études, qu'elles se passent aussi bien que vous le souhaitez. » Tu lèves ton verre et rejoins celui des autres, un sourire aux lèvres avant de boire une gorgée. Tu espères vraiment qu'elles se dérouleront comme tu le souhaites. Harvard est un endroit que tu adores. Tu y as tes amis, une nouvelle famille à tes yeux et tes études. Si ce n'est pas facile tous les jours d'être loin de ceux qui t'ont permis d'avancer dans ta vie, tu es débrouillarde et en t'intégrant à Harvard – et en continuant de le faire – tu ne cesses de le prouver.

Assise sur les marches, tu admires les vagues qui s'écrasent sur le sable un peu plus loin. Le soleil tape doucement sur tes épaules dénudées et dans tes mains tu serres une tasse de thé, une sorte de drogue pour toi, une preuve de plus que tu restes Britannique malgré la disparition de ton accent. La Thaïlande a été le choix que Rhiannon et toi avaient fais. Un besoin de vous éloigner de Boston vous a gagné après la perte d'êtres chères. Arizona, la jumelle de Rhia et Reagan, ta meilleure amie. Rhiannon et Arizona ont toujours été des sœurs pour toi. Adoptée par les Holmes, tu as un frère mais aucune sœur et elles ont rempli ce vide en toi alors que vous n'étiez que des enfants. Vos chemins n'ont fait que ce suivre jusqu'à Boston où vous avez été acceptées dans la même université. Vos vies étaient liées jusqu'à ce drame où Rhia et toi avez perdu une partie de vous-même. Tu as eu autant de mal à te relever que le jour où tu as appris la mort de ta mère. Comment ne pas avoir l'impression que la vie s'acharne sur toi sans pitié alors que c'est à croire que la mort te suit partout depuis ta naissance ? Reagan et toi aviez fait des plans. Stérile mais désireuse d'avoir un enfant, tu avais accepté de devenir mère porteuse pour elle. Tu avais passé pratiquement deux mois à réfléchir à cette grande décision mais tu avais fais le choix d'accepter, pour elle. Ce choix t'a éloigné de ton père même si, avouons-le, c'est ta belle-mère qui l'a fait plus que lui. Mais tu étais fière de ta décision, toi la petite Oswald Holmes qui a toujours plus pensé à son prochain qu'à toi-même. Tu donnes sans jamais rien attendre en retour. Pourtant tu as hésité parce que tu es loin d'être parfaite. Le fiancé de Reagan, tu as toujours éprouvé une certaine attirance pour lui et vous avez dérapé pour ensuite promettre que ça n'arriverait plus car en plus d'être l'homme fait pour ta meilleure amie, il est également ton supérieur à l'hôpital. Mais tu as accepté pour elle de porter leur enfant avant que Reagan ne te soit arrachée. « Ça va ? » Sortie de tes pensées par la voix de ton amie, tu lèves la tête et lui adresse un sourire. C'est ton bouclier, ta manière à toi de cacher les choses lorsqu’elles vont mal. Lorsque tu souffres, tu souris malgré tout parce que tu ne veux pas inquiéter, tu es comme ça. « Oui. » Lui réponds-tu. Rhiannon s'installe à côté de toi alors que tu regardes à nouveau les vagues. « Tu bernes peut-être tout le monde, mais pas moi. » Tu pourrais prétendre ne pas voir où elle veut en venir, mais à quoi bon lui mentir ? Tu soupires et te perds dans l'admiration de ton thé. « Tu te souviens que j'ai accepté de porter le bébé de Reagan et Maël ? » Ton regard se pose sur la jeune femme qui acquiesce en silence. « Je n'y ai plus pensé depuis l'accident mais depuis qu'on est arrivées ici je me sens mal et j'ai fini par aller à l'hôpital il y a deux jours. Il s'avère que ça a marché, je suis enceinte. » Tu termines ton aveu par un soupire las. « Qu'est-ce que tu vas faire ? » Tes épaules se haussent. En vérité, tu n'en sais rien. Tu te pensais prête parce que tu aurais eu Reagan à tes côtés et que ça n'aurait pas été toi qui aurait eu à élever cet enfant mais maintenant tu n'en sais rien. Comment savoir si Maël décidera de s'en occuper ou non ? Tu n'en sais rien et c'est pas ce qui t'importe le plus. « Le garder … je pense. Reagan tenait à avoir cet enfant, même si génétiquement parlant c'est pas sa chair et son sang, ça reste un bout d'elle. » Avorter serait pourtant un moyen d'arranger les choses, de retrouver ton père et de ne pas avoir à craindre pour ton avenir, mais as-tu seulement choisi une seule fois la voie de la facilité dans ta vie ? Non, clairement pas. « Tu sais que je serais avec toi à chaque instant, toujours. » Un franc sourire apparaît sur tes lèvres alors que tu poses ta tête contre l'épaule de Rhia. Sans elle, tu aurais coulé. Il y a des personnes à qui tu tiens plus que ta propre vie comme ta famille et Hardin, ton meilleur ami, mais Rhia sait exactement par quoi tu es passée et dans cette douleur vous vous êtes trouvées quand bien même avez-vous toujours été là l'une pour l'autre depuis votre enfance et ça … tu ne seras jamais assez reconnaissante de l'avoir.

« Merci. » Sans doute a-t-il laissé échapper ça comme ça, sans véritable raison ? Mais il te fixe avec ce regard qui ferait fondre n'importe qui. Tu te perds dans le marron caramel de ses iris avec la sensation que ton cœur va s'échapper de ta cage thoracique d'un instant à l'autre. « De … de quoi ? » Tu bafouilles comme une idiote. Des fois tu te collerais bien une bonne paire de claques pour faire passer ta stupidité. On dirait une gamine de quinze ans face à son coup de cœur du moment. « De m'avoir laissé entrer dans sa vie. » Tu suis son regard et tu fonds encore plus. Ta fille essaye tant bien que mal de faire entrer sa cuillère de glace dans la bouche et tu ne peux t'empêcher de rire lorsqu'elle y parvient en s'en mettant partout. James Arizona Holmes. Cette enfant est devenue le centre de ta vie depuis quasiment deux années. Le choix de ses prénoms n'a pas été anodin. James était le nom de famille de Reagan et Arizona la sœur jumelle de Rhiannon, la marraine de ton enfant. A sa naissance tu as décidé de la garder, de l'élever tant bien que mal. Ça n'a pas été facile. Ton père ayant décidé de ne plus te verser le moindre dollars sur les « bons » conseils de sa nouvelle femme, tu t'es retrouvée sans rien un petit moment avant qu'Alexandra, bonne amie de Reagan, ne te vienne en aide tout comme ton frère. Sans eux deux, tu ne sais pas comment tu aurais fais pour t'en sortir. Maël ayant décidé de partir avec Médecins Sans Frontières, tu as dû faire comme tu as pu en ayant auprès de toi des personnes que tu ne remercieras jamais assez. Au final, tu es parvenue à concilier ta vie de mère et tes études aussi épuisant que ça soit. Et puis, de retour à Boston, le père a voulu connaître sa fille et toujours sous le charme de ce titulaire tu as accepté. Tu ne le regrettes pas un seul instant. Ayant souffert de l'absence de parents puis d'une mère, tu n'as pas la moindre envie que James ne connaisse pas son père, pas si tu peux l'empêcher. Mais, tu dois l'avouer, il n'y a pas que ça. Si tu t'es toujours promis de ne pas avoir de liaison avec un résident – et encore moins avec un titulaire – et s'il a longtemps été le fiancé de Reagan, tu ne peux pas t'empêcher d'espérer que quelque chose se passe entre vous comme ça a pu être le cas une fois par le passé. « De rien. Je tiens à ce qu'elle connaisse son père et tu as droit de connaître ta fille. » Nouvel échange de sourires et de nouveau tu sens des papillons voleter dans ton estomac. Il faut que tu te reprennes, il le faut vraiment même si à cet instant, la scène qui se passe sous tes yeux fait rêver et donne l'impression que vous êtes une belle petite famille … ce que tu voudrais tant offrir à ton enfant.