« 'cause i missed you all summer. »

Il faisait inhabituellement bon ce dimanche sur Cambridge ; vingt-deux degrés, ni trop chaud, ni trop froid. Ça tombait bien pour Aaron qui ne travaillait pas. Après avoir profité d'une bonne partie la matinée pour dormir, il fit comme projet de passer quelques heures au parc. Il adorait passer du temps là bas. Il pouvait y rester toute la journée s'il n'avait rien de mieux a faire - ce qui risquait d'arriver ce jour là d'ailleurs. C'était l'endroit parfait pour faire du sport et profiter de la tranquillité de la nature. Pour un antisocial comme lui, l'endroit idéal pour être seul et au calme, tout simplement. Après une rapide toilette, il enfila un survêtement et prépara un sac à dos avec le stricte nécessaire : un bon livre, son ipod, son portefeuille et une bouteille d'eau. Il quitta enfin la maison familiale sur les coups de 10h. Il profita du trajet pour faire son jogging, ce n'était pas vraiment la porte d'à coté. D'habitude il avait bien besoin d'une demi heure de course pour se vider la tête, mais là il n'avait pas envie de passer le reste de la journée tout transpirant, alors il modéra son allure. Finalement arrivé à son coin favori, à l'ombre d'un arbre, il s'arrêta et éteignit la musique qui résonnait dans ses oreilles pour ranger son ipod. Il s'apprêtait à sortir son livre mais il aperçut plus loin la belle Constance, assise seule. Contre toute attente, il laissa l'envie de solitude de coté et il la rejoignit avec discrétion pour déposer ses mains sur ses yeux et lancer un bon vieux « devine qui s'est ?! » c'était rare venant d'Aaron d'aller vers les gens, même ses amis ! Mais après un été sans la voir, il n'allait pas raté cette occasion de prendre de ses nouvelles.

Ce jour là serait un tournant définitif dans la vie de chaque étudiants qui travaillent à Harvard. En effet il était dimanche, et le lendemain c'était la rentrée des cours. Deux mois tout à fait estivaux s'étaient écoulés, deux mois pendant lesquels Constance avait eu fort à faire en allant au Summer Camp. La jeune femme avait décidé de partir du côté de Cambridge Common en s'installant sur les bancs à côté du parc. Habillée d'un jean, une chemise et un bonnet sur la tête, Constance s'apercevait que l'automne était de retour. Une légère brise agitait les branches des platanes bordant le quai, puis vint donner du mouvement aux longs cheveux blonds de la dite Bridges. Deux années scolaires s'étaient écoulées depuis qu'elle avait adhéré à Harvard. Dans l'enceinte de cette magnifique Université, elle avait vécu des choses uniques, rencontrés des personnes magiques, et apprit plus de notions qu'elle n'en apprendrait surement durant le restant de sa vie. Livre à la main, Constance s'étonnait elle-même de lire un fascicule de littérature concernant sa troisième année. C'était pas de son habitude de réviser avant même de commencer la rentrée, mais après tout la blonde s'ennuyait et ne voulait pas rentrer chez elle. Avec sa mère qui était partie d'ores et déjà travailler, et son père qui critiquait le fait qu'il fallait qu'elle travaille encore plus sur la littérature et qu'au cheerleading… Tout à coup sans s'apercevoir de quoi que ce soit, deux mains atterrirent sur le minois de la blonde et une voix d'homme vint interrompre ses pensées : « devine qui s'est ?! » répondit-il en laissant place au mystère. Mais bien que maladroite, elle devina la voix de son ancien faux petit ami et maintenant ami, Aaron. Constance était amoureuse et ça il n'y avait aucun doute ! « C'est toi Aaron, je t'ai reconnu ! » déclara-t-elle sous le charme du jeune homme, enlevant à la fois ses mains de son visage. Cette dernière se leva pour lui faire une accolade. « Alors qu'est-ce que tu as fais durant ces vacances ? »

Aaron qui venait de poser ses mains sur les yeux de Constance en toute discrétion ne savait même pas si il devait s'attendre à ce qu'elle le reconnaisse ou non. En presque deux mois, elle avait le droit d'oublier le son de sa voix. Elle mit fin à ses doutes en prononçant son nom, pour le plus grand bonheur d'Aaron. Il dégagea alors ses mains pour lui faire face en reprenant avec humour « je suis fier de toi, tu ne m'as pas oublié pendant l'été ! » bien sur, c'était de l'humour à la Aaron. Pas extrêmement drôle et presque déplacé. De toute façon il a jamais été doué pour faire des blagues Il reprit un naturel sérieux, laissant un sourire illuminer son visage face à la demoiselle. « eh beh.. rien de particulier, j'ai travaillé toutes les vacances. et toi alors ? on m'a dit que c'était cool le summer camp ! » depuis que les étudiants étaient rentrés de ce fameux camp de vacance, tout le monde ne faisait qu'en parler, alors c'était comme si il en revenait lui aussi. Mais bon, il voulait quand même l'avis de la blondinette sur la question. Peut être que certains avaient plus appréciés que d'autres. Aaron posa son sac au sol et il se permit de s'assoir près de la jeune femme. Il regarda alors le livre qu'elle avait dans les mains et il s'excusa « désolé de t'interrompre dans ta lecture. » il arqua un sourcil en lisant le titre du livre. Très peu d'élève se mettait à réviser avant la rentrée et il trouvait ça étrange de la part de Constance, mais il ne fit aucun commentaire, relevant les yeux pour l'observer à nouveau.

Pour le plus grand bonheur d'Aaron, Constance l'avait reconnut. Cette dernière était contente de le revoir lui et son visage à en faire tomber plus qu'une. Elle se souvenait à peine quand tous les deux sortaient ensemble pour le plaisir et le malheur des autres, la blonde ne se rappelait que des bons moments passés avec lui et non à son accident qui bouscula tout. Peut-être le destin avait-il fait exprès de les séparer ainsi ? Il fallait qu'ils retrouvent d'autres affinités que des fausses. « je suis fier de toi, tu ne m'as pas oublié pendant l'été ! » répondit-il en évaporant les pensées de Constance. Comment pouvait-elle l'oublier, après tout ? « Je n'oublie jamais un visage ou une voix. » menti-elle à peine concentrée sur son fascicule. Aaron reprit son naturel en esquissant un sourire agréable face à la blondinette. « eh beh.. rien de particulier, j'ai travaillé toutes les vacances. et toi alors ? on m'a dit que c'était cool le summer camp ! » Aaaah le Summer Camp, une vraie bombe ! Constance avait choisi d'y aller pour ne pas passer ses journées chez elle avec son père, qui répétait sans cesse des choses déplacés ou encore insensées la concernant. La jeune femme s'était éclatée et personne ne pouvait dire le contraire. « Les vacances ce n'est pas fait pour se reposer Aaron ? Pour le Summer Camp, oui et tu à la confirmation maintenant. » Elle essayait du mieux qu'elle pouvait pour paraître transparente à son charme. « désolé de t'interrompre dans ta lecture. » remarqua Aaron dès qu'il constata le livre qui se trouvait entre les cuisses de Constance. « Ah ça, ne t'excuse pas je révisais. C'est assez particulier pour ma part, mais au moins ça m'évite de rentrer chez moi. » termina-t-elle en lui montrant d'une main ce fameux livre.

A sa réplique, Aaron secoua légèrement la tête en répliquant, sur de lui. « on ne peut pas dire que le travail à la librairie soit très fatiguant. » Aaron adorait cet endroit et il aimait rendre service à son grand père alors ça ne lui déplaisait pas le moins du monde. La solitude était pour lui tout à fait acceptable et même habituelle. Il s'intéressa de nouveau à elle et lui demanda. « t'as fait quoi de beau ? à part les journées bronzette et les soirées trop alcoolisées. » Il eut une pointe d'amusement à prononcer ses mots, se demandant de quoi était fait le reste de son programme. Finalement il observa le livre qu'il avait plus tôt remarqué et il commenta. « c'est cool, tu t'y prends en avance. » En entendant la suite de sa réplique, il haussa légèrement les épaules. Aaron n'était pas le genre de gars à éviter constamment son père ou ses grands parents, c'était même le contraire. Il accordait beaucoup d'importance à sa famille et il profitait de chaque jour avec eux. La perte de son frère et de sa mère avait été bénéfique pour le coup. Malgré son opinion sur la famille il restait compréhensif, tout le monde n'avait pas les même liens que lui. Il pouvait comprendre que Constance ne s'entende pas merveilleusement bien avec ses parents. Il reprit alors « mais si tu veux échapper à ta famille, y'a de meilleurs bouquins ! tu devrais passer à la librairie un de ces jour, je pourrais te conseiller. » Dans son langage, c'était comme une invitation à venir se réfugier dans son endroit favori qu'était l'immense bibliothèque 'kingstone's books'. Tout le monde n'avait pas la même passion que lui pour les livres mais ça restait un endroit calme et enrichissant.

Aaron secoua le tête et sûr de lui, répondit : « on ne peut pas dire que le travail à la librairie soit très fatiguant. » Il était vrai qu'en travaillant dans une libraire, ce n'était pas ennuyeux et encore moins importun. Constance se préoccupait assez pour Aaron ces temps-ci, il rendait service à son grand-père et travaillait quasiment seul. Voilà une chose que la belle blonde n'aurait pas su faire, elle était toujours entourée de personnes il était presque improbable de la voir seule, sauf en ce jour. « Si tu aimes faire ça, alors je ne peux pas te contre-dire. » déclara-t-elle en faisant la moue, pour faire semblant d'être déçue. Deux secondes après Constance élargit ses fines lèvres pour former un sourire narquois, pour lui faire comprendre sa 'blague'. « t'as fait quoi de beau ? à part les journées bronzette et les soirées trop alcoolisées. » dit Aaron à la pointe de l'humour, comme il savait si bien le faire. « Et bien des épreuves, des jeux et tout le reste. Encore faut-il que je me souvienne exactement de tout ce qu'on a fait... » De très bons souvenirs, mais il fallait laisser place à la rentrée maintenant. « c'est cool, tu t'y prends en avance. » répondit-il en haussant les épaules, Constance enchaîna : « Oui c'est mieux que rien. » Dès cette phrase finie, la jeune blonde songea directement à son père. Après tout c'était lui le fautif de sa sortie dans le parc, et non sa mère. Il lui arrivait de prendre la défense de sa fille, mais ce que disait son père n'était pas bien méchant. Après tout être un avocat, ça ne fait qu'accroître les discussions. « mais si tu veux échapper à ta famille, y'a de meilleurs bouquins ! tu devrais passer à la librairie un de ces jour, je pourrais te conseiller. » Qu'est-ce qu'il était gentil, et pourtant si naïf envers les sentiments de la belle. « T'es trop mignon. Mais t'inquiète pas c'est seulement mon père, bon avocat qu'il est ça m'étonne pas. » annonça-t-elle, ne voulant pas trop étaler le sujet et d'ennuyer Aaron. Constance poursuivit : « Mais oui, bien sûr que je viendrai un de ces-jours. »

Aaron n'ajouta rien à propos de son été. Il avait été.. convenable disons, il n'en demandait pas plus. De toute façon il n'était pas comme tous les autres jeunes de son age et ça tout le monde le savait. On l'aime comme ça notre Aaron, ou pas. Il écouta les prouesses de son été, elle avait l'air de s'être bien amusé et pourtant, ça ne l'attirait pas le moins du monde. C'était son genre à elle les sorties et les amis à gogo. Elle était très différente de lui. Ça ne voulait pas dire qu'ils ne s'entendaient pas, bien au contraire, mais ils passaient des bons moments juste ensemble. Avec Aaron il ne fallait pas compter sur les sorties, il est beaucoup trop antisocial. Il préfère de loin une soirée devant un bon film, à deux ou à trois grand maximum. Il força tout de même un sourire. « Ça avait l'air très.. joyeux ! T'as pas du t'ennuyer. » Il ne savait pas mentir mais il essaya tout de même de se montrer enthousiasme. Elle le connaissait certainement trop bien pour se laisser avoir par un faux sourire mais bon, il se sentait obligé. Il s’intéressa à la réplique qui suivit, à propos de son père. Il arqua un sourcil sans pouvoir s'empêcher d'ajouter « Il peut bien avoir le métier qu'il veut, il reste ton père. » Il trouvait minable de la part du père de Constance de ne pas s’intéresser plus à sa fille. C'est vrai quoi, c'était une fille particulièrement géniale, elle méritait une famille consciente de cela. Aaron grimaça puis il pencha quelque peu la tête pour observer la jeune femme. Il demanda alors « Tu veux en parler ? » Il était honnête, une bonne oreille et une épaule sur laquelle pleurer avec Constance. Il voulait se rendre utile et il résoudrait tous ses problèmes si il le pouvait, mais malheureusement il était trop faible, trop impuissant pour ça. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était être un bon ami et l'écouter, lorsqu'elle était d'humeur à se confier.

Summer Camp c'était une expérience inoubliable, mais que Constance ne referait jamais une deuxième fois. Une fois suffisait amplement pour la blonde, qui pour elle les choses ne se font pas en deux fois. A part les films qu'elle avait apprécié, bien sûr. « Ça avait l'air très.. joyeux ! T'as pas du t'ennuyer. » Aaron mentait et ça se voyait sur son visage, Constance le connaissait trop bien pour s'en apercevoir. Comment le pouvait-elle savoir ? D'abord son sourire qui ne paraissait pas enthousiasme et ses pensées qui se dirigeaient ailleurs que de regarder son amie. Mais elle ne fit rien pour ne pas trop s'attarder sur cette petite erreur. Aaron regarda Constance étrangement avant d'ajouter : « Il peut bien avoir le métier qu'il veut, il reste ton père. » répondit-il sans trop brusquer les choses. « Il parle sans cesse… » contenta-t-elle d'ajouter. Il restait son père certes, mais il n'avait pas sa langue dans sa poche et sûrement à cause de s'adapter à son métier. « Tu veux en parler ? » Constance avait passé sa journée au parc à éviter ce sujet là. Peut-être était-il temps d'en assumer les conséquences ? Plus la jeune femme en songeait, plus elle voulait en parler. « Mon père a commencé à me parler de choses déplacés sur moi. Je suis partie car j'en avais assez de l'écouter. Il ne fait que me rabaisser sur ce que je fais, il veut absolument que je réussisse ma vie en accomplissant ce qu'il veut lui. D'abord me concentrer plus sur le cheerleading que la littérature, trouver un petit-ami richissime. On se croirait au Moyen Âge ! » déclara-t-elle directement en fronçant les sourcils.

Aaron se sentait bien lorsque son amie acceptait de parler. Non pas qu'il aimait savoir qu'elle avait des problèmes avec son père ! C'était plutôt une histoire de confiance. Leurs confidences les rendaient très complice et leur amitié ne s'en portait que mieux. Bien qu'Aaron ne soit pas bavard lorsqu'il s'agit de raconter sa vie, il l'est lorsque c'est pour être sincère et amicale. Il fronça les sourcils en l'entendant et il répliqua de manière plutôt positive, pour une fois. « Je suis certain qu'il t'aime et qu'il ne veut que ton bonheur, même s'il a de drôle de façon de le montrer. Il ne se rend pas compte de la chance qu'il a d'avoir une fille comme toi. » Il adressa un sourire emplit de tendresse envers Constance puis il se mit à réfléchir à une solution à son problème. « T'as déjà essayé de lui parler ? Je veux dire, de lui faire comprendre qu'on peut être belle et intelligente à la fois ? Que l'argent ne fais pas le bonheur ? Si c'est un si grand avocat, il est assez intelligent pour comprendre ça quand même. » Bien sur, c'était bien plus facile à dire qu'à faire. Il se rendait compte que le dialogue entre Constance et son père ne devait pas être facile. Il se dit que la vie chez elle devait être plutôt tendu. Pourtant, il avait vraiment du mal à se mettre dans la tête de Mr Bridges. Comment pouvait-il être aussi aveugle et ne pas voir toutes les qualités qu'avait Constance ?

Constance accordait sa confiance à Aaron et lui accordera toujours, d'ailleurs. C'était son ami et avait le droit de le savoir, mais elle avait eu peur qu'il ne trouve ses problèmes barbants. « Je suis certain qu'il t'aime et qu'il ne veut que ton bonheur, même s'il a de drôle de façon de le montrer. Il ne se rend pas compte de la chance qu'il a d'avoir une fille comme toi. » assura-t-il la jeune femme tout en faisant un sourire tendre envers cette dernière. Le jeune homme essayait de résonner le plus possible Constance, tout ce qu'il disait n'était que de la réalité. La blondinette le savait constamment, mais n'osait pas trop se montrer aimable envers celui qui ne faisait que de la corriger sans cesse. Son père ne se rendait pas compte de la chance d'avoir un enfant, pourtant sa mère en profitait pleinement. Il était trop aveugle et ça Constance en était consciente. « C'est assez difficile de lui faire ouvrir les yeux. » Aaron enchaîna pour une solution à son problème : « T'as déjà essayé de lui parler ? Je veux dire, de lui faire comprendre qu'on peut être belle et intelligente à la fois ? Que l'argent ne fais pas le bonheur ? Si c'est un si grand avocat, il est assez intelligent pour comprendre ça quand même. » La phrase d'Aaron était certes juste mais c'était trop facile. « J'ai essayé une fois, il s'est tût mais n'a rien compris. C'est un avocat brillant, mais je crois qu'il ne fait pas l'effort de me voir telle que je suis. Chez moi ce n'est pas si tendu que ça en a l'air, mais dès que je commence à parler de petit ami ou des études il commence… » affirma-t-elle lassée par le comportement de son père, ce si grand avocat à la gentillesse cachée.