Cole ► Double jeu

Le type qui avait bousillé notre caméra. C’était donc lui le mec d’Athéna. Elle était tombée bien bas. Sur le coup, je me remémorai la scène, lors de la bagarre, lorsqu’il avait fait la courte échelle à l’autre sorcière de VP mather pour qu’elle casse notre vidéo surveillance. « Ca m’étonnerait pas que ça soit eux… » Sage, Maxime, et toute la clique… « C’est des vandales, ils l’ont prouvé là… » Casser un système de vidéo surveillance hors de prix, enflammer une confrérie, prendre des photos et les faire circuler en douce, c’était tout à fait dans leur corde tout ça. Et ça me paraissait être les parfaits coupables. Je repris le fil de notre discussion, m’arrachant à mon enquête mentale, pour répondre à la question du blond au sujet de la close. « Qu’elles ne devaient pas fricoter, s’allier ou se réunir avec eux… Je pensais que c’était assez évident, et Ivy avait l’air même décidée à faire fermer leur confrérie à l’époque. Je me doutais pas qu’Athéna allait s’afficher ensuite avec un de ces guignols. » Sinon, clairement, moi aussi j’aurais rajouté des petites lignes… C’était trop tard désormais, les alliances étaient signées, et la présidente cabot était dans son bon droit, même si pour ma part, sa liaison avec Max la menace, je la voyais aussitôt comme une haute trahison. En même temps, vu mon état actuel, tout était facilement interprété comme une déclaration de guerre. La preuve lorsque je lus un texto de mon meilleur ami. Abe accusait de façon véhémente Tate, et les pièces du puzzle se mettaient en place dans ma tête : Tate coupable. Tate le traitre. Tate qui voulait récupérer la VP. Ca avait du sens, ce n’était pas dingue. Je n’avais PAS ENVIE d’y croire, mais l’idée s’imposait peu à peu à moi et mon cerveau dérangé faisait le reste, alimentant cette théorie, imaginant même une liaison entre Lucky et lui. Darwin avait beau essayé de me modérer, c’était trop tard, l’engrenage était lancé. « Va falloir enquêter… » J’allais l’avoir à l’œil, j’allais le suivre, je n’allais rien rater de ses déplacements… Je ne comprenais pas pourquoi tous refusaient de s’alarmer vis à vis de Noah. Il était évident qu’il n’était pas parti, cet été, ok, il avait eu besoin d’air, mais il était resté joignable, puisqu’à l’époque alors on s’était engueulé au sujet de Kyla lui et moi. Alors pourquoi aujourd’hui, son –besoin d’air- se traduirait-il par un silence radio ? Ce n’était pas normal. Et ca ne pouvait vouloir dire qu’une chose : ce n’était pas un –besoin d’air- mais un enlèvement. « Tu devrais quand même alerter les autorités. J’ai essayé d’aller au poste, mais les forces de l’ordre m’ont dit que c’était aux membres de la famille de venir les voir… » Ils avaient surtout dit ça parce qu’il avait vu la lueur démente dans mes yeux et m’avaient pris pour un dingue. Et puis un fils de duc disparaissait et il n’y avait qu’un de ses potes de fac pour s’en inquiéter ? Pas de branle bas de combat de la part de la famille royale ? Je n’avais pas été crédible du tout, c’était surtout pour ça qu’ils n’avaient pas pris ma déposition là bas, et c’était pour ça qu’il fallait que Darwin s’y rende. Pour qu’on retrouve au plus vite notre Noah. Je restais stupéfait ensuite, en écoutant mon interlocuteur douter d’Abé. Ca me laissait songeur, je refusais cette hypothèse et pourtant, la voilà, germant dans mon esprit, prête à éclore à la moindre petite preuve contre le belge. Darwin se moqua, concluant que j’allais finir seul, et je pris la mouche. Je n’étais pas en état de plaisanter alors montant sur mes grands chevaux, j’approuvais que je préférais être seul que mal accompagné, que si il était là avec de mauvaises intentions il pouvait d’ailleurs prendre la porte. Il s’agaça à son tour, dans un speech censé m’ouvrir les yeux, se levant ensuite. « Attends… » J’enfouis ma tête entre mes mains dans un soupir, en avouant : « Je n’y arrive pas Darwin… Je n’y arrive plus… » Les migraines ne passaient pas, toujours là, pour m’obscurcir un peu plus l’esprit. Je relevai les yeux vers lui pour ajouter : « J’ai l’impression que le monde entier est contre moi… » Je serais capable de douter de ma propre sœur, de ma propre mère… Je me sentais comme sur un fil, prêt à tomber, sans filet pour me rattraper…