Un enfoiré, voilà ce que je suis, je le sais, je l'assume, ou presque, parce que je joue les planqués, parce que cette fois-ci, je n'ai pas lancé la rumeur ouvertement, j'ai acheté un téléphone prépayé pour envoyé cette rumeur, cette photo de Cole et Lucky. Réussir à obtenir la confiance de Kyla pour en savoir des belles sur mon vice-président, c'était une très bonne idée, même si je ne compte pas m'éloigner d'elle maintenant, parce qu'elle peut encore m'être utile. Après tout, Cole m'a bien fait comprendre qu'il ne voulait pas que je la touche non ? Comment réagira-t-il quand il saura que sa chère petite Kyla qui ne semble toujours pas vouloir partager couche avec moi depuis déjà un mois, qu'elle la vite oublié dans mes bras. Enfin, pour l'heure, le texto envoyé à tout les Eliots, président et vice président, Cole et moi-même y compris, je range le téléphone prépayé sous le siège de ma moto, éteint. Je démarre alors, pour aller chez Cole, parce qu'on avait parlé de se voir, alors je vais chez lui, pour voir sa réaction en directe, pour avoir droit à sa panique, ses inquiétudes et ses spéculations en directe, le voir douté de tous et j'espère qu'il ne va pas me soupçonner. Pourquoi le ferait-il après mon dernier message ou je cherchais justement à rallier les Eliots ? Mon bizutage par sa soeur me fournit au final un bon alibi. C'est assez drôle, même si déjà Xaver sait que c'était un bizutage. Bref, je suis devant la porte de chez Cole, lisant le texto de la rumeur que je viens de lancer sur mon propre cellulaire. Je sonne à la porte. Attendant qu'il vienne maintenant m'ouvrir.
Je sursautais en entendant mon téléphone vibrer sur la table basse et me redressai d’un bond sur le canapé sur lequel je m’étais assoupi… Quelle heure était-il ? Les cheveux en vrac, j’avais complètement perdu la notion du temps… Cette nuit avait été particulièrement agitée. Ca faisait des semaines que je dormais mal, mais ce soir ça avait été le summum. En plus de l’insomnie, j’avais eu ces violents maux de tête. La fatigue avait fini par l’emporter finalement. Un coup d’œil à l’horloge et je découvris l’heure déjà avancée : 10H. J’attrapai mon cellulaire et ma mâchoire manqua de se décrocher en découvrant le sms reçu, la photo qu’il contenait. C’était donc vrai, j’étais suivi, espionné, et en voilà la preuve. Ma méfiance excessive, dont certains se moquaient tant était tout à fait justifiée. Je n’étais pas parano. Je me levai, criant le prénom de mon coloc mais Hadès ne répondit pas, et je me souvins alors qu’il avait des cours dans la matinée. Des coups à la porte me firent une nouvelle fois sursauter. Quelqu’un venait me chercher, ça y est, j’allais finir comme Noah, comme Misha… Le cœur tambourinant, les céphalées oppressantes commençant à nouveau à envahir ma boite crânienne, je m’approchai à pas de loup de la porte pour découvrir sur l’écran du visiophone qui se trouvait sur le porche. On avait équipé l’entrée de caméra. On avait également investi dans un scan rétinien, mais nous n’avions pas encore réussi à l’installer. Un technicien devait venir le faire pour nous, celui qui nous avait livré le matériel ne m’inspirait pas confiance alors j’avais voulu embauché un autre employé pour l’installation du dispositif. En attendant, je soufflai de soulagement en découvrant le visage amicale de Darwin. Déverrouillant les x verrous de ma porte blindée, j’ouvris au garçon, le tirant par le bras à l’intérieur en le pressant : « Entre vite, que je referme derrière toi… L’heure est grave Darwin. » La porte claqua derrière lui et je réactivai les verrous un à un. « Personne ne t’a suivi ? T’es sûr ? »
Devant la porte de l'appartement de Cole, j'attends qu'il daigne ouvrir la porte et entre le moment où j'ai signalé ma présence et le moment où la porte s'est ouverte devant moi, il doit bien s'être écoulé quoi ? Plus de dix minutes ? Sérieux qu'est-ce qu'il foutait ? Genre j'ai que ça à faire attendre devant sa porte ? Mais bon quand il m'ouvre, je m’apprête à le saluer. En vain. Oh non, il ne referme pas la porte devant moi, que du contraire, il me tire à l'intérieur, comme s'il avait peur que je me fasse pousser et ainsi peut-être permettre à d'autre personne de rentrer. Du coup, je me retrouve super rapidement à l'intérieur et enfermé avec lui derrière les nombreux verrous de la porte... Je fixe celle-ci alors qu'il me demande si j'ai été suivi. "Tu sais... Qu'avec autant de verrous... En cas d'incendie, t'es mort avant que tout ne soit ouvert..." Marqué par l'incendie de la Eliot House ? Moi ? Ja-mais ! On se fait des idées... mais dans tout les cas, je tourne la tête vers lui. "Non, j'ai pas été suivi. pas que je sache en tout cas. Pourquoi ?" Je le questionne avant de me reprendre. " A cause de la photo... Tu l'as reçu aussi ?" Le questionnais-je ? Bien sûr qu'il la reçu, sinon, il ne serait pas dans cet état et surtout, je le sais parce que c'est moi qui l'ai envoyé, mais en même temps, jouer la comédie, c'est tellement mieux quand on croit soi-même à son innocence... Je dois faire celui qui ne sait pas qui l'a reçu après tout, même si ça semblait assez évident que le principe intéressé l'ai non ? Bien que je ne l'ai pas envoyé à Lucky. Cela aurait été moins drôle. Je le regarde alors. "Ça va toi ?" Je sais même pas pourquoi je pose la question, ça se voir clairement à sa tête qu'il ne va pas bien... mais en même temps, la poser montre bien que je m'inquiète pour lui non ?
Le mot qui ne fallait pas dire. J’écarquillai les yeux en l’entendant évoquer un potentiel incendie et le fait que tant de verrous me condamnait à périr entre les flammes. Oh, je m’en souvenais encore du feu qui avait ravagé la EH. « T’as entendu parler de ça ? Quelqu’un veut remettre ça chez nous ? Qui ? On a donné l’adresse qu’aux gens de confiance… » Des gens de confiance… La liste se réduisait petit à petit autour de moi. J’avais de plus en plus de mal à savoir à qui je pouvais me confier. Le blond en face de moi restait quelqu’un de sûr. Penser à un potentiel nouvel incendie avait une nouvelle fois fait s’accélérer ma fréquence cardiaque, mais je retrouvais mon calme en pensant à tout ce qu’on avait mis en place ici : « On a investi dans des alarmes et on a équipé le plafond d’extincteurs qui s’auto déclenchent. » expliquai-je en levant l’index en l’air. « Par contre, c’est fini les cigares en intérieur du coup… » Nous qui voulions faire notre gentlemen’s club ici, c’était cuit. Enfin, on trouverait un moyen. Mais hors de question de désactiver le dispositif, même pour le meilleur des cigares cubains en notre possession. « J’ai pas envie que l’on nous localise. » Ce –on- vaste, indéfinissable, dans lequel j’avais tendance à englober tout le monde et n’importe qui. L’ennemi. Le grand, le vaste, le large –ennemi-. « Oui à cause de ça. Je pense que ça prouve que mes doutes étaient fondés : on me suit, quelqu’un m’en veut, quelqu’un veut s’en prendre à moi. Tu me crois maintenant Darwin ? » lui demandai-je alors, plantant mon regard allumé d’une lueur démente dans le sien. J’avais besoin d’entendre quelqu’un me dire que je n’étais pas dingue. Et à ma tête de déterrée, mon interlocuteur s’inquiéta alors, me demandant si ça allait. « Je ne crois pas… J’ai eu du mal à dormir, et maintenant ça. Je pense que quelqu’un veut me détruire Darwin… La question est qui… » Je massai un instant mes tempes avant de désigner le canapé du séjour en l’invitant à s’y installer : « Je te sers quelque chose ? » Pour ma part, j’attrapai un verre, de l’eau et y laissai fondre un cachet d’aspirine pour essayer de vaincre cette fichue migraine.
J'avoue que c'était pas très malin de ma part de parler de l'incendie, mais c'est quelque chose qui m'avait marqué et que je n'allais pas oublier de si tôt, dés qu'il faisait trop chaud je redoutais de voir des flammes ou même de la fumé, de ressentir encore la même chose que cette nuit-là... Mais là, il n'y a rien, juste une porte trop bien fermée... "J'ai rien entendu, j'étais assez occupé à refaire tout mes papiers et mes cours, mais sinon, non, j'ai rien entendu de nouveau... Tout ce que je sais c'est toi ou The Punisher qui me l'avez fait entendre." Lui précisais-je alors, jouant pour le coup franc-jeu avec lui, parce que je n'avais réellement rien entendu de plus sur l'incendie, hormis les spéculations à la con de la radio et de Cole qui doute de tout le monde... Je lève alors mon regard au plafond quand il me le montre pour voir le dispositif dont il me parle maintenant. "C'est l'avantage de ne pas fumer." Plaisantais-je un peu pour tenter de le détendre un peu, parce que pour le coup, c'est clair qu'être non fumeur dans une telle maison, c'est un avantage de choix.
J'arque alors un sourcil à ce qu'il me dit. "Cole... On est pas dans un film d'espionnage ou je ne sais quoi.? T'as pas à te cacher comme ça..." Dis-je un léger air débité sur le visage a ses propos plus que parano, parce que c'est clairement de pire en pire son cas. En fait, à agir de la sorte, je vais juste l'envoyer en hôpital Psychiatrique. Mais dans un sens, c'est probablement là où est sa place. Je le regarde alors le questionnant sur la photo et il ne tarde pas à me répondre, me confirmant que c'est à cause de cela. "Cole... Calme toi déjà, il faut commencer par te calmer et on en discute d'accord ? Je suis là, alors on va trouver des suspects et voir qui pourrait t'en vouloir pour faire ça d'accord ?" Je pose mes mains sur ses épaules, pour chercher à le calmer et à me regarder, pour qu'il se calme, pour qu'il cesse de paniquer, parce qu'au fond, c'est bien ce qu'il fait non ? Je le regarde alors me proposer de m'asseoir. "Toi vas t'asseoir. Je vais aller nous chercher quelque chose, dis moi juste ou est la cuisine... Et essaye de te calmer d'accord ?" Je le pousse alors doucement vers le fauteuil pour qu'il y prenne place.
Je réagis au quart de tour au mot incendie. Du feu ? Où ça ? Qui ça ? Qu’avait entendu Darwin ? Nos ennemis avaient-ils l’intention de remettre ça ??? Le blond répliqua alors que non, il n’avait eu vent d’aucun projet du genre, trop occupé dans les démarches administratives, comme nous tous, les expat’ de la EH. Les seules données qu’il avait il les tenait du Punisher de la radio et de ma petite personne. « Je me disais que comme tu étais à la CH, et qu’elles sont passés dans le camp ennemi, tu avais peut être entendu des choses… » expliquai-je, presque déçu que ce ne soit pas le cas. Personne ne semblait avoir la vérité sous le coude, et l’enquête qui trainait, trainait… Ca avait le don d’accentuer encore plus ma méfiance déjà bien exacerbée. Je montrai ensuite, non peu fier, les investissements dans lesquels on s’était lancé, Hades et moi. « J’ai pas très envie de prendre une douche tout de suite maintenant… » Quoi que ça me remettrait peut être un peu les idées en place, et ça m’éviterai de lancer des regards nerveux vers la fenêtre sans cesse, comme si je m’attendais à voir l’un de ses ennemis imaginaire débarqués près de nous pour intercepter cette discussion. « …donc on va éviter de fumer. » Un faible sourire étira mes lèvres, restant sur les nerfs et sur le quai vive, malgré moi, et malgré la présence rassurante de celui que je pensais véritablement mon ami et allié. Je secouai la tête à ses mots : « Je préfère être prudent… » L’adresse n’avait été divulgué qu’aux personnes qu’on estimait de –confiance- parce que j’avais clairement contaminé Abe et Hades avec ma paranoïa et qu’ils me rejoignaient sur la nécessité de davantage de sécurité autour de nous. En même temps, de leur côté à eux, les jumeaux, ça s’expliquait plus clairement par leur histoire familiale et personnelle. Pour ma part, quelle était mon excuse ? Je ne réalisais pas la démence dans laquelle je m’enfonçais peu à peu. Heureusement que Darwin était là, parce que la photo ça ne faisait qu’amplifier mon sentiment de persécution, il me força à me calmer, je soufflai un peu, bredouillant : « Je suis désolé. J’ai un fichu mal de crâne en plus, j’ai du mal à dormir ces derniers temps… » Je soufflai à nouveau, secouai les épaules, et allai m’asseoir comme il me conseillai de le faire. « La cuisine est en face, prends ce que tu veux… Moi je ne peux rien avaler. » Mon aspirine fondu me servirait de petit déj. Quand mon ami revint, j’avais eu le temps de réfléchir un peu à sa question, celle des gens qui pourraient m’en vouloir. « J’ai une liste d’ennemis plutôt fournie… » commençai-je à avouer d’abord avant de préciser : « Mais si ça se trouve c’est elle… C’est Lucky elle même, ça ne m’étonnerait pas elle traîne avec Ash, Sage… Ou alors c’est Wade. Ca serait tout à fait son genre, surtout que j’ai menacé assez explicitement sa nana, sa fille, sa petite famille… Ou alors c’est Lewis. Tu sais un mather, ce salopard qui nous a canardé lors de notre lâché de vermines… Ou alors Aaron. On a été amis par le passé, avant Harvard, avant tout ça, mais désormais c’est un mather alors… » Bordel que la liste était longue. Et pour l’instant, c’était sur les verts que mon cerveau de parano semblait faire une fixette.
En voyant la réaction de Cole, je réalise que je n'aurais peut-être pas du parler de l'incendie, mais en même temps, c'était un évènement récent pour lui, comme pour moi, où l'un comme l'autre on avait manqué d'y laisser des plumes, ou pour être plus correcte, la vie... Un évènement qui nous fait encore peur et que l'on aimerait oublier, ne pas avoir vécu. Sauf que l'on doit faire avec et voir autant de verrous sur cette porte, ce n'est aucunement rassurant pour moi en cas d'incendie, parce qu'on prendrait réellement trop de temps à ouvrir cette fichue porte... "Non, j'ai pas entendu grand chose, donc je peux pas aider, mais comme je t'ai dis, faut arrêter de spéculer à tout va. Les Cabots ne sont pas passées à l'ennemi. Enfin, je ne le vois pas comme ça, même si ça me fait grave chier de voir ce mather avec Athena..." Ouais, un minable comme Maxime ne mérite clairement pas de sortir avec une fille comme Athéna, elle est beaucoup trop bien pour lui... Enfin, là n'est pas la question à cet instant, j'ai pas trop intérêt à montrer l'intérêt que je peux avoir pour la présidente des roses à Cole, sinon, il serait capable de croire que je retourne ma veste pour une fille avec qui je ne suis même pas... Il psychote beaucoup trop, je lui ai dit, mais je ne sais pas comment le lui faire comprendre réellement... Il s'en-tête et s'enfonce en permanence dans sa paranoïa...
"C'est plus de la prudence à ce niveau..." Mais encore une fois, je vais parler dans le vent, il ne va pas comprendre ce que je veux dire, il va continuer de vivre dans son délire de persécution et croire que tout le monde veut le détruire, excepter les personnes qui le veulent réellement, comme moi par exemple... Sinon, il est clair qu'il ne m'aurait pas ouvert la porte, enfin, en même temps, je la joue discret... Il me parle maintenant de ses soucis de santé à cause de tout ça. "En même temps, t'es une boule de nerfs. Essaie de boire une tisane, du lait avec du miel ou encore de passer tes nerfs sur un bâton de réglisse, ça te détendra peut-être." J'avoue ne pas trop savoir quoi lui proposer d'autre non plus, étant donné que je ne suis pas un expert dans le domaine du stress et des typologies nerveuses, n'étant pas réellement ainsi pour ma part. En même temps, si je l'étais, je ne serais pas du tout comme je suis, du genre à faire des magouilles, parce que ça me stresserait trop. Enfin, il me propose de me servir à boire et je lui conseille juste de s'asseoir, le laissant me dire juste où est la cuisine pour me servir moi-même.
Je reviens quelque minute plus tard après avoir prit une canette de soda dans le frigo. Je prends alors place en face de lui dans un des fauteuils présent et j'écoute sa réponse à la question que je lui ai posé avant d'aller me servir. Ouvrant ma canette, je l'écoute, acquiesçant à ses paroles pour lui faire comprendre que je l'écoute. "Je vois... Mais d'abord... Réponds à ma question... Lucky et toi, il y a quoi entre vous ? Et ne me dit pas rien, parce que tu ne lui tiendrais pas la main alors. Ce que tu me dis ici restera entre nous d'accord ? On n'est pas sur écoute, il n'y a que toi et moi, alors parle moi Cole, dis moi la vérité pour que je puisse t'aider au mieux." Dis-je alors, en sortant mon téléphone de ma poche pour l'éteindre et lui montrer que je n'enregistre pas la conversation, si jamais il douterait de mes paroles, de ma pseudo bonne foi.
Je les entendis à peine, ses conseils, réitérés pour la énième fois, comme quoi je devais peut être arrêter de voir le mal partout et de spéculer. Non, je l’entendais d’une oreille, et ça ressortait aussitôt par l’autre, ma tête trop occupée à sauter sur toute potentielle bride d’information qui incriminant je ne sais qui… Alors quand j’entendis qu’Athéna sortait avec un mather, ce n’est que sur ce détail que mon esprit se focalisa : « T’es sérieux ? Elle sort avec un mather ? » Ca alimentait encore davantage ma méfiance actuelle à l’égard de la cabot. Tout ce que Darwin pouvait dire se changer rapidement en huile sur le feu avec moi. C’était de l’excès de prudence selon lui, et d’ailleurs il souligna mes gestes nerveux, me qualifiant de boule de nerfs. Il avait raison, j’étais probablement trop sur la défensive, tendu, sur le quai vive, pour réussir à sombrer dans un véritable sommeil réparateur. Mes coups d’œil nerveux en direction de la fenêtre l’illustraient bien, et le soir, dans mon lit, c’était le même cinéma. Je me tournais, me retournais, me levais pour aller voir les écrans de sécurité, vérifiant à plusieurs reprise le bon enclenchement de notre alarme de sécurité, comme pris de toc compulsifs. Mais non, je n’étais pas dingue. Je refusais d’entendre ses explications. Je refusais d’aller consulter un psy, comme plusieurs personnes me l’avaient déjà suggéré. Je n’étais PAS taré. La preuve, ce sms : c’était bien que quelqu’un voulait ma peau non ? Ma peau peut être pas. En fait ce que cela prouvait simplement c’était que j’avais une personne déterminée à me discréditer. Mais pour moi, la menace était amplifiée. « Je n’ai pas soif. » répondis-je simplement quand le blondinet me conseilla les pisses mémés en guise de relaxant. J’exécutais néanmoins son second conseil, me laissant tomber dans un des fauteuils de la pièce. Il revint après s’être servi un soda et s’installa à son tour. Il m’écouta et je devais avouer que son calme à tout épreuve, son scepticisme, le fait qu’il ne fonce pas tête baissée dans chacun de mes délires, ça m’apaisait. Ca me changeait de mes colocs qui à contrario nourrissait à 200% mes théories de complot. Le garçon me posa ensuite, posément, une question : il voulait que je clarifie mon histoire avec Lucky. Le regard vide, je secouai la tête avec dépit : « Je me suis simplement fait avoir… Comme un débutant… Elle m’a trahi, elle m’a eu. C’est évident qu’elle veut me détruire. Elle me soutenait que non, mais j’avais raison ce jour là… » Puis essayant d’atterrir un peu, mon regard trouva celui de mon interlocuteur et je me repris, histoire de pouvoir expliquer les choses avec des mots qui auraient un peu plus de sens pour lui : « J’ai pas toujours eu les grandes ambitions que j’ai actuellement pour la confrérie. Quand je suis arrivé à Harvard au début, j’étais eliot parce que Victoria était présidente de cette confrérie, mais ça ne m’a pas empêché de m’amuser… » Comprendre d’aller traîner dans le lit de quelques mathers. « Avec Lucky, on avait pris l’habitude de coucher ensemble. Une habitude qui a pris fin quand je me suis mis officiellement en couple. » Pour résumer nos débuts simplement. Pour la suite, c’était plus complexe. « Mais elle a jamais digéré ça je crois, qu’on arrête de se voir… Peut être qu’elle avait déjà en tête ma chute. Parce qu’à la rentrée, je lui ai confié qu’on ne devrait plus se voir, mettant en avant ma candidature pour les élections, et elle n’a pas cessé de me chercher ensuite… » Est-ce que c’était ce jour là, dans la forêt, qu’elle avait décidé qu’elle allait me discréditer ? Me ruiner ? « Après ma rupture, j’ai cru naïvement que peut être, nous pourrions renouer avec nos anciennes habitudes, mais peu de temps après, il y a eu l’incendie alors on s’est pris la tête lorsque je l’ai accusée d’avoir quelque chose à voir avec cet incident. » Je me repassais dans ma tête l’enchainement des évènements à mesure que je me confiais à Darwin : « Et puis lorsque j’ai appris la disparition de Noah, j’ai brisé le silence entre nous pour la convoquer dans cette rue et l’interroger… D’où la photo… » Regard blasé vers mon téléphone. « Mais tout était calculé. Depuis le début surement, elle n’attendait que cela. Que je revienne vers elle pour pouvoir me détruire, me faire virer… » Et dans ma tête ça fumait, ça travaillait, ça explosait : qui était le complice de Lucky ? Parce que clairement, elle ne pouvait pas être à mes côtés ET prendre la photo. « Quelqu’un l’a forcément aidé… » Alors qui ? Mon portable vibra à nouveau. C’était Abe, et je fis alors par de la théorie de mon meilleur ami à Darwin : « Abe soupçonne Tate. » Je me décomposais un peu à cette idée, et pourtant les arguments du belge n’étaient pas idiots : après tout, le suisse pouvait très bien être jaloux de ma petite personne, étant donné que je me retrouvais à la place qu’il occupait l’an passé. « T’en penses quoi toi Darwin ? » Mon regard se planta dans le sien, presque suppliant de me trouver un autre coupable à blâmer. Mais pourtant, déjà, dans ma tête, l’idée faisait son chemin : Tate m’avait surement trahi…
Oui Cole, remue bien le couteau dans la plaie, c'est pas comme si personne n'était au courant. Je le regarde et soupire, haussant les épaules. "Ouais, avec Maxime, mais me demande pas son nom de famille. J'en sais rien. Enfin si, c'est un truc comme Klaxon ou Parkinson, je sais plus trop... Fin, tu vois le genre ?" Lançais-je alors, sans réellement cherché à faire dans l'humour, mais bon, en même temps, je retenais pas son nom, déjà, le fait que je retienne son prénom, c'était bien, de trop même pour le mec que c'est. Trop de considération pour de la merde, c'est jamais bon. Enfin soit. Faut bien faire avec là. Je laisse Cole un instant pour aller me servir à boire, mais je reviens assez rapidement, lui conseillant alors de s'asseoir et lui proposant quelques trucs pour l'apaiser un peu, comme de la tisane, cependant, le vice-président des bleus ne semble pas décidé à suivre cette méthode, mais s'il ne veut pas, tant pis pour lui. Tendre la main pour aider quelqu'un à se relever c'est faire un effort, mais quand la personne ne veut pas se relever, c'est juste perdre son temps et je ne compte pas brasser de l'air pour rien, j'ai d'autre chose à faire, comme le précipité encore plus, beaucoup plus bas. Je l'invite donc à se confier à moi, me dire toutes l'histoire qu'il y a entre lui et Lucky, chose qui pourrait m'être réellement utile dans un futur plus ou moins proche. Je reste donc silencieux, le temps qu'il parle, m'explique sa version.
Il est alors interrompu par un texto et m'en explique rapidement le contenu à sa façon. Je reste silencieux et réfléchit un moment. "Tu penserais que Tate et Lucky se serait arrangé ensemble ? C'est ça l'idée ? Sauf que de ce que tu me dis de cette fille. j'ai plus l'impression qu'elle t'en veut de l'avoir abandonné comme une vieille chaussette. Elle espérait peut-être plus entre vous avant que tu te mettes en couple... Tu crois pas ?" Je le questionne alors, parce que je savais ce que ça faisait de se voir l'herbe couper sous le pied par une autre personne alors qu'on aime, qu'on est accro à quelqu'un... "Ensuite, concernant Noah. Je te l'ai déjà dit, il n'a pas été enlevé, mais bon, puisque tu fais la sourde oreille, continue de croire tout ce que tu veux et tout ce que l'on te dit. Si je venais à te dire que c'était Abelard le texto, tu te mettrais à douter de lui, parce que quelqu'un te laisse entendre qu'il doute de lui." Je le fixe et hausse une nouvelle fois les épaules. "Parce que tu vois, je pourrais argumenter en disant, c'est bizarre, il n'est pas là, alors que tu te fais attaqué et la première chose qu'il fait, c'est lancer des accusations. Cela peut paraître suspect aussi. mais si on commence à accusé tout le monde à tord et à travers, ça ne va pas aider et tu vas finir par te retrouver tout seul. mais peut-être qu'au fond, c'est ce que tu veux Cole ? Te retrouver tout seul." Je le fixe alors, le questionnant du regard. "C'est le meilleur moyen pour être en sécurité dans un sens. Personne proche de toi, dans ta vie, dans ta maison."
Athéna avec un mather ? Tout s’expliquait désormais. Enfin leur petite sauterie avec les verts pour Halloween prenait tout son sens. Je secouai la tête, énervé, en apprenant l’identité du type. « C’est celui qui a bousillé notre caméra de surveillance avec Sage. » rageai-je en me rappelant la scène, lors de la confrontation entre Alexander et Darwin, peu de temps après la rentrée. « Bordel, je savais qu’on aurait du ajouter une close là dessus dans l’alliance… » Un truc pour les empêcher de se mêler à ces raclures de mathers. J’avais bien eu une close moi, qui m’empêchait de frapper Landry ou Wade. Thanks Ivy. Je ne pouvais m’en prendre qu’à moi même, d’avoir signé sans lire toutes les petites lignes. Posé ensuite sur l’un de mes fauteuils, je ruminais, ronchonnant, à la fois contre Lucky, parce qu’après ce sms c’était évident qu’elle était impliquée jusqu’au cou, et aussi contre moi même… Parce que lors de notre dernière rencontre, je m’étais un peu laissé prendre à son jeu, je l’aurais presque crue, quand elle m’assurait ne vouloir que mon bien, ne rien avoir à voir avec toutes ces histoires…J’expliquai ensuite à mon interlocuteur le lien sulfureux qui existait entre la brune et moi avant d’être interrompu par un sms. Abe. Il soupçonnait Tate. « Pourquoi pas ? » répondis-je alors que Darwin semblait perplexe sur la complicité possible de Tate et Lucky. « Non, Lucky n’est pas le genre de nana qui se met en couple… » rigolai-je en imaginant mal la jeune femme dans ce genre de situation, encore moins avec un type comme moi, avec qui elle passait le plus clair de son temps à s’engueuler. « Mais peut être qu’elle en pince aussi pour Tate… Peut être même qu’il couche avec elle, que c’est pour ça ET pour récupérer sa place de VP qu’il s’est allié à elle. » Gloire, sexe, pouvoir. Trois motifs parfaits pour me trahir. Et entre deux maux de tête, mon cerveau s’emballait imaginant déjà ce scénario comme véridique. Et puis connaissant le moineau, c’était tout à fait plausible : Tate était pire que casa nova. Il avait même eu Hippo dans son lit, preuve que même les plus farouches il savait les dompter. Darwin objecta quant à la disparition de son cousin. « Je ne crois que ce que vois. » répliquai-je. Ou plutôt tu vois que ce que tu crois mon petit Cole ha ha. « Et pour l’heure, je constate qu’il n’est pas là. Qu’il ne répond pas à son téléphone, et que lorsqu’il avait eu besoin d’une pause cet été, après le décès de sa mère, ce qui est quand même nettement plus bouleversant que la fin d’une histoire avec un plan cul bas de gamme, il répondait. » Là il avait juste appris que Sage l’avait fait cocu et était enceinte d’Alexander, rien de bien étonnant quand on connaissait un peu le personnage. J’avais toujours pas saisi l’intensité de leur lien ni de leur sentiment fallait croire, pour moi la mather restait un simple passe temps sexuel pour mon ami et c’était tout, la fin de leur coucheries ne justifiait donc pas pour moi une disparition et un silence d’une telle ampleur. Je relevai la tête, attentif aux mots de Darwin quant à Abé. Je tiquais quand même. L’idée s’infiltra néanmoins dans mon esprit, prête à ressurgir à la moindre petite preuve. « Non, pas Abé… » soufflai-je en secouant la tête. Mais trop tard, la graine était plantée, et elle allait germer plus tard, dans quelques semaines, grâce à une autre enflure de mon entourage. Je rebondis sur son avertissement : « Je préfère être seul que mal accompagné. D’ailleurs, si tu n’es pas là pour m’aider, tu peux prendre la porte Darwin. » répliquai-je sèchement. « Je te raccompagne maintenant ? » Je n’allais avoir aucun scrupule à faire un tri sélectif parmi mes proches, qu’importe ce que cela me couterait. Il ne faut pas s’encombrer des gens qui ne veulent pas véritablement de nous, il ne faut pas s’embarrasser de faux amis. Il me fallait des alliés. Des vrais. Des solides. Et ma question était un test pour savoir dans quelle case Darwin se plaçait.