Noah A.
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Noah vagabonde encore. Il parait qu'il est en Europe. Il est passé par Amsterdam, chez ses parents, et se paye quelques jours à Prague. Les filles, le whisky, et les paris sportifs. Il assume de moins en moins son départ, ne cesse de penser à Harvard, ceux qu'il aime et voudrait revoir. Son cousin, sa Lily, ses meilleurs amis. Même Lara, il y pense souvent, un peu trop à son goût, à tel point que ça devient dévorant. Et puis Gabrielle. Gabrielle, son âme sœur. Aujourd'hui, une lettre arrive à la Eliot House pour elle. Noah a de plus en plus de mal à être loin d'elle. Assis sur son canapé de velours à regarder ces filles danser, ils se demande : jusqu'à quand j'vais faire semblant ? Pourquoi rester ? Ici, dans tout ça, la fuite permanente ? Qu'est-ce que j'fous là ? C'est pas ma place, c'est pas moi.
Vous n'êtes pas à l'abris de le revoir très bientôt. Le temps qu'enfin il réalise que peu importe les choses horribles qu'on traverse, l'essentiel est d'apprendre à toujours trouver ça beau. Aimer, se déchirer, se battre, pleurer. Même souffrir, c'est beau. Parce que ça nous rend humain et que c'est probablement le truc le plus divin qu'on ait.
Noah vous embrasse bande de carcasses (et si vous êtes une fille à forte poitrine, ou un garçon à forte poitrine d'ailleurs, merci de laisser votre numéro de chambre à Darwin )
Vous n'êtes pas à l'abris de le revoir très bientôt. Le temps qu'enfin il réalise que peu importe les choses horribles qu'on traverse, l'essentiel est d'apprendre à toujours trouver ça beau. Aimer, se déchirer, se battre, pleurer. Même souffrir, c'est beau. Parce que ça nous rend humain et que c'est probablement le truc le plus divin qu'on ait.
Noah vous embrasse bande de carcasses (et si vous êtes une fille à forte poitrine, ou un garçon à forte poitrine d'ailleurs, merci de laisser votre numéro de chambre à Darwin )
- Lettre à Gabrielle:
- Mon amour,
Combien de lettres commencées, combien de papiers froissés, combien de stylos usés. Je n'en ai aucune idée. Et pourquoi est-ce si difficile de t'écrire à toi ? Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à mettre en forme mes pensées stériles ? Je ne sais pas. Il y a ce truc qui me bloque, au début, il me rendait fou. J'ai finis par creuser, le dépecer, et comprendre. Que si je n'y arrive pas, à t'écrire des mots de loin, à te parler comme si j'étais parti, c'est parce que je ne t'ai pas quitté. Je suis encore avec toi, depuis le premier jour et ce cours de droit, je n'ai pas cessé d'être avec toi. Comment pourrais-je ne pas l'être ? Pense-tu qu'il soit possible de ne vivre qu'à moitié ? Sans l'autre partie de soi ? Non, je ne crois pas, parce que toi, Gabrielle, tu es la plus belle partie de moi. Et loin de toi, ce que je suis, ce que je fais, n'a aucun sens. Aucune consistance. Aucune finalité. Tout ce que je fais, c'est errer comme un fantôme de plus pour me punir d'avoir cru aimer. Je n'ai pas aimé, je ne peux pas avoir aimé. Tout ça n'avait tellement rien à voir avec ce que je ressens pour toi que j'ai finis par avoir honte, par avoir peur de moi. De ces merdes que je m'enfonçais dans les yeux pour croire que je pouvais faire comme les autres. Je m'en veux tellement d'avoir espérer pouvoir devenir un de ces médiocres, banales et normales, fuir ma tristesse, ma solitude, vivre tout ce qui me construit comme un fardeau. J'ai honte de ce que j'ai été cet été, en me réveillant, c'est venu frapper à la gueule comme un coup de hache. J'me suis fendu, j'ai cru pleurer, et j'ai cherché à m'évaporer. J'veux dire, vraiment. M'éparpiller comme un essaim d'atomes, semer les graines un peu partout, dissiper mes particules comme de la poussière de carbone après un grand feu. J'me suis mis en fumé, enfumé, asphyxié. J'suffoque comme un gueux à la seule pensée de devoir me supporter, encore et encore. Me supporter comme ils m'ont vu, comme ils me voient. J'ai tellement honte de ne pas avoir su me concentrer sur tes yeux, de les avoir laisser me faire douter de moi. Pour ça, tu as le droit de m'en vouloir. De ne pas avoir tenu ma promesse, de m'être laissé berner. D'avoir plongé dans l'illusion morne pour me faire aimer. J'ai courru comme un pourri après leur amour dégueulasse, et quand j'ai ouvert mon corps, j'ai vu qu'ils n'avaient laissé aucune trace. Superficiel, putain de superficiel, j'me suis laissé avoir par ces artifices et j'ai tourné le dos à l'essentiel. Je courbe l'échine devant la folie. Je deviens vraiment fou quand tu ne me regarde plus. Tes yeux, ta bouche, ta voix, tout me manque. J'ai besoin que tu me dessine, que tu me redonne forme. Je ne sais pas ce que je fous Gabrielle, je ne sais pas ce que j'ai foutu. J'ai fuis pour des raisons minables, impulsif et instable comme je suis. Toi, tu sais. Que même en ouvrant les yeux, je ne me suis jamais vraiment réveillé. Ce que j'ai traversé, ce que j'ai vu là-bas, c'était si ... douloureux, que je n'arrive pas à l'encaisser. C'est un secret, je te le laisse à toi : je me sens faible, et je n'ai pas les bras pour me porter. Ma tête éclate comme une bombe atomique, mon cœur ... Mon cœur est un putain d'impudique, il se moque de moi. Alors je me concentre sur toi, j'essaye, je fais, de toutes mes forces. Loin de tous ces morts, ces médiocres, mes yeux s'assombrissent et enfin ne puis-je voir qu'avec mes sens. Et mes sens, ce qu'ils me disent, c'est que même en étant devenu la figure de l'absence, c'est vers toi que je tend, c'est vers toi que je cours. Maintenant, et pour toujours. Cette fille, cette rumeur, je n'en ai rien à faire, parce que ce n'est pas toi. Ni ça, ni le reste, rien n'est toi. J'ai mis des coups de pioches à la pierre tombale que j'avais dressé pour ma prétendue fille et j'ai pissé dans le trou. J'en avais besoin. Planté mes yeux au ciel et dire à la terre que je la baiserai mille fois pour ce qu'elle a voulu me faire croire. Je ne lui appartiens pas. Tu ne lui appartiens pas. Toi et moi, nous ne sommes pas à elle, nous sommes d'ailleurs, et tu le sais. Alors, par pitié, ne te laisse pas avoir par leurs fausses idées. Ne nous enferme pas dans un carcan spatial, ne les laisses pas te faire croire que je t'ai abandonné parce que tu ne me vois plus, parce que je n'y suis pas physiquement. On est tellement plus que ça, tellement mieux que ça, on n'a pas besoin d'un lieu, d'un temps, pour être ensemble. Je n'ai pas besoin de réalité ou de sens pour être à toi. Tout à toi. Entièrement à toi. Je suis toi et tu es moi, n'ose jamais en douter. Si tu savais à quel point je t'aime, s'il était possible de mesurer. Je te récite par cœur, de tes airs insolents, à tes baisers dans le cou. Et tes yeux. Je suis amoureux de tes yeux. Je ne suis chez moi nul part, parce que chez moi, c'est là où tu es. Là où tu veux me trouver. Chez moi, c'est toi. Et bon sang, si tu savais comme je pourrais crever, là, maintenant, tout de suite, si tu me le demandais. Comme je pourrais me forcer à vivre si tu me disais que c'est ça que tu voulais. Même vivre, pour toi, je suis cap. Tu me manque, et je te laisserais me manquer encore plus si cela était encore possible. Et merde, je me fiche du propos de cette lettre, elle n'est ni une excuse, ni un adieu. Je viens te rappeler de fermer les yeux, de ne rien écouter. Ni eux, ni les voix dans ta tête qui veulent te faire croire que j'aurais pu te lâcher. Je refuse de te laisser croire que j'aurais pu te lâcher. Gabrielle et Noah ne s'abandonne pas. Peu importe où je vais dans leur monde stérile, je ne suis pas Noah sans Gabrielle. Ici, je ne suis qu'un fantôme. Tout a ton odeur et rien n'a de gout. Noah est avec toi, dans tes bras. De tous les endroits sur terre, c'est le seul que je voudrais occuper. M'éteindre dans tes bras, mille fois, si je le pouvais. Je t'aime bordel, c'est incroyable comme je t'aime. Ferme les yeux, notre planète. Ferme les yeux comme tu l'as fait quand j'étais dans ce lit d'hôpital. Tu te souviens ? Tu l'avais sentis. Que je n'étais pas parti. Je ne suis pas parti. Je ne partirais jamais. Jamais.
Noah
(Noah A.)