(sage) when hate stops for one night

Tu marchais de nuit, profitant du calme d'Harvard pour te perdre dans tes pensées. T'aurai pu prendre la voiture ou un taxi, mais t'avais besoin de marcher. De respirer un peu d'air frais, de faire le vide avant de rejoindre ta chambre provisoire dans la maison Barbie. Tu te faisais pas à la vie à la Cabot House, ta maison te manquant terriblement. Tu te rattachais au fait que c'était provisoire et que tu voyais quand même tes proches entre deux cours ou le week end. Tu marchais tranquillement et t'arrêta net quand un bruit se fit entendre pas très loin. Tu te retournais le coeur battant, pour vérifier si on te suivait ou non, mais il n'y avait que toi dans cette allée. Tu pivotais sur toi même pour reprendre ton chemin alors que quelqu'un apparaisait dans ton champs de vision. Tu fixa la silhouette pour en deviner les contours de Sage. Putain, pas elle. T'es pas d'humeur à te prendre la tête avec qui que ce soit là, tu veux juste aller te coucher. Sauf que Sage n'a pas l'air dans son état normal, ses lèvres bougent toute seule et elle a l'air morte de froid. T'aurai pu être une connasse et passer ton chemin, sauf que tu gardes à l'esprit que cette fille a plus moins compté pour Noah et t'as pas envie que ça te retombe dessus si jamais il lui arrive quoi que ce soit. Putain. On peut savoir ce que tu fous ici ? demandes-tu à l'attention de Sage, t'avançant vers elle. Plus t'avançais et plus tu remarquais qu'elle était vraiment pas dans son état. Elle était loin d'être sobre. Putain, tu fais chier Sage ! T'es pas d'humeur à jouer les babysitteur mais à croire que c'est ce qui allait se passer ce soir. T'étais enfin à sa hauteur et t'attrapais son bras. Allez viens, je te ramène à la Mather House. Tu grimaçais rien qu'à l'idée de te devoir te retrouver là bas mais tu te disais que tu le faisais pour Noah.

Plus les jours passent et plus ton état empire, plus les jours passent et plus son manque se fait sentir. T'as bu, beaucoup bu, tu tiens à peine debout, tu sais même pas comment t'as fait pour atterrir jusqu'ici toute seule. Un vent glacial règne depuis quelques jours, caressant ton corps depuis bien trop longtemps ce soir que tes lèvres ont pris une couleur bleutée, que tes dents claquent malgré toi, frigorifiée et tremblante t'es déboussolé. Tu sais pas c'que tu fous ici, tu sais plus rien, t'es a l'ouest, à deux doigts du coma éthylique et le cliquetis d'une paire de talons se fait entendre. Tu te lève apeuré, vivant dans le flashback de ta nuit horrifiante du summer camp. Tu te redresse, attendant de voir le visage de ton agresseur, tétanisée par le fait de lui refaire face de nouveau.. Et Non, c'est une blonde, une blonde que tu reconnais à peine, tu la connaît, tu l'sais Mais impossible de t'en souvenir. Court circuit, plus rien ne fonctionne chez toi. T'as mal à la tête et sa voix te brûle, tu fermes les yeux en mettant tes mains sur tes tempes douloureusement. - J.. J'sais pas où j'suis.. Tremblante, tu regardes autour de toi, sans savoir pourquoi tu te met à pleurer alors que sa main se pose sur ton bras. Hésitante, tu la suit dans un sanglot que tu n'contrôle pas. - J'ai peur.. Tu souffles en regardant devant toi, en faisant face à la nuit noire, le cœur battant tu n'peux t'empêcher de poser les yeux partout, tu psychotes, t'es dans ton monde, beaucoup trop loin ce soir.

Tu t'attendais pas à tomber nez à nez comme ça avec Sage, surtout en pleine nuit. La preuve c'est que t'as d'abord cru qu'on te suivait. Mais c'était juste elle, plus bourrée que jamais. T'as franchement pas envie de l'aider là, ça serait que de toi, tu l'aurais planté en plein milieu de l'allée et tu serais partie sans te retourner. Vous êtes pas amies, t'es censée la détester. Sauf que vous avez Noah en commun et même si c'est censé être fini entre eux, tu le connais assez bien pour savoir que tu peux pas te permettre de faire ça. T'as juste qu'à prendre sur toi et la ramener dans son lit. Elle te sort qu'elle sait pas où elle est, la voix tremblante. Tu la fixes quelques secondes et te rends compte qu'elle est vraiment à l'ouest. J'm'en serai douté. Tu finis par attraper son bras, histoire d'être certaine qu'elle te suive et la voilà qui se met à chialer. Elle est sérieuse ? Et après on se demandait pourquoi tu supportais pas les gens bourrés. Sage a peur, qu'elle dis. Tu souffles, agacée de la situation. Je vais pas te bouffer Lewis. Ce serait même pas marrant t'façon, elle est aucunement en état de se défendre dans cet état là. Tu serres légèrement son bras, essayant de la rassurer et de la traîner à ta suite. J'sais pas ce que tu fous là mais tu serai beaucoup mieux dans ton lit. Et toi dans le tien.

T'as ingurgité trop de substances, tu sais même plus ce que t'as pu prendre, avec qui, quand, drogue dure ? Drogue douce ? Tu sais plus rien, tu sais à peine qui tu es et le seul fait qui te revient en tête c'est ce putain de soir que tu te tue à essayer d'oublier. Le coeur serré, tu regardes partout en pleine paranoïa, en plein délire, t'es dans un autre monde, une autre planète et cette main qui se pose sur toi. Tu entends à peine ses mots, ses remarques qui ne prennent aucun sens dans ton cerveau. T'as du mal à en comprendre le sens, tu la regarde, tu regardes simplement ses lèvres s'agiter en plissant les yeux, mais c'est comme si elle parlait une autre langue. Elle serre ton bras et tu pars dans des sanglots sans fin, tu pleures, tu fonds en larme comme une enfant sans savoir pourquoi. Tu pleures misérablement devant cette fille dont t'arrive même pas à te souvenir du prénom. - Tu comprends paaas ! Tu comprends pas putain !! Et dans un élan tu dégages ton bras de son emprise, reculant en manquant de tomber, t'as l'impression que le sol tremble sous tes pieds, que la terre tourne tellement vite que t'arrive plus à suivre le rythme. - J'veux mon bébé.. Rendez-moi mon bébé bordel.. Et tu pleures encore et toujours, tombant genoux au sol, ta main posé sur ton ventre, laissant les perles salées s'écraser au sol. Vulnérable, pathétique, sans aucune force.

C'est quand tu rencontres Sage sur ton chemin que tu te rends de deux choses : t'aurai du prendre un taxi et t'as bien raison de pas abuser de l'alcool. Franchement rien qu'avoir ce que ça a donné pour toi y'a un an et maintenant devant tes yeux pour Sage, y'a de quoi fuir l'alcool à toute vitesse. Sage ne sait pas où elle est, avec qui, ce qu'elle fait et elle pleure sans raisons. Qui voudrait s'infliger ça, franchement ? Pas toi, ça, c'était sûr. Voilà pourquoi tu méprisais les Mathers et pourquoi t'es agacée de devoir t'occuper de l'ex de Noah. C'est pénible, tu comprends à ce qu'elle raconte et pourquoi ces pleurs redoublent ? Putain, putain, putain. Crois moi que j'aimerai bien comprendre ce qu'il se passe ? Est-ce que tu te rends compte dans quel état tu es ? Toi tu rends pas compte que tu parles dans le vent, Lewis est pas là. Elle est ailleurs, dans un monde où ses plus grandes peurs lui font face. Et toi, tu peux pas comprendre parce que tu sais pas, tu la connais pas. Et tu t'en rends d'autant plus compte à la suite de ces paroles. Mais de quoi tu parles Sage ? Tu t'énerves plus pour toi même qu'autre chose. Sage ne t'entends pas alors qu'elle est à genoux devant toi, en train de pleurer. Fucking mess. Et c'est toi qui doit gérer ça ? Tu t'abaisses à sa hauteur et tentes maladroitement de la rassurer. T'es trop bourrée Lewis, y'a personne qui veut prendre ton bébé imaginaire. Y'a que toi et moi, Lisa-Rose pour te ramener à la Mather où tu serai mieux dans ton lit, ok ? Putain c'est si difficile à comprendre ?

Ça faisait longtemps que t'avais pas fait de bad trip de ce genre mais apparemment, pour toi, ce soir, tes démons l'emportent, tes cauchemars, tes pires craintes prennent le dessus sur la raison, sur le bon effet que peut avoir habituellement sur toi toutes ces drogues et l'alcool. Le temps s'est arrêté, t'es figé dans le passé, dans cette putain de soirée où t'as laissé ton âme, ta vie, le peu qu'il resté encore de toi. T'as tout laissé là-bas et là, tu rejoues la scène encore et encore, en boucle, à genoux sur ce sol froid et humide qui te glace le sang. "Mais de quoi tu parles Sage ?" Et tu lèves les yeux vers elle, incohérente, incomprise, l'incompréhension sur ton visage. Tu regardes autour de toi, le Coeur battant la chamade sans pouvoir le contrôler.. Elle vient se mettre à ta hauteur et tu l'écoute, t'essaye de te concentrer sur chacun de ses mots, t'essaye de faire le lien entre tous et ça te demande un putain d'effort surhumain. - Li.. Lisa.. Et se prénom retentit dans ta tête, sonne comme un écho, rebondissant de tous les côtés. - Il est Pas imaginaire ! Il était là.. Et.. Et il me la prit.. Tu fonds de nouveau en larme, contre elle sans pouvoir te retenir, inconsciemment, malgré toi, tu fonds en larme comme si on venait de te planter des millions de couteaux dans le ventre. - Notre bébé.. À Noah et moi, il est plus là Lisa.. Que tu répètes à plusieurs reprises contre son épaule.

Sage est vraiment tout ce que tu détestes à ce moment là : complétement à l'ouest, ayant perdu le total contrôle de la situation. Elle semble être comme en transe, seule témoin de ce qu'elle est en train de vivre dans son délire. Parce que c'est ce que tu crois ce que c'est : juste un immense délire. Parce que tu comprends pas de quoi elle parle, tu comprends pas pourquoi elle se met dans tout ses états, genoux contre terre, à pleurer comme si c'était la fin du monde. Putain fallait que ça t'arrive à toi, la seule meuf sur Harvard qui sait pas gérer ce genre de situation. Sage semble refaire légèrement surface quand tu prononces ton prénom, elle semble se concentrer sur ta voix puis repars complétement dans son bad trip quand t'essayes de la consoler maladroitement. Non, t'es vraiment pas faite pour ce genre de situation. Elle tombe contre ton épaule, secouée de sanglots. Qu'est ce que t'es censée faire ? Tu prends quelque secondes de réflexion avant de passer un bras autour d'elle, montrant ta présence. Et tu t'adresses à elle d'une voix plus calme, d'une voix qui se veut plus douce. Il faut que tu te calmes Lewis. Déjà parce que ni toi ni moi n'avons envie que tu crèves dans mes bras entre deux sanglots. Tu te dis qu'un peu d'humour peut pas faire de mal non ? Et puis je comprends rien à ce que tu racontes. Donc respires, calmes toi. Tout va bien là. Tu la sers un tout petit peu plus contre toi, tentant de lui donner un peu de force pour se calmer. Situation irréaliste au possible. Tu tentes quand même de la calmer un peu parce qu'elle t'as intrigué avec cette histoire de bébé. Noah avait arrêté de te parler depuis la mort de sa mère et il fallait croire que t'étais vraiment pas au courant de tout.

C'est une image triste et pathétique que tu reflètes ce soir. Que tu montres face à Lisa sans même te rendre compte de l'erreur que t'es en train de faire, à la personne à qui tu parles, tu te rend compte d'absolument rien et quand la mémoire te reviendra tu vas t'en mordre les doigts. Pourtant.. Pourtant ce soir t'as besoin de sa présence, elle était là, et dans ses bras t'arrive peu à peu à te calmer, à réduire tes sanglots, à apaiser les battements de ton coeur. Tu hoches la tête en restant collé contre elle, complètement à l'ouest, terrifié, tu te blottis dans le seul refuge que t'as trouvé ce soir; ses bras. - Tu.. Tu veux rester avec moi c'soir ?.. Tu demandes comme une gosse en levant à peine la tête vers elle pour capter son regard. - J'ai pas envie de dormir seule. Que tu dis, passant le dos de ta main contre tes joues pour essuyer l'eau qui s'y est imprégné. - J'ai froid, j'ai envie d'dormir.. Le vent qui caresse ta peau en venait à te brûler, c'est à peine si tu pouvais encore bouger les doigts, sentir tes orteils et les effets de la drogue prenait une toute autre tournure. Fin de l'agitation, juste une immense fatigue qui vient prendre le dessus sur tout. Tu te redresse, t'appuyant sur elle pour t'aider à te relever sans tomber. - T'sais.. Le bébé il est vraiment de Noah, pas d'Alexander ! C'est des mensonges ! Des mensonges !! Tu haussais le ton à la fin de ta phrase, sentant la colère refaire surface, tu savais même pas Pourquoi tu en venais à te justifier envers cette fille que tu penses inconnue.

Tu n'en reviens pas de ce qu'il est en train de se passer là. C'est complétement surréaliste le fait d'avoir Sage dans tes bras, le fait de la consoler. Mais ce que tu es en train de faire, maladroitement. Parce que tu sais pas vraiment faire, parce que tu la connais pas. Parce que t'es censée la détester non ? Tu sais plus trop à ce moment là, ce qui compte c'est qu'elle te claque pas entre les doigts. Il manquerait plus que tout le monde sache ce que t'es en train de faire. Et puis il faut garder à l'esprit que tu fais ça aussi pour servir deux de tes intérêts : ne pas te faire tuer par Noah si jamais elle survit pas à son bad trip -et si elle se calme pas, elle va mourir étranglée dans ses larmes- et puis, tu trouves là un moyen de combler ton manque d'informations, il y a de tant de choses que tu ne sais plus à propos de Noah et Sage était en train de te le démontrer à ce moment là. Elle semblait se calmer peu à peu, reprenant tranquillement sa respiration, essayant de calmer ses pleurs. Lorsqu'elle lève les yeux vers toi et qu'elle ouvre la bouche, t'as l'impression d'avoir affaire à une gamine de six ans. Tu restes interdite face aux paroles de l'ex de Noah, confuse face à ce genre de réaction mais n'en démontre rien. Soutenant son regard, la laissant parler. On va déjà commencer par te ramener dans ta chambre, ça sera un bon début. Oui, ça sera déjà ça. Par contre pour ce qui était de dormir avec elle... Si tu pouvais de trancher sur la question, ça t'arrangerait. Sage finit par se calmer et essayes de se redresser, s'appuyant sur toi. Tu l'aides donc à se remettre sur pieds et fais la même chose par la même occasion. Vous revenez à hauteur égale alors qu'elle s'enflamme à nouveau, cette étincelle de folie en moins dans la voie. Ce qu'elle dit maintenant semble plus réel que la dernière fois, sa colère convaincante. Tu sais bien que t'as loupé plein de choses, mais à ce point ? Noah est passé par une terrible épreuve cet été et ça vous avez un peu éloigné, il a commencé à garder tout pour lui et tu comprenais à présent l'ampleur de ce qu'il avait vécu, la validité qui se confirmait à ce sujet. Alors c'était vrai... Que tu souffles plus pour toi que pour elle. J'avais entendu une rumeur mais je pensais que comme les trois quarts des rumeurs, celle là était fausse aussi. T'étais bien loin de la vérité.

C'est dans un amour indécent, incompatible, insensé, douloureux que tout a commencé, que tout s'est terminé. T'as mal, depuis t'as mal comme si on venait chaque seconde t'arracher le coeur, comme si loin de lui il n'arrive plus à battre, à fonctionner correctement, à arrêter de saigner. Parce qu'ouais, il saigne en quantité depuis que tout est terminé, les plaies ne cicatrisent pas malgré c'que tu fais pour les guérir. Rien ne cicatrisera jamais en fait, tu vivras toujours dans l'ombre d'un amour inachevé, indécent, incompatible, insensé. Un amour trop vrai pour être vécu, trop fort pour ne pas laisser de séquelles, beaucoup trop puissant pour pouvoir le contrôler. Un amour qui bat n'importe lequel, qui combat vents et marrées, indestructible. Tu l'sais au fond d'toi, Sage sera toujours à Noah mais est-ce Noah sera toujours à Sage ? T'en sais plus rien et tes angoisses t'ont menés à ta perte ce soir. Dans les bras de ce démon maquillé en ange le temps d'un laps de temps, un moment éphémère que tu ne reverra plus. - Où tu veux mais pas toute seule.. Que tu lâches avec crainte avant de te relever. Et comme dans un élan, tu te sens obligé de te lancer à des révélations, à tes pires secrets, ce qui te tue depuis des jours. Cette putain de rumeur, ce mensonge dans lequel tu te noie sans trouver de bouée de sauvetage. Et tu vois le visage de ton interlocutrice changer, son expression se mêle à autre chose Mais trop bourrée pour l'identifier. - Elle est fausse.. Alexander n'a rien avoir avec moi ! Il était de Noah.. Et maintenant il est mort.. "Mort", ce mot résonne dans ta tête comme un écho.