I swear to tell the whole truth, nothing but the truth! Or not... TG Cole, Sage, Dante

Etre à l’heure, c’était trop commun. Je me pointais donc avec une belle demie heure d’avance au lieu de rendez vous convenu avec Ivy. Le blondinette allait m’interviewer, quoi de mieux pour flatter mon égo ? C’était tout ce qu’il me fallait, surtout en ce moment. En fait non, ce n’était pas tout. Mais Ivy allait m’offrir sur un plateau, sans le savoir, ce qu’il me manquait pour une vengeance parfaite. J’entendis sa voix derrière la porte de la salle de musique qui n’était pas correctement refermée, elle semblait en pleine discussion, au téléphone surement. J’avançai à pas de loups pour ne pas gêner sa discussion. Collant mon oreille pour mieux entendre, un large sourire satisfait de ma découverte étira mes lèvres lorsque j’entendis parler d’annulation de mariage. Je compris qu’elle avait épousé son bouffon de winthrop à ces mots suivants, lorsqu’elle évoqua la durée de son couple à son interlocuteur. Elle sembla s’énerver ensuite, livrant une autre précieuse information : elle partait en juin. Waw, beaucoup d’éléments d’un coup, et plein de scénarios possibles sur la façon dont j’allais utiliser tout ça, beaucoup d’armes contre Wade pour mon petit cerveau maléfique. Un cadeau sur un plateau d’argent. Des notes de musiques me parvinrent ensuite, m’indiquant qu’elle avait du raccrocher. Je fis donc mon entrée dans la pièce, m’avançant jusqu’au piano en la saluant : « Bonjour Ivy… Je suis un peu en avance... » J’étais plus amateur de musique que joueur, mais j’avais quelques bases. « Puis-je ? » demandai-je alors venant me placer à côté d’elle sur le tabouret face au clavier. Mes doigts se posèrent alors sur les touches de l’instrument, jouant ce petit air. (https://www.youtube.com/watch?v=rawcnSVGtfk) Façon détournée de la mettre mal à l’aise, de lui faire comprendre que j’avais entendu, qu’elle ferait mieux de m’en dire plus aussi…

Je la saluai, interrompant sa petite session de piano, n’attendant pas qu’elle accepte pour m’inviter à côté d’elle, laissant à mon tour mes doigts se perdre sur les touches du piano, entonnant une petite mélodie, la célèbre marche nuptiale qui accompagnait souvent les tourtereaux lors de leur entrée dans l’église. Impossible de ne pas comprendre l’allusion. Ivy n’était visiblement pas d’humeur à s’amuser, bloquant mes mains des siennes. La musique cessa et la demoiselle me souffla d’arrêter tout de suite mon petit cirque. « Quoi ? Tu n’aimes pas ce petit air ? Il doit pourtant sonner familier à tes oreilles de jeune mariée non ? » répliquai-je avec un petit sourire diabolique. Mes mains se défirent des siennes et je m’éloignai alors de l’instrument, fier de mon petit effet, fier du message passé. Maintenant il fallait que je la pousse à m’en dire plus. « Je crois que les félicitations s’imposent. Je suis juste navré de ne pas avoir été convié aux noces. J’aurais adoré être celui qui se levait du fond de la salle au moment du - Si quelqu'un s'oppose à cette union, qu'il parle maintenant, ou se taise à jamais-» me marrai-je en imaginant tellement cette scène.

Si elle n’avait pas compris le message avec le petit air que je venais de jouer, c’était désormais clair avec les paroles que je venais de laisser échapper. Sauf que la demoiselle semblait s’être levée du mauvais pied, puisqu’elle explosa littéralement ensuite, s’énervant en m’expliquant que le jour des noces elle était saoule, qu’elle allait régler ça, que je n’avais pas intérêt d’en parler à Wade. « Oulah, on est de mauvaise nouvelle madame Landry ? » me moquai-je avec un petit air insupportable. « La nuit de noce a été décevante ? T’as pas épousé le bon étalon. » ajoutai-je, conscient de jeter de l’huiler sur le feu. Quant à mon silence sur la question, c’est un petit truc qui moi, me restait en travers de la gorge, que je remis à l’occasion sur le tapis en répliquant : « T’aurais du ajouter une close dans notre contrat, pour m’empêcher d’échanger ce genre de nouvelles avec mon cher demi frère. » Oui, la close de l’alliance, je ne digérais pas. Ca m’apprendra à signer tout et n’importe quoi sans lire. Et la voilà qui en venait aux menaces, je sifflai : « C’est pas très joli tout ça… Qui menace l’autre Ivy ? » Parce que là, c’était elle qui venait de sous entendre qu’elle écrirait un papier contre ma confrérie. Je me levai, m’éloignai avec un agacement marqué, fier malgré tout des informations collectées. Son mariage. Son futur départ. « Je ne suis plus vraiment d’humeur pour une interview en fait… L’idiot pourri gâté te souhaite une bonne fin de journée… » soufflai-je en me dirigeant vers la porte, ajoutant néanmoins avant de sortir, petit air pincé sur le visage : « Je n’ai qu’une chose à dire : vivement juin. » Et sur ces mots, je fis volte face et quittai la pièce.

Je mis sur le tapis mon lien familial avec le mather, ce même lien que je m’obstinais à nier habituellement, tout ça juste pour prétexter mon envie de partager –l’heureuse nouvelle- avec lui, alors que c’était surtout parce que je savais très bien que ça lui hérisserait les poils. Bref, reproches au sujet la close vicieusement glissée dans notre arrangement, je commençais à me diriger vers la porte, une vraie diva en plein caprice, Ivy répliqua que c’était de ma faute, ce à quoi je ne répondis rien, avançant toujours d’un pas agacé jusqu’à la porte, après quelques mètres dans le couloir, j’entendis les bruits de pas de la blondinette qui me suivait. « C’est pas vrai tu peux pas te passer de moi c’est ça ? » soupirai-je en me retournant vers elle pour l’entendre me servir un autre discours du même genre que le précédent, des paroles saupoudrées d’un soupçon de menace. Ha elle était bien loin, la petite cabot candide que j’avais cru pêché dans mes filets en juin dernier. « De quoi tu parles ? » bougonnai-je quand elle évoqua –la merde- dans laquelle risquait de se retrouver mon meilleur ami si je ne respectais pas les consignes qu’elle m’imposait. Je ne voyais absolument pas de quel –secret- elle parlait. Dans quel merdier Abe s’était-il foutu ? Parce qu’elle parlait bien de mon belge préféré ? Même ça je n’en étais pas sûr, alors je me retins de prononcer son prénom. Moins j’en disais et moins de bourde je risquais de faire.

J’essayais de m’en aller, mode diva on, mais Ivy me retint en appuyant pile là où il fallait pour allumer ma paranoïa du moment en proférant de douteuses menaces, non sans avoir consulté son téléphone l’air de rien. « Ca veut dire quoi ça Ivy ? Tu me menaces ? Tu menaces MA confrérie ? T’étais pas censée bosser main dans la main avec moi pour détruire les verts ? » lui rappelai-je alors avec hargne. Je commençais presque à regretter la gentille Ivy de juin dernier. Elle avait su s’endurcir, et elle devait une vraie experte au jeu du chantage la petite blonde. Elle souligna d’ailleurs que ce changement, cette tendance à la manipulation, elle me la devait. C’était un peu grâce, ou à cause, de moi, de la façon dont je l’avais utilisée à l’époque, qu’elle avait décidé de la jouer ainsi aujourd’hui. Mon venin était contagieux, apparemment… « Tu jubiles là ? Tu vas le payer Ivy, on ne s’attaque pas à un Smythe Wildingham aussi facilement. » m’énervai-je alors qu’elle restait là, calme, sûre d’elle, exacerbant encore davantage mon agacement. Ce qui me mettait hors de moi c’était qu’elle disait vrai. Elle avait le pouvoir, avec cette close stupide. Si je ne la respectais pas, je serais accusé de ne pas être fiable, de n’avoir aucune parole, mon honneur serait entaché. Et la respecter, ça voulait dire, rester loin de ce crétin de Forbes… Et à l’heure d’aujourd’hui, avec toutes les menaces qui planaient sur moi, c’était difficilement envisageable. « Qu’est-ce que tu as sur Tate ? » ronchonnai-je, mauvais, en tâchant de me concentrer sur ça. Qu’avait fait l’ancien VP ? Je le savais capable de tout, puisque j’étais moi même un expert en terme de faux pas.