Passez les quelques secondes frustrantes et frustrées de son refus après le vent qu’elle venait de me mettre, ce moment où ses paroles doucement insinuèrent dans mon esprit le doute et la réflexion, je me repris. Comme un cavalier après une chute, il faut aussitôt remonter en selle, c’est ce qui ce disait. Je ne laisserais donc pas la petite blonde me mettre à terre. Elle avait cela dit piqué ma curiosité et marqué des points avec sa remarque. Alors me voilà, réceptif, à l’écoute, prêt à jouer le studieux élève pour comprendre là où je m’étais trompé, là où je faisais erreur, quand une Eliot j’escomptais mettre dans mon lit. Mon interlocutrice me rappela un peu l’image censée avoir chaque demoiselle de la maison, puis me livra donc l’absence de technique en soit. Elle commenta un instant le règlement qu’Oksanna et moi avions mis en place et le fait que si l’un des rédacteurs n’en suivait pas les préceptes, notre crédibilité risquait de tomber à zéro. Montre l’exemple, me soufflait-elle en quelque sorte. J’approuvais d’un hochement de tête, songeant simplement dans ma tête que pour mes petits coups d’un soir, j’allais devoir me montrer peut être plus discret désormais. Et quant au règlement, je repris, un peu gêné : « A ce sujet… Si on pouvait éviter de parler de notre début de conversation à Oksanna… » Evitons d’aller lui raconter le rentre dedans indécent que je pouvais faire aux jolies bizut, ça m’arrangerait… La blondinette avait piqué mon intérêt en tout cas, avec sa répartie et son caractère bien trempé, je me pris au jeu d’en apprendre plus sur elle, sincèrement, et cette fois sans arrière pensée derrière la tête. Elle m’apprit que son come back datait de septembre, qu’elle avait déjà quatre années à Harvard au compteur. Elle expliqua ensuite avoir participé à notre vendetta contre les verts et je fronçai les sourcils : « Ne me mens pas. C’est pas grave si t’as eu peur des rats, moi aussi tu sais, si j’avais pu, je me serais défilé… » fis-je avec une grimace en pensant avec dégoût à la cage des rongeurs qu’on avait été obligés de placer dans le coffre de ma voiture. Eurk. Ma position de VP ne m’avait pas permis de me défiler mais à mon visage on comprenait ma sainte horreur de ce genre de bestiole. « Je suis sûr que tu n’y étais pas, t’es pas le genre de fille qu’on oublie… » lançai-je alors, en la détaillant un nouveau, la lueur lubrique dans mes yeux faisant temporairement son retour, avant que je ne me reprenne, que je retrouve le fil amical de notre discussion. « Anglais. » répondis-je alors, conscient que mon accent britannique me trahissait. « Et toi ? » Charme, élégance, raffinement… Elle sentait l’Europe à plein nez, cette demoiselle, et puis son –non plus- était un précieux indice quant au fait qu’elle ne soit pas plus américaine que moi. « Le tour du monde carrément ? » Elle avait raison, fallait faire les choses en grand. Mon sourire charmeur/charmé revint étirer mes lèvres quand je lui soufflai : « En tout cas, je suis ravi que tu sois e retour cette année… » Dans mon lit ou parmi mes amis, il me la fallait cette petite Lisa-Rose.