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Deux jours avaient passé depuis notre sortie de la Eliot, je n’avais rien de trop grave, j’avais juste respiré un peu trop de fumée comme tout le monde, une brulure au bras et la main, tout ça couplé à quelques égratignures et deux trois bleus que j’avais récolté en essayant de sortir. Physiquement je n’allais pas si mal, mais à l’intérieur je me sentais glisser de façon inquiétante, cette horrible angoisse revenait à la charge et je me sentais terrifiée. La perte m’a toujours inquiété et c’était peut-être pour ça que je m’appliquais à éloigner les gens de moi, il était plus facile de se faire détester, plutôt que de se faire aimer pour vivre dans la peur constante que cet amour prenne fin. Et là … cet incendie avait réveillée chez moi mes craintes les plus profondes, de tout voir disparaitre en un claquement de doigt. La réalité me revenait à la figure comme un boomerang que j’avais essayé de lancer loin, désespérément. J’entendais l’infirmière me parler et sa voix était tellement lointaine que je ne comprenais même pas ce qu’elle disait, j’étais là sans être là, consciente sans l’être, mon système avait saturé. J’avais failli perdre Noah … deux fois, je portais la culpabilité de la deuxième fois, c’était moi qui l’avais amené à l’Eliot et c’était avec moi qu’il s’était endormi. J’allais me marier, impuissante, à mon meilleur ami et mon oncle continuerais surement à me pourrir la vie jusqu’à ce que je finisse par me pendre. Je me sentais horriblement vide, horriblement seule et si j’en avais eu le courage, j’aurais pu jurer que mes larmes auraient coulé alors que j’étais allongée sur ce lit. J’avais passé des jours à l’hôpital au chevet de Noah et me voilà allongée sur ce lit inconfortable à devoir supporter ces médecins qui me rappelaient à quel point j’avais eu de la chance de m’en sortir. L’infirmière termine de changer mon bandage et alors qu’elle s’apprêtait à s’en aller, j’attrape son bras et lui dis distinctement « Je veux sortir d’ici » et elle voit à mon regard que je ne suis pas ouverte à la discussion à ce sujet, que je peux marcher et que peu importe ce qu’elle me dira je sortirai d’ici. Quelques recommandations du médecin, des papiers signés pour décharger l’hôpital de toutes responsabilités et un regard dédaigneux plus tard, me voilà dans un taxi, la mine blafarde et je ne sais absolument pas où aller. Et je pense à lui, je ne sais pas pourquoi dans cette situation je pense à lui, peut-être parce que maintenant plus qu’avant je me rends compte que je peux le perdre, définitivement. Que mon jeu d’égo et de peur me coutera peut être bien plus que ce que je pense, alors je demande au taxi d’aller me déposer en territoire ennemie … la Mather house. Je suis discrète quand j’y rentre et puis même si je devais croiser un de ces cons, je ne prendrais même pas la peine de m’en occuper, pas maintenant. J’arrive devant sa porte et étrangement mon cœur bat à déchirer ma poitrine, comme une ado stressée à son premier rendez-vous. J’hésite, j’hésite encore, je fais demi-tour puis reviens et je finis par frapper à sa porte. Il est un peu plus de 23h et je prie pour que Morphée ne soit pas encore passé de son côté.(Invité)