Le masque est si charmant que j'ai peur du visage

 Ce n’était pas de la paranoïa, si Darwin savait de quoi Wade était capable… Mais non, je ne dis rien, évoquant simplement un –passé compliqué- n’étalant pas les frasques et les ennuis qu’avait eu mon demi frère, conscient que la divulgation de ses sombres secrets nous vaudrait, à Vic et moi, l’apparition de la vidéo qu’il détenait sur elle. Voilà dans quelle impasse on se trouvait, crasses sur crasses, mauvais coups sur mauvais coups, bloqués dans un cercle vicieux, dans cette guerre sans fin. J’hochai la tête quand Darwin prononça son prénom, dressant ensuite un bref portrait du mather. La conclusion de mon interlocuteur me fit grimacer : « Un drogué irresponsable, qui trompe sa copine enceinte jusqu’au cou et qui a frappé ton cousin en juin dernier je te ferais dire. » replaçai-je les choses dans leur contexte, un peu sèchement, vexé que le blond puisse ne serait-ce que quelques secondes envisager que quelqu’un comme Forbes rejoigne le cercle très fermé des Eliots. « C’est un vrai déchet, un vrai mather en somme. » Mon ton ne laissait pas vraiment de place à la discussion. Mon avis sur Forbes étant déjà tout tranché.

Si le sujet Forbes était tendu, le sujet Kyla l’était tout autant. Et découvrir les fesses de mon ex en fond d’écran, ça avait le don de m’énerver. J’allais faire morfler le site qui avait diffusé cette photo. Ils allaient payer le prix fort, ils avaient plutôt intérêt à avoir un bon avocat. Mine de rien, je lâchais quelques infos sur la demoiselle, comme son statut d’escort qui devait surement être la raison de la présence des photos en ligne. « Ouais c’est pas normal on est d’accord. Ils vont regretter ça. » ronchonnai-je en espérant que Darwin retrouverait le nom du site. « Tu regarderas dans ton historique et tu me redis, j’vais déjà mettre mes avocats sur le coup. » Quand le garçon sous entendit que je crachais sur son dos, j’haussais nonchalamment les épaules. J’serais bien le plus grands des hypocrites si je faisais ça. « Son statut d’escort m’a pas empêché de la fréquenter personnellement… » Et pire que de la fréquenter, ça ne m’avait pas empêché de l’aimer… Et oui je la connaissais. Je savais son passé compliqué avec ce mather qui avait utilisé des photos pour la faire chanter, alors jamais au grand jamais je ne pouvais m’imaginer qu’elle ait volontairement diffusé cette image d’elle en petite culotte. Mais j’en avais bien assez dit déjà sur la brune, et la dernière question du jeune homme avait le don de me mettre mal à l’aise : « On n’est plus ensemble, tout est fini entre nous, c’est tout ce qui compte. » Se morfondre là dessus, nourrir affection et nostalgie au sujet de notre couple ne servait à rien. Et puis, elle allait avoir les oreilles qui sifflent. Je devais repartir en conseil de guerre. Allez enquêter sur cette histoire d’incendie. Alors retrouvant mon agitation, je me dirigeai vers la porte : « Je vais te laisser Darwin, on se tient au courant si on apprend quoi que ce soit. Je vais aller questionner les jumeaux et recueillir leurs avis. » J’appuyai sur la poignée, tournant une dernière fois la tête vers le blond pour le saluer : « A bientôt Darwin, et merci d’avoir pris un instant pour m’écouter. » Pour écouter mes délires oui. Et sur ces mots, je filai.