Quelle. Nuit. Dans l'ascenseur, je glisse mes yeux sur Darwin et souris légèrement. Non mais c'est une blague en vrai ? En vrai de chez vrai, c'est la blague de l'année cette soirée non ? Je pensais le voir, lui parler, profiter de sa présence pour diverses choses et... Rien ne s'était passé comme je l'attendais, comme on l'attendait. Une soirée à discuter au bar près de l'université puis à se balader un peu avant de filer à la Eliot House. J'avais terriblement eu envie de lui toute cette semaine et puis vendredi était arrivé. Vendredi et son lot de surprise. Un cas d'étude mettant en scène une adolescence de douze ans, harcelée sur les réseaux sociaux numériques. Heureusement qu'ils n'existaient pas quand j'avais cet âge... Et cette gamine avait fini par se suicider à cause de la pression. Je m'étais reconnue en ce bout de chou, en cette petite demoiselle qui avait finit par croire qu'elle ne valait plus rien et que tout le monde serait mieux sans elle, que le monde serait un meilleur endroit sans elle. Et elle était passée à l'action. J'en ai parlé à Darwin dans les grandes lignes pour ne pas me confier sur ma vie et j'avais fini par m'endormir, la main sur son torse, le visage sur son épaule. On avait finit par s'endormir avant de se faire réveiller par du bruit dans le couloir, par la chaleur qu'il faisait dans la chambre alors que la pluie et l'orage battait dehors. Et ce fut la course, le début de l'horreur, le début de la fin en quelque sorte. On avait du sortir de là, passer par le centre d'urgence, puis par l'hôpital où je m'étais gentiment fait virer de la salle d'examen du jeune homme parce qu'hystérique. Oui, bien sûr... C'est surtout que j'aimerais pas qu'il ait des soucis. Après s'être fait frapper la semaine dernière, voilà qu'on a failli brûler comme du cochon quoi... " Ça va ? " Demandais-je en lui adressant un léger sourire, ne sachant pas trop comment me comporter avec le jeune homme à ce moment là. " Fais pas gaffe au bordel, j'pensais pas avoir d'invité ce soir " Soufflais-je en riant légèrement alors que les portes de l'ascenseur s'ouvrent. Bon, c'est pas le bordel non plus mais il reste mon bol de céréales de midi dans l'évier et je pense que Pattenrond a du foutre le bordel partout, comme à son habitude.
if the whole world was watching, i'll still be dancing with you
Je regarde la porte de l'ascenseur se fermait devant nous, on va monter à l'étage, pour arriver cher elle... J'ai l'air con dans cette tenue d'hôpital, mais j'ai plus rien d'autre à me mettre ce soir... J'ai... Tout perdu hormis le boxer que je porte sur moi. Je vais galérer pour mon cellulaire, et tout mes papiers en fait... J'espère qu'il y a quand même quelque truc qui auront survécu à l'incendie, ou alors que ma chambre ne soit pas totalement réduit en cendre, mais j'ai du mal à y croire... Je laisse entendre un soupire à la jeune femme, alors que l'on monte les étages. Mon épaule me fait mal, j'ai heurté trop de porte, je vais avoir un magnifique bleu qui va rester un moment, le médecin m'a prévenu... Je tourne alors un peu la tête vers Kyla, quand elle me demande si ça va. Je la fixe. Est-ce que j'ai l'air d'aller bien ? Je me retrouve à la rue, sans papier, sans vêtement, sans rien. Alors non, je ne vais pas bien. Comment elle peut penser que ça puisse aller pour moi. Récupérer mon visa pour mes études, tout les papiers, carte d'identité, carte bancaire, même avec le fric de mes parents, ça va prendre du temps... Sauf si l'un deux est en déplacement et décide de m'apporter du liquide ou parle avec le banquier du coin. Ouais, faut que je vois ça, que je les préviennes et surtout, leur dire que tout va bien. "Je vais bien." Dis-je alors à voix haute, pour suivre mes pensées. Je vais bien, car je ne suis pas mort, je suis toujours vivant, bien qu'un peu amoché, c'est ça que je dois dire à mes parents, alors c'est ça qu'elle attend peut-être comme réponse aussi ? Je la regarde alors pour tenter d'avoir son approbation. "Et toi ?" Parce qu'elle y était aussi, même si elle n'a pas tout perdu. "C'est mieux que rien." Répondis-je alors tout simplement quand elle me parle de son bordel, c'est pas ironique, je préfère ça que me retrouver coincé à l'hôpital où dans un centre de secours ou pire encore, à la rue. Je sors d'ailleurs à sa suite de l'ascenseur, la suivant.
On passe de tension à tension avec Darwin. Mais pour le coup, la tension qu'il y a entre nous me serre le bide et c'est pas des petites paillettes que je ressens mais bien une colonie de cafards. Je suis mal à l'aise en fait et c'est difficile à gérer. Comment on peut désirer un type comme je l'ai désiré et là, être complètement paumée comme c'est le cas ? Je sais pas trop, je comprends pas tout à ce qu'il se passe et quand son regard se pose sur moi, j'ai envie de gueuler. On aurait pas du aller à la Eliot House. Ouai, on aurait plutôt venir ici ou aller n'importe où pour discuter et dormir. Mais il s'en serait peut être voulu de pas avoir pu aider ses potes et là, on les a aidé. On a tout fait pour aider les gens et les sortir de ce brasier géant. "Je vais bien." Je lui adresse un léger sourire mais j'y crois pas une seule seconde en fait, à ce qu'il est entrain de me dire. Son regard en dit long et je m'en veux d'avoir posé cette question. Putain, l'art d'être une nunuche par Kyla Carmichael en douze étapes. L'ambition est aussi froide que l'Alaska et ça ne risque pas de s'arranger je crois. "Et toi ?" J'hausse les épaules et baisse les yeux sur ces tongs immondes que j'ai pu acheter à la boutique de l'hôpital. " Ça va ouai... C'était choquant comme truc " Ouai, c'est rien de le dire. J'ai rien perdu dans l'incendie, si ce n'est une paire de talons hauts mais c'est ridicule à côté de tout ce qu'il a perdu, de tout ce que les autres ont perdu que ce soit les Lowell ou bien les Winthrop. Je me demande comment Dante va d'ailleurs. Il faudra que je pense à lui envoyer un message mais là, j'ai d'autres chats à fouetter et un invité à distraire un minimum. J'ai pas envie qu'il passe sa soirée à déprimer ou je ne sais quoi. "C'est mieux que rien." Je souris légèrement, glissant la clé dans la serrure. Mieux que rien. Ça fait mal quand même. Et c'est à ce moment que je vois vraiment le point commun avec Cole. Le mec qui a toujours l'habitude de tout avoir et qui se contente de peu mais pas reconnaissant pour un sous. Je pousse la porte et le laisse entrer. " Tu veux aller prendre une douche peut être ? " Demandais-je simplement. " Manger ou boire un truc ? Des fringues... ? " Demandais-je avec un petit sourire. " Pas de robe à fleurs, promis mais j'ai un jogging noir qui pourrait t'aller et un t-shirt que j'ai piqué à Dante " Pour cette nuit, c'est mieux que rien non ? " Fais comme chez toi " Lâchais-je en me dirigeant vers les pièces de nuit de l'appartement. " Ma chambre, la salle de bain et les toilettes " Lâchais-je en montrant les trois pièces l'une après l'autre. La quatrième porte c'est Méline, mais osef. J'ouvre la porte de ma chambre, enlève mon jeans, mon pull, mes chaussettes et enfile un large pull qui descend mi cuisses et sens quelque chose entre mes jambes. " Et ça c'est Pattenrond " Soufflais-je en ramassant le chat qui ronronne immédiatement. Je crois qu'on la réveillé. Pas grave minouche.
if the whole world was watching, i'll still be dancing with you
J'acquiesce calmement quand elle me demande dit que c'est choquant. Oui, un incendie, comme ça, voir sa maison brûlé et être dedans, c'est pas quelque chose que j'aimerais vivre tout les jours... Non, je m'en passerais volontiers. Je détourne un peu la tête à ses mots d'ailleurs. "Oui." Soupirais-je finalement avant de la suivre hors de l'ascenseur, répondant à sa mise en garde, non pas pour être désobligeant, mais parce que si elle ne m'avait pas proposé de venir chez elle, je serais réellement sans rien, sans endroit où aller, à la rue quoi... Et pour un gars avec mon nom, c'est assez difficile de se dire ça... Je serre un peu les dents à cette pensée. Je ne suis pas ruiner, mes parents ont encore du fric, j'ai moyen de refaire ma carte bancaire et tout, mais pour le moment, je suis comme un pouilleux, sans plus rien... Juste mon amour propre qui cette nuit à prit un putain de coup violent. Je rentre après elle dans l'appartement et j'avoue que je ne m'attarde pas réellement au bordel, regardant un peu la disposition des pièces en l'écoutant. "Je vais aller prendre une douche. Si ça ne te dérange pas." Je pue encore la fumée, cette odeur, j'ai l'impression de la respirer encore, en même temps, c'est possiblement le cas, l'odeur de brûler couvre ma peau, mes cheveux et prendre une douche, ça ne ferait pas de mal. Je me tourne vers elle quand elle me parle de vêtement et lui adresse un faible sourire. "Merci." Porter les vêtements d'un autre mec, je ne sais même pas qui est ce Dante pour elle, hormis le fait que ça soit le vice-président de la Winthrop House. Je la suis alors quand elle me montre la salle d'eau ainsi que sa chambre. Je regarde et souris une nouvelle fois, sa chambre, là où elle s'est touché en pensant à moi... Même si cette pensée me remonte un peu le moral, même si ça ne me donne pas envie de la prendre dans mes bras, de la toucher et de coucher avec elle... Non pas qu'elle ne m'attire plus, mais ce soir, je ne saurais juste pas, tout comme elle quand on s'est vu qu'elle m'a parlé de ses soucis... Une boule de poil débarque alors et elle me le présente. Un chat. Pattenrond. C'est donc lui, c'est donc pour ça qu'elle a dit ça l'autre fois. Je comprends un peu mieux. "Je... Peux prendre ma douche ?" Et faire partir cette odeur atroce de fumée ? Pour tenter de me sentir un peu plus propre, un peu moins pouilleux... Dans un meilleur état quoi... Même si la douche ne fera pas grande différence au finale.
Je ne sais pas si c'est une vraie bonne idée que de lui avoir proposé de venir mais, en même temps, j'étais là avec lui ce soir quand tout a pris feu, je suis restée avec lui toute la soirée, passant d'étape de soins en étape de soins avant de lui proposer de venir dormir et promettre qu'on laisserait le chauffage allumé, histoire de détendre l'ambiance. Je ne sais pas si ça va fonctionner, si ça va le détendre à un moment ou à un autre. Il a tout perdu, il n'est pas américain et les procédures risquent d'être compliquées. Je n'ai rien perdu moi. J'avais mon portable dans la poche de mon jeans et j'ai réussi à chiper ma pochette en sortant, tel un sac à patate sur le dos du blond. "Je vais aller prendre une douche. Si ça ne te dérange pas." Je souris et secoue la tête de droite à gauche. " Non non vas-y. Prends ton temps, je prendrais la mienne après " Soufflais-je légèrement. À quel moment sommes nous devenus comme ça ? On est limite des putains d'étrangers alors qu'on parlait toute la journée par texto y a encore vingt-quatre heures. Je lui souris et file dans ma chambre pour me changer et lui donner les habits que j'ai pour lui. C'est clairement pas grand chose mais c'est mieux que rien. Je ne vais pas le faire dormir en culotte Hello Kitty ou dans mon pyjama Olaf non plus... Quoi que ça serait fortement drôle quand j'y pense. Un sourire se dessine sur mon visage alors que j'enfile mon pull et en ressort rapidement. Deux trois habits dans une main et Pattenrond dans l'autre parce qu'il se glisse contre moi. Mon bébé, mon amour, mon petit chieur. Qui n'a pas trop foutu le bordel donc c'est bien. Si je me retenais pas, j'aurais présenté Darwin à Pattenrond comme si c'était l'homme le plus important. Mais c'est pas le cas. Je lui tends ses habits et ouvre la porte pour lui passer des serviettes propres mais c'est là que... Croutard sort en courant en se faufilant entre les jambes de Darwin. Pattenrond sursaute dans mes bras et je grimace. " Putain je vais la tuer ! " Je grimace légèrement et pose Pattenrond dans les bras de Darwin. " Oui, je vis avec un chat et un rat du nom de Pattenrond et Croutard " Lâchais-je en grimaçant légèrement. " Le chat en a peur, le lâche pas par pitié " Soufflais-je en filant dans la salle de bain pour sortir la cage de Croutard. Il a ENCORE bouffé la cordelette qui sert à bloquer la porte. En même temps, c'est un rongeur... Je vais buter ce putain de rat de malheur ! " Oui, on est fan d'Harry Potter dans la famille " Soufflais-je en souriant légèrement. Il doit vraiment se dire qu'il a atterri chez des malades... Je secoue la gamelle de Croutard et je l'entends couiner au loin. Ses moustaches sortent de sous le canapé et je soupire. " La prochaine fois que vous faites une blague du type aux Mathers, pensez à regarder si ma folle de soeur est pas dans le coin " Non parce que merci l'angoisse quoi quand elle m'a montré, toute fière d'elle, le rat qu'elle a piqué chez les Mather House... Et que je l'ai engueulé, elle m'a expliqué qu'un rat c'est encore plus propre qu'un chat. Il se dirige vers la cage et je regarde Darwin. " T'as surement très envie de te barrer de chez moi là... J'imaginais vraiment pas notre samedi de la sorte " Soufflais-je en passant une main dans mes cheveux, désabusée face à la scène qui était d'un ridicule... Mon dieu, on a jamais vu ça quoi. Super la soirée quoi.
if the whole world was watching, i'll still be dancing with you
Je la regarde câliner son chat alors qu'elle se prépare à me donner un nécessaire de toilette. Je la laisse faire, fixant le chat un peu comme si j'en avais jamais vu un avant, alors que c'est loin d'être le cas, j'essaie juste de savoir si c'est un fourbe ou pas, s'il va me faire chier ou non, mais vu comme il colle sa maîtresse, je doute qu'il vienne près de moi, tant... Je disais quoi là ? Ah oui ! Putain c'est quoi ce truc ! Mon regard vient d'être attiré par le rongeur présent dans l'armoire. "Un rat?" Lançais-je alors, choqué, interloqué, incrédule, tout ce que vous voulez d'autre qui va dans ce sens là. J'ai du mal à réaliser qu'il y a un putain de rat dans ce placard ! Mais le pire, c'est pas ça, c'est que ce putain de rongeur de mes couilles, il me passe entre les jambes en mode, normal, en mode, je suis un putain de pont pour rongeur mais non ! Juste non, je sursaute et m'éloigne de lui alors que je me retrouve avec le chat dans mes bras en moins de deux secondes. Je pige plus rien du tout... Si j'étais en mode léthargique jusque là à cause de l'incendie, là, c'est... Tout autre chose, parce que putain, il y a un rat dans cette baraque ! C'est juste pas possible ! C'est si insalubre que ça ? Puis là, elle me laisse entendre le nom du rat. Je la fixe. Juste. Non ! Non ! Un rongeur comme ça, ça s'adopte pas, ça s'appelle pas ! On le bute c'est tout ! Pourquoi elle agit avec lui comme si c'était normal ? Et moi, pourquoi je garde son chat dans les bras en mode j'obéi alors que probablement, comme le félin, j'ai juste envie de me sauver... Sauf que j'irais où alors ? Elle s'occupe alors de remettre le rat dans sa caisse en m'expliquant d'où il vient. Ok, l'autre fois, j'avais pas vu les rats, j'étais resté avec mon cousin en retrait c'était le mieux, parce que j'aime pas ses bestioles là. Rongeur de malheur. Je continue de serrer Pattenrond dans mes bras, on est pote de galère face à ce rat, alors on se comprend, un peu je crois. Je ne dis rien, et quand elle me balance que j'ai probablement envie de me barrer de chez elle... Je retrouve la parole. "T'as un putain de rat dans ton placard ! Un rat ! Bon dieu Kyla, t'aurais pas pu me prévenir ? Genre attention, j'ai un chat ET un rat ! Le chat ça passe, mais ça ! ça ! Putain !" Je crise, je fais le con, mais c'est tout qui retombe, trop d'émotion entre l'incendie, le rat, la douleur que j'ai à l'épaule. " Un rat, c'est pas propre ! C'est malsain ! C'est sale ! C'est porteur de germe ! Tu l'approche pas de moi ! Tu l'enfermes où tu veux, mais loin ! Parce que je veux pas le voir !" Continuais-je. "Comment t'as pu accepter ça chez toi en plus ! Putain, t'acceptes vraiment n'importe quoi !" Précisais-je alors, mon but n'est pas de la blesser, juste que j'ai besoin d'évacuer tout ça, ses sentiments, se malaises et du coup, elle en prend plein la gueule. Surtout que je rentre dans la catégorie, t'accepte n'importe quoi chez toi, bien que je ne me considère pas comme n'importe quoi personnellement... Et si vous vouez savoir, non, je n'ai toujours pas lâché son chat. Le pauvre, il m'entend gueuler sur sa maîtresse en étant coincé dans mes bras. Mais il doit potentiellement ressentir ma détresse... Ou alors, c'est pas pour ça qu'il m'enfonce ses griffes dans la peau, sans pour autant me griffer... J'y connais rien en langage félin.
La soirée a déjà été plutôt difficile et quand Croutard sort du placard en couinant et file vers Darwin, je sais qu'elle va devenir encore plus compliquée. Je vais devoir m'occuper de choper ce truc et j'y arrive pas souvent, je dois bien l'avouer. Je ne comprends pas vraiment ce qu'il fout là alors que normalement Méline l'enferme dans sa chambre pour que Pattenrond puisse se balader. Il va sérieusement falloir que j'ai une conversation avec elle parce que ça va pas du tout là... C'est la galère et si je pensais détendre Darwin ce soir d'une manière ou d'une autre, je crois qu'il est remonté sur ressort. Assise sur l'accoudoir du canapé, j'attends que le rongeur entre dans sa cage pour pouvoir la fermer. "T'as un putain de rat dans ton placard ! Un rat ! Bon dieu Kyla, t'aurais pas pu me prévenir ? Genre attention, j'ai un chat ET un rat ! Le chat ça passe, mais ça ! ça ! Putain !" Je lève les yeux vers lui et fronce les sourcils. Alors ça y est, j'ai un animal qui ne lui plait pas et c'est ma fête ? Je croyais qu'on était rien l'un pour l'autre. J'suis pas sensée faire ma vie comme je le veux et lui, comme il la veut ? Si j'ai envie de vivre avec un rat et un chat, je le fais non ? " Un rat, c'est pas propre ! C'est malsain ! C'est sale ! C'est porteur de germe ! Tu l'approche pas de moi ! Tu l'enfermes où tu veux, mais loin ! Parce que je veux pas le voir !" Je me lève et le regarde de haut en bas. " Un rat c'est plus propre qu'un chat Darwin ! Pattenrond s'est surement moins lavé que Croûtard aujourd'hui ! Un rat c'est HYPER propre, surtout quand il est domestique comme là. Ce sont les rats d'égout qui sont pleins de maladies parce qu'ils vivent dans l'eau stagnante et toutes les merdes qu'on laisse s'infiltrer dans la terre ! " Bon, j'étais pas entrain d'écrire un dialogue pour montrer que les rats sont des animaux super propres mais peut être bien que si en fait. J'avoue que j'ai hurlé quand elle s'est ramenée avec ça et encore plus quand mon petit bébé a eu la peur de sa vie en se retrouvant face à lui mais bon... "Comment t'as pu accepter ça chez toi en plus ! Putain, t'acceptes vraiment n'importe quoi !" Je le regarde et ouvre grand la bouche, choquée, sur le cul et plus encore. Il est sérieux là ? Je serre les dents, soulève la cage pour la balancer dans la chambre de Méline en claquant bien la porte. Je me lave les mains et vais chercher Pattenrond dans les bras de Darwin. " Tu sais quoi, va te laver " Lâchais-je en tournant les talons pour filer dans ma chambre, prête à exploser, à éclater. " Oh. Et d'ailleurs, on est pas chez moi ici, on est chez ma soeur. Donc je fais avec ce que ma soeur souhaite ! " Lâchais-je en claquant la porte derrière moi et me posant sur le lit. Mon pull remonte sur mes fesses et je ferme les yeux. Pattenrond s'est calé entre mes seins comme à son habitude et je soupire. " J'te jure que les hommes sont le mal. Y a que toi qui est gentil avec moi " Deux bébés gratouilles et il ronronne. Bien, je l'aime mon chaton.
if the whole world was watching, i'll still be dancing with you
J'espérais quoi en agissant comme ça moi déjà ? Qu'elle allait me plaindre, me dire pauvre Darwin ? Non, en vrai, je n'attendais rien de sa part, sauf peut-être qu'elle ne me foute pas à la porte, chose qui ne lui a semble-t-il même pas traverser l'esprit alors qu'après m'avoir arraché son chat des bras, elle s'enferme d'en sa chambre en me disant d'aller me laver. Je fixe la porte de sa chambre, interdit. Avant de soupirer en me massant la nuque avec ma main gauche. Je me mets alors à fixer les serviettes dont la porte de l'armoire est resté ouverte... Je m'attends à voir un autre rat sortir, sait-on jamais et en même temps, je suis dégoûté de devoir en premier lieu toucher une serviette contre laquelle un rat s'est frotté... C'est l'horreur, surtout que je vais devoir m'essuyer et tout avec... Je grimace et fini par l'attraper du bout des doigts avant de finalement prendre celle en dessous qui en théorie à été bien moins en contact avec le rongeur... Je ferme ensuite l'armoire et la porte de la salle de bain, pour être sur de ne pas voir un rat débarqué à nouveau... Genre qu'il réussirait à ouvrir encore sa cage, puis ouvrir la porte de la chambre de la soeur de Kyla. Ouais, un rat mutant, l'horreur... Le pire c'est s'il aurait l'idée de venir prendre sa douche avec moi... Raaah, j'en frissonne,c'est horrible... Je fixe donc la porte un long moment, pour être sûr qu'il ne débarque pas et une fois calmé, du moins un peu, étant sûr qu'il ne va pas venir, j'allume le jet d'eau de la douche pour laisser couler un peu l'eau et la laisser ainsi chauffer et trouver plus facilement la bonne température. Je profite de ce temps pour me déshabiller, retirant les vêtements de l'hôpital, ainsi que mon seul et unique boxer restant avant de régler l'eau et de prendre place sur le receveur.
La sensation de l'eau qui coule sur ma peau, elle me fait tellement du bien, cela me relaxe, me détend un peu et après toutes ses émotions, cela me fait plus que du bien... Je souffle un peu, probablement trop alors que ma main gauche vient se poser sur les faïences pour avoir un appuie alors que je baisse la tête en avant. Les images des flammes me reviennent en mémoire, l'odeur, tout cela... J'essaie de me rassurer, de me dire que tout va bien, que je vais bien, parce que je suis vivant, comme dans l'ascenseur, suivre le même schéma pour réussir à dire que tout va bien. "Je vais bien." Murmurais-je alors pour moi-même alors que l'eau continue de me couler dessus, que mes doigts se replient et que je sers les points... Non, je ne vais pas bien ! J'ai plus rien. J'ai tout perdu ! Je craque alors, des larmes de rages coulant sur mes joues, parce que je ne sais pas du tout où je serais demain, comment je vais faire, pour mes papiers, mes affaires, etc. Je sais même pas si elle tolérera ma présence après ce que je viens de dire. Je vais me retrouver à la rue putain ! Moi, à la rue ! Je rage et surtout, je ne retiens pas mes larmes, parce qu'au moins, je suis seul, que cela passera inaperçu une fois sortit de la douche. Ou presque.
Son comportement, son ton, j'arrive pas, ça me bloque. Ça me bloque parce que je revis la scène. Ce moment où j'ai proposé mon aide à Cole et qu'il m'a remballé. Homme fort, indépendant, qui a pas besoin d'une femme pour l'aider. Et pourtant, il est à la dérive. Je le vois dans son regard quand je prends Pattenrond de ses bras. Je vois bien qu'il est perdu mais j'arrive pas à dire quoi que ce soit à part claquer la porte derrière moi. Je suis pas bien, je me sens pas bien et je ne veux clairement pas revivre tout ce que j'ai vécu avec Cole. Ça aura pas la même intensité mais j'ai pas envie de me faire critiquer par un mec, d'entendre que je fais de la merde de la part d'un homme. J'ai promis à Méline de ne plus me faire avoir alors je compte bien ne plus me faire avoir. Ni aujourd'hui, ni demain, ni jamais. Alors dans le lit, allongée, je ferme les yeux et je sens les larmes couler le long de mes joues. Je souffle, pousse le chat et me mets en boule dans le lit, un coussin contre le visage, mes bras le serrant comme si c'était ça, ma putain de bouée. On a failli crever ce soir et on arrive encore à se prendre le chou pour des conneries pareils. On aurait pu mourir tous les deux. On aurait tous pu mourir. J'aurais pu perdre Willow, Tate, Nina, Ludmila et tant d'autres. Mon monde aurait pu être bousculé du tout au tout et j'arrive pas à croire qu'on se prend encore la tête pour des broutilles. Brisée, démolie, je renifle fortement. C'est tout ce qu'il représente qui me.. Qui me tue. Prise de colère, je balance le coussin à un bout de la pièce et mords l'intérieur de ma joue pour ne pas hurler. Tout remonte à la surface. Je suis comme un volcan en pleine ébullition, un volcan qui menaçait depuis de longues semaines déjà. J'ai mal au coeur mais je me calme. Il faut que je me calme au cas où Darwin sorte de la douche et débarque. J'ai pas envie qu'il me voit entrain de pleurer. J'essuie mes larmes, ramasse mes habits qui puent la fumée et sors de la chambre. Doucement, j'entre dans la salle de bain pour les jeter dans un coin, près de la machine. "Je vais bien." Je ne le vois pas, derrière le rideau de la douche. Je ne vois que son ombre, appuyé contre la faïence. Et je reste là quelques secondes, interdite. Je devrais clairement pas être là. J'ai l'impression de violer son intimité mais quand j'entends sa respiration changer, je retire mon pull et me glisse, en culotte, derrière lui dans la douche. Je glisse mes mains sur son torse et colle ma poitrine dans son dos. Je dépose mes lèvres sur son omoplate et je souffle contre sa peau. " Ça va aller Darwin... " L'eau me tombe sur le visage mais je reste là, contre lui, avec mes vingt cinq centimètres de moins. " Laisse toi aller " Parce que j'étais pas là pour le juger et je ne le ferai jamais. Et s'il voulait rester comme ça pendant des heures, ça m'allait. J'avais rien besoin, juste d'être au calme, avec lui, et on l'était plus ou moins là...
if the whole world was watching, i'll still be dancing with you
Avec le bruit de l'eau, je ne l'ai pas entendue rentrée dans la salle de bain, et en étant dos à la porte il m'était impossible de le savoir avant qu'elle ne se manifeste de la sorte, me surprenant dans mon pire moment de faiblesses, alors que je pleure comme un con sous cette douche. Elle se colle à moi, ses mains venant sur mon torse et son visage dans mon dos. Je la sens bien, mais je me fige, parce qu'elle n'a pas à être là, elle n'a pas à s'incruster comme ça dans ma douche alors que je pleure. Pourquoi elle apparaît dans un tel moment de faiblesse de ma part ? Elle ne va plus du tout me voir de la même façon, je vais passer pour une mauviette, pour un faible et ça, c'est bien une image que je veux pas que les gens aies de moi. Je me redresse alors, à l'opposé de ses paroles qui me disent de me laisser aller. Je ne peux pas faire cela, à cause de ma fierté, déjà rien que le fait qu'elle sache que j'ai un peu pleuré, cela n'est pas bon du tout pour moi. Je reste donc immobile un long moment, la laissant dans mon dos, le temps de me calmer, de ravaler mes larmes. Je finis par soupirer doucement et attraper ses poignets pour qu'elle me lâche afin de me retourner pour lui faire face. Porter un masque, aller bien. Voilà ce que je dois faire. Je laisse mon regard un peu rougit se plonger dans le sien, je souris timidement, quand bien même mal à l'aise à cause de ce qu'elle à pu voir tandis que ma main gauche vient doucement caresser sa joue, avant de glisser dans sa nuque pour l'attirer encore plus contre moi et l'attirer doucement pour l'embrasser, pour goûter à nouveau ses lèvres. Je me recule alors ensuite, pour la regarder à nouveau. "Tu... Veux bien m'aider ?" La questionnais-je alors. "Faudrait que je me lave les cheveux, mais avec mon épaule, j'ai du mal à lever le bras." précisais-je alors en baissant mon regard vers mon bras droit et mon épaule assez bien marqué par un bleu, suite aux nombreuses portes que j'ai défoncé pour les ouvrir... Je la regarde donc, attendant sa réponse, espérant dans un sens qu'elle ne me prenne pas de haut maintenant, parce que je lui ai encore montrer un truc que je n'aurais pas du. Après le piano, mes larmes. Bientôt, je devrais la tuer pour être sûr qu'elle ne parle à personne de tout ce qu'elle sait sur moi. Elle pourrait tellement ruiner mon image...
Accueil
Quelle. Nuit. Dans l'ascenseur, je glisse mes yeux sur Darwin et souris légèrement. Non mais c'est une blague en vrai ? En vrai de chez vrai, c'est la blague de l'année cette soirée non ? Je pensais le voir, lui parler, profiter de sa présence pour diverses choses et... Rien ne s'était passé comme je l'attendais, comme on l'attendait. Une soirée à discuter au bar près de l'université puis à se balader un peu avant de filer à la Eliot House. J'avais terriblement eu envie de lui toute cette semaine et puis vendredi était arrivé. Vendredi et son lot de surprise. Un cas d'étude mettant en scène une adolescence de douze ans, harcelée sur les réseaux sociaux numériques. Heureusement qu'ils n'existaient pas quand j'avais cet âge... Et cette gamine avait fini par se suicider à cause de la pression. Je m'étais reconnue en ce bout de chou, en cette petite demoiselle qui avait finit par croire qu'elle ne valait plus rien et que tout le monde serait mieux sans elle, que le monde serait un meilleur endroit sans elle. Et elle était passée à l'action. J'en ai parlé à Darwin dans les grandes lignes pour ne pas me confier sur ma vie et j'avais fini par m'endormir, la main sur son torse, le visage sur son épaule. On avait finit par s'endormir avant de se faire réveiller par du bruit dans le couloir, par la chaleur qu'il faisait dans la chambre alors que la pluie et l'orage battait dehors. Et ce fut la course, le début de l'horreur, le début de la fin en quelque sorte. On avait du sortir de là, passer par le centre d'urgence, puis par l'hôpital où je m'étais gentiment fait virer de la salle d'examen du jeune homme parce qu'hystérique. Oui, bien sûr... C'est surtout que j'aimerais pas qu'il ait des soucis. Après s'être fait frapper la semaine dernière, voilà qu'on a failli brûler comme du cochon quoi...