J'ai voulu me réfugier dans l'alcool, mais je ne rentre pas dans la bouteille (Beth)

Les paroles de la demoiselle aidant, notre première rencontre me revint en pleine figure. L’alcool m’avait suffisamment endormi l’esprit pour que j’oublie, mais désormais ce n’était plus possible de faire semblant : la blondinette, je ne l’avais pas remarquée parce qu’elle m’avait juste tapé dans l’œil, non… Je la connaissais déjà. Son prénom s’échappa de mes lèvres et très vite un voile de tristesse recouvrit mes yeux. Tristesse et honte aussi, parce que je me remémorais ma réaction, mes mots blessants de la dernière fois, et que me voir faire le guignol ce soir avait de quoi passablement l’énerver. Il valait mieux que je la laisse, que je m’éloigne, ce que je fis, après avoir soufflé quelques consignes à l’un des serveurs. Accoudé au comptoir, je sentis alors une présence près de moi, tournai la tête et fus surpris de la voir. Annabeth m’avait suivi. Mon regard scruta le sien quelques secondes, étonné, restant silencieux tout comme elle, cherchant dans ses prunelles à analyser son état d’âme actuel : est-ce qu’elle était encore en colère ? Allait-elle me balancer un verre à la tronche ? Se venger en commandant les plus onéreuses bouteilles de champ de l’établissement que j’aurais bien évidemment du mal à régler ? Y’avait rien de tout cela dans ses yeux. Pas de malveillance. Pas de rancœur. Et ses paroles suivantes me confirmèrent qu’elle n’était pas venu pour continuer la guerre, mais plutôt pour en enterrer la hache : elle me demandait pardon. « T’as pas à t’excuser Anna. Je… Je me suis gâché la soirée tout seul. » Parce que c’était moi qui à la base avait merdé. Mais plutôt que de débattre all night long sur qui de nous deux était en tord dans l’histoire, je préférais saisir l’opportunité que me tendit la demoiselle : repartir à zéro. Un petit sourire se dessina sur mes lèvres et je lui tendis la main, jouant le jeu à 200% : « Denys Zacharias, enchanté. » me présentai-je alors, comme si c’était réellement notre toute première rencontre.

Annabeth entra dans le jeu alors, se présentant à son tour en attrapant ma main, sourire aux lèvres. Je savais que même si on effaçait l’ardoise, elle n’avait pas réellement oublié d’un coup mon comportement plutôt abject de la dernière fois alors j’appréciais l’effort vraiment. « Beth, ça marche. Ravi de te rencontrer. » répondis-je alors, adoptant le diminutif qu’elle me soufflait, abandonnant celui plus commun d’Anna. La demoiselle me questionnait donc sur mon statut d’étudiant à Harvard. « Tout à fait. » confirmai-je donc avant d’ajouter : « J’ai repris en septembre, après 3 années de –pause-. » Une année sabbatique à rallonge en somme. Le besoin de couper, de voyager, d’oublier… De laisser derrière moi quelques souvenirs douloureux. « J’étudie la psycho et le sport. » expliquai-je. « C’est un peu dur de s’y remettre. » J’avais plus rapidement repris le pli des soirées étudiantes, comme ce soir où j’avais encore bien picolé, que le pli des études et des révisions. « Et toi, tu es en quoi ? Attends non dis rien, je devine : dance ? » suggérai-je en me repassant mentalement la choré de la demoiselle qu’elle avait effectuée un peu plus tôt. «  De ce que j’ai vu tout à l’heure tu te débrouilles très bien. » complimentai-je. « Et ne te sens pas obligé de me retourner le compliment, j’ai conscience que mes compétences en la matière sont faibles. » Lucide, surtout après ma tentative de moon walk désespérante…