the weather reflects what's in my body (carmingham)

On a réussi à sortir. Je crois qu'on a littéralement tous réussi à sortir. Ça n'a pas été facile, ça a été la crise de panique. J'ai crié, paniqué, hurlé, pleuré avant de me calmer parce que l'oxygène se faisait rare dans la Eliot House au bout d'un moment. Mais on est tous sorti en vie et maintenant, on va tous être séparés en petit groupe pour aller se faire soigner dans les hôpitaux aux alentours. Certains en sortent à peine et vont déjà devoir y retourner. Ça fait deux minutes que je tousse et qu'un ambulancier me demande de venir avec lui. " Je ne bougerais pas de là avant que tout le monde soit sorti " Lâchais-je en toussant comme une poitrinaire alors qu'il m'embarque de force vers le premier camion, celui le plus proche du brasier qui est entrain de s'éteindre. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que c'est cette baraque qui a cramé ? Pourquoi aujourd'hui ? Masque posé sur le nez et la bouche, je tente de reprendre mon souffle et j'espère que mes poumons ne sont pas brûlés, ce serait le comble. Et au loin, je le vois quitter la police -c'est ça d'être la seule tête dirigeante présente-. J'ôte mon masque court vers lui et lui saute presque dans les bras. " Mon dieu t'as rien ?! " Demandais-je en posant mes mains de chaque côté de son visage, le regardant partout. Je l'embrasse et me recule aussi sec. " Pardon. Désolée. J'aurais pas du " Soufflais-je en le regardant, prête à éclater en sanglots. " J'ai eu peur qu'il t'arrive quelque chose " Murmurais-je rapidement. Il me déteste surement mais moi, je l'aime et on ne peut rien faire contre ça... Rien ni personne ne peut y changer quoi que ce soit. " Montre voir ta main " Parce que je l'ai vu se brûler, tout comme moi à un moment.

Je racontais, déballant mon sac, insistant lourdement sur les récentes tensions avec les mathers lors de ma déposition. Les forces de l’ordre avaient l’air blasé. C’était l’orage, les éclairs selon eux, je le voyais bien qu’ils ne me prenaient pas au sérieux, qu’ils avaient ce petit éclat moqueur dans les yeux quand j’essayais de leur décrire l’ampleur de la rivalité entre les verts et les occupants de ce bâtiment. Mais ils s’en fichaient surement. Si ça se trouve c’était d’anciens mathers. Cole, parano, welcome back. « Vous notez bien, hein, que les détecteurs de fumée n’ont pas fonctionné, que j’étais été obligé d’enclencher l’alarme incendie moi même. » insistai-je quand même en vain. Puis finalement, ils me libérèrent, me désignant le camion des soignants où des premiers soins étaient dispensés aux étudiants les plus touchés. J’avais quelques éraflures, quelques brûlures, rien de méchant… Mais je m’avançais quand même par là, pour surtout essayer de m’enquérir de l’état de mes camarades eliot et de son état à elle… Kyla… Mais qu’est-ce qu’elle faisait là, ce soir, au milieu de ce brasier ? Je n’eus pas le temps de me poser davantage de temps la question mentalement qu’elle débarqua devant moi, encadrant son visage de ses mains, venant poser un instant ses lèvres sur les miennes… Elle s’écarta aussi sec et s’excusa… « Vieux réflexe hein… » me moquai-je avec un petit air mauvais, refusant d’avouer mon soulagement de la savoir saine et sauve. Elle voulait voir ma main mais je secouai la tête, refusant de la lui montrer en objectant : « C’est rien, va te faire soigner Kyla… » Qu’elle aille donc au camion oui, j’étais pas d’attaque pour une dispute, pour une altercation alors que ma confrérie venait d’être réduite en cendre…

J'avais bien vu la fumée émaner de la Lowell House. J'avais encore des amis là haut mais ceux que j'avais ici avait aussi besoin de moi. Je regardais Darwin du coin de l'oeil parce qu'il avait pris cher pour m'aider à défoncer une porte avec personne derrière... Et il allait surement m'en vouloir mais il fallait que je sois sure que ma Kalista ne soit pas là avant de dégager. Cette fille, c'était mon coeur, mon sang et sans elle... Non, impossible. Comme sans lui, que je voyais au loin. Je le connaissais assez pour être persuadé que c'était la faute des verts et qu'il allait leur faire vivre un enfer pour qu'ils perdent leur baraque aussi. La Eliot House n'était plus qu'un brasier. Ils ne sont pas prêts d'y refoutre les pieds... Je cours vers lui et l'embrasse. Parce que c'est un réflexe, ouai, comme il le dit. Mais pas que. " Si tu le dis... " Mes lèvres n'avaient pas touché celles de qui que ce soit depuis ces quinze jours loin l'un de l'autre. Enfin, pas de cette manière. Et, protectrice comme j'étais, je voulais voir s'il allait vraiment bien. " J'ai pas besoin de me faire soigner Cole " Lâchais-je simplement en le regardant droit dans les yeux. " T'aurais pu brûler vif ce soir Cole, tu peux pas me demander de dégager comme ça.. " Non, impossible. Strictement impossible. " Et même si tu le fais, je t'écouterais pas. Je suis une tête de mule, tu l'as bien vu tout à l'heure non ? " Et tout le monde était occupé, la moitié de ses potes ont été emmenés à l'hôpital alors bon... Laisse moi rester avec toi, juste un peu.

  Je ne la laisserais pas me retourner le cerveau, avec ses lèvres sur les miennes, avec ses yeux dans les miens… Non, je ne lui laisserais rien entrevoir de l’espèce de trou béant qu’elle m’avait fait là, au creux de ma poitrine, en me cachant ce truc avec Wade, en me l’avouant que maintenant, alors que j’étais déjà bien trop accrochée… Non, je ne laissais rien entrevoir de cela, avec ma réplique moqueuse, piquante. Et je lui soufflai ensuite d’aller se faire soigner, qu’elle déguerpisse au passage de ma vue. « J’aurais pu brûler vif ouais… T’aurais été tranquille comme ça. Là j’aurais pas pu te demander de dégager.» Mais j’étais là, en chair et en os, et je pouvais donc me permettre de le faire. Lui dire de se tirer. Même si, elle, elle refusait toujours de bouger. Une tête de mule c’était le mot. Je la toisais donc, croisant les bras, planté devant elle avec un air buté. Deux têtes de mules serait plus juste en fait. Et après quelques minutes de silence pesante je finis par demander ce qui me brûlait les lèvres : « Qu’est-ce que tu foutais là bas Kyla ? » L’accès à la EH était interdit aux non eliots, elle ne pouvait pas l’ignorer, je lui avais rabâché les oreilles pendant des jours avec le nouveau règlement qu’on avait rédigé Oksanna et moi…

Je crevais d'envie de lire en lui comme dans un livre ouvert, comme j'avais réussi à le faire pendant quelques temps. Quand il allait mal, je le savais. Quand il allait bien, je le savais. Ça se voyait. Je le connaissais. Et je déteste ce regard qu'il me balance à chaque fois qu'il pose ses yeux sur moi. S'il avait des flingues à la place des globes occulaires, je serais trouée comme Noah. Je le regarde et fronce les sourcils. " Tranquille ? T'es sérieux là ? " Lançais-je en déglutissant avec difficultés. Il était donc redevenue ce connard que j'avais hais pendant tant de temps ? Avant de tomber amoureuse de lui encore plus rapidement. " Et en quoi j'aurais été tranquille de perdre l'homme que... " Je déglutis difficile. " Laisse tomber " soufflais-je gravement en baissant les yeux quelques secondes. Je refusais de partir. J'avais besoin de lui. J'avais flippé qu'il passe l'arme à gauche, qu'il brûle dans ce putain d'incendie. J'avais terriblement flippé. " J'ai croisé Darwin sur le campus vers 21h, on a discuté et quand il a commencé à pleuvoir, on est venu se réfugier à la Eliot. On a discuté et j'me suis endormie sur son lit " Lâchais-je simplement. J'allais pas mentir non plus. Mais j'avais peur que ça attire des ennuis à Darwin quand même. " C'est vraiment ça le plus important pour toi sérieux ? " Demandais-je simplement. Qu'est-ce que je foutais là ? Je discutais avec un ami. Cool, ça va changer nos vies. Et puis, y a plus réellement de contrat puisque y a plus de confréries...

   J’étais froid et tranchant. Je ne laisserais pas tout ça m’atteindre, parce que je me savais au fond du gouffre.. C’était quoi le dicton : touche le fond, tape du pied et tu sais que tu vas remonter ? Ou un truc du genre… Moi j’avais jamais été un grand fan des plongeons, mais je me consolerais en me disant qu’après cette mauvaise série, une meilleure allait venir. L’ascension de Cole Wildingham, bientôt sur vos écrans… Elle parut surprise par mon ton, mon attitude, commença à me questionner avant de laisser mourir les mots qu’elle me destinait sur ses lèvres. « Je laisse tomber oui. En fait je l’ai déjà fait. » Je l’avais laissée tomber, je nous avais laissé tomber. Ses yeux flanchèrent et c’était déjà ça. Une petite victoire. Encore quelques phrases acerbes et peut être qu’elle partirait d’elle même non ? Et puis là, campant devant elle, bras croisé, visage fermé, silence gênant, je finis par reprendre la parole pour lâcher la question qui me démangeait. Darwin. J’étais un peu… estomaqué. C’était le cousin de Noah, il y avait eu l’hôpital, ce moment tendu et puis ensuite tous ces échanges où j’avais naïvement cru que l’on s’était rapproché, alors pourquoi s’était-il risqué à enfreindre le règlement ? Surtout pour ramener mon ex dans nos murs ? Je secouai la tête, l’air un peu confus. La laisse pas mettre le bazar dans ta tête, je repris donc le masque de l’indifférence pour répliquer sur un ton dur : « Non c’est pas important je m’en fiche. Tu pourrais bien t’être envoyée en l’air avec toute la EH que ça n’effacera pas le fait que tu sois passée sous Wade l’an dernier. » Aucune conquête, aussi prestigieuse soit-elle n’effacera ça…  

" Bien sûr que tu l'as déjà fais. Te battre, c'est pas ton truc " Soufflais-je en tournant le visage quelque seconde. Il ne se battait pour rien, jamais. C'était un trouillard, un manipulateur et j'avais été prise dans ses filets comme une petite mouche dans une toile d'araignées. J'étais fatiguée, blessée, brisée et je ne rêvais que d'une chose, le prendre dans mes bras, l'embrasser... Avant de me barrer. Je suis bien trop attachée à lui et c'est mauvais, c'est très mauvais et je le sais. Pourtant, je continue. Toujours plus sadomasochiste.. Je le détestais autant que je l'aimais et je m'en rendais compte à ce moment là, encore plus alors que ses mots, tranchant, me laceraient le coeur. Comment avait-on pu passer des ces moments parfaits à... ça ? " J'suis pas une autoroute Cole, on me passe pas dessus " Lâchais-je en déglutissant avec difficulté. Je le déteste, je le déteste, je le déteste ! " J'ai fais des erreurs et je m'en veux chaque jour depuis que c'est arrivé. Je le déteste ton putain de frangin et je regrette de pas avoir vu avant que c'était qu'un bâtard... Je lui aurais collé mon poing dans la gueule plus tôt sinon " Lâchais-je, m'énervant un peu plus. Et j'allais peut être cogner un deuxième membre de la famille ce soir, qui sait ? " Arrête d'être con avec moi putain, pas après ce qu'on a vécu tous les deux " Soufflais-je, en le regardant droit dans les yeux. J'allais en prendre pour mon grade, mais soit, j'étais prête, je crois.

 Se battre n’était pas mon truc ? Elle l’avait oublié mon combat de longue haleine contre Wade ? Surement pas. Elle était même un dommage collatéral alors impossible qu’elle l’ait oublié. Mais puisqu’elle m’attaque sur ma couardise, qu’elle me tend cette perche, je ne pus que reprendre pour mieux enfoncer le clou : « Je ne me bat que quand quelque chose en vaut la peine… » Elle voulait pas aller se faire soigner ? Elle voulait rester ? Et bien j’allais la faire changer d’avis. C’est ainsi donc que je contre attaquai, en apprenant qu’elle avait dormi avec Darwin, dans son lit, dormi ou couché, quelle importance ? Je lui affirmais mon indifférence et mon dégoût, l’occasion de remettre sa coucherie avec Forbes sur le tapis. Mes paroles semblèrent atteindre leur but, puisqu’elle répliqua avec une voix bien plus énervée déjà. « Tu sais que t’es dans le même sac que lui ? » Elle m’avait parlé de son côté petite fille sage, je l’avais imaginé en jolie danseuse imprenable alors… Elle avait eu ce type qui lui avait brisé le cœur. J’aimais l’idée qu’elle ait pu être une douce et innocente étudiante, mais cette image que je m’étais fait d’elle était erronée. Elle m’avait menti, dissimulant ces choses horribles qu’elle avait fait ; elle s’était droguée, elle avait traîné là bas à la mather, et finit dans les bras de ce connard… Et il y avait surement plus. Ivy n’avait rien voulu dire, mais elle savait d’autres choses j’en étais persuadé. Et ça ne m’étonnerait même pas que Kyla m’ait encore caché des trucs. Dès le début, de toute façon, elle avait toujours omis de me donner certaines informations, même quand j’étais concerné en première ligne. Elle m’ordonna d’arrêter d’être con, rien qu’en respect de ce qu’on avait vécu, de notre histoire, son regard venant s’accrocher au mien. Je la toisais un instant, mâchoire serrée, regard sombre : « Qu’est-ce que tu  veux Kyla ? Qu’est-ce que tu cherches là ? » On s’était pas assez fait mal comme ça ? C’était elle qui les provoquait là, mes piques, ma rancœur, mes attaques…    

" Laisse moi rire " Soufflais-je en levant les yeux au ciel. Il pouvait pas jouer l'indifférent comme ça, c'était tout bonnement impossible. " En tout cas, je me suis trompée sur une chose, t'es un très bon comédien " Lâchais-je simplement. Parce qu'on pouvait pas passer de 'in love' à cette indifférence qu'il me balançait à la gueule, de ce ton insupportable qui commençait à m'irriter. Je l'aime, je m'inquiète pour lui mais... Je devrais pas. Je devrais absolument pas me mettre dans des états pareils pour lui. Pourquoi ? Parce qu'il n'en vaut pas la peine. " Et je vais en sortir de ce sac " Lâchais-je en le regardant droit dans les yeux. Je vais me battre, je vais me battre parce qu'il est pas capable de le faire pour nous. Combien de temps ? Je ne sais pas trop... Et même s'il n'y croit pas, je le ferai... " Me demande pas ce que je veux alors que t'es incapable de me le donner, c'est clair ? " Lâchais-je simplement, croisant mes bras sur ma poitrine. " Tu m'as jamais donné la possibilité de m'expliquer en fait. T'as sauté sur l'occasion de me quitter pour aller baiser ta mather et... Je t'en veux pas " Pas tant que ça. Peut être que c'est ça la solution, lui dire que je m'en fous et m'en foutre, réellement. " Au moins, une chose est sûre, t'as été fidèle et pour ça, je te remercie " Lâchais-je en haussant les épaules. Il a été avec moi ce qu'il n'a jamais été avec aucune fille. Fidèle. Et il pourra dire le contraire, je sais que c'est faux. C'était sympa de sa part quand même. J'apprécie grandement l'effort.

Je voulais qu'elle s'en aille, qu'elle ne reste pas devant moi. Encore moins à cet instant précis, pris en flag' de faiblesse suprême, d'échec total. J'étais censé co-gérer la EH et regardez ce qu'il en est advenu : un tas de cendres fumantes. J'étais mal, trop mal pour être gentil, trop mal pour prendre des gants et lui répéter gentiment qu'elle serait mieux au camion de soins. C'était plutôt à coup de piques blessantes que j'allais l'envoyer là bas. "L'oscar du meilleur acteur…" Et je signai mes mots d'une petite révérence sarcastique à ces mots, comme un artiste sortant de scène. Elle se référait à quoi là ? A mon indifférence actuelle ? Ou à mon comportement passé ? Qu'importe, dans tous les cas, ça ne changeait rien au fait que je voulais mettre fin à cette entrevue. Alors quand je sentis avec satisfaction une pointe d'agacement apparaitre dans sa voix, j'assénais un nouveau coup en lui affirmant qu'elle était, à mes yeux, dans le même sac que ce bâtard de Forbes. "Bon courage alors." Sourire mauvais, je commençai à taper du pied, à m'impatienter. J'avais encore tellement de choses à dire aux forces de l'ordre. Je l'avais, ancrée en moi, cette certitude que cet incendie, ce n'était pas ce qu'on voulait nous faire croire. Je préférais penser à tout ça, imaginer mille machinations des mathers, des scénarios dignes des pires films d'action, n'importe quoi plutôt que de repenser à nous. On allait faire quoi de tout ce qu'on avait pas vécu ? Et si c'était pas elle, si c'était pas Kyla, c'était qui ? Je chassais amèrement ces questions de mon esprit, laissant mon regard se perdre sur les ruines du bâtiment, protégées par des barrières de sécurité désormais. Je la laissais parler, surpris de la voir retrouver son calme pour me souffler qu'elle ne m'en voulait pas, même si j'avais, selon elle, sauté sur l'occasion de notre rupture pour aller en sauter d'autres, ce qui n'était pas faux. Des seins, des jolies jambes, un joli boule et je signais… Certains se saoulent, d'autres écoutent du Céline Dion, moi je déprime en baisant… Mon foie, mes oreilles et ma queue m'en remercient d'ailleurs. Je reportai mon regard sur elle quand elle me remercia, une lueur étonné dans les yeux, puis mon petit air agacé réapparut : "C'est bon ? T'as fini ?"