we can kiss behind the bookshelves (happy)

Je vivais dans un monde de bisounours, aucun doute là dessus. J'étais persuadée que si j'avais réussi à m'en sortir si bien, tout le monde pourrait le faire aussi. Seulement, je n'avais jamais eu besoin d'argent, mes parents m'en donnant plus que de raisons. J'avais toujours fais ça pour le fun, pour l'adrénaline mais aussi - voire surtout - pour le contrôle. Parce qu'avec moi, aucun homme ne posait sa main sur moi quand je n'en avais pas envie. J'étais la pire des escorts en privé mais en public, j'étais une vraie reine, m'immiscant parfaitement dans le rôle de la jeune petite amie de ce grand riche de plus de vingt ans mon aîné. Je n'avais pas que des mauvais souvenirs, loin de là même. Et quand je voyais son visage se décomposer quand je lui disais que je cherchais un gigolo pour la soirée, je me retenais d'éclater de rire. Tellement pas mon genre. En tout cas, il flattait bien mon égo comme il faut et c'était tellement... agréable ! " Tu sais parler aux femmes toi " Soufflais-je avec un sourire sur le visage. " Mais quand on paye, on a pas d'efforts à faire tu vois... " Parce que c'est dû, parce qu'il y a un contrat et tout ce qui va avec. Mais je devais bien avouer que ce n'était pas du tout mon genre. Il n'y a rien de fun à savoir que c'est forcé et que sans contrat, on aurait pas attiré l'attention du jeune homme en question. En tout cas, parler avec le jeune homme me rassurait. Surtout sur le point où il n'aimait pas ce qu'il faisait. Intérieurement, j'espérais qu'il n'aimerait jamais ce qu'il faisait parce qu'une fois qu'on y trouvait un quelconque plaisir, c'était fini, on n'en sortait jamais. Mais en tout cas, il touche du doigt une vérité. " Non, ils ne sont pas heureux... La preuve, les femmes se sentent obligées de se ramener avec un jeune plutôt que de venir seule et d'être montrée du doigt... Et les hommes, c'est pareil " Soufflais-je en haussant les épaules. " Mais j'ai quelque chose qu'ils n'ont pas. Je sais pourquoi tu fais ça, je sais ce que c'est de galérer alors qu'eux... Rien du tout " Cuillère en or dans la bouche, jamais aucun soucis à l'horizon, voilà où est la grande différence. " Faut pas croire qu'on est tous pareil, d'un côté comme de l'autre " Y a des nuances partout. Et les saisir n'est pas toujours aisée dans ce monde...

Happy avait l’habitude de flatter les femmes, certes, mais il pensait chacun de ses mots. Voilà sans nul doute ce qui le différenciait de ses congénères gigolos. Aussi, en complimentant Kyla il pesait ses mots et apprécia son rire ainsi que le commentaire qui suivit ce dernier, lui arrachant une expression lumineuse. « C’est sincère » ne put-il décemment s’empêcher de renchérir, tout en sachant qu’effectivement, en payant, elle avait raison, aucun effort n’était à faire. C’était bien là tout le problème et la demoiselle mettait savamment le doigt dessus. Peut-être que l’américain touchait une vérité à son tour, une vérité quasi universelle, celle du bonheur. Pourquoi ces femmes et ces hommes payaient-ils si le bonheur était à portée de main ? Un couple vraiment heureux n’avait pas besoin d’aller voir ailleurs, ou de détruire le gagne pain d’un pauvre étudiant en médecine vétérinaire, qui risquait fort d’en porter la marque pour un bon bout de temps… non pas qu’Happy soit du genre à se plaindre, d’ailleurs il n’en esquissa pas le moindre mot à ce sujet, se contentant de mettre le doigt sur le pourquoi du comment les femmes venaient à lui, et régulièrement en prime. « Disons que si toi tu sais ce que c’est que de galérer, eux ils ne le savent pas et ne le sauront jamais. Avantage ou inconvénient ? Difficile à dire… tu connais le monde d’en bas et d’en haut. Perso, j’aimerais pas être richard, juste avoir ce qu’il faut pour ne plus être gigolo et vivre normalement, sans crouler sous les dettes » admit-il en haussant légèrement les épaules, tentant de dominer les grimaces douloureuses de son visage. « T’en fais pas je sais qu’il y a des bonnes personnes partout et des cons partout. Je n’ai jamais pensé que tu étais quelqu’un à mettre chez les cons, bien au contraire. La preuve, tu m’as évité d’être écharpé… merci encore pour ça… faudra que je trouve comment te remercier sans rire ! »

Je n'étais personne pour faire la leçon à Happy sur ce qu'il faisait, loin de là même. C'était complètement faux cul de ma part si je venais à le prendre en grippe là dessus. Au lieu de ça, je voulais lui faire comprendre que tout ça pouvait être très facile pour une partie comme pour l'autre. De la compagnie d'un côté, du fric de l'autre. Tout le monde y gagnait dans ces échanges et on ne pouvait pas dire le contraire, loin de là même. Chaque partie savait où étaient les limites. Ou presque. Je l'écoute et ris légèrement quand il me traite de 'richard'. " Ça facilite bien des choses d'être riches tu sais.. Enfin, dans mon cas du moins parce que je n'ai personne sur le dos pour me dire quoi faire " Lâchais-je simplement. J'étais blindée mais personne pour me dire "fais pas ci, fais pas ca". Je n'acceptais plus aucun commentaire de mon père et ma mère sur ma vie, sur la façon de la gérer et mon géniteur ne pouvait plus rien dire, vu où il se trouvait. Je l'écoute et secoue le visage de droite à gauche. " Me remercier ? N'importe quoi. J'étais à ta place y a quelques mois encore, c'est moi qui ait failli en prendre des coups. Et figure toi qu'une femme est encore plus hargneuse qu'un homme " Lâchais-je simplement. Je n'avais pas eu de soucis sur ce point mais je savais que ce n'était pas le cas de tout le monde. Certaines femmes nous voyaient vraiment comme des menaces parce qu'on était toujours plus jeunes et plus belles qu'elles. Alors qu'un homme, c'est différent.. La femme retourne toujours vers le compte en banque, vénale qu'elle est. " Tu sais que y a d'autres moyens pour se faire du fric sinon ? " Je n'avais pas pu en placer une avec Madisson alors peut être que j'allais pouvoir lui faire entrer quelque chose en tête maintenant... qui sait...

hj ; j'suis désolée du temps de réponse j'ai eu une grosse baisse de motivation