Inondation au Paint Bar

« Faut qu'on trouve quelqu'un. » Plus tard, pour le moment je préfèrerais que tu me répondes. Puis quand bien même, à cette heure-ci? La seule aide que nous trouverons viendra forcément des âmes esseulées et joyeux fêtards qui n'ont vu venir la tempête. Autrement dit des inutiles... Une fois la ceinture débouclée, je tente d'ouvrir de mon coté mais une voiture stationnée empêche ma portière de me laisser passer. « Toi ? » Ce n'est pas le plus important çà mais si un oui peu la rassurer... " Mieux que la bagnole " dis-je tout en claquant violemment la porte dans un sourire, pour dédramatiser. Alors contraint et par nécessité, j'attends qu'Anna soit sortie pour lui emboiter le pas et jongler de siège en siège, percutant de ma jambe le levier de vitesse et allongeant le bras dans le but de récupérer son blouson qu'elle a dans la précipitation oublié.

Mais même si j'avais voulu à l'intérieur de l'habitacle me faire confiant et relativiser, le temps et les bourrasques ont vite raison de ma fausse bonne humeur. Le Paint Bar n'est pas loin, alors après lui avoir rapidement déposé le manteau sur ses épaules, les pieds dans l'eau nous avançons cote à cote, tentant de l'abriter sous le mien, longeant les murs et profitant des soubassements pour nous réfugier temporairement. Pas après pas dans la flotte gelée et sous le déluge, nous parvenons enfin sous l'enseigne qui vient subitement de s'éteindre pour se rallumer, prélude d'une panne à venir mais nous n'avons pas d'autre choix. Alors paume plantée sur la porte malgré le niveau d'eau et sans songer à la quantité qui va s'y engouffrer, j'ouvre péniblement pour laisser passer Anna en première et au plus vite refermer sur mon passage. A l'intérieur ce n'est pas tant l'inondation qui m'étonne mais les étudiants réfugiés sur les tables, décors risible.  

" Mieux que la bagnole " Qu'il me dit en ovalisant un sourire, refermant sa porte bloquée, et tend avec son expression à me rassurer. Au moins, il va bien, c'est pour l'instant, tout ce qui compte. Alors je devine très vite ce qu'il attend de moi, que je m'extirpe de la voiture et lui à ma suite, évidemment, puisqu'il ne pourra le faire de son propre côté. Une fois au dehors, j'accuse la fraîcheur de la pluie, et d'avoir fait un caprice, je me maudis, sans ça, nous ne serions jamais sortis cette nuit. Les pieds dans l'eau, il ne suffit que d'une dizaine de secondes pour que ces derniers s'en trouvent trempés. Et Clay pose sur mes épaules ma veste, ce qui m'arrache un sourire, acte presque trop attentionné, mais qui me plaît, à ne pas en douter. Même si pour le coup, je ne suis pas certaine que ça me servira à grand-chose d'être couverte. C'est côte à côte que l'on s'approche du seul bar qui reste encore éclairé, et étrangement, je mettrai presque ma main à couper pour le fait que c'est une chose qui ne risque pas de durer bien longtemps. La force des tempêtes, de la pluie, du vent. Cependant, malgré les contraintes provoquée par la météo, on parvient à notre but, Clay se charge d'ouvrir une porte d'entrée que je n'aurai sûrement pas pu faire bouger, faut de mon manque d'efficacité en matière de force, et du reste, il ne faut pas se leurrer. Finalement, après quelques efforts, nous voilà à l'intérieur, et nos prunelles se posent tour à tour sur l'envers du décor. Au moins, l'eau ne tombe plus sur nos têtes, c'est la seule chose positive que je tends à voir. Parce que clairement, j'ai une impression que l'eau ne va pas s'arrêter de monter, autant dehors que dedans. On est dans la merde, clairement. ❝ Quoi Clay ? ... ❞ Instinctivement, je lance une oeillade à mon amant. ❝Hey y'a un sceau en plastique, venez m'aider à évacuer toute cette eau ❞ L'idée en soi n'est pas des plus stupides, sauf que nous, on en vient de l'extérieur, et ce n'est pas que mais … « Ca ne servira à rien tant qu'il pleut. » Certes je ne suis pas des plus rassurantes, mais faut le dire, le niveau à l'extérieur il n'a pas finit de grimper. « Un sceau contre des litres d'eau. » Je lui dis en souriant, pour lui faire comprendre que même s'il y met toute sa volonté, on ne gagnera pas. ❝ Es-ce que je pourrais avoir un verre ! ❞ Qu'un étudiant se met à vociférer. J'en fronce les sourcils, sans trop réaliser, faut croire que l'alcool même dans ces situations garde son pouvoir d'abîmer la raison.

@Clay Fitz. Cooper @Jimmy Bodovsky @Ronan R. Stark

Inondation au Paint Bar

Curieux spectacle que ces quelques étudiants pour la grande majorité expatriés sur des ilots de fortune : tables, chaises, bar, tout est bon pour trouver refuge. « Quoi Clay ? » Ce n’est pas par hasard que mon prénom élague la bouche de l’un d’entre eux dont je reconnais le timbre de voix : Jimmy est là. Seul, je serais allé le rejoindre mais ce n’est le cas puisque Annalynne se tient à mes côtés, le regard aussi confus que le mien. « Hey y'a un sceau … » Jimmy, et où tu comptes la foutre la flotte ? Il ne vaut mieux plus toucher à cette porte par laquelle nous sommes passés et dans l’évier… T’en auras pour des heures à écoper, faut pas se leurrer et d’ici là, l’eau n’aura cessé de monter. Annalynne en tire la même conclusion visiblement. Sans doute avec un peu plus de recul que les autres quant à cette cocasse situation nous sommes plus à mêmes de juger de sa gravité. « Un sceau contre des litres » Certes mais l’espoir fait vivre tu sais… Et comme si notre condition n’était pas assez inquiétante, l’un des étudiants affalé sur le bar se permet d’en rire d’avantage, un peu débile sur les bords, en faisant de son ivresse l’étalage. M’abaissant vers Anna et le toisant lui faute de son manque de maturité flagrant, je lui glisse à l’oreille de façon subtile : « S'il pouvait se noyer dans autre chose que l'alcool. » Ça me ferait des vacances, déchets qui à pas d’heure errent sur les trottoirs complètement grisés.

Mais pour le moment, mon principal sujet d’inquiétude n’est autre que la femme qui m’accompagne, les chevilles baignant dans cette vaste marre glacée. " Ton mal de crane? " Ma paume plaquée dans son dos la presse à faire comme les autres. « Vas sur l’une des banquettes, » pendant que j’essaye de me rendre utile même s’il n’y pas grand-chose à faire pour améliorer notre condition. Je n'ai pas pensé à prendre mon téléphone dans la précipitation mais peut-être que Jimmy a le sien. Et pendant que je rejoins mon ami, c'est le brun (Ronan) que je dévisage toujours, lui qui se permet de toucher aux réserves sans y être permis, très mauvaise idée mais continue l'ami, à chacun ses priorités dans la vie... " Jimm'. T'as ton téléphone sur toi? " Parce qu'à défaut de pouvoir passer par les lignes terrestres qui doivent être coupées, tous les flics d'astreinte ont sur eux leurs portables, c'est certain.