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There's this tune I found that makes me think of you somehow.
J'ai retrouvé la parole hier. Du moins, j'ai réussi à faire sortir quelques sons. Avec Liam, le stagiaire de Docteur Anderson. C'est lui qui m'a plus ou moins débloqué sur mes angoisses. J'ai pas pleuré, j'ai pas crié, je ne me suis même pas enervé. J'suis resté là, comme un con, à acquiescer quand j'ai finis par comprendre qu'il n'y avait aucune raison médicale à mon mutisme. Que c'était un choix, inconscient ou pas, de la fermer, mais que tôt ou tard, j'devais me sortir de ma torpeur et retourner dans la réalité. J'ai tellement peur de retourner à la réalité. Il y a quelque chose de terrifiant dans ça, les autres ne savent pas, ils comprennent pas. Que même si j'me montre nerveux, détestable et froid, dans le fond j'suis juste tétanisé. A cause de ce qui s'est passé, à cause de ce qu'il me reste à affronter. Ce n'est pas rien d'manquer de perdre la vie, j'ai peur de moi, peur d'eux, peur de tout à la fois. Plus fort qu'avant encore. Et j'sais pas ... j'voudrais m'éteindre. A la fois, j'voudrais que tout ne soit qu'un mauvais souvenir. J'suis perdu, complètement paumé. J'continue d'rester muet devant les infirmières, histoire de bien les faire chier ces conasses qui croient pouvoir me toucher. Je n'ai plus de perfusion, plus de branchement. Que des bandages qu'on me change tous les matins et cette béquille qui m'sert à me déplacer. Au moins j'peux me tenir debout, au moins j'peux marcher. J'suis assis dans mon lit, et j'ai besoin, c'est vital, de penser à autre chose qu'à mes abysses. De n'pas me noyer dans mon marasme, parce que c'est foutrement douloureux. Une fuite en avant dans la légereté, pour s'éclipser, faire comme si d'rien n'était. Au moins quelques secondes, comme pendant le slow que j'ai dansé avec elle. Une des premières choses que j'ai fais ce matin est de faire livrer dans sa chambre une montagne de paquet de nounours haribo. C'est laid, c'est nul, c'est niais. Stupide sans aucun doute, et ça me ressemble de trop. Je paye toujours mes dettes au centuple, et j'crois que sans le savoir, sans vouloir le dire, c'est ma manière à moi de la remercier. Pour Ana, le carnet, ou d'être passée. J'sais pas si elle a vu cette étrange surprise, ni même si elle est rentrée chez elle déjà. Comme il est 19h, et que je n'ai pas de nouvelles, je décide de l'appeller. Pourquoi est-ce que ça me fait quelque chose de ne pas avoir de signe de sa part ? Je n'en sais rien. Pourtant, je sais bien qu'il ne faut jamais être dans l'attente de rien. Difficile à appliquer dans cette chambre vide, quand vos pensées s'intensifient contre votre gré et que vous n'avez rien, entre ces quatres murs, pour tuer l'ennui et vous échapper. Je l'appelle, et tant pis. J'ferais l'air de rien, comme toujours. Et puis, comme ça, je lui annonce sans avoir à lui dire, que j'vais mieux, que j'parle, et pt-être qu'elle en tiendra Ana informer. Moi, j'me sens pas prêt à parler avec Ana. J'm'en veux et j'lui en veux trop pour ça.
Le téléphone sonne.
Le téléphone sonne.
(Invité)