teach me how to gagatise (moana)

Le mois d’octobre pointait le bout de son nez, et déjà tu allais rentrée à la maison pour quelques jours. C’était sidérant de voir la facilité que tu pouvais avoir à te prendre un pays pour rejoindre le bout du monde pour simplement quelques jours. Cela dit tu ne culpabilisais pas tant que ça ! Au contraire tu étais excitée comme une puce. Du coup tu t’étais décidée à faire quelques petites courses avant ton départ. Tu avais beau partir pour quelques jours seulement tu avais tout de même besoin de faire les choses bien. C’est en te baladant par cette jolie journée que tu as aperçu Moa’. Bon, il fallait peut-être avouer que ce que tu voyais ne te plaisait pas des masses. Pourtant tu étais ravie de la voir. Depuis la rentrée, tu n’avais pas encore passé un moment avec elle, un vrai moment le genre soirée, ou nuit à blablater sans avoir l’impression que le temps vous courrait après. Il a simplement fallu que tu l’aperçois pour que tu envoies valser le reste de tes courses. Tu es entrée dans cette boutique. On croirait au monde des bisounours. « Tout ce que tu diras pourra être retenu contre toi. » As-tu dit en l'approchant, comme si tu la prenais la main dans le sac. Elle ne s'attendait certainement pas à toi, mais tu étais bonne distraction quand tu t'y mettais, hors de question de la laisser là-dedans toute seule.

Les layettes. Moana n’aurait jamais dû rentrer dans cette boutique, et se perdre dans le monde très attractif du paradis pour bébé. Ce n’était pas demain la veille qu’elle serait maman, n’ayant même pas de mec stable depuis des lustres. Pourtant, s’occuper d’un bébé, être utile à un petit être si dépendant ne pourrait que l’aider à se reconstruire. Hélas, ce qui l’aiderait tout autant serait d’avoir une vraie relation avec une homme. Quelqu’un qui serait son pilier, en qui elle aurait une confiance quasi aveugle… mais pour connaître la gente masculine comme elle la connaissait, la donne n’était pas aussi évidente. Ses relations n’avaient jamais de lendemain depuis trois ans… et pourtant la voilà, fragile, à sentir une layette, les mains tremblantes. Elle se sentait tellement en faute qu’elle sursauta d’un coup d’un seul en entendant une voix familière tout près d’elle. « Talia ? Ce n’est pas du tout ce que tu crois ! »

Tes sourcils se sont plissés face au déni de Moana. Comment pouvait-elle avancer un argument pareil !  Il était aussi possible qu'elle soit en train de faire du shopping pour une amie qui venait d'avoir un bébé mais tu n'aimais pas la posture de la demoiselle à cet instant. Tu savais qu'elle donnerais trop d'importance à tout ça presque malgré elle. Ah oui ? et qu'est-ce que je crois ? Oui, tiens, c'était une bonne question ça. Tu lui as sourit, sans savoir vraiment ce qui se passait dans la tête de la demoiselle à ce moment précis et tu as pris la layette qu'elle avait des les mains délicatement. « Fais pas cette tête. » Oui tu ne la prenais en faute, pas du tout même. Non tu pouvais juste t'inquiéter malgré toi. Tu as eu cette bouille boudeuse en la regardant et tu lui as tendu les bras pour un câlin. Tu la saluais, ou voulais la consoler ou les deux qu'importe. Un câlin ça faisait toujours du bien.

Dans le genre argument débile, Moana venait de battre tous les records du monde. Mais sans savoir pourquoi, cela lui avait parut être la meilleure réponse à donner à ce moment précis. Pourtant, elle venait d’être prise en flagrant délit, layette dans une main, petits chaussons adorables dans l’autre. Pas évident de plaider non coupable après ça. « Bah… j’peux faire des courses pour une pote ! » poursuivit-elle dans son déni, bien qu’en vérité, nul ne savait mieux que la sicilienne combien elle s’enfonçait, toute seule comme une grande, dans un mal être dont elle refusait en prime de parler. Elle se laissa cependant faire lorsque Talia lui prit la layette pour mieux lui proposer un câlin. Autant dire que Moana ne le laissa aucunement prier, la serrant aussitôt fortement contre son corps. « J’ai une tête de zombie, c’est ça ? »

Oui c'était plausible, sauf que tu ne pensais pas à ça. Tu as donc grimacé en plissant le nez face à Moana. Mauvaise pioche. D'un petit non de la tête tu as finit par lui dire. « Non, je pensais pas vraiment à ça pour être honnête. » Oui autant être honnête mais tu savais bien que Moana saisissait clairement tes soupçons. Mais pourtant tu ne comptais pas lui jeter la première ou le lui reprocher. C'était pas ce dont elle avait besoin. Tu l'as gardé un peu contre toi tout en lui répondant. « Oui, un peu. Le genre zombie super canon et sexy. » Moana c'était une bombe. C'était pas une petite mine qui changerait ça. En attendant tu préférais la voir autrement, plus joyeux c'était certain. Tu as repris la layette à sa place l'air de rien et tu as pris ton amie par le bras en te baladant avec elle dans le magasin. Rayon pyjama pour enfant tu as rapidement dit. « Je suis sure qu'on est trop bien dans ce genre de pyjama. Te moque pas mais j'ai toujours voulu en acheter un format adulte. C'est peut-être un tue l'amour, mais en attendant c'est pas comme si j'avais une vie de couple stable à entretenir. » Tu étais persuadé que ce serait trouvable, peut-être pas ici mais tu allais mettre ça sur ta liste, tiens !

En même temps, son excuse était dit sur un ton tellement peu crédible qu’il n’était pas étonnant que Talia en vienne à douter. « Ouais bon… j’y peux rien, ça me fait fondre ces p’tits vêtements ! J’avais pas eu le temps moi… » secoua-t-elle négativement la tête, se battant intérieurement pour ne pas chialer comme une conne en plein magasin. Cela ferait mauvais genre, surtout pour quelqu’un d’aussi fier que Moana ! « C’est toi qu’est sexy d’abord » reprit-elle dans un sourire amusé, essayant d’oublier toute la peine qu’elle refoulait en son for intérieur. Une peine qu’elle refusait de laisser sortir, accessoirement. Avec Talia, au moins, ce moment risquait de ne plus être déprimant mais nettement plus fun. La preuve, quelques mots et hop, la sicilienne reprenait du poil de la bête, éclatant même de rire sans se retenir une seconde. « T’sais que j’ai toujours rêvé d’avoir un pyjama entier avec capuche bourriquet ? M’en fous que ce soit un tue l’amour ça doit être trop chauuuuud ! Mais franchement si aucun mec se coupe en quatre pour tes beaux yeux, alors ils sont tous trépanés du cervelet ! »

Tu as caressé la joue de ton amie en l'entendant dire qu'elle n'avait pas eu le temps. Cette réplique était forte de sens. « C'est normal que tu ressentes les choses comme ça. Tu verras le temps apaisera un peu tout ça. Ce sera jamais moins tragique, mais ce sera moins douloureux au quotidien. » Tu le pensais. En attendant tu étais persuadé que ce n'était clairement pas le moment pour Moana de se relancer dans une telle aventure. Tu doutais d'ailleurs qu'elle le veuille dans l'immédiat. Enfin tu n'en savais rien mais ça te semblait primordiale de laisser faire le temps et qu'elle se construise. Tu as donné un coup de hanche à la demoiselle qu'elle te rebalança le compliment que tu venais de lui faire. Bien sur que Moana était affreusement sexy. La question qui se posait restait de savoir si vous garderiez un minimum de charme en tenue de bébé format adulte. Le rire de la demoiselle te réjouissait à cet instant et sa confidence bien plus encore. « On s'est bien trouvé on dirait. Toi qui fait le clown, tu sais où est-ce que peut trouver un magasin sympa, avec un peu de chance on se trouvera ça ? » Tu la regardais un temps, l'air de lui proposer cette petite folie improvisée. « Oui ça doit être ça, tous des trépanés du cervelet comme tu dis, et toi alors quelqu'un fait battre ton petit coeur en ce moment ? »

@Moana B. Corleonesi

Moins douloureux… si seulement Talia savait toute la vérité ! Mais il ne valait mieux pas. La sicilienne esquissa un faible sourire, faible mais bien présent, évitant de se lancer dans une confession qui ruinerait à coup sûr cette journée déjà un peu maussade pour la brunette. A la place, la joie de vivre de sa blonde préférée était un véritable rayon de soleil. Le simple fait qu’elle dise que l’étudiante en médecine était sexy lui remontait le moral petit à petit. Oublier les layettes restait préférables, et se concentrer sur un pyjama pour adulte lui paraissait une bonne idée… bien que l’idée ne vienne pas d’elle mais de la jolie Eliot ! « J’me souvenais plus que je t’avais parlé de mon job, tiens ! J’ai LE magasin qu’il faut pour trouver le pyj de tes rêves… si, si je t’assure ! Il est à quelques rues d’ici d’ailleurs ! » Moana ne perdit pas de temps et prit le bras de Talia pour l’emmener hors de cette boutique lui donnant des sueurs froides. Disons qu’y rester un moment l’avait laissée en perdition, et qu’il était bien qu’elle en sorte. La preuve, elle poussa un petit soupir d’aise, avant de commencer à guider son amie dans les rues de Boston. « Ouais, ou alors ils ont juste pas les yeux en face des trous… au choix ! Perso… si je te dis que oui, ça te choque ? »

Tu as grimacé en entendant Moana avant de confesser. Je suis peut-être un peu trop fouinasse quand je m'y mets. Pour le coup tu ne savais pas comment tu avais su pour son boulot si ce n'était pas elle qui te l'avait dit. A l'inverse tu ne pourrais pas non plus décrire le moment où elle aurait pu te parler de ce boulot. Mystère donc ! Excellent, on a plus rien à faire ici, alors ! Oui voilà et juste comme ça vous n'alliez aucunement ressentir un déchirement en sortant d'ici. Non vous aviez un but bien précis et très sérieux qui était de vous acheter ces fameuses pyjamas tue l'amour. Le pire c'est que tu étais affreusement motivée par cet achat. C'était parti de rien, certes mais tu allais réaliser un petit rêve, ou plutôt un caprice. Tu marchais donc aux côtés de ton amie bras dessus, bras dessous, bien contente de n'avoir à penser à aucun mec qui n'en valait pas la peine en ce moment, et rapidement ta curiosité fut titillée. « Pourquoi ça me choquerait ! Cachottière, raconte t'en dis pas assez là ! » Oui qui ? quand ? comment, depuis quand ? Qu'elle te vende du rêve tiens !

@Moana B. Corleonesi

« En même temps c’est pas secret défense non plus, je fais pas un job rabaissant ou qui craint ! » haussa-t-elle les épaules. Moana était fière de jouer les clowns et de donner un peu de bonheur aux enfants malades. C’était un peu une manière de se soigner aussi, bien qu’il s’agisse de son cœur et non pas d’une vraie pathologie physique. Quoi qu’il en soit, si la sicilienne n’était pas rancunière pour trois sous en temps normal, autant dire que ce n’était pas aujourd’hui qu’elle risquait de le devenir, quand bien même Talia aurait-elle joué aux fouineuses par excellence. Là-dessus, l’italienne n’avait strictement rien à cacher. Sur un autre sujet, en revanche… « T’emballe pas, c’est hyper compliqué ! Disons que quelqu’un me plaît… très… très beaucoup, on s’en fout si c’est pas anglais c’que je dis, mais le souci c’est qu’il a autant de succès auprès des femmes que j’en ai auprès des mecs. »