Je souris, rassuré d’une part de savoir qu’elle n’entendait pas s’éloigner de moi sous prétexte qu’elle était désormais en couple, mais également en comprenant le deuxième sous entendu de ces mots : elle ne s’emballait pas, et c’était très bien ainsi. Prendre les choses comme elle venait, sans trop se nourrir d’espoir, c’était encore la meilleure façon de ne pas être déçue. Certaines filles avaient tendance à jouer les
meringues et à s’imaginer un futur tout rose dès qu’elle débutait une nouvelle histoire, j’étais soulagé que ma meilleure amie ne se classe pas dans cette catégorie. Elle me raconta qu’elle avait quand même eu le droit à un restau, et pas un mac do attention. Je rigolai avant de reprendre :
« Alors, fais moi baver, c’était un restau chic ? T’as mangé quoi de bons ? » questionnai-je, curieux, imaginant tout de suite les mets savoureux, les desserts au
chocolat et tout le tralala…
« On devrait se faire un restau ensemble d’ailleurs la prochaine fois, tu fais quoi samedi prochain ? » enchainai-je alors. Et clairement, pas de romantisme dans cette invitation, juste un estomac affamé de grande gastronomie. Fallait dire qu’avec la rentrée, j’étais plutôt sur la
planète révision. J’avais peu de temps pour moi, même si j’avais quand même rencontré quelqu’un… Et mon amie n’était pas dans le
cosmos, cette info là, elle l’entendit bien. Et comme elle était la
reine en la matière, elle renchérit sur le sujet, chercha à en savoir plus.
« Doucement Carter, doucement… » me marrai-je avant de me résoudre. Je n’avais pas le choix, ne pas répondre serait du
suicide, surtout devant l’
escadron de questions qu’elle me réservait.
« On n’apprend juste à se connaître pour le moment, mais oui, elle pourrait me plaire. Enfin, elle me plait déjà… » Et donner son identité à ma cabot préférée n’était peut être pas une bonne idée, parce qu’elles étaient dans la même confrérie. Si ça se trouve, elles se connaissaient toutes les deux.
« Elle s’appelle Millicent… » lâchai-je finalement, conscient que de toute façon, si je ne disais rien Carter allait me torturer pour savoir. On évoquait Monaco, nos souvenirs de là bas et on se mit d’accord : cet été, sans faute, on y retournerait ensemble. Un beau projet qui me réjouissait d’avance et qui fit naitre un sourire radieux sur mon visage. Ce sourire se dissipa néanmoins devant la tournure que prit la suite de notre conversation. Carter me demandait de ne pas m’énerver, ça commençait mal. Je fronçais les sourcils en la scrutant alors qu’elle poursuivait. De plus en plus inquiet à mesure qu’elle parlait, je me raidis en apprenant la nouvelle : elle s’était faite agressée.
« Carter… Je suis désolée, hey viens là… » soufflai-je en la voyant mal à l’aise et troublée à l’évocation de cette expérience qui avait du être traumatisante. Je saisis sa main, l’attirai dans mes bras pour la serrer doucement contre mon torse.
« Tu devrais pas garder ça pour toi. » Pour l’écouter, pour l’épauler.
« Tu vas comment depuis ? » Physiquement, moralement ?
« Roman, il sait ? » demandai-je avant que la conversation ne s’oriente sur nos confréries. Je racontais avoir décidé de rejoindre la winthrop ce qui amusa la demoiselle qui fit remarquer combien nous étions nombreux sous le fanion rouge.
« Y’a une bonne ambiance là bas… Pas de crêpages de chignon. » plaisantai-je en faisant ainsi référence au fait que c’était une population 100% masculine.
HJ: les mots en gras c'est pour mon bizutage