(ROMSIN) To let myself flow is the only way of being.

To let myself flow is the only way of being

Romy et Tamsin

Assise sur un banc, les écouteurs dans les oreilles, je laisse mon esprit se faire bercer par le ballet que m'offrent les poissons de l'autre côté de la vitre. Il est rare de me voir calme et immobile et l'aquarium doit être l'un des seuls endroits qui me proccure un minimum de sérénité. Je me sens comme hypnotisée par les mouvements des poissons, leurs couleurs qui constrastent avec le bleu profond de l'eau. C'est un peu devenu comme mon sanctuaire, l'endroit où j'aime être seule, où j'aime réfléchir ou au contraire ne penser à rien. C'est aussi un endroit qui me replonge dans mes voyages, comme si je me retrouvais quelques mois plus tôt, sans soucis, le coeur léger. Depuis mon retour à Harvard, je ne peux que constater que mon comportement change par rapport à la personne que je suis devenue lors de ma fuite. Je redeviens la Romy égoïste que j'étais avant de partir, une Romy qui ne cherche pas à faire le bien autour d'elle. Lorsque je parcourrais le monde, j'étais dans un état d'esprit totalement différent. Plusieurs fois j'ai proposé mon aide à ceux qui le nécessitaient, sans rien demander en retour. J'étais une meilleure personne, certainement car j'étais soudainement plus heureuse. Revenir aux Etats-Unis, à Boston, m'a rappelé la raison de mon départ. Mon enfance et mon adolescence troublées. Le fait que ma vie ne rime à rien. Alors comme pour ne pas oublier la Romy de l'année passée, il m'arrive de me rendre jusqu'au New England Aquarium et y passer l'après midi à observer les poissons. Essayer de retrouver un peu de paix dans mon esprit. Comme une parenthèse avant de retourner à mon quotidien. Au moins, on ne peut pas dire que j'ai pas essayé. Pourtant, ces virées restent complètement secrètes, je n'en parle à personne. Personne n'est au courant que je viens parfois ici dans l'optique de faire le tri dans mon esprit. Je suppose que c'est une question de fierté. J'ai pas envie qu'on se dise que j'ai un coeur tendre finalement, ou bien qu'on pense que je veuille changer, devenir quelqu'un de bien. Car c'est faux. Je veux pas devenir une sainte, je veux pas devenir faible. Si je veux survivre dans ce monde, je dois rester telle que je suis. Les gens comme moi n'ont pas le luxe de s'ouvrir aux autres, ils n'ont pas de seconde chance. C'est marche ou crève.

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Romy et Tamsin

Je sais pas ce que je fous là. J'en sais rien, je me balade ici avec mon téléphone à la main, attendant que quelque chose se produise. Au début, j'étais venue parce que j'étais en colère. J'avais traversé la rue et une voiture avait roulé dans une flaque à l'exact endroit où j'étais. Le jean étais plein de.. trace d'eau sur une seule de mes deux jambe, j'avais évidemment insulté le conducteur dans la rue entière et mes yeux se sont posés sur l'autre côté du trottoir et c'était l'aquarium. Ca allait me calmer de voir des poissons faire des ronds dans un bocal géant, je suppose. Mes préférés étaient sans doutes les méduses. J'adore ces petites choses, je trouve ça beau et impressionnant à la fois. Je suis entrée et bizarrement, ça m'avait calmé. Au début, du moins. J'avais vu les méduses comme voulu et d'autres poissons en tout genre. C'était beau, tout ce bleu, toute cette profondeur d'eau en pleine ville. Beau et révoltant à la fois, à mes yeux en tout cas. Tamsin qui veut le bien des autres autour d'elle sans pour autant s’engager à changer les choses. De loin, là, je vois Romy. Je souris, nerveusement, tristement, bizarrement mais je souris quand même. Je sais pas si j'ai envie d'aller la voir, je sais pas si j'ai envie de lui parler, de m'approcher d'elle. Cette fille est destinée à me détruire et rien d'autre, je le sais. Je le sais mais je fonce quand même la tête droit dans le mur. Je sais et rien ne m'arrête d'approcher et de me briser en route. Tant pis, j'avance et m'assoit à côté d'elle, sans rien dire au début. Les yeux perdus dans le bleu en face de nous. "C'est horrible." souris un peu sans croiser le regard de l'autre, laisse les yeux dans le bleu. "Ils savent pas qu'un océan n'est pas loin et qu'ils peuvent être libres." nous les humains, on aime enfermer les plus faibles. On aime les enfermer et les faire étouffer, leur faire croire que le monde se réduit à ça, à ce que nous voulons leur faire connaître et leur dire que c'est tout. Leur faire croire qu'on sera toujours là à les voir, les regarder, veiller sur eux, et puis on part. Tu connais bien ça toi, Romy. Faire croire des choses et partir. Partir sans jamais te retourner, laisser les gens dans l'illusion. J'espère qu'un jour tu souffrira, j'espère qu'un jour quelqu'un te laissera, que tu tournera en rond dans ton aquarium.

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Romy et Tamsin

Le regard rivé sur l'aquarium, je ne me rends pas tout de suite compte de la présence de Tamsin dans la pièce. Pourtant ce n'est pas comme s'il y avait foule. J'aurais du l'entendre marcher, j'aurais du me rendre compte que je n'étais pas seule. Elle s'était faufilée jusqu'à moi sans un bruit et était venue s’asseoir d'abord en silence, sans pour autant m'adresser le moindre regard. Moi je l'ai regardée, j'ai tourné la tête et j'ai observé son visage bleuté par les reflets de l'eau autour de nous. J'ai même esquissé un léger sourire, contente de la revoir. Contente de la revoir après nos dernières retrouvailles. Surtout après nos dernières retrouvailles d'ailleurs. Puis j'ai reporté mon attention vers les poissons alors qu'elle a commencé à parler. A parler des poissons, de la liberté. Je lâche un soupire à sa remarque. « Ouais ... » je me contente de dire un peu pensive. « Heureusement qu'il ne savent pas qu'il y a un océan. Au moins ils ne se rendent pas compte de ce qu'ils perdent. » je finis par dire, mes paroles faisant écho au fond de ma pensée. Parfois, c'est mieux d'ignorer, de ne rien savoir, que d'espérer quelque chose d'impossible. « S'ils savaient, ils voudraient leur liberté et ça les tuerait. » je rajoute. Je me dis qu'ils préféreraient clairement se laisser dépérir que de se dire qu'ils vont passer le restant de leurs jours derrière une vitre à se faire observer par une bande d'humains débiles tels que Tamsin et moi. En tout cas c'est ce que je ressentirais si j'étais à leur place. « Puis y a ceux qui ont goûté à la liberté et qui ne savent pas s'ils doivent être heureux d'avoir eu cette chance, ou malheureux de savoir qu'on leur a enlevée pour toujours. » je termine. Ce coup-ci, je parle clairement de moi. Moi et mes choix. Moi et ma vie. Je pourrais parler de mon tour du monde sans donner de nouvelles à personnes, comme je pourrais parler de ce que j'avais avec Tamsin à l'époque. Deux choses que j'aimerais ne plus regretter, comme si j'étais destinée à toujours répéter les mêmes erreurs. Je hausse les sourcils dans un nouveau soupire en baissant les yeux vers le bout de mes baskets. La fatigue me fait parler, et je commence à être fatiguée de moi-même. Comme si je n'étais pas simplement en train d'observer des poissons tourner en rond dans leur aquarium, mais plutôt le reflet de moi-même.

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Romy et Tamsin

Je sais pas si c'était une bonne idée de lui parler, au fond. J'en savais rien, j'ai jamais su de toute façon. Est-ce que notre relation a été une bonne idée ? Je pense pas. Je pense qu'on était là au mauvais moment et au mauvais endroit, qu'on s'est trouvé à un moment opportuns mais qu'on aurait mieux fait d'éviter, et je dis ça autant pour moi que pour elle. « Ouais ... » ouais on parle des poissons comme entrée en matière. Parce que j'avais aucune idée sur quoi dire d'autre. « Heureusement qu'il ne savent pas qu'il y a un océan. Au moins ils ne se rendent pas compte de ce qu'ils perdent. » Hausse les épaules. Je sais pas si je suis d'accord, mais c'est l'histoire de nos vies, ça. Ne jamais être d'accord ou en accord avec l'autre. C'est totalement nous, ça nous représente. « S'ils savaient, ils voudraient leur liberté et ça les tuerait. » J'ai l'impression qu'on approche d'un autre problème, là, Romy. Est-ce qu'on parle encore des poissons ou est-ce que tu viens de me perdre dans cette limite où je ne sais plus quel est le sujet ? « Puis y a ceux qui ont goûté à la liberté et qui ne savent pas s'ils doivent être heureux d'avoir eu cette chance, ou malheureux de savoir qu'on leur a enlevée pour toujours. » On parle clairement de toi, je l'entends. Je t'offre un petit rire moqueur, pas contre toi mais parce que tu m'amuse. Tu m'a toujours amusée. La liberté est pour ceux qui la veulent, c'est toi qui a décidé de te bloquer dans ce monde que tu n'apprécie pas, personne ne te force à rester là, personne. Tu es la seule à l'avoir décidé, à être revenue, à l'avoir voulu. Je tourne les yeux vers elle et souris, encore amusée de la situation. "C'est toi qui a décidé que ta liberté était ailleurs Romy." t'aurais pu être libre ici, tu peux être libre ici. C'est toi qui a choisi que ton bonheur était ailleurs, personne d'autre ne l'a fait pour toi. On aurait pu être libres ensemble, tu n'aurais pas ce mal-être si tu l'avais voulu. T'a voulu que tes chaînes soient ici et tu es ton seul bourreau. Personne ne peut rien y faire sauf toi. Hausse les épaules en regardant son amie, ex amie, appelez ça comme vous voulez. "T'aurais pu en décider autrement." C'est toi qui t'accroche ailleurs qu'ici, qui te dit malheureuse ici et qui le vit mal. Nous, on en prends que les coups d'une fille indécise qui ne sait pas où est sa liberté, où sont ses limites. "C'étaient tes choix." et ce sont nos choix qui faisons qui nous sommes. Je t'en voudrais jamais pour ça et ne te blâmerais pas non plus. Je t'en veux pour avoir décidé que je ne faisais pas partie de ta liberté. Que je ne représentais même pas un peu ton bonheur. Rien qu'un peu.

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Romy et Tamsin

Assise à côté de Tamsin, je me rends compte que nous sommes toutes les deux plus ouverte au dialogue que la fois où nous nous sommes croisées pendant le Summer Camp. Comme si elle avait pris le temps de réfléchir à ce qui s'était dit, ce qui s'était fait. Comme si l'absence d'agressivité dans sa voix me poussait à me comporter comme une adulte, et non comme l'enfant que j'étais il y a quelques semaines. Le truc avec Tamsin, c'est que je l'apprécie. Sincèrement. J'ai jamais voulu lui faire du mal et ça m'ennuie de voir que c'est toujours le cas. Ou du moins qu'elle m'en veut encore pour mon départ et mon manque d'empathie pour elle. Je fais pas dans le compliqué, j'aime la franchise et l'honnêteté, j'aime que les choses soient claires, que tout aille pour le mieux. Pourtant, j'ai beau essayer de fuir les drames je finis toujours pas tomber dedans la tête la première, comme ça a été le cas avec Tamsin. Je fronce les sourcils alors qu'elle m'affirme que j'ai décidé que ma liberté était ailleurs. Sa réponse ne m'étonne même pas. Tamsin est une fille intelligente, elle a su faire la liaison entre ma situation et celle des poissons. « C'est pas si simple que ça Tamsin. » je réponds néanmoins à mon tour. Car rien n'est simple. Tout n'est pas complètement noir ou blanc. Je n'ai rien décidé, je n'ai fait que constater. Je n'ai jamais été aussi heureuse que lorsque j'étais seule et à l'étranger. Mais sa façon de voir les choses est normale. C'est jamais facile de se rendre compte qu'on est pas la seule source de bonheur de la personne qu'on aime. De comprendre qu'on ne suffit pas. Car rien ne me suffit jamais, j'ai les yeux plus gros que le ventre, je veux plus, toujours plus. C'est bien pour ça que j'ai jamais été fichue de faire marcher une relation avec qui que ce soit. Car il y aura toujours un instant où je me dirais que l'herbe est plus verte ailleurs. Inconditionnellement insatisfaite. « J'ai rien décidé. C'est simplement ce que je suis. » je lui dis dans le plus grand des calmes. L'eau miroitante m'apaise, elle éclaircit mon jugement. J'ai pas envie de lui tenir des discours bidon à base de "c'est pas de ta faute mais de la mienne", peut-être car je ne juge simplement pas que ça soit de ma faute, de la faute de mes choix. Je pense que le problème avec Tamsin, c'est qu'elle essaye de trouver un coupable, une explication qui lui semblerait forcément plus logique que la mienne. Peut-être même qu'elle essaye de se convaincre que ma vision des choses pourrait changer. Qu'un jour je me rendrais compte que le bonheur n'est pas forcément ailleurs, mais aussi à Harvard, ou dans ses bras. J'aimerais que ça soit aussi simple. « Quand je suis partie de Harvard il y a un an et demi, j'avais besoin de tout reprendre à zéro. Je pensais que ça irait mieux en rentrant, mais ça n'a pas été le cas. » je commence à lui expliquer. Je me doute que ça ne doit avoir aucun sens pour elle. C'est vrai que de l'extérieur ça doit pas être facile à comprendre. « A l'époque, j'étais heureuse ici, car une amie m'avait montré que c'était possible. Puis elle est morte et tout s'est écroulé. » je finis par dire, sans davantage d'explications. Je veux pas tomber dans le mélodramatique ou dans l'émotion. J'ai pas envie qu'elle se sente mal ou qu'elle éprouve de la pitié. J'ai juste envie qu'elle comprenne pourquoi j'ai du partir et pourquoi mon retour me laisse comme un goût amer en bouche.

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Romy et Tamsin

J'ai toujours essayé d'être plus ou moins logique. Je sais que ça marche rarement, parce que très souvent j'ai ma manière de voir les choses, et le plus souvent je suis à base de je m'en foutisme. Clairement. Je tourne la page très rapidement et en parti parce que je ne veux pas que quelqu'un s'attache ou puisse s'attacher à moi. C'est à base de "prendre les mêmes et recommencer". Une nouvelle proie, une nouvelle moi, un nouveau challenge et je repars dans le jeu, c'est comme ça que je suis. Constamment dans le jeu, n'être jamais sérieuse, et ça marche plutôt bien. Bien sûr que j'en ai voulu à Romy quand elle est partie, mais je suis aussi passé à autre chose bien malgré notre vécu. « C'est pas si simple que ça Tamsin. » Ce n'est pas simple parce que t'a envie de voir la chose de manière compliqué. J'ai arrêté ce genre de chose, tu sais. De voir les choses trop simples ou trop compliqués. Je vis et j'avise en fonction de là où ça me mène. Oui, parfois je suis pas un ange mais j'arrête de penser les choses. « J'ai rien décidé. C'est simplement ce que je suis. » Moi je ne m'en plains pas pour moi, c'est pour toi que je dis ça. Tu dois être constamment dans la douleur, ton esprit doit être rempli de tas de questions sans réponses, de réponses sans avoir aucune question, de petits morceaux de vie là quelque part, qui s'alimente par la seule raison que tu es celle qui les créé. C'est ce que tu es, mais tu es la seule à ronger pour ça, moi je t'en voulais d'être partie parce que j'avais perdue une camarade de jeu et une amie. Et puis en général c'est moi qui part, pas les autres. L'égo qui parle, que veux tu.  « Quand je suis partie de Harvard il y a un an et demi, j'avais besoin de tout reprendre à zéro. Je pensais que ça irait mieux en rentrant, mais ça n'a pas été le cas. A l'époque, j'étais heureuse ici, car une amie m'avait montré que c'était possible. Puis elle est morte et tout s'est écroulé. » lève les yeux vers l'ancienne amie. La mort fait partie de nous, et j'espère que tu le sais. J'ai appris à vivre avec depuis trop longtemps déjà. "Tous tes amis vont mourir Romy." hm.. quelque chose me dit que je suis pas la mieux placée question réconfort. "Tout finira par s'écrouler, tout ce que tu construira s'écroulera." la vérité. J'ai arrêté de construire des relations fortes à cause de ça, je suis celle qui les détruits parce que je refuse que la vie le fasse à ma place. "Faut juste savoir.. comment gérer ça." à toi de trouver le moyen que tu veux. Moi je détruis. D'autres sont juste heureux d'avoir construit quelque chose et le garde intacte jusqu'à ce que la vie, le destin ou une connerie dans le genre le fasse pour eux. "Et si partir est ta solution, alors vas-t-en." Je dis pas ça pour être méchante, mais si c'est comme ça que tu gère, alors continue.

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Romy et Tamsin

J'ai décidé de m'expliquer auprès de Tamsin. Je lui ai parlé de ce que j'avais perdu, parce que de toute façon c'est la seule manière pour qu'elle comprenne. Je me suis dit que comme ça, elle m'en voudra peut-être moins, qu'elle finira par arrêter de me gonfler avec sa tendance à donner des leçons. Je me suis dit qu'on pourrait plus ou moins reprendre à zéro. En fin de compte, je demande que ça. Moi j'aime pas devoir me battre, devoir m'excuser, m'expliquer, me justifier. Je supporte pas devoir courir après les gens, en général je préfère les laisser derrière moi et passer à autre chose. Je pense qu'elle peut donc s'estimer heureuse que j'essaye toujours d'arranger les choses entre nous. C'est peut-être ma façon à moi de dire que je tiens à elle l'air de rien. Mais ses réponses m'agacent encore plus. Comme si elle était trop bornée que pour se mettre de mon côté, que pour se dire que je suis pas un monstre. Au fond, je peux comprendre son comportement. C'est forcément plus simple de me rabâcher la faute dessus plutôt que de me pardonner. « Justement, c'est comme ça que je le gère, d'accord ? » que je lâche en me levant du banc. Elle m'énerve, c'est dingue. Je m'éloigne alors d'elle, les bras croisés. Je marche jusqu'aux poissons et viens poser mon front sur la vitre froide. J'ai l'impression que tout ça n'est qu'une discussion de sourds, que ça n'avancera pas, que ça n'avancera jamais. Comme si c'était foutu entre nous. Jamais je ne m'excuserais, jamais je ne changerais. Et jamais elle ne voudra me pardonner. C'est aussi simple que ça. « J'vois pas pourquoi je partirais, j'étais là la première. » que je lui réponds. Et puis quoi encore ? Elle veut pas aussi prendre tout ce que j'ai tant qu'elle y est. Ici c'est mon territoire, c'est mon endroit spécial. « Si tu me déteste à ce point, toi vas-t-en. » que je dis en me retournant vers elle. Et voilà, je suis vraiment énervée en fait. « Puis tu sais quoi ? Arrête d'espérer que je change pour toi. Ca n'arrivera jamais Tamsin. Je change pas pour les gens alors passe ton chemin. » que je lâche, clairement sur la défensive. Qu'elle arrête de se faire des espoirs. Si elle m'en veut à ce point, c'est qu'elle m'a jamais vraiment aimée car j'ai toujours été comme je suis.

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Romy et Tamsin

 J'ai jamais su comment faire avec Romy. J'avais l'impression que mes phrases n'étaient jamais prises correctement. Je disais quelque chose et elle comprenait l'inverse, je pensais quelque chose qu'elle retournait contre moi. On était peut-être plus bonnes à rien, nous deux. On était peut-être simplement vouée à l'échec depuis le début. On le sait, moi je le savais en tout cas et ce serait mentir que de dire l'inverse. Je savais qu'on aurait pas été loin, parce que la vérité c'est que si c'est pas toi qui était partie, je l'aurais fait. Je t'aurais claqué la porte au nez un bon matin, juste par envie, pour mon bon plaisir. L'échec, ça nous connait, alors pourquoi la tournure de cette conversation me surprend ? « Justement, c'est comme ça que je le gère, d'accord ? » hoche la tête, sans plus d'implcation que ça. Ouais, d'accord, tu le gère comme tu veux, ce sont tes problèmes pas les miens, et je les porterais pas pour t’alléger. « J'vois pas pourquoi je partirais, j'étais là la première. » je fronce les sourcils sans comprendre, puis lentement c'est un sourire amusée qui se pose sur les lèvres de la brune. Je pensais pas qu'on avait un ordre de passage, qu'on était en compétition. Amusée, c'est le mot. « Si tu me déteste à ce point, toi vas-t-en. » j'entends la colère et elle m'amuse. Je rigole un peu, sans me retenir. Ouais, je retiens pas quand une situation est drôle comme celle-ci. "J'te déteste pas Romy." Je sais pas où t'es partie chercher ça. Moi, je le vis bien maintenant. C'est pas toi que je déteste, ce sont tes actes envers moi. J'ai détesté me sentir seule après que tu sois partie, mais regarde maintenant, je suis toujours debout, face à toi, à essayer d'être une amie présente quand toi tu me pense concurrente. « Puis tu sais quoi ? Arrête d'espérer que je change pour toi. Ca n'arrivera jamais Tamsin. Je change pas pour les gens alors passe ton chemin. » souris encore en haussant les épaules, "J'te veux pas." j'espère que c'est clair, parce que j'en ai pas l'impression, "J'espère rien parce que j'ai envie de rien avec toi, c'est tout. Reste comme t'es, ça m'va." légère moue aux lèvres, ce même sourire qui se change en sourire plus tendre quand elle s'approche de Romy, "Moi j'voulais juste retrouvée la fille qui m'a laissé, qu'on s'amuse comme on le faisait avant." attrape une mèche des cheveux plus clairs, qu'elle replace derrière l'oreille de la belle, glissant son pouce contre sa joue doucement, "Mais elle est loin maintenant et c'est pas grave, j'm'en fous." J'apprendrais à faire avec celle que j'ai en face de moi. Un peu moins en colère, peut-être.  

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Romy et Tamsin

Le fait est qu'elle me rend dingue, Tamsin. Elle fait partie de ces rare personnes à éveiller en moi toutes sortes de sentiments. A la fois on se ressemble beaucoup, et à la fois j'arrive pas à la cerner. Elle est comme ça, elle est comme une bête sauvage qui veut pas se laisser approcher. Elle laisse des pièges dans lesquels tomber, elle nous donne l'impression que, et en fait non. Elle change d'avis comme de chemise. Elle et moi, on vacille au grès du vent. On se court après, on se repousse avec ferveur. Elle me déteste pas, elle me veut pas. Je hausse les yeux au ciel. Un peu paradoxale la Tamsin. Mais de toute façon, je m'en fiche. Elle peut dire ce qu'elle veut, j'ai plus envie de rentrer dans son petit jeu. J'ai plus envie de me sentir mal pour elle, parce qu'elle et moi on sait bien qu'elle est comme moi. Que c'était elle ou moi dans cette histoire. Elle ou moi à souffrir, elle ou moi à faire souffrir. Et dans un geste d'auto-préservation, de survie, j'ai préféré sauver ma peau et la laisser sur la touche. Je m'en excuserais pas et tant pis si elle comprend pas. Je plisse les yeux vers elle alors qu'elle me dit qu'elle me veut pas. J'aurais envie de lui dire que c'est pas l'impression qu'elle donne mais j'ai pas envie de prendre la peine d'argumenter. Je sais qu'elle essaye de retourner la situation à son avantage, qu'elle essaye de se donner bonne figure. Après tout, pourquoi pas. Si elle préfère se convaincre qu'elle veut rien de moi, tant mieux. Je veux plus qu'on attende quoi que ce soit de moi, je veux plus donner l'occasion aux autres de dire que je les ai déçus. Ils se déçoivent tout seuls. Je serre les poings alors que je la vois s'approcher de moi. Je suis toujours énervée et l'air de rien, elle me fait presque peur Tamsin. Elle me perd dans ses belles paroles, elle me perd dans son regard. Ses doigts dans mes cheveux, sur ma joue. Mon coeur qui s'emballe. J'ai envie de lui dire que je comprends rien. « Je pensais que t'attendais rien de moi. » je murmure, légèrement plus calme. Sans méchanceté. C'est une simple constatation. « Que t'avais envie de rien avec moi. » je rajoute pour reprendre ses propre mots. Tamsin la paradoxale. « Elle est devant toi, t'as juste du mal à la voir. » je conclus. La fille qui l'a laissée est toujours là. Je suis restée la même dans le fond alors je comprends pas pourquoi Tamsin en fait toute une histoire. Pourquoi nous en faisons toute une histoire.

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Romy et Tamsin

« Je pensais que t'attendais rien de moi. » rigole un peu et hausse les épaules, j'attends rien, j'attendais. Tu l'entends, cette nuance ? Tu vois comme elle est blessante. J'ai arrêté d'espérer en toi, en nous. J'ai tout abandonné le jour où tu m'a abandonné. « Que t'avais envie de rien avec moi. » j'ai plus envie de rien. Sauf peut-être un peu d'amitié, le mieux qu'on puisse s'offrir. On est poison à l'une comme l'autre, on le sait. « Elle est devant toi, t'as juste du mal à la voir. » Je souris alors que mon index enroule la mèche de ses cheveux, la laissant retomber avec les autres. Petite moue alors que le visage se penche sur le côté, je sais pas trop Romy. Je sais pas si elle est encore en face de moi, et au final je me dis que ce n'est peut-être pas toi qui me manque mais notre relation. Ce lien qu'on avait, fort et en même temps si destructeur. Tu vois, c'est peut-être un tout, un tout qui est désormais perdu. "Alors montre la moi.." montre moi où elle est, parce que moi j'y arrive plus. J'y arrive plus Romy et je sais même pas si j'ai encore envie d'essayer, je sais pas si j'aurais la force de le faire.  

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