l'inspiration. › darwin

Rise up, how high can you get ?
Les écouteurs vissés sur les oreilles, je déambule dans la rue. Je viens de terminer les cours, et j'me fais un peu chier. J'pourrais rentrer chez moi, mais j'en ai pas envie, il est encore tôt et j'ai pas trop trop envie de m'enfermer davantage entre quatre murs, même pour peindre. Du coup, voilà, je déambule dans les rues, j'erre, tel un petit fantôme, en regardant les gens autour de moi. A la recherche de quelque chose d'intéressant à dessiner, peut-être. Je scrute, j'examine, et j'imagine que les gens doivent me prendre pour un fou à les regarder de cette façon, mais je m'en contrefous tellement. Ils n'ont aucune idée de ce qui me passe par la tête à ce moment-là.

J'arrive finalement au parc du centre ville où je vais souvent promener Lucky, et je m'installe sur un banc en sortant une clope d'abord que je fume tout en observant méticuleusement les alentours. Les deux pieds sur le banc, les chevilles croisées et jambes ramenées contre mon torse, rien ne passe inaperçu sous mes pupilles bleutées. Ni le petit qui joue au frisbee avec son chien sous la surveillance de ses parents, ni les deux femmes qui courent ensemble le long du chemin, ni même le balayeur un peu plus loin qui ramasse les ordures. C'est marrant, mais j'ai toujours aimé ce parc, avec sa diversité. Un parc en plein centre ville, c'est assez courant de nos jours, mais j'aime le contraste des bâtiments derrière les arbres. C'est comme si on passait d'un monde où une famille pourrait pique-niquer un beau dimanche ensoleillé à un monde où les hommes et femmes d'affaire se pressent parce que le temps c'est de l'argent, en passant un simple portail. De quoi m'inspirer pour un dessin.

Alors, après ma cigarette que j'écrase de mon pied sur le sol en terre, je repose mes pieds au sol et extirpe de mon sac à dos mon carnet à dessin et un crayon de ma trousse. Je l'ouvre, et je commence à dessiner en jetant parfois des regards aux plus petits détails. L'homme au téléphone à la fenêtre du building en face, par exemple, ou le chat dans l'arbre à droite. Je me concentre tellement que je ne remarque même pas la présence d'un homme à côté de moi. Et quand je la remarque, je le regarde du coin de l'œil pour constater qu'il mate mon dessin. M'aurait-il parlé ? Je n'en sais rien, mais pour en être sûr, je décide de retirer un écouteur et d'arrêter mon dessin pour le regarder un peu plus en face. « Salut ? ».

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C'est la misère pour le moment, entre Khalilah qui enceinte, qui ne sait pas quoi faire et mon cousin à l'hôpital... Je sais plus quoi faire, où donner de la tête... Surtout que j'ai fait une belle connerie aussi, cette satanée mission de bizutage, devoir lancer une rumeur sur Sage et Alexander... J'avais du dire un truc qui implique mon cousin, de là, certain Eliot n'avait pas apprécié, mais aussi, des mathers, j'avais eu la réponse d'Alexander, une belle promesse de me fracasser de sa part, j'avais continué à le provoquer, mais si réellement il venait à l'idée de le faire, j'allais réellement être dans la merde très prochainements. Je soupire un peu, fuyant pour le moment le campus, pour tenre de mettre un peu de distance entre moi et les autres, mes emmerdes surtout. Trop de soucis, trop de prises de tête... Dire que j'étais venu ici pour rejoindre mon frangin, enfin, c'était la version officielle, et lui, il est où maintenant ? J'en sais trop rien. Je pensais que ça lui ferait plaisir de me voir, qu'on soit proche à nouveau est pas à des kilomètres l'un de l'autre, parce qu'au final, avant l'année passée on avait jamais été réellement séparé et là, alors que j'étais venu pour le rejoindre, il s'est cassé je ne sais où... Est-ce qu'il me fuit ? J'en sais trop rien, ça m'agace... Sachant que j'ai plus de nouvelles, mais bon, mes parents en ont... Allez savoir, il m'en veut peut-être réellement pour cette blague qu'on lui avait fait avec son pote pendant le sc pour nous venger de ses petites attaques en continu...

Marchant dans le parc, je sais pas du tout où aller, ou trouver un endroit où me poser pour tenter de trouver un peu de tranquillité... Sauf que je trouve rien, j'ai aucun plan, aucun endroit où aller réellement pour trouver un semblant de refuge... Même temporairement, alors je marche comme un con, regardant autour de moi pour quand même regarder le monde qui m'entoure, pour peut-être voir une tête connue... Mais là ce que je vois, ce n'est pas une tête connue, juste un gars qui pratique... Le croquis... Je m'approche de lui, calmement, pour regarder, même si je me la joue un peu trop indiscret à regarder par dessus son épaule comme ça... Je le regarde, détaillant son dessin, relevant le regard pour voir les similitudes avec ce qui nous entoure, ce qu'il est entrain de dessine. Je regard ces coups de crayons, me demandant bien comment il peut arriver à faire un croquis comme ça, alors que moi, je galère... Autant des dessins industrielles, ça ne me pose pas de problèmes autant des croquis... C'est juste horrible... Je tourne un peu la tête pour croiser son regard quand il me questionne. "Ah. Fait pas attention à moi. Comme je suis étudiant en art plastique, j'aime bien regarder la technique des autres pour tenter de voir ce qui cloche dans la mienne, surtout pour le croquis..." lui précisais-je alors qu'au final, il n'a fait que me saluer... Mais peut-être que ça le dérange que je le regarde comme ça...ça fait un peu voyeur d'être ainsi dans son dos pour regarder par dessus son épaule ce qu'il fait...

Avoir une bonne technique, c'est pas forcément un don. Faut voir, ça fait des années et des années que je dessine et peins. Depuis que je suis petit, d'ailleurs, une belle passion dans laquelle on m'a poussé. La seule idée dans laquelle on m'a poussé d'ailleurs. Du moins, en ce qui concerne mon père. Quelqu'un de très strict, et j'suis certain qu'dans sa tête, il s'disait que j'allai finir avocat ou un truc dans c'genre-là. Manque de bol, on est parti avant qu'il le sache. Mais je pense qu'il doit l'savoir, forcément. Si ma mère est parfois en contact avec lui, ou alors Hazel, forcément qu'il doit savoir qu'on est en Amérique en train de vivre l'American Dream. Bon, peut-être pas, mais personnellement, je suis aux anges de ce que je vis. Une histoire parfaite avec un homme merveilleux, des études qui me tiennent à coeur et dans lesquelles je semble réussir pour le moment, des projets plein la tête, et plein de possibilités de réussir.. Non, vraiment, je ne vois pas comment je ne pourrais pas qualifier ma vie de rêve.

Quand je remarque la présence de l'inconnu près de moi qui semble observer mon croquis, je me tourne alors vers lui pour le saluer. Enfin, c'plus une question qu'autre chose, et il semble le comprendre. Ses mots me font sourire doucement. Pourquoi certains artistes me disent qu'ils sont nuls ? « Pourquoi tu penses forcément qu'il y a quelque chose qui cloche ? » dis-je pour illustrer mes pensées. J'étais pas contre voir son travail et p'têt l'aider s'il le veut bien. Si j'étais à sa place, j'aimerai bien qu'on m'aide, moi aussi. Je me remets à dessiner distraitement. « Tu veux p'têt me montrer ton travail ? J'pourrais te dire si c'est simplement ta façon de dessiner ou alors s'il y a vraiment quelque chose qui cloche. Et j'peux même t'aider s'tu veux. » Je lui propose ça en haussant les épaules. J'le connais pas, je sais pas trop comment il va réagir, mais bon, j'aime aider mes semblables, surtout que les artistes en général sont vachement étranges.

« J'suis Harley. Harley Fox, dis-je alors pour me présenter, en reposant mon crayon pour lui sourire aimablement. T'es à Harvard aussi ? » D'habitude j'suis pas très bavard, mais faut dire qu'avoir un artiste en face de moi me rend davantage curieux sur sa nature. C'est vrai que j'aime pas la nature humaine, mais j'sais qu'il y a des gens qui en valent la peine. Je sais pas si lui en fait partie, mais j'le verrai bien de toute façon. Pis si y'a quelque chose qui m'plaît pas, j'pourrai toujours lui dire. Je sors une cigarette de mon paquet puis le lui tends pour lui en offrir une. « T'en veux une ? »

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Je cherche à le pousser à dessiner encore, pour ainsi pouvoir le regarder dessiner et capter ses coups de crayon. Mais non, il ne le fait pas, pas tout de suite en tout cas, plutôt intrigué par mes propos sur lesquels il ne manque pas de me questionner... J'hausse un peu les épaules. "Disons que quand je fais un croquis, ça ressemble à tout, sauf à ce que j'ai devant les yeux." Laissais-je alors entendre. Ok, je pousse le bouchon un peu loin là, à dire ça alors qu'en réalité ça ressemble quand même un tant soit peu, juste que j'ai du mal à gérer comme il faut les proportions, le dessins industriels, c'est plus facile, on a plus facilement droit à des instruments de mesures... ça requière plus de précision, mais surtout on a plus d'outils pour le faire... C'est ce que je préfères, puis c'est aussi un peu plus le domaine dans lequel je traîne depuis que je suis petit. Il me demande alors de lui montrer mon travail... Juste. Non ! Parce que même si je joue souvent les vantards, il est hors de question que je me ridiculise volontairement devant quelqu'un avec mes piètres dessins alors qu'il dessine si bien... "Il y a pas grand chose à dire sur mes dessins... Sauf que le prof aime bien mettre des notes très... Basses." Plaisantais-je un peu pour tenter de relativiser tout cela et lui montrer que je m'en fiche un peu d'avoir presque des zéros un peu trop souvent, en croquis. Espérons juste que ça va pas planter mon année à cause de ce cours... J'ai déjà réussi limite l'année passée, si je m'améliore pas, je ne suis pas sûr que le prof me fasse encore une fleur, surtout si je ne lui montre pas de la bonne volonté... "A la limite, quand tu fais un croquis, tu t'y prends comment ? Tu commences par quoi ?" Le questionnais-je alors, parce qu'il est vrai aussi que quand je dois commencer un croquis je ne sais jamais par quoi je dois commencer, surtout s'il y a des éléments en mouvement comme ici par exemple...

Je laisse mon regard glisser encore sur sa feuille et son crayon en mouvement, de façon plus lente maintenant en vue de notre conversation. "Darwin Kamprad." Répondis-je alors simplement, sans plus de cérémonie, mon nom n'était pas un nom inconnu à cause de mon grand père et sa célèbre entrepris, I.K.E.A. Mais bon, je passais pas mon temps à m'en vanter, je pourrais, je sais le faire, mais là, on part de tout autre chose et quand il me questionne sur harvard. "Ouais, je suis en deuxième année et toi ?" Je le questionne plus dans le sens tu es en quelle année, parce que s'il me parle d'Harvard, c'est que probablement, lui aussi il doit y être. Je relève un peu mon regard sur lui, en le voyant prendre son paquet de clope avant de me proposer. "Non merci, je fume pas." J'étais contre ce genre de truc qui provoque trop facilement des addictions, des putains de drogues, bien que plus légère que ce que les mathers peuvent consommer à longueur de journée... "Je suppose que l'art est ta branche principal ?" Dis-je soudainement pour ne pas laisser le silence s'installer et surtout parce que je suis un peu curieux, dans le sens où s'il m'annonce que ce n'est pas sa branche principal, je risque réellement d'avoir du mal à le croire en vue de la qualité de son croquis, même s'il n'est pas encore fini.

Sa réponse ne m'étonne pas. Étant un artiste je comprends parfaitement qu'on puisse avoir des doutes sur son travail, mais là quand même.. C'était un peu gros. « Oh arrête, j'suis certain qu't'exagères. T'en es pas à dessiner un arbre en voulant faire une voiture quand même ! » Je secoue la tête, bien sûr, je n'en savais rien. Mais vu l'image, c'est un peu gros quand même. J'imagine seulement qu'il ne dessine pas si mal qu'il le prétend. C'est dommage de se rabaisser ainsi, parce que si ça se trouve il fait des trucs super et il n'en est pas conscient. Et quand je l'entends dire que son prof lui donne des notes assez basses, je fronce les sourcils. Certains professeurs ne voient pas le talent d'un élève, mais après je ne peux pas en juger moi-même, je n'ai rien vu. « Boh, faut pas s'fier aux profs. Eux ils sont là pour t'apprendre la technique, puis donnent leur avis sur c'que c'est que d'l'art selon leur point d'vue. C'est jamais très objectif, suffit qu'il aime pas puis c'est fini. » Je soupire, je dis ça parce que ça m'est arrivé, forcément. En France, j'avais un prof au lycée qui détestait tout ce que je faisais. Faut dire qu'il faisait pratiquement que de l'abstrait, c'était quand même assez con pour moi qui suis un touche à tout.

« Oh bah ça dépend. Là j'ai plutôt commencé par le fond, parce que ce sont des immeubles, c'est immobile, mais j'fais pas tous les détails, j'dessine toujours en gros, genre les contours des bâtiments, les arbres vite fait, puis après j'en viens aux détails, les feuilles, les fenêtres, les gens en mouvement. Toujours en dernier, ça. » Je le lui montre en dessinant mon croquis qui est tout de même bien avancé. Mais comme tout artiste, j'suis assez perfectionniste (en plus d'être maniaque) alors je trouve toujours que quelque chose va pas. Quand il se présente, je lui souris et hoche la tête. Je n'ai aucune idée de sa renommée, de toute façon, moi et la réputation ça fait à peu près quarante douze. « En première. J'viens tout juste de reprendre mes études. » C'est vrai qu'un étudiant de vingt-quatre ans en première année ça peut paraître bizarre, et puis parfois on me charrie sur ce sujet-là, mais bon, ils ont pas ma vie, ils savent pas pourquoi je l'ai pas fait avant, et généralement je leur réponds par un doigt d'honneur magistral.

Je range mon paquet de clopes quand il me dit qu'il fume pas, j'suis tenté de lui dire un truc dans le genre "c'est bien, continue" mais ça m'avancerait à rien. Puis j'suis pas un exemple pour donner des conseils vu le nombre de cigarettes que j'fume à la journée.. Enfin, j'allume ma clope et j'essaie de faire en sorte que ma fumée ne l'atteigne pas, par respect. « Oui, tout juste. Mais moi j'suis plus dans la peinture en vrai. D'ailleurs j'suis en train de préparer ma propre galerie, j'ai trouvé un local pas mal et bien situé, puis ça me permettra de faire de la place chez moi. Et toi ? Ta mineure ? » Je supposais simplement, après j'étais pas sûr mais s'il avait un prof c'est qu'il l'étudiait, par simple déduction.

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Je ris un peu en entendant les propos du garçon, sa comparaison... Voiture, Arbre, c'est clair que je n'en suis pas rendu là et dans un sens, c'est assez drôle. "Non, mais presque." Rigolais-je alors, un peu détendu quand même de parler ainsi de dessin, même si c'est mon point faible. J'aurais du aller en musique, comme prévu, pour le piano et pas faire le con en choisissant les art plastiques en mineur à cause de cette conne d'Eilenn, et mon putain de désir de cacher mes sentiments, de jouer le con comme je le fais... Je l'écoute ensuite, quand il semble chercher à me rassurer sur mes notes et j'avoue que dans un sens, ça fait un peu plaisir, mais c'est pas réellement mes notes. "Ouais, l'art, c'est subjectif. Si le prof n'aime pas ta tête, il va forcément te mettre de sale note pour te couler en prétextant que ce n'est pas bon. Mais en même temps, en croquis, c'est pas de l'art abstrait, soit ça ressemble, soit c'est tout autre chose..." Laissais-je alors entendre en haussant un peu les épaules. "Et ce que tu fais là, j'en suis bien incapable." Ouais, j'avoue mes faiblesses, je ne suis pas qu'un con égocentrique et narcissique de la eliot house, quand j'ai envie d'être sérieux, d'arrêter de porter ce masque de petit con que je m'amuse à arborer, je peux être semblable à tout mec normal, chose assez étrange. Enfin, les moment comme ça, ça devient de plus en plus rare... Je deviens plus un sale type, la rumeur que j'ai lancé en témoigne bien et je pense que Khalilah quand je la verrais va clairement me faire la moral sur ça, sur mon attitude de petit con qu'en a rien à foutre de blesser son propre cousin...

J'en viens alors à le questionner sur sa façon de faire un croquis, un peu comme celui qu'il fait présentement. Je l'écoute alors et acquiesce de la tête sans l'interrompre, écoutant dans un silence presque religieux ce qu'il dit. Je le fixe alors quand il me dit qu'il est seulement en première année. "Je te pensais plus âgé que moi." Lui lançais-je alors tout simplement parce que si ça se trouve, il est plus jeune que moi, juste dix huit ans, déjà que moi, il parait que je ne fais pas tant mon âge que cela... Du coup, si ça se trouve, il a juste l'air plus vieux sans l'être... Parfois, c'est clairement un avantage d'avoir l'air plus vieux, comme moi avec Athéna, parce que si jamais elle apprenait mon âge, elle allait réellement déchanté vu que je suis bien plus jeune qu'elle... Il répond ensuite à ma question concernant son cursus et me retourne la question, captant directement que contrairement à lui, ce n'est pas ma majeur. Je souris. "Ouais, en mineur, mes parents ne voient pas réellement l'art comme une perspective d'avenir, même si ça peut être utile pour notre entreprise." J'hausse un peu les épaules, parce que si je peux proposer des design de meubles sans qu'on fasse encore de scandale en disant qu'on a copier sur d'autre modèle, d'autre boite, ça serait pas mal.

Je lève un peu les yeux au ciel lorsqu'il me dit que c'est presque le cas, avec un sourire et en secouant la tête, avant de rire légèrement. C'est impossible d'arriver à ce résultat-là, sauf peut-être si c'est voulu, et j'étais intimement convaincu qu'il n'était pas si mauvais qu'il le prétendait. A ce propos, James m'a souvent dit que je voyais le bon dans les gens. Je ne sais pas trop s'il a raison, en tout cas - et ce, même si je sais à quel point la nature humaine est détestable - je n'arrive pas trop à voir le mauvais dans certaines personnes. Et surtout, je ne suis pas trop du genre à juger sans connaître.. Même à juger tout court d'ailleurs. Enfin, j'écoute ses paroles et hoche la tête en regardant ensuite mon croquis. « Oh, ouais mais t'sais, ça fait des années et des années que je travaille. Depuis que j'ai environ douze ans, alors ça fait un paquet d'temps quoi. Mais comme j't'ai dit, mon truc, c'est plus la peinture. » En fait, ça fait douze ans que j'ai commencé la peinture et le dessin. Ça peut faire beaucoup pour certaines personnes, seulement pour moi ce n'est pas assez. Ce n'est jamais assez quand on est aussi passionné, qu'on a soif de connaissances. J'ai toujours aimé travailler et apprendre de nouvelles techniques, même si l'apprentissage des détails m'a bien fait chier, je dois l'avouer. Et on ne connaît jamais tout d'un art de toute façon. Il faut surtout de la motivation, en réalité pour pouvoir continuer et faire de bons trucs.

Je lui explique comment j'ai procédé pour mon croquis, puis relève la tête vers lui et lui annonce que je suis en première année. Et quand il me dit qu'il me pensait plus âgé que lui, un sourire empli de malice étire mes lèvres et mon regard pétille. Je ne sais pas quel âge il a, mais s'il est en deuxième année sans avoir redoublé, je suis plus âgé que lui, c'est certain. « Ah ouais ? T'as quel âge ? Peut-être que j'le suis, on sait pas. » Ca me fait un peu rire qu'il pense que je suis moins âgé parce que je lui ai dit que j'étais en première année. J'aime bien semer le trouble sur des petites choses ainsi, même si la vérité est souvent très rapidement rétablie, et cette fois-ci ne dérogera pas à la règle, je pense. A ses mots suivants, je lève un sourcil. Mais c'est quoi ces parents qui ne pensent qu'à l'avenir et seulement ça pour leurs enfants ? En un sens, je comprends, c'est bien normal qu'ils se soucient de leur avenir, mais il faudrait peut-être qu'ils pensent à leur bien-être avant tout. Je me dis que si j'avais un enfant, je le laisserais faire ce qu'il voudrait de sa vie, parlant bien sûr de son métier, mais que je le pousserais pour qu'il réussisse, plutôt que de lui mettre des barrières. Même si le métier qu'il choisit ne me plaît pas. Enfin, c'est un raisonnement que tous les parents n'ont pas, ce que je trouve dommage. « Je connais pas tes parents mais j'aime déjà pas leur façon de penser par rapport à ça. M'enfin, c'est pas tellement mes oignons, juste que ça me désespère de voir qu'il y a énormément de parents qui ont cette façon de penser. Vous avez quoi comme entreprise ? »

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Un paquet de temps, des années d'entrainement... Comme moi avec le piano... Sauf que lui, il assume son art, il ne le cache pas. Il n'a pas à le caché, parce qu'il s'en fou d'être un mec sensible, il en a rien à faire d'être vu comme un romantique ou n'importe quoi d'autre alors que moi. Je cherche à faire taire cette partie de moi, de jouer les cons, non, de devenir un petit con, axé sur la provocation, sur la manipulation, le mensonge en plein pour caché qui je suis réellement parce que je refuse de m'attacher encore à quelqu'un, de tomber amoureux pour être plus précis. Eilenn m'a fait trop de mal, elle m'a fait saigné sans même le réalisé, avec cette simple phrase, une promesse d'enfant, rien de sérieux. Sauf que pour moi, ça l'était. Elle n'avait pas à me dire ça ! Je détourne un peu la tête à cette pensée... "Oui... Le dessin, je ne pratique pas depuis si longtemps, enfin, pas ce genre là. " Dis-je en montrant son croquis..."Je maîtrise plus tout ce qui est forme géométrique, comme des plans. Limite, tu me demande de faire un plan pour une maison, je te le fais sans soucis, mais un croquis d'une pomme..." Je laisse ma phrase en suspens pour qu'il comprenne qu'en fait, le dessin ressemblerait à rien, ou alors à une pomme comme un gamin de l'école primaire pourrait dessiner. Un truc rond avec une tige et une feuille pour tenter de faire plus joli.

"J'ai 19 ans." Lançais-je alors, disant pour une fois mon âge réelle, non pas celui présent sur ma fausse carte d'identité pour pouvoir consommer en soirée ou berner des filles. J'ai pas besoin de lui mentir à lui, je le drague pas, je le veux pas dans mon lit. Il a disons pas assez de boobs. Je lui souris un peu. "Et toi, 18 c'est ça ?" Ouais, pour une fois que j'ai potentiellement quelqu'un de plus jeune que moi en face, ça me change et dans un sens, ça me fait assez plaisir. Allez savoir pourquoi... Hormis dans mes cours, je vois personnes de mon âge, que ça soit en soirée ou même simplement à la Eliot House, genre tout le monde à plus de vingt piges. Du moins, dans mes amis proches, si je peux dire ami de cette façon.

On en vient alors à parlé de mes parents et je l'écoute. "Ikea." Précisais-je alors simplement, parce que pour moi, c'est un truc connu, même ici, un peu partout dans le monde même. Puis je dis rien de plus, pas que je ne veux pas critiquer mes parents, mais en réalité, ils me laissent faire ce qu'ils veulent, si j'ai pas choisit la musique en première branche c'est par choix et puis je ne l'ai même pas choisit en fait. J'ai décidé un peu moi même de mes études là, parce que je sais ce que je veux pour mon avenir et aussi, parce que je sais que c'est ce que mon père désire, même s'il ne l'a pas formulé une seule fois.

Si Darwin pouvait penser qu'on pensait de moi que j'étais un romantique sensible, il se mettait un peu le doigt dans l’œil. En fait, pour le reste du monde, j'étais un peu perçu comme l'artiste peintre déluré qui vit sur une toute autre planète et qui joue au con, qui assume son homosexualité, qui n'a pas peur de le dire, et qui cherche la merde un peu partout. Mais seulement ceux qui me connaissaient sur le bout des doigts savent que c'est une façade qui est désormais tombée depuis quelques mois déjà. Une façade que j'ai toujours eu, que j'ai construite méticuleusement à cause de ce que la vie m'a fait subir. J'écoute attentivement ses paroles, et c'est vrai que moi, les plans, c'est assez difficile à faire pour moi. Je n'aime pas tellement avoir des choses imposées, mon pinceau va où il a envie d'aller, et c'est plutôt ça qui me plaît dans mon art : c'est cette liberté qui n'est pas donnée à tout le monde. « Oh, beh chacun son art, t'sais moi les plans, j'pourrais jamais. J'arriverais pas, c'bien trop réel, concret, t'vois ? J'préfère largement laisser mon imagination faire. »

Entendant son âge, je souris légèrement. Mais c'est un jeunot ! Enfin, pas que je sois bien vieux, mais ça fait tout de même cinq ans d'écart. Et quand il me demande si j'ai dix-huit ans, je secoue la tête en souriant davantage. « Tu m'donnes cet âge parce que j'suis en première année hein ? Faut jamais s'fier aux apparences, on te l'a jamais dit ? » Je ris légèrement tout en lui adressant un regard assez rieur. J'hésite à lui dire mon âge réel, peut-être qu'on pourrait jouer à la roue de la fortune, un petit peu.. Quoique, ce jeu me lasserais vite. « J'ai vingt-quatre ans. Fin, physiquement en tout cas. » Je dis ça parce que dans ma tête, j'suis plutôt un gros gamin qui aime déconner et faire des blagues de merde à tout le monde, et qui se prend pas au sérieux. En général.. Parce que faut pas croire, dans ma tête, c'est un peu l'équivalent d'un ouragan. Le chaos total, un trou noir de réflexion qui, bien trop souvent, mène à des pensées insalubres, trop sombres pour être éclairées toutes seules.

Lorsqu'il me dit que son entreprise est Ikea, je fais de grands yeux ronds. Ikea c'est vachement connu, quand même, international ! J'ai jamais vraiment été dans un Ikea, mais je sais que ça existe. Et c'est quand même dingue, je ne m'attendais pas à ça. Je me demande si lui ou ses parents sont célèbres. En tout cas, il ne doit certainement pas avoir la même classe sociale que moi, financièrement parlant. « Wow ! Alors j'ai quelqu'un d'célèbre en face d'moi si j'comprends bien ! Eh dis, j'ai une question par rapport à Ikea. Tu peux me dire comment des meubles vous êtes passés à des restaurants ? » De la pure curiosité enfantine, mais en même temps, c'était tout moi. Je n'avais pas pu m'empêcher de me poser la question quand j'avais vu la pub en France qui disait que Ikea faisait des restaurants. J'avais appris par la suite que ça ne datait pas d'hier, que dans d'autres pays c'était là depuis longtemps, mais dans ma logique à moi, un marchand de meuble n'est pas là pour faire des merguez..

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Il est vrai que je peux dire que je suis quelqu'un d'assez cartésien pour cela, à préférer ainsi les dessins plus concret, plus axés sur la géométrie qu'autre chose... Il faut dire que même si j'adore la musique, je ne me laisse que très, trop, rarement mon esprit divaguer en rêverie idiote. Cela étant plus une perte de temps qu'autre chose. Cependant, je dois bien admettre également que je n'en reste pas moins quelqu'un de sensible, ce n'est pas parce que je suis assez terre à terre, que je suis incapable de ressentir des émotions, je ne suis pas un putain de robot. J'ai des sentiments et les exprimes très bien avec l'aide d'un piano... C'est vrai que sans, je passe plus facilement pour un petit con insensible, qui se fiche bien de ce que les autres peuvent ressentir, mais ça, c'est aussi dû à une blessure sentimentale... Eilenn, m'a fait bien plus de mal que de bien. J'aimerais l'oublier, ne plus penser à elle... Je pense que c'est pour ça que j'aime bien m'occupé à réfléchir à toute chose, que je préfère bosser sur des dessins plus technique, qui demande bien plus de concentration qu'autre chose, parce qu'ainsi, quand je me concentre sur une chose à réaliser, comme un plan, je ne peux pas laisser mon esprit s'égarer et finir par penser à elle par inadvertance. "C'est vrai, chacun son art, moi, je préfère resté dans le concret, surtout que ça me sera plus utile dans le futur que de peindre ce qui peut bien me passer par la tête..." Parce que des meubles, c'est du concret, il faut faire des plans réaliste, si je commence à faire du n'importe quoi, pas sûr que ça puisse se fabriquer et même se vendre dans le futur...

Mais là, on est au présent et on parle de nos âges, après avoir parler de notre année de cursus, il est vrai que je tire des conclusions hâtives en le pensant plus jeune que moi, mais en même temps, son apparence est assez juvénile et prête donc assez bien à la confusion. Je ris donc, quand il me dit qu'il est bien plus âgé que moi, qu'il me donne ainsi son âge. "Ouais, les apparences sont trompeuses, toi on te rajeunit souvent, moi on me pense souvent plus vieux..." Il est vrai que beaucoup de filles ont tendance à pensé que j'ai bien plus de la vingtaine, m'approchant plus de son âge à lui que du mien, mais ça, je ne vais pas m'en plaindre, car pour draguer, c'est mieux vu que beaucoup de filles qui me plaisent on plus vingt-quatre ans que dix huit ans quoi... Faut croire que je suis né trop tard pour avoir les bonnes meufs...

Je suis alors surpris par sa question et en rigolant légèrement. "Parce que nos magasins sont assez grand et de ce fait, offrir la possibilité aux clients de prendre leurs repas chez nous, permet d'ainsi les motiver à venir, mais aussi à rester plus longtemps dans nos magasins, parce qu'ainsi, ils ne devront pas se déplacer ailleurs pour aller manger. On travaille d'ailleurs sur un nouveau concept pour le moment, celui de donner la possibilité au client, de cuisiner lui-même dans une cuisine équipé avec nos produits." Je le regarde alors, attendant de voir sa réaction à cette idée qui est actuellement testé, je ne sais plus dans quel magasin...