JASPEANDRA → now I just sit in silence

sit in silence
— jaspeandra

C'est toujours la même rengaine, on est emprisonné là dedans et on sait pas s'en sortir. Tu sais, je pense que même si tu pars et que tu reviens dans cinq ans, ce sera la même chose. Que tu sois marié, que tu ais des enfants, que tu dises aimer ta femme plus que tout au monde, que tu ais trouvé la perle rare, tout ce que tu veux, je sais que ce sera la même chose. Parce qu'on s'en sort pas, on y arrivera pas et on s'en sortira jamais. On a jamais vu aucun paysage sans l'autre. Tu le sais, t'arrives pas à me voir ailleurs, t'arrive pas à voir ailleurs et même si je le dis et que je le fais, même si j'ai trouvé l'amour ailleurs, au fond on est comme deux aimants qui s'attirent constamment et ça fait du bien autant que ça nous fait du mal. « A quoi ça rime, que je reste ? » L’égoïsme qui revient au galop, le tien, le mien aussi. Je saurais pas dire qui est le plus égocentriste de nous deux, j'aurais dis toi si on me demandait, mais tu sais que c'est faux, tu sais que je suis la plus égoïste de nos deux êtres. Comment tu veux que je réponde à cette question alors que je n'ai moi-même aucune autre réponse que mon égoïsme ? « Faut plus que t'ai besoin de moi, tu peux plus. » je vois pas pourquoi, qu'est-ce qui pose problème ?  « Et tant que je suis pas passé à autre-chose, on peut pas continuer à se voir. J'peux pas... Je peux pas ruiner ton histoire, encore. Et on sait tous les deux que je vais le faire. » Ouais, on le sait. Je lève les yeux et hoche la tête. On sait tous les deux que t'en es capable, que tu es trop fort, que je suis trop naïve pour retomber dedans, encore. Que j'y retomberais à chaque fois que tu me poussera un peu trop fort, à chaque fois que tes mains larges serreront mes poignets de douleur ou de jalousie, quand tu respirera contre moi, quand tu t'approchera, quand on ira à la piscine ou qu'on se boira une bouteille entière sur une plage déserte. On sait que quelque soit l'endroit, je suis susceptible de craquer encore. Tu sais pourquoi, tu sais que c'est parce que tu es toi, Jasper, tu es celui que je n'oublierais jamais ô combien j'y met les efforts et les formes. « Alors dis-moi de partir. » Les yeux se lèvent et s'attristent. Attends, quoi ? Te dire de partir ? Je ris nerveusement et secoue la tête, "Tu peux me demander ce que tu veux mais pas ça." j'en suis incapable, je peux pas te demander ça, c'est trop important, trop lourd à prononcer. Je te veux toujours avec moi, pas loin de moi. Je peux pas faire ça. Attrape le poignet de l'homme, et serre, haussant les épaules, "C'que tu veux, n'importe quoi, mais pas ça." regarde moi, affronte mon vert, parce qu'on sait nous deux que ton bleu pourrait me convaincre de te le dire. Tu pourrais me convaincre de n'importe quoi avec un peu d'effort et de forme, mais t'a trop envie que je te dise la vérité pour le faire. T'a trop envie que je sois sincère, et dire ça c'est au dessus de mes forces.

sit in silence
— jaspeandra

A quoi ça sert, tout ça ? A part à nous faire du mal, j'veux dire. A quoi sert notre relation ? Parce qu'on s'apporte rien de bon, depuis longtemps. On a fait tous les mauvais choix, on a prit toutes les mauvaises routes. Le problème, tu sais, c'est qu'on se laisse faire. Qu'on laisse toujours l'autre revenir, que nos portes sont mal fermées, nos murs pas assez solides. On disparaît mais on laisse la carte. On dit non et on hoche la tête de haut en bas. On dit qu'on se déteste et on s'embrasse. On dit qu'on s'aime et on s'étrangle. Ouais, on est faible. Tu l'es encore. Je le suis toujours. On apprends pas de nos erreurs, jamais. On nage dedans, on se complaît de nos souffrances. Elle est rassurante, cette douleur. Habituelle. Je suis sûr que tu profites de celle-ci pour te sortir de ton quotidien flippant. Est-ce que tu penses toujours à ton futur en friche, quand je pose mes lèvres sur les tiennes ? Est-ce que je pense à mon avenir douteux, quand tu me gardes pour toi ? Ils diront qu'on avait qu'à réussir un nous solide. On leur dira qu'on a essayé. J'leur dirai que c'est de ta faute, tu leur diras que c'est de la mienne. "Tu peux me demander ce que tu veux mais pas ça." J'te demande de sauvegarder ta vie Leandra, et la mienne, par la même occasion. Qui veut d'une mère capable de céder à un souffle ? Il te quittera pas, mais te détestera pour ça. Et moi, je peux pas renoncer à ma vie pour une possibilité, pour des parenthèses que tu m'accordes. Je mérite d'avantage, je mérite mieux. "C'que tu veux, n'importe quoi, mais pas ça." J'écarte les doigts de mon poignet coincé entre les tiens. J'essaye de garder un certain contrôle. Jasper, t'es mauvais dans ça. Et de toute façon, demoiselle n'écoute rien. « Tu vas avoir un enfant, t'as fais des choix, tu peux plus être égoïste. » Et tu l'es. Tu me laisses pas partir, malgré le fait que je représente un risque de foutre le bordel dans ta belle vie de futur madame Montgomery. « Faut que t'arrêtes de me laisser faire. C'est pas moi que tu veux, alors.. » Retire son poignet de l'emprise, quitte la prise toute aussi sûre de ses deux billes. « Laisse-moi. » Laisse-moi, en dehors de toute ambiguïté. On dira qu'on est des amis chiants, et on le sera. Arrête les frissons, arrête la brillance de tes prunelles, arrête ton cœur.

sit in silence
— jaspeandra

Je saurais pas te dire l'utilité de la main d'oeuvre, Jasper. Je saurais pas te le dire et je pourrais jamais te le dire, parce qu'on a toujours tout fait sans raison. On a toujours suivis nos pulsions, nos envies et nos caractères, on a toujours été présent pour l'autre en pensant toujours et constamment premièrement à soi. Ne me dit pas que quand t'a fais le mort à cette piscine tu pensais à moi et à la douleur que ça pouvait m'infliger et je ne te dirais pas que je pensais à toi quand j'ai ajouté un tatouage par dessus le tiens, le notre. On a jamais su se faire du bien, s'offrir du bonheur, ou alors de courte durée. Ou alors dans le dos des autres. Quand elle avait les yeux tourné, quand il avait son cœur ailleurs. Caché, tapis dans l'ombre d'une relation qui nous représente. Compliqué et complémentaire. « Tu vas avoir un enfant, t'as fais des choix, tu peux plus être égoïste. » ça frappe, parce que l'égoïsme c'est elle. La parfaite définition, la preuve en est quand tu baisse un peu les yeux : elle refuse de partager son corps, elle le vit mal, ça la rends malade. Égoïste, et ça tout le monde le sait. « Faut que t'arrêtes de me laisser faire. C'est pas moi que tu veux, alors.. » Son poignet se détache et c'est le cœur qui se permet de descendre d'un étage. Je te l'ai dis, tu as toujours été le plus fort de nous deux, j'ai toujours été la plus douce. Si quelqu'un doit arrêter cette relation, saches que j'en aurais pas la force ni même la motivation. Saches que loin de toi je ne suis pas bien et que j'ai besoin d'avoir de tes nouvelles, même si pour ça je dois provoquer quelques colères masculines. Tiennes ou celle d'un autre. « Laisse-moi. » passe sa main sur la joue de l'autre. Comme un reflex, celui de celle qui veut encore un peu de toi, qui veut savoir qu'il reste un morceau d'elle dans le corps qui lui fait face. Regarde moi, ne me laisse pas seule dans le vide. Le pouce se permet quelques mouvements de caresses et la voix murmure ; "Okay.. " c'était trop bas, on a rien entendu Leandra, plus fort. "Okay." là, c'est quand même mieux. J'ai compris que t'avais besoin d'un nouvel air, de respirer un autre parfum que le mien. Les yeux brillent. Ils brillent parce que les adieux sont toujours douloureux, même si on sait tout deux qu'ils sont pour de faux. "Mais si on me demande je dirais que c'est toi qui est parti." et c'est le cas, c'est toi qui part. Toi qui me laisse seule. Seule, toujours moins seule que toi, tu me dira. Certes, mais tu es un bout de mon monde.