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Sur la musique, on va on vient ► Noara

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Sur la musique, on va on vient
— Noara

27 septembre 2016 ▬ Je le regardais malgré moi, respirer profondément, voir sa cage thoracique se soulever dans un rythme régulier qui me rassurait un peu plus à chaque mouvement. Les machines qui faisaient un bip infernal avaient disparu, tout comme le masque de la respiration artificielle, laissant place à des lunettes d'oxygène et une perfusion toujours en place. Mais ces petites évolutions me réchauffaient là, à l'intérieur. Je me souvenais d'il y a quelques jours quand j'étais venue après qu'Ana m'ait prévenue. Je ne savais même pas si c'était lui, ni même pourquoi j'étais venue. J'avais eu.. peur. Oui Noah cette fois, tu m'avais vraiment fait peur. J'avais eu l'impression de recevoir une gifle en découvrant son corps allongé derrière toutes ces machines, de voir son torse enfouit sous un tas de bandages. Sa peau pâle comme celle d'un cadavre. Un gouffre sans fin qui m'aspirait. Voilà ce que j'avais ressenti. J'avais eu envie de pleurer. Et ça ne m'était pas arrivé depuis une éternité. Pourquoi est-ce que ça me provoquait un tel vide... ? Puis j'étais revenue, souvent. Quasiment tous les jours. Me glissant dans un coin de cette pièce, discrètement, comme si je n'étais pas à ma place, comme si j'étais de trop.  J'avais vu plusieurs visages défiler, me dévisager aussi. Je la voyais cette phrase, sur leur visage: "C'est qui celle-là ?". Et si on me l'avait demandé, je n'aurais pas su répondre. Je me demandais ce que je faisais là et en même temps, je ne parvenais pas à être ailleurs. Je me revoyais encore quand finalement je m'étais approchée de lui, détaillant son visage sans fin dans son sommeil profond. La phrase qui était sortie de mes lèvres, toute seule. Allez, réveille-toi... Et puis mes doigts qui, malgré moi, avaient doucement caressés son front et ses cheveux, renforçant encore un peu plus toutes les contradictions qui se bousculaient dans ma tête. Je ne voulais pas qu'il meure. Allez Noah, ne meure pas. Je l'avais souhaité si fort.
Puis ce matin, j'avais appris qu'il était sorti du coma et.. j'étais là, assise dans le fauteuil près de son lit, jetant des coups d'oeil timide pour voir si il se réveillait de sa sieste ou non. Oui parce que, depuis que j'étais arrivée, je n'avais pas osé le réveiller en fait. J'étais là, me passant la main dans les cheveux avec nervosité qui à force en devenaient électriques, ne sachant pas vraiment moi-même ce que j'allais faire, ou lui dire quand il ouvrirait les yeux face à moi. Ca se trouve, il m'enverrait chier. Soudain je l'entendis remuer, et mon rythme cardiaque s'emballa malgré moi. On se calme Lara. Salut.. dis-je doucement pour ne pas lui faire peur, mon regard bleu et inquiet malgré tout, posé sur lui.

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Sur la musique, on va, on vient.  



Ces mornes plaines ne voient plus fleurir de coquelicots. Et dans ce havre terne, je traine ma peine comme un boulet. Fatigué, je suis fatigué. Je me suis épuisé à vouloir crever, épuisé à me battre pour rester en vie. Là-bas, tout semblait si léger. Même habité par mille et unes émotions éparses, je me sentais léger. Parce qu’elles s’évanouissaient. Plus je partais, plus tout se dissipait, et c’est la première fois que je me suis senti aussi … délesté. Et puis je me suis réveillé. Le poids est revenu. Cette affreuse tristesse que je ne sais décrire ni exprimer tant tout mon corps est endoloris. Même ma bouche à oublier comment parler, comme si la nature me punissait d’avoir trop existé. D’avoir voulu la défier. Sage était là. Et Sage est parti. Je ne sais pas quand elle reviendra,  je m’accroche à son visage parce que c’est le seul qui me semble réconfortant. Ici je moisis. Je suis déjà du pourri. J’ai envie de chialer en permanence, je me sens tellement mal, ça ressemble à un spleen qui se met lui-même à agoniser. J’aurais voulu ne pas me réveiller. Et mes yeux bleus se sont tintés de larmes à chaque fois qu’ils se sont ouverts. J’ai compris pourquoi les nouveau-nées venaient au monde en pleurant. C’est terrifiant de revenir. Terrifiant d’arriver au monde et de devenir tout à coup, quelque chose de futile. J’crois que notre âme est en prison dans la chaire. Mon corps me parait inconfortable pour mon esprit, je l’y sens à l’étroit, je l’y sens cogner et hurler à la mort pour s’en extirper. Je connais par cœur la courbe de l’électrocardiogramme, je n’ai pas cessé de le fixer. A chaque fois. Comme pour me rappeler que j’étais effectivement là. Je l’oublie, je l’oublie trop de fois. J’crois que je suis encore loin. Définitivement pas prés à reposer pied sur terre. J’ai peur, mon dieu j’ai peur. Habité d’un désespoir encore inconnu, je ressens sur chaque parcelle de mon épiderme l’atroce douleur que procure le simple fait d’être en vie. Tout en moi est douleur, de mon torse percé, à cette perfusion qu’habite mon bras. De mon cœur qui réapprend à battre, à ma tête qui semble être en perpétuelle implosion. J’angoisse à l’idée de revoir les gens, de sortir d’ici, de me remettre d’aplomb et de poursuivre cette mascarade. Encore et encore. Peut-être que je me trompe, peut-être que le médecin a eu tord. Peut-être que je suis mort et que l’enfer commence ici. Endormi, je cherche malgré moi a regagné le coma parce qu’il n’y a que là que je me suis senti reposé. Apaisé. L’ataraxie, la béatitude. Mais mon corps réapprend à être humain. Il se creuse de faim, il se rassasie de répit. Malgré moi, j’ouvre les yeux. Dos à la porte, toujours rivé sur les machines qui détonent. Le moindre bruit extérieur me parait oppressant. J’ai la bouche sèche, la mâchoire bloquée. Et j’entends ce salut que je ne reconnais pas. Lâche, lentement, tant elle devient lourde à supporter pour une âme qu’a connue quelques jours la légèreté, je tourne la tête vers la voix. Il me faut plusieurs secondes pour réaliser. Pour remettre en place. Qui est cette fille, ce qu’elle fait là. Instinctivement, je lève les yeux vers la porte à la recherche de Sage. Et les repose sur elle, la regardant comme je l’ai toujours fait, droit dans les yeux, figés. Sans me rendre compte que ce regard a été forgé pour elle dans mon esprit, qu’il la reconnait malgré lui. Je n’ai plus son prénom, et je me trouve confus. Elle est vaporeuse et floue, je me demande encore si elle existe vraiment ou si je suis encore entrain de rêver. Et quand mes yeux insistent, quand ils se fixent enfin dans les siens, je me sens envahir par une incommensurable tristesse. Ma mâchoire se crispe encore plus, et sans que je ne puisse y remédier, mes yeux s’enivrent de larmes. Du désespoir à l’état pur. Ce que ça peut être douloureux, d’être ici, d’être comme ça. Ce que ça peut être douloureux de se réveiller et de se rendre compte à quel point on sera à jamais lourd, à jamais incomplet. Et qu’au monde, personne ne pourra jamais comprendre votre détresse, parce que personne ne l’a traversé.  


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— Noara

Je ne savais pas quoi penser de tout ça. De ma présence ici, de mes yeux qui se posaient timidement sur lui de temps à autre pour voir si il dormait toujours. Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir lui dire ? Je n'arrivais pas à expliquer mon propre comportement. A expliquer pourquoi j'avais eu la gorge nouée toutes ces fois où j'étais venue le voir, en le voyant dans ce coma qui ne semblait prendre fin. A cette appréhension que j'avais maintenant, de savoir qu'il allait se réveiller et me trouver là. J'avais envie de fuir, de prendre mes jambes à mon cou pour lui faire croire que je n'étais jamais venue ici. Après tout si il ne me voyait pas, comment pouvait-il savoir que j'étais venue le voir ? C'était sûrement mieux ainsi. Et pourtant, je n'y arrivais pas. J'arrivais pas à quitter cette pièce, à m'en aller alors que je me souvenais encore de sa main sur la mienne, de sa voix au bord de rompre quand il m'avait demandé de ne pas partir. Si il n'y avait pas eu cette soirée, je serais certainement rentrée chez moi sans me poser de questions. Mais il fallait croire que Noah avait décidément une sorte d'emprise sur moi. Même si je ne savais rien de lui, à part que sa copine c'était fait violer, qu'elle avait perdu leur enfant et que là, il avait frôlé la mort de très près. Merde. Pourquoi est-ce que j'me sentais aussi mal ? Noah finissait par remuer, annonçant la fin de son sommeil, et le début de mon incompréhension. J'étais paumée avant même qu'il ait remarqué ma présence. Je me manifestais discrètement, toujours assise sur le fauteuil à côté de son lit quand je le vis tourner ses yeux vers moi. Je le regardais en silence, mon visage bien moins fermé que toutes les autres fois où on s'était vu. Plus.. douce, plus simple. Je sentais le sang pulser contre mes tempes en voyant son regard perdu, me demandant soudain si il avait gardé un souvenir de tout ça. Je devais être loin, tellement loin dans sa tête. Et puis, pourquoi est-ce que je serais là devant lui franchement ? J'voulais fuir, à nouveau. Et quand je vis ses yeux s'embuer, puis une larme couler le long de sa joue.. j'eus l'impression de me prendre une gifle. Il pleurait et je restais là, incapable de prononcer un mot, incapable de réagir face à sa souffrance. Ce n'était pas moi qu'il voulait à côté de lui, c'est ça ? J'étais pas la personne qu'il attendait. Il n'acceptait pas ma présence. Il souffrait, mais je ne parvenais pas à comprendre. Etait-ce ce qui lui était arrivé ? Il avait mal ? Ou c'était moi ? Oui, c'était sûrement ça. A cet instant, je ne voyais pas autre chose. Je.. je suis désolée soufflai-je en passant ma main dans mes cheveux, me décoiffant encore un peu plus et ne sachant plus du tout comment me comporter. Je te laisse tranquille.. dis-je en commençant à me lever, attrapant mon sac à main et ma veste.

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Alors c’est ça le grand jeu de la nature ? Vous placer en perpétuelle insuffisance, attaché à un siège éjectable, si bien que même quand il s’éjecte, vous y restez cramponné ? Creuser, creuser encore. C’est ça grandir ? C’est ça devenir grand ? J’déteste ce fléau qu’on appelle humanité. J’déteste les complaisances, la bienséance, les congratulations, les idéaux, les utopies et les rêves. Ouai, même les rêves, je les déteste. Parce que les rêves ne se contentent pas de se transformer en cauchemar. Il devienne doux, si doux, qu’ils font passer tout le reste pour un affreux cauchemar. Vous vous réveillez fatigué et impuissant, toujours, constamment, avec cette idée fixe : comment vais-je faire pour survivre. J’déteste m’être réveillé. J’déteste prendre conscience de l’état lamentable dans lequel je suis. Les gens ont dû passer dans cette pièce mille fois, me regarder pisser dans un tuyau, me regarder foutrement impuissant, sans pouvoir rien faire pour me défendre. J’ai honte de ce que j’présente, je ne me suis jamais senti aussi démuni. Et quand j’remarque que même la parole me manque, alors ma frustration grandit. J’ai cette peine insondable à l’intérieur de moi tant tout devient douloureux. Quand je croise le regard de celle qui porte cette voix et que j’prends conscience qu’elle aussi m’a regardé. Qu’elle m’a vu comme ça, dans ce lit et défait, comme une vulgaire bête de foire à qui on jetterait quelques graines de pitié pour se soulager. J’prends conscience que ma mémoire m’échappe, que j’suis incapable de recoller les morceaux, qu’il y a un truc qui manque dans cette pièce et que je ne sais pas mettre le doigt dessus. Je pleure comme un mal propre sans pouvoir le retenir. Quelle honte, quelle disgrâce. Voilà le grand Noah d’Aremberg devenu un morceau de viande pourri qu’on nourrit par des seringues comme un camé. Ouai, les infirmières l’ont dit, faut se défoncer à la vie. Alors tu vis mon gars, tu fermes ta gueule, et tu vis. Elle s’agite et je ne sais pas ce que ça me fait. Mes yeux n’arrêtent pas de perler, j’ai mal dedans, atrocement mal. Je n’arrive pas encore à voir qui elle est. Ni à saisir l’effet qu’elle me fait. Y a ce truc que les psychologues appellent mémoire sensorielle. Même quand votre tête a oublié, votre corps lui se rappelle. Et j’sais pas pourquoi, j’sens mon corps se raidir, mon ventre se serrer, à la fois endoloris et soulagé. Et quand elle s’agite comme ça, qu’elle balance un « je suis désolée », à peine audible, mon poing se serre sur le drap. Parce que je ne sais pas, je ne comprends pas. Ce que je veux, ce que je ne veux pas. Je vais éclater, j’gagne en nervosité, même l’électrocardiogramme l’affiche. Je me tourne vers la machine, regardant la courbe prendre une nouvelle forme et tente malgré tout de la calmer. En vain. J’repose un regard perdu sur elle. Je la regarde se rhabiller et y a quelque chose qui fait que c’est de plus en plus difficile à supporter. Ça y est. J’ai compris. Je ne veux pas qu’elle s’en aille. Je n’ai pas la force de lui faire comprendre, pas les mots pour le dire. Alors, sans trop d’ampleur, je me hisse tant bien que mal sur ce lit, tentant d’appuyé mon dos contre sa tête, histoire de ne plus être ce cadavre sur son brancard. Et je la fixe. Je la fixe encore. Je cherche son regard qui s’évanouit dans le vide, je cherche à l’appeler malgré moi. Je la fixe, et j’me souviens. Qu’il n’y a qu’elle que j’regarde comme ça. Qu’il n’y a qu’elle qui me fait cet effet incompréhensible là quand je la regarde. Lara. J’crois que je la reconnais. J’crois que c’est celle qui vient me sauver. Et à la fois j’ai envie de lui gueuler de dégager.


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— Noara

J'étais complètement perdue. Je voyais la souffrance sur le visage de Noah, ce vide mêlé à ce désespoir que je n'arrivais pas à saisir et qui me perturbait au plus profond de mon être. J'étais bouleversée et le pire, c'est que cette fois, il réussissait vraiment à me faire perdre mes moyens. Ca y est, il y était parvenu à me déstabiliser, à me rendre vulnérable. Je m'étais attendue à tout mais.. pas à des larmes. Je ne savais plus quoi faire. Et devant son mal être, je ne réussissais qu'à interpréter une chose: ma présence le dérangeait. Il souffrait de quelque chose, et je ne faisais que faire ressortir le mal qu'il avait en lui. A cette pensée, je sentais mon estomac se tordre. Car même si je ne me l'avouais pas vraiment, ça me blessait de voir que je ne faisais que ressortir la tristesse en lui. Je ne lui en voulais pas à lui, mais plutôt à moi. C'était certains que les choses allaient finir comme ça, pourquoi est-ce que je n'y avais même pas pensé ? Après tout j'étais une sorte d'alien, de truc "en trop" pour tout le monde. Les mains tremblantes, j'attrapais ma veste et mon sac quand soudain, le bip du scope s'emballa, attirant autant mon attention que celle de Noah. Son rythme cardiaque s'emballait, et j'avais l'étrange impression que mon propre coeur en faisait de même. J'interrompais mes gestes pour tourner mon visage vers lui, croisant à nouveau ce regard qui semblait me transpercer comme une flèche. Je ne détournais pas les yeux, tentant de comprendre ce qu'il se passait dans sa tête là maintenant et.. je n'avais pas réellement l'impression d'y voir du rejet. Peut-être un peu au fond, mais depuis le départ avec Noah, je n'arrivais pas à comprendre ce qu'il voulait. Mais là à se fixer en silence, j'avais l'impression de retrouver cette expression qui m'avait complètement chamboulée la dernière fois. Quand il m'avait dit de rester. Figée, je le regardais se redresser dans son lit avec lenteur. Et finalement, je reposais ma veste, lentement. Pourquoi est-ce qu'il ne prononçait pas un mot ? Il ne voulait pas me parler ? Après un instant d'hésitation, je me rasseyais sur le fauteuil tourné dans sa direction. Puis, je détournais le regard presque avec pudeur, ramenant l'une de mes jambes contre ma poitrine. Et finalement, je prenais la parole. C'est Ana qui m'a dit que tu étais ici. Anastasia dis-je dans le silence de mort au embaumait la chambre. A nouveau, ma main se passa d'elle même dans mes cheveux, signe de ma nervosité. Elle m'a dit.. que son meilleur ami s'appelait Noah. Alors.. commençai-je, avant de finalement me taire, fuyant son regard. Je n'aimais pas me dévoiler ainsi, même si je savais qu'une part de moi cherchait pourtant à le faire. Il devait bien me prendre pour une idiote. Tu ne veux pas me parler.. ? demandai-je finalement, presque résignée à l'idée qu'il me rejette complètement.

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J’sais pas ce qui m’arrive. J’ai toujours été perdu, j’me suis toujours senti perdu. Au fond de moi, même si je ne le montrais pas. J’me suis jamais vraiment senti à ma place, pas taillé pour ce genre d’architecture, toujours à côté de mes basques. J’suis né, on m’a dit tu t’appelle Noah, t’es le deuxième héritier de la famille d’Aremberg, et depuis, je n’ai fait que jouer ce rôle là. J’saurais même pas dire ce que j’aime vraiment, ou ce que je n’aime pas, ce que je fais par habitude, ou ce que je fais parce que j’en ai vraiment envie. Il a fallut attendre d’être dans cette espèce d’espace vide de l’esprit pour me rappeler à moi-même. Pour me rendre compte que si j’devais crever maintenant, j’serais bouffé par les remords et les regrets. J’m’en veux. J’m’en veux tellement. Tout le mal que j’ai pu faire, toute la peine que j’ai pu causer. Voilà, je l’avoue enfin. Je reconnais enfin que cette chose immonde qu’habite mon ventre ce n’est rien de plus qu’un mépris profond pour la personne que je suis, parce que cette personne, je ne la connais pas. Elle se contente d’être celle que les autres attendent d’elle. L’héritier, le méchant, l’ami fidèle, le pervers, le mec intransigeant. J’déteste me sentir aussi inconstant. J’déteste m’être réveillé avec cette idée dans le crâne. Y a pas de place pour moi, ni ici, ni là-bas. J’ai pas envie de mourir, j’ai pas envie de vivre. Alors quoi ? J’fais quoi ? Et c’est douloureux. Putain de douloureux de devoir se supporter soi-même. De devoir être là alité dans cet hôpital, d’sentir la pisse et les anesthésiants. Foutrement douloureux d’se dire qu’à un moment donné, faudra sortir de ce trou, faudra y retourner sur la grande scène, reprendre le jeu, continuer comme si de rien n’était et tenter d’endurcir son armure pour ne pas sombrer. Y a tout qu’éclate dans ma tête, j’ai l’impression d’recevoir des décharges à répétition. Mais cette fille là, quand elle s’lève, quand elle s’apprête à déguerpir, j’ai ce haut le cœur permanent que je ne contrôle pas. Ça me tord le ventre sans que je ne sache pourquoi. J’me tourne vers les machines, comme si ces stupides robots étaient capable au-delà de leur bip bip de décrire avec réalisme l’état dans lequel j’me trouve à l’intérieur. Et j’me tourne de nouveau vers elle la voyant qui cesse de s’activer. Me redresse dans le lit comme si … sans le dire, j’lui demandais de rester. Ça me dit quelque chose, j’ai une sale impression de déjà vu. J’crois qu’elle m’a déjà vu avec ce regard. Et j’suis partagé. Putain de partagé. Entre l’idée de chialer et celle de tirer un bon cou sur mon bras pour tout faire tomber. J’me sens tellement impuissant. J’me déteste. Je la déteste d’être là à me regarder comme un animal de foire. Enfoiré, j’veux qu’elle reste. Et j’arrive pas. A arrêter de la fixer. J’la cherche malgré moi. J’la cherche quand j’suis conscient d’être entrain de le faire. Quand j’la vois reposais sa veste après quelques secondes, je laisse ma tête retomber contre le mur, comme si j’étais épuisé de la soutenir. Tournée vers elle, sans la quitter des yeux, avec ce visage blême et fermé, ces yeux qui puent la rage et la mélancolie. Elle ne me regarde plus et … je déteste ça. Je l’entends me parler. Ana. Ana ? Comment connait-elle Ana ? Où est Ana ?  Je redresse à peine le visage l’air interrogateur ne parlant toujours pas. Je ne peux pas parler. Même si je le voulais, je n’y arriverais pas. Et j’crois que c’est parce qu’au fond de moi je ne le veux pas, que je n’y arrive plus. Un truc inconscient qu’on ne contrôle pas vraiment. Et j’ai le regard de plus en plus suspicieux. Pourquoi Ana lui aurait-elle parlé de moi ? C’est comme ça qu’elle a fait le lien ? Comme ça qu’elle a su qui j’étais, et que j’me trouvais là ? Je relève la tête péniblement sans la quitter des yeux, sourcils froncés. Non, bien sure que non, ce n’est pas que je n’ai pas envie de te parler même si, j’crois que ça ne me déplait pas que tu le pense. J’ouvre la bouche à peine tentant d’esquisser un son, et la referme aussitôt. En fait ouai, ça me peine d’être aussi impuissant. J’laisse de nouveau ma tête retomber sur le mur, ça me fait presque mal comme j’me cogne. Les secondes passent et j’la regarde sans savoir quoi faire, sans pouvoir rien faire. Et j’me souviens de Renko, mon petit frère. Renko est muet, depuis qu’il est né, je sais signer. Alors, maladroitement, je lève ma main libre et déchiffre le mot « Ana ? ». Je ne sais même si elle connait ce langage. Au moins, elle comprendra que je n’arrive pas à parler.  


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— Noara

Je ne savais pas pourquoi l'état de Noah avait un tel effet sur moi. Pourquoi j'avais tellement redouté qu'il ne se réveille jamais, que je ne puisse plus voir son regard noir et froid se poser sur moi, ne plus entendre ces mots cassants taillés de toute pièce pour me réduire en morceaux. J'étais sans doute masochiste au fond. Mais le savoir entre la vie et la mort m'avait fait prendre conscience que d'une manière ou d'une autre.. je tenais à lui. Et je m'en voulais déjà à un point inimaginable pour ça. Mais tant pis. J'avais décidé de garder les regrets et mon agacement pour l'extérieur, une fois que je franchissais les portes de l'hôpital. J'étais nerveuse de l'avoir en face de moi après ce qu'il s'était passé la dernière fois. Nerveuse aussi à l'idée qu'il apprenne que j'étais venue le voir souvent durant son coma. Sûrement bien trop souvent pour une nana qu'il connaissait à peine. De lui parler, de voir justement du rejet dans ses yeux. Alors plutôt que d'affronter son regard, je détournais le mien, commençant à parler et à me dévoiler, malgré moi. Son silence me faisait gagner en désespoir autant qu'il me rassurait. C'était vraiment étrange comme sentiment. Mes yeux revenaient finalement vers lui, lentement, pour constater que lui ne m'avait pas lâché du regard. Ses sourcils froncés me rassuraient presque sur le coup. Voir son visage s'animer d'une autre émotion que le néant ou la tristesse. Je l'observais en silence, attendant une réponse et en même temps, simplement attentive. Je n'avais pas envie de le brusquer. Je n'avais plus envie de le chercher. Je voulais juste.. le sentir en vie. Je le voyais ouvrir la bouche, déclenchant un élan d'espoir dans ma poitrine avant de le voir s'évanouir. Il semblait comme pris d'un blocage. Ma gorge se resserrait comme un étau alors que sans vraiment assimiler les choses, mon esprit y voyait lui encore une preuve du fait qu'il avait failli y passer. Je reste impuissante pendant quelques secondes, mon regard accroché au sien quand il lève sa main.. pour communiquer en langage des signes. Ah. D'accord. Ca y est j'ai compris. Il n'arrivait pas à parler. Je ne connaissais que quelques bases de cette langues, simplement l'alphabet, ce qui me permit de comprendre son interrogation. Et qui faillit me faire monter le rouge aux joues. Comment lui expliquer que j'étais allé parler de lui à mon amie sans lui montrer qu'il avait obnubilé mes pensées ces dernières semaines ? J'étais vraiment idiote. C'est une de mes amies. Elle m'a dit que son meilleur ami, "Noah" était à l'hôpital alors je suis venue.. vérifier si c'était toi ou pas dis-je un peu maladroitement. Voilà, j'étais percée à jour. Du moins à moitié. Je craignais de voir sa réaction, alors je regardais volontairement de manière distraite vers le scope qui c'était un peu calmé. Ah, attends.. dis-je soudain en attrapant mon sac à main. J'en sortais un calepin et un stylo que j'avais toujours sur moi. Je repliais la première page sur laquelle j'avais inscrit à la va vite mes prochaines répétitions de cours de danse pour le mois pour lui dégager une page vierge, et lui tendais le tout. Tu peux le garder si tu veux.

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Je déteste ça. Etre cette espèce d’hybride bouclé dans son lit d’hôpital qu’a même plus de force pour exprimer à quel point il méprise ces lieux. A quel point il méprise tout ça. A quel point il se méprise lui-même. Parait qu’il faut prendre les aléas de la vie avec philosophie. J’trouve que la mienne est bien cynique, il a fallut que j’sois presque mort pour me rendre compte qu’en fait j’étais en vie. Que je n’avais pas à subir ce que j’me faisais subir, à trahir mes propres pensées, mes propres émotions. J’suis fatigué du mec trop grand dans son costume d’acier, fatigué de me retenir de rigoler, fatigué d’être aussi lourd, fatigué de contenir ce tas de miasmes nauséabonds à l’intérieur de moi. Qu’est-ce qu’il se passe, qu’est-ce qui cloche chez moi ? Pourquoi suis-je incapable d’être comme tous les autres ? Peut-être parce que j’ai peur de cette vérité. Celle qui m’dit tout au fond de moi, j’suis juste un mec normal, banal, sans histoire extraordinaire à raconter, tellement plat et fade, qu’il se cherche des perversités pour se rendre un peu plus coloré. J’suis fatigué d’exister, d’chercher des issus de secours à mon propre esprit, fatigué d’rester là dans ce lit et de devoir me supporter moi-même. Mes yeux ne cessent de fixer Lara. J’me souviens pas de c’qui s’est passé la dernière fois qu’on s’est vu. Du moins, pas dans les détails. Tout ce que j’ai, ce sont ces émotions bizarres qui me rappellent qu’elle ne m’a pas laissé de marbre et qu’elle a crée un putain de conflit interne. J’suis une arène close où corps et esprit se battent aveuglément. Et j’me déteste d’être à ce point … content de la voir, que j’en oublie de m’rendre détestable. Que j’en oublie de l’envoyer chier, comme j’envoie chier toutes les infirmières. Casse toi pauvre conne, t’as rien à faire ici, j’veux pas de ta pitié, j’veux pas de ta perversité qui vient s’enquérir de mon état malade. Casse-toi, j’veux pas de toi là, j’veux pas sentir ce que j’sens, j’veux pas être soulagé, j’veux pas être frustré, j’veux pas être énervé. J’veux pas être en vie. Ouai, c’est paradoxal, j’me méprise d’être un légume, j’me hais de contenir tout ce que j’ai dans moi, et à la fois, j’peux pas m’empêcher de me fermer comme une huitre, d’espérer superficiellement au moins, de voir mon armure de glace dans le placard et d’me rendre compte qu’elle me va encore bien. Casse-toi, j’me le répète en tête. Et pourtant, mon visage dit tout l’inverse. J’contrôle pas ce putain de visage, j’suis trop épuisé pour tirer mes traits, j’la regarde comme si j’étais complètement à ses pieds. Et j’me souviens subitement. Depuis le début. C’est moi qui suis allé la chercher dans ce bar, j’avais besoin d’elle. Moi qui lui avait demandé de rester avec moi ce soir-là, j’avais besoin d’elle. Et là ? Dans ce lit ? j’ressens ce même besoin, que je ne comprends pas, que je ne saisis pas. Il n’est pas vital, il n’est pas banal. Il se suffit à lui-même, et plus j’la regarde, plus y a ce truc dans ma tête qui me répète qu’elle pourrait m’sauver. Elle vient de m’sauver déjà un peu. Au lieu de m’enquiloser dans mon plat morose, j’me rallume d’une nouvelle flamme. Qu’importe qu’elle soit de colère ou de nervosité, l’essentiel étant, que j’me remets à vivre. Comme un humain et plus un putain d’hybride. J’déchiffre le mot « Ana » avec les doigts sans jamais la quitter des yeux. Espérant qu’elle pourra au moins deviner que je ne peux plus parler. J’la fixe et c’est comme un trou noire, cette fille est insondable, plus j’la regarde, plus elle me parait hors de portée. Ana, une de ses amies ? Elle est l’amie de ma meilleure amie ? Alors Ana sait que je suis ici ? Pourquoi elle n’est pas là, pourquoi c’est Lara qui se tient devant moi ? J’me dis alors qu’Ana m’en veut encore de ne pas être allée la voir quand elle était hospitalisée. Qu’elle a envoyé Lara pour voir comment j’allais, afin qu’elle lui fasse un debrief quand elle la reverrait. En fait, Ana n’est pas venu me voir, et Lara non plus. Si elle est là, ce n’est que pour rendre service. Ma tête lourde s’enfonce encore plus dans le mur et j’lève les yeux au plafond pour retenir le semblant de peine qui commençait à s’en extirper. Et bien c’est bon Lara, j’vais bien, comme tu vois, cours vite le dire à ma meilleure amie. J’m’attends à la voir partir, alors je ne la regarde plus. Et sa voix m’interpelle d’un attend. Je ne bouge pas la tête, baisse les yeux vers elle cependant. Elle fouille dans son sac et … un calepin ? Un stylo ? Quand elle me les tend, je me redresse à peine et les attrape, un peu gauche comme je ne me sers que d’une main. J’enlève le capuchon avec ma bouche, ouvre le carnet, et écris dedans : « Reste ». Et je le gribouille aussi tôt pour le barrer, avant d’écrire dessous :   « Il y avait quoi sur la page que tu viens d’arracher ? ». Un peu de légèreté. Pour dire sans avoir à dire que j’voudrais qu’elle reste. Et je tends le carnet pour lui montrer.


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— Noara

Je ne savais pas comment réagir, je ne savais pas comment me comporter. Pourquoi toutes mes rencontres avec Noah me mettaient dans un tel état d'incertitudes ? L'assurance qui me caractérisait si bien et qui m'aidait à contrôler ma vie semblait s'évaporer comme un nuage de fumée chaque fois que je le voyais. J'étais.. perturbée, énervée, agacée. Défaite par toutes ces contradictions qui me laissaient dans le flou. Et pourtant je restais là. Parce que j'en avais besoin. Que Noah habitait mes pensées sans pour autant que je sois en train de me lancer dans une espèce de romance à la con. J'étais plus qu'intriguée. Et c'était devenu plus dès l'instant où je m'étais rendue compte à quel point je ne voulais pas le savoir mort. Il me bouleversait. Par ses larmes qui coulaient sur ses joues. Par sa voix quand il me méprisait et qu'il me donnait des ordres. Par ses yeux quand il s'accrochait à moi pour me demander de ne pas le laisser seul. Noah était tellement humain, et ça me transcendait moi, le glaçon, comme il m'avait appelé. Pour une fois, j'avais pas l'impression de voir d'animosité dans son regard. Peut-être parce que je n'étais pas moi-même sur la défensive. Je lui parlais d'Ana, omettant soigneusement de lui donner des indices sur le bordel qu'il avait installé dans ma tête. C'était quoi la probabilité pour que Noah soit le meilleur ami d'Ana hein ? En y réfléchissant, je trouvais même dingue qu'on ne se soit encore jamais croisés avant cet été. Je ne savais pas vraiment ce qu'il pensait de tout ça.. Et puis je pensais à mon calepin dans mon sac. Peut-être qu'il accepterait d'écrire dessus bien que à nouveau, une part de moi ne pouvait s'empêcher de s'attendre à se faire refouler comme une merde. J'y étais presque résignée en fait. Je le regardais prendre le calepin et le stylo en silence sans le quitter des yeux, puis je m'appuyais à nouveau contre le dossier du fauteuil. Je le regardais écrire, et jcrois que sûr le coup, ça me faisait quelque chose de le voir ainsi. C'était pas de la pitié non. Plutôt une espèce de prise de conscience, à nouveau. Je le regardais écrire, la tension qui habitait mon corps s'évaporant tout doucement au fil des minutes, bien que j'étais toujours sur la réserve. Puis je lisais les mots qu'il me montrait. Son "reste" gribouillé mais tout de même lisible fit s'emballer mon rythme cardiaque, ayant presque l'impression de revivre la dernière fois que nous nous étions vus. Mais j'essayais de ne rien montrer.. plus ou moins. Sa deuxième question me fit presque sourire. Les dates pour mes cours de danse de ce mois-ci répondis-je doucement, après un léger instant d'hésitation. J'avais du mal à me dévoiler. Puis après quelques secondes de silence, je reprenais la parole. Ana.. elle m'a dit de te dire un truc dis-je finalement. Puis je sortais mon téléphone de mon sac, et après avoir sélectionné le sms d'Ana, je le lui tendais. « Non, je n'y vais pas. Mais toi, vas-y. Il aura besoin de quelqu'un c'est certain. Je boucle mes valises et je rentre à Tokyo pour me reposer. Je ne sais pas si je reviendrais, quand je reviendrais. S'il me demande, dis-lui que ce n'est pas de sa faute.
Prend soin de toi »
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J’avais beau avoir gribouillé mon « reste », il restait visible. Sur le papier, comme sur mon visage, que j’avais du mal à déguiser. Je ne sais pas dire ce que cette fille me fait, ça serait mentir de vouloir me faire croire que je ne me pose pas la question. Je me la pose, je me la pose beaucoup trop, comme une question à laquelle on n’arrive à répondre que par d’autres questions encore plus stériles. Elle m’intrigue. Elle a cette aura froide des filles sibériques, un côté voltaïque à la fois que je ne sais pas maîtriser. En fait, j’crois qu’elle n’est pas comme les autres. Principalement, parce qu’inconsciemment, je n’en fais pas ce que j’fais avec les autres. J’ai voulu la déguiser, du masque d’Echo, de celui de mon pansement cette nuit où j’ai cassé la gueule d’un type. J’ai voulu lui donner un rôle qui ne lui allait pas, et chaque fois, elle a réduit en cendre le déguisement, chaque fois elle m’est de nouveau apparue encore plus incompréhensible, encore plus insaisissable. J’ai voulu en faire toute autre chose que ce qu’elle n’était, tout en ayant le sentiment de la connaitre déjà, et pourtant, sa personnalité venait sans cesse me frapper de plein fouet. En fait, j’crois que j’la trouve surprenante. Parce que je ne sais pas la prévoir, je n’sais pas deviner ce qu’il se cache derrière ses grands yeux bleus, derrière ses silences. Je me suis habillé d’arrogance pour supporter l’idée insupportable et insoutenable de m’sentir impuissant et perdu face à mes propres émotions et ce qu’elle provoquait chez moi. Qu’est ce que je cherchais chez elle ? J’en sais rien. Et quand je la vois là, j’commence à comprendre qu’à trop vouloir trouver quelque chose que je ne savais pas déterminé, j’m’étais épuisé à chercher alors … qu’elle était là, la singularité. Fondamentalement, je ne cherche rien. Elle m’attire autant qu’elle me révulse, je ne comprends pas cet effet d’attraction et répulsion, mais il n’y a rien à chercher, rien à comprendre, rien à trouver. C’est comme ça, badant, bandant, dément, ça ne s’explique pas. Et je déteste ne pas m’expliquer les choses. Ça me met hors de moi. J’suis accro au contrôle je l’ai toujours été, y a que comme ça que je réussis à me protéger de l’abandon et du rejet. Avec elle, ça ne marche pas, j’sais bien que j’la tiens pas, elle pue la liberté, elle pue l’indépendance, et j’ai beau creusé, j’n’arrive à rien pêcher. Et aussi étrange que cela puisse paraitre, à cet instant précis, quand j’suis sur mon lit d’hôpital, je trouve cette idée … foutrement réconfortante. J’peux jouer tous les rôles que j’veux, je ne peux pas empêcher le vrai Noah de sortir quand il est avec elle, parce que Lara ressort tout le temps même quand j’fais tout pour ne pas la voir. Et peut-être qu’en la rencontrant, c’est moi-même que je commence à rencontrer. Ce mec pas stable, pas fiable, bancale dans ses idées, apeuré, et foutrement … humain. J’le sais, parce qu’en la menaçant, elle n’est jamais restée. Pourtant, quand j’me suis contenté de simplement le lui demandé la dernière fois, elle la fait. J’tends le papier pour qu’elle puisse lire, une question banale, pour faire de tout ce capharnaüm quelque chose de normal, qu’on parle … j’sais pas, comme des gens pas bizarre pour une fois. Et puis j’ai pas envie qu’elle parte, j’ai pas envie de lui dire. J’sais pas si ça me fait plaisir qu’elle soit là, ni les raisons qui la pousse à rester. Mais tout à coup, il fait moins froid et ma chambre parait moins austère. Quand j’vois un sourire à peine esquissé sur ses lèvres, ça me fait presque sourire moi-même. J’crois que c’est la première fois qu’on a un visage … presque chaleureux l’un envers l’autre. Chaleureux à notre manière, il resterait froid pour la plupart des gens. Je fais des yeux ronds, comme si cette nouvelle m’enchantait, et elle m’enchante. Elle ne le sait pas, mais les danseuses me fascinent. Toutes, je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce qu’elles habillent le monde différemment, et j’comprends mieux ça stature maintenant. J’fronce les sourcils à la suite de ses propos et me penche pour attraper le téléphone. A la lecture, mon cœur ratte un battement. Et est soulagé à la fois. Je ne sais pas. Je ne sais pas du tout. Ana est partie, quand j’réaliserais qu’elle n’est vraiment plus là en sortant de cet hôpital, j’vais m’effondrer. Mais … ce n’est pas ma faute. Alors peut-être qu’elle ne m’en veut plus. Mais pourquoi elle ne m’a pas écrit à moi ? Je tais tout de suite mes pensées, j’crois que j’suis … blessé. Et triste. Oui, j’suis triste. J’rends le téléphone à Lara sans la regarder, j’ai pas envie qu’elle comprenne que ça me fait vraiment quelque chose. Je choppe le calepin, et pour essayer de changer de sujet, ne plus y penser, j’écris : « Tu as des bonbons ? J’en ai marre de leur bouillis infecte ».


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