KALISTOW - they say it’s a broken heart, but i’m hurt in my whole body

they say it’s a broken heart, but i’m hurt in my whole body
C'était cette petite fille dans ce grand lit, c'était cette tâche au milieu de la sérénité blanche, c'était la douleur qui se mélangeait à celles des autres. C'était Kali, l'enfant troublé, l'enfant désemparé. C'était quelques fractures, plusieurs blessures. C'était des larmes sauvages, des cris étouffés, des angoisses inavoués. C'était l'horreur tatouée dans la rétine, c'était des questions qui se bousculaient à la porte d'entrée. C'était l'incompréhension, c'était les médicaments, c'était une tension palpitante dans la pièce. T'étais à l'ouest, t'étais dans l'absence de présence, t'étais endormie. Tu soufflais, le sommeil un peu agité, t'ouvrais les yeux, t'étais perdue. Ça faisait presque vingt-quatre heures que tu étais ici, dans les chambres voisines t'étais entourée d'autres victimes. Tu commençais à regarder partout autour de toi, tu te sentais pas bien, t'étais seule, t'avais froid. Tu te roulais en boule comme tu le pouvais, t'arrachant légèrement les aiguilles plantées dans ton corps frêle. T'étais à moitié cassé Kali, tu l'sentais et ça te donnait envie de pleurer. Tu repensais au sang, tu repensais à ta mère, à la peur que tu avais ressenti, à l'incompréhension durant toutes les secondes qui passaient. T'étais seule et tu ne voulais voir personne. Tu n'avais même pas reçu un simple message de la part de ta mère, encore moins de ton père. Ta famille maternelle n'était pas encore au courant, et toi, t'étais juste là au milieu du néant. Un tout petit rien, une poussière dans le désert. Tu divaguais, t'avais pas la tête tu les épaules, t'avais même pas Hades pour te câliner. Tu voulais disparaître. Tu t'endormais à nouveau.

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Lorsque tu dormais, t'oubliais pendant quelques instants la douleur, les cris d'horreurs. Lorsque tu dormais, c'était un bourdonnement silencieux qui t'empêchait de penser au mariage, à la déception. Peut-être que t'en avais moins vu que la plupart des invités, c'était d'ailleurs une certitude... seulement c'était tout ton coeur qui était écrasé, piétiné. T'avais vu la trahison de ta mère, t'avais entendu ses mots et sa manière qu'elle avait eu de te rallier à sa cause. Quelle cause ? La haine, la souffrance, la trahison, la mort ? Ce n'était pas toi, pas comme ça, pas à ce point-là. Et tu avais ce coeur cassé pour ton père, défunt, que plus jamais tu ne reverras. T'avais mal d'avoir abandonné à l'époque, il y a de ça quelques années. Et tu pleurais dans ton sommeil, sans même percevoir ta douleur, sans même la ressentir. Tu pleurais parce qu'inconsciemment ton monde venait de s'effondrer, totalement, sans aucun moyen d'y échapper. Tu avais également perdu ta mère, la laissant dans cette voiture jusqu'à la fin de ta vie. Tu ne pensais pas qu'une telle chose pouvait t'arriver, c'était comme si tu te retrouvais sans famille, sans rien. T'étais perdue et dans ton sommeil, c'était supportable, c'était vivable. Seulement, lorsque tu ouvrais les yeux, c'était une douche froide, c'était le noir complet et l'intolérance à la douleur. D'un sommeil léger, tu te réveillais avec le coeur qui battait à vive allure, ne comprenant pas pourquoi. Tu ouvrais difficilement les yeux, paniquée, tu finissais par te retourner vers une personne, un brun. Tu ne t'attendais pas à ça, était-ce la réalité ? Harlow était vraiment là, à côté de toi ? Tu le regardais de tes petits yeux, reculant instinctivement au fond de ton lit. Tu grimaçais à cause de ta côte cassée, t'étais perdue. Est-ce qu'il était venu pour t'achever, comme il l'avait si longtemps espéré ? T'avais cherché à l'oublier, et pourtant, il était là. Est-ce qu'il venait t'annoncer une mauvaise nouvelle ? T'en avais aucune idée, mais il était là, dans cette chambre, à cet instant. Tu l'regardais dans les yeux, ampli d'une détresse à tordre le ventre. Kalista baissait les armes une nouvelle fois, dans une autre situation. Tu commençais à sentir les larmes rouler sur ta joue, t'avais peur, tu ne savais plus quoi dire, quoi faire. Et Harlow, Harlow il était là et ça ne faisait que raviver la douleur. Tu fondais en larmes devant lui, les bras le long du corps, incapable de bouger, incapable de respirer tellement tu suffoquais de peine.

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Tu ne savais pas trop si c'était de la joie de le voir face à toi, ou peut-être même de la peine. Est-ce que c'était de la colère ? Tu ne savais pas, tu ne savais plus, tu ne voulais plus. Harlow était devant toi et tu ne voyais plus que lui, du moins, ce que tu arrivais à cerner au travers de tes larmes. Jamais tu t'imaginerai sur un lit d'hôpital, accompagné par le brun qui venait sécher tes larmes. Tu pleurais toujours, relâchant la pression, la souffrance, le surplus. Tu pleurais parce qu'il était là contrairement à tous les autres, parce qu'il était là sans te rappeler ce maudit mariage et le lot d'horreurs que les invités ont pu subir. Tu savais qu'ils allaient bien, les infirmières étaient venues te le confier entre deux soupirs. Et là devant Harlow, c'était peut-être des secondes, peut-être des minutes ou encore des heures, mais tu pleurais et ça te faisait du bien. Sa peau contre la tienne, tu te sentais rassurée, tu te sentais en sécurité. C'était étrange de ressentir toutes les ondes positives qu'il dégageait, de voir qu'après les années, après les rancoeurs, il était toujours là à tes côtés. Dans les périodes les plus compliqués de ta vie, Harlow avait plus ou moins toujours était là. Et si tu l'avais retrouvé quelques mois après le décès de ton père, était-ce le destin ? Peut-être. Tu divaguais devant lui, tu commençais à te calmer, tu commençais à caler ta respiration sur la sienne. Tu ne l'avais pas quitté des yeux, tu t'étais apaisée comme dans le passé, par un simple contact. Tu secouais négativement la tête à sa question, t'arrivais pas encore à ouvrir la bouche pour émettre un son. Tu ne voulais personne d'autre que lui en cet instant. C'était peut-être les cachets, le fait d'être fatiguée, mais c'était la situation présente. Harlow était là et il ne te dérangeait pas. Harlow était là et c'était tout ce qui comptait. T'avais besoin de loin, égoïstement, t'avais besoin de l'avoir pour toi, à toi. Tu restais silencieuse, te déplaçant sur le côté de ton lit comme tu le pouvais. Tu lui laissais une place, tu lui donnais de ton espace pour qu'il vienne s'y installer. Tu l'suppliais du regard, ta main toujours dans la sienne. Tu tirais légèrement, avec le peu de force que tu avais encore en toi. "Viens" que tu murmurais. Le torrent de larmes c'était calmé, même s'il était toujours présent.

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Tu l'voyais monter sur le bord du lit et tu soufflais, soulagée. C'était peut-être de voir quelqu'un que tu connaissais à tes côtés, c'était peut-être parce que tu te sentais protégée. Qui aurait pu penser que tu voulais de l'aide de la part d'Harlow ? Au fond de toi, tu comprenais pas pourquoi il était là, tu ne comprenais pas pourquoi tu le voulais collé à toi. C'était étrange, et c'était sûrement du aux médicaments qui coulaient dans tes veines au fur et à mesure du temps. Le brun était à tes côtés, et tu pouvais humer son parfum. Tu fermais les yeux, respirant l'odeur familière qui s'immisçait en toi, au contact de sa peau, la tête reposant sur son épaule. C'était pas grand chose, c'était irréel, c'était simplement lui, lui et toi, vous, dans ce lit. C'était innocent, c'était apaisant. Tu t'endormais à nouveau, l'esprit plus apaisé. Ton sommeil était moins agité. Tu n'avais aucune notion du temps, et lorsque tu te réveillais à nouveau, tu pouvais toujours sentir la main d'Harlow dans la tienne. Tu la tirais du mieux que tu pouvais, t'encerclant de son bras. Tu voulais te fondre en lui, tu voulais qu'il t'emmène loin, à des années lumières de ce quotidien chamboulé. T'étais perdue, totalement, sans contrôle. T'avais la peau couverte de pansements, t'avais le visage martelé par quelques bouts de verre qui avaient été retirés. T'avais cette côte cassée, cette cheville foulée. T'étais en état de choc, mais ce n'était pas seulement ton corps, c'était ta tête, ton coeur. Tu te laissais aller contre Harlow, te rapprochant de lui, assoiffée par ce contact rassurant. T'avais la gorge sèche, t'avais envie de parler, de tout laisser aller. "Je veux tout oublier, j'veux partir" Tu sentais les larmes rouler sur tes joues, finissant sur l'oreiller. "Elle l'a tué, et moi j'ai tout perdu" que tu disais d'une voix déraillé. Ouais, indirectement, ta mère avait pressé la détente de l'arme qui avait libéré la balle meurtrière.

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T'étais réveillée et c'était la réalité qui était criarde. Elle venait tâcher la pièce immaculée de blanc et ta vision de jeune femme étudiante. Bien que tu ne sois pas dupe, tu ne pouvais imaginer une personne trahir sa famille, manipuler à outrance les personnes qu'ils aiment. T'étais peut-être pas un modèle de bonté sur terre, oui, mais t'avais un sens des valeurs, de l'amitié, du respect. Peut-être que tu pleurais aussi parce que tu te rendais compte du mal que tu avais fait à Harlow, de la manière dont tu l'avais traité. En soit, ce n'était pas quelque chose de méchant, pas réellement, pas à ce point. Et toi, toi tu voyais juste ta mère qui avait poignardé ton père, qui t'avais caché durant des années de ce dont tu avais le plus besoin. C'était de la cruauté à l'état pur, et toi, t'arrivais pas à l'avaler. Peut-être que dans d'autres circonstances, tu aurais la tête haute et digne... Seulement ces derniers temps, tu perdais pieds, tu basculais. Après la mort de ton père, t'avais tout refoulé, t'avais eu du mal à tout assimiler. Ce mariage, les cris, le sang, c'était déjà beaucoup. Mais apprendre la vérité sur ta mère, sur la guerre qu'elle menait contre les russes, c'était comme une attaque envers toi-même. Tu pleurais et Harlow tentait de te calmer, il essayait de t'apaiser bien que tu sois aveuglée. "Je peux pas Harlow, je peux plus. Ri..rien ne va" tu murmurais, suffoquant. Tu n'avais jamais eu aussi mal au coeur, aussi mal à chaque centimètres de ta peau. C'était beaucoup trop pour ton corps frêle, c'était trop de choses à avaler, à digérer. Ta vie n'avait été qu'un mensonge, des manigances, une guerre silencieuse dont tu ignorais l'existence. "Mon p-p-père est... mon père est mo-...mort à cause d'elle et elle m'a menti". Tu pleurais à nouveau, tu te vidais de toute énergie, de tout ce poids que tu gardais en toi. C'était peut-être les médicaments qui te fragilisaient autant, mais fallait bien avouer que t'avais besoin d'exploser, de te libérer d'un poids, de tout ce qu'elle t'avait confié dans la voiture. Jusqu'ici, personne n'était au courant. Tu venais sécher tes larmes d'un revers de main, essayant de te calmer du mieux que tu pouvais.