LET ME MAKE IT UP TO YOU ✩ ALEZAEL

Bien sûr que j'avais commandé à bouffer. Les seuls trucs que je savais plus ou moins faire, c'était des pâtes et des steak hachés alors forcément ça n'allait pas vendre du rêve à cette femme qui était mienne. Donc ouais, j'avais commandé et j'avais gardé la surprise sous des cloches, histoire qu'elle ne sache pas directement ce qui l'attend ce soir. Et puis merde quoi, j'étais pas doué donc elle devait être reconnaissant que je puisse lui offrir un repas digne de ce nom, complètement délicieux, sans avoir foutu le feu à notre appartement. Et puis il suffisait d'une petite brèche pour que je parte dans un délire sans nom, et je remarquais bien l'exaspération de ma femme quant à mes dires complètement loufoques. « Yeah, gonna happen. I'm gonna hack the world and declare myself as the most handsome man in this universe! » Ouais, la folie des grandeurs. C'était beau de rêver. Mais c'était dommage qu'elle ne me suive pas tellement dans mon délire. Le soutien des proches est important mine de rien. Quoiqu'il en soit, installés à table, elle se mettait à soulever la cloche pour découvrir ce qui s'y cachait et... ouais, son sourire trahissait son contentement. Et puis vint la question que je repoussais mine de rien, parce que je sentais qu'elle allait se sentir trahie. « Yeah... I won » disais-je en attrapant une part de pizza qui était déjà prédécoupée avant de la foutre dans ma bouche, comme pour m'empêcher de parler plus.

Quelque part, fallait qu'elle sache. Qu'elle sache à quel point il était investit dans tout ça. Parce que ouais, ça lui faisait déjà pas spécialement plaisir et la réponse pouvait être ou non le coup fatal. Inspire, expire. Elle avait pas envie que tout dégénère une nouvelle fois, fallait qu'elle reste calme peu importait ce qu'il lui répondait. Sûrement plus facile à dire qu'à faire dans tout les cas. « Yeah, gonna happen. I'm gonna hack the world and declare myself as the most handsome man in this universe! » Est ce que c'était le moment où elle lui faisait comprendre qu'il allait beaucoup trop loin ? Non mais parce qu'il se pétait un délire assez énorme pour le coup. Most handsome, most beautiful, most perfect. After that, every girl in this world want to marry you. Allez, ça ferait probablement assez gonfler ses chevilles pour le reste de la soirée mais si ça pouvait lui faire plaisir, elle le lui disait avec plaisir. La brune prenait place à table continuant à sourire jusqu'à ce que la réponse tombe. « Yeah... I won » Dans ta gueule Az. Le sourire s'effaçait et elle prenait une part de pizza qu'elle mastiquait l'air absent. Congrats qu'elle sortait finalement sans réellement le penser. Ouais et puis maintenant ? Y avait un espèce de gros froid qui s'était installé dans la pièce.

Passer une bonne soirée, ne pas s'engueuler. C'était l'objectif qui semblait difficile à atteindre pour le coup. Parce que nous étions nous et que nous avions un peu du mal à communiquer, malgré notre proximité évidente. On était handicapés de la communication et forcément, ça se ressentait à chaque engueulade. Là, je prenais le tout à la rigolade parce que ça restait drôle. Je me proclamais l'homme le plus beau du monde et ça ne va pas plus loin. Parce qu'elle comme moi savions qu'il ne s'agissait de rien d'important. Une déconade. Une boutade. « I'm married to the only one I want so.. I must be the luckiest man ever. » Et puis on s'installait. On levait les cloches pour découvrir le repas d'exception que je lui avais préparé.. entre guillemets. J'avais rien préparé du tout, juste appelé une super bonne pizzeria qui faisait les meilleures de Boston. Et maintenant, on pouvait régaler nos papilles. Sauf que. Bah oui, y'a un “sauf” qui traine parce qu'on pouvait pas profiter d'un repas sans un sujet qui fâche. La présidentielle. Elle avait été au courant et se mettait aux dernières nouvelles. Et n'assumant pas de la fâcher, je me mettais une part de pizza dans la bouche, juste après lui avoir répondu. Et son sourire disparaissait et j'étais dégoûté. Parce que je n'avais pas envie de la rendre comme ça, froide, désintéressée et surtout éloignée de moi. Elle agit comme ça Az. Elle s'éloigne quand ça lui plait pas. J'avalais toute ma bouchée et quand j'étais enfin libre, je reprenais la parole. « I know this year doesn't start the way you want but.. It's gonna be okay, I'll priorize everything and you and Hendrix are gonna be okay, I swear »

Elle avait pas envie que la soirée foire mais.. C'était d'Az dont on parlait. Et quand quelque chose ne lui convenait pas, elle avait tendance à se refermer sur elle même. A se déconnecter du monde qui l'entourait pour ruminer dans ses propres pensées. Et c'était exactement ce qu'elle faisait à ce moment précis. Elle ne s'énervait pas, ne criait pas mais arrêtait de parler quitte à être aussi froide que l'Alaska. En même temps, à ce moment précis, elle était confrontée à tout ce qu'elle ne voulait pas. Alexander toujours à Harvard, suivant encore des cours et président de la Mather House pendant qu'elle passait ses journées à servir des cafés à ses supérieurs comme une vulgaire assistante. C'était clairement très loin de la vie qu'elle avait rêvée et.. Ouais, ça la faisait chier. Le dire ? Ce serait juste un moyen de lancer un nouveau conflit alors poupée se prostrait dans le silence à défaut de mieux. « I know this year doesn't start the way you want but.. It's gonna be okay, I'll priorize everything and you and Hendrix are gonna be okay, I swear » Ouais. Mais ça changeait rien en fait. Parce qu'il avait agit comme toujours dans son propre intérêt ce qui ne changeait pas le problème en fait. Okay. C'était tout ce qu'elle avait à dire. Puis clairement, elle n'avait pas envie de discuter la maintenant tout de suite. Mordant une nouvelle fois dans sa pizza, elle semblait totalement ailleurs comme si tout ce qui s'trouvait autour d'elle n'avait plus aucun intérêt.

Et évidemment, j'avais réussi à tout gâcher en un seul mot. Enfin, elle avait posé la question qu'il ne fallait pas aussi, c'était pas tellement ma faute. Elle avait demandé, j'avais répondu. C'était à croire qu'elle voulait gâcher elle-même la soirée. Et merde quoi, qu'est-ce que j'y pouvais si j'avais été élu par le reste des Mathers ? Qu'est-ce que j'y pouvais si j'étais apprécié par la majorité des verts? J'y pouvais rien. Je m'étais présenté et puis j'avais été élu. Maintenant, c'était qu'une question de temps avant qu'elle ne vienne à me faire complètement la gueule à cause de ça. Finalement, peut-être que je ne l'aurai pas ma nuit d'amour. « Az.. come on. Let it go please. » Tout ce que je demandais, c'était qu'elle cesse de m'en vouloir pour ça. C'était pas trop demandé à mes yeux, non? Ouais enfin, ok, j'avais un peu plus de responsabilité que prévu pour le coup, mais je savais y faire, je saurais gérer tout ça. Dans tous les cas, Hendrix passerait avant le reste. Az aussi. C'était ma famille, mon futur. Et puis Sage était mon bras droit dans l'histoire et même si je ne la connaissais pas des masses, elle voulait sûrement le meilleur pour la Mather House. « I love you » Je le précisais, au cas où elle l'avait oublié entre temps. Sait-on jamais, hein.

Bien sûr qu'elle savait qu'elle était chiante quand elle agissait de la sorte mais valait mieux ça que de l'entendre hurler comme une folle pendant des heures. Au fond, il était légèrement gagnant au change. Peut être qu'elle semblait froide mais au moins elle ne l'insultait pas de tout les noms. Alors ouais, elle resterait comme ça autant de temps qu'il le fallait même si ça ne changerait probablement rien. Parce que ouais, il serait toujours président de la Mather House et étudiant d'Harvard. « Az.. come on. Let it go please. » .. Et dans sa tête, à ce moment précis, la seule chose qu'elle avait était : let it go, let it go, can't hold it back anymore. Bref, totalement pas approprié pour le coup mais y avait des mots dans le genre qui faisait tout de suite référence à une chanson. Comme Hello d'Adele en fait. Maintenant, personne ne pouvait s'empêcher de répondre : it's me. « I love you » Aha, c'était moche de tenter de l'attraper avec des mots doux là. C'était super fourbe, même venant d'Alexander. I love you too. Peut être qu'elle était fâchée mais elle l'aimait et puisqu'il le savait, rien ne servait de mentir sur ce sujet. I just need time okay ? We don't want the same thing and now, I need to think about me. Puisque lui pensait à sa petite personne avant tout il n'y avait aucune raison pour qu'elle ne fasse pas de même dès maintenant.

Il avait fallu qu'elle gâche la soirée en posant la question qui fâche. Parce que peut-être se doutait-elle de ma réponse? Enfin elle savait qu'une des réponses pouvait la fâcher. Mais elle l'a fait quand même et maintenant, c'était froid. Elle mangeait en silence, je mangeais en silence. Et puis voilà quoi. C'était quoi le reste de la soirée ? C'était juste nous deux qui nous regardions dans le blanc des yeux? Faut croire. Damnit. Fallait qu'elle laisse tomber cette rancoeur mal placée. Après tout, c'était pas si grave, c'était qu'une petite année. Le reste de notre histoire était pas basée sur cette première année, n'est-ce pas. Elle m'aimait aussi, quelle chance. Mais ça réglait rien, elle et moi le savions très bien. Et ça m'énervait. « 'kay » Qu'est-ce que je pouvais dire de plus de toute façon ? Elle avait besoin de temps et puis bah j'avais pas trop le choix que de la laisser faire. Je continuais de bouffer cette pizza, comme j'avais prévu de le faire depuis que j'avais préparé cette soirée, mais sans la discussion qui allait avec. Parce qu'elle était fâchée, j'étais gavé, et ça allait finir par se retrouver dans le lit, dos à dos, comme deux étrangers.

J'avais le droit de me la jouer comme lui. D'être la nana égoîste qui pour une fois dans sa vie pensait à elle avant de penser à ceux qu'elle aimait. Le problème, c'est que je faisais passer Alexander avant tout. Lui ? Il se faisait passer avant moi. Alors dans tout les cas, j'arrivais en seconde place et finissait par me retrouver seule à ruminer en silence. Peut être que j'avais plus vraiment la patience pour supporter ça. Puis quelque part, c'était compréhensible. Pourquoi devrais-je toujours être reléguer au second plan ? « 'kay » C'était la seule chose à laquelle j'avais le droit. Et c'était fatiguant, j'en pouvais plus, j'me sentais oppressée dans une relation qui partait un peu plus en vrille à chaque fois. Alors quoi ? J'me mettais une nouvelle fois de côté pour que ça s'passe bien et qu'on passe une bonne soirée ? Non. C'était clairement plus à moi de me remettre en question à ce point là. Je lâchais la pizza dans l'assiette reculant la chaise pour quitter la table. De toute manière, y avait un moment qu'on arrivait plus à communiquer. On s'entendait pas et le final était le même à chaque fois. 'Night. J'préférais gagner la chambre et laisser le sommeil m'emporter. C'était la seule façon de me vider la tête de toute façon et de toute évidence, on avait pas grand chose à se dire là.

Qu'est-ce que je peux dire de toute façon ? Elle voulait du temps et je n'avais pas le choix que d'accepter. Donc okay, okay. Juste, okay. Après tout, c'était pas comme si je pouvais négocier quoique ce soit ou encore argumenter contre tout ça. C'était son choix, je le respectais. Mais ça foutait quand même un gros blanc dans cette soirée supposée être paradisiaque. Et elle l'avait compris elle aussi. Une nouvelle bouchée de pizza dans le silence oppressant et c'était à ce moment là qu'elle avait décidé de tout laisser tomber. Je la voyais reposer sa part, reculer sa chaise pour se redresser et... ouais, quitter la pièce pour rejoindre la chambre dans un bonne nuit qui semblait plus froid que froid. Soupirant, je reposais la mienne à mon tour, m'affalant sur ma chaise. Clairement, j'étais sur les nerfs et ça n'allait pas en s'arrangeant. J'avais même fini par taper du poing sur la table tant j'étais énervé de la tournure de la situation. Ouais bah ça changerait rien. Elle voulait pas parler, elle voulait du temps, et bien j'lui en donnerai sans pour autant parler de mon côté. C'était un peu comme un début de guerre froide quoi. Sauf qu'on était pas en guerre, on était juste en mariage quoi.. et ça doit se bosser. Des deux côtés. Mais là, y'avait que moi qui faisait les efforts et ça me gavait. Rangeant tout dans la cuisine, je passais une partie de la soirée sur le canapé à regarder la télé avant de m'endormir dessus. Tristesse.