I shouldn't be jealous, you're not even mine... (Sophia)

  C’était le test. Le moment où je devrais feindre l’indifférence, peut être même me réjouir pour elle. Mais non, je fulminais intérieurement et peut être même extérieurement, parce que ma désapprobation se lisait surement sur mon visage, surtout quand elle confirma que c’était bien avec ce type qu’elle avait passé toute sa fin d’été, et elle en rajouta une couche en me soufflant qu’il venait la chercher en décapotable après ses cours de danse. Ouais, laisse tomber Denys, toi t’es même pas capable de lui payer le mac do, donc d’ici que t’aies une décapotable… « Bah c’est bien… » ruminai-je, mâchoire serrée, air boudeur, terminant mon burger en ruminant.   « Enfin si c’est ton EX c’est qu’il y a bien une raison. » Ca m’allait bien de jouer les donneurs de leçon, moi encore complètement amoureux de Gabrielle… Bref, c’est ensuite mon choix de confrérie qui sembla déplaire à mon amie. Décidément, ces retrouvailles ne se passaient pas sans tension. « Pourquoi ? Tu t’inquiètes pour moi ? » répliquai-je quand elle m’interrogea sur l’éventualité que je devienne un drogué. « Je vais pas me droguer Sophia. On aime se retrouver faire la fête, la mather house n’est pas forcément synonyme de recueil de toxico. » lui expliquai-je ensuite. Et puis, histoire de s’en convaincre, elle pourrait venir avec moi, lors d’une soirée mather. Mais elle n’accepta qu’à moitié, remettant l’invit à l’année prochaine. « Et moi tu m’invites pas à une soirée dunster ? Je pourrais t’aider pour les énigmes. » me vantai-je avec un petit sourire.

C'est quoi cette phrase à deux balles? Il se vante de me refoutre dans la gueule que de toute façon, Scar et moi ça sera plus possible. Ça je le sais et je m'en contre fiche. Si je voulais vraiment avoir le français, je lui aurais déjà sauté dessus plus d'une fois. Je levais les sourcils, agacée par cette conversation. « Et? » je veux dire, pourquoi il me dit ça? J'ai le droit de traîner avec mes exs même s'il n'y a plus de sentiments, tout ça. J'en peux rien si sa vie sentimentale à Denys est so compliquée ! Bon il m'a piqué, je le pique. « Je ne m'inquiète pas, je me moque de toi. » et voilà, que demande le peuple, je devenais un vrai petit démon. Non mais j'y arrive pas, j'arrive pas à être son amie comme si de rien n'était. En plus, il insistait pour qu'on se voit en soirée. C'est pas possible. Je crois qu'il n'a pas l'air de comprendre. « Quelqu'un t'invitera bien avant. » j'haussais les épaules et je terminais mon coca en faisant du bruit avec ma paille comme un enfant insupportable. Sorry babe, c'est pas ma semaine aujourd'hui.

  « Et rien. Fais juste attention Sophia… » soufflai-je simplement, un peu agacé que l’on soit encore en train d’avoir cette conversation. Agacé qu’elle ne voit pas que je m’inquiétais pour elle, agacé contre moi d’être toujours ce pote possessif et jaloux. Je devrais lui dire –enjoy, vas-y couche avec ton ex ou va faire un bowling avec, c’est pas grave- Mais je n’y arrivais pas. C’était plus fort que moi, fallait toujours que je craigne de perdre So’ mais d’ailleurs, quand je nous voyais là, tous les deux attablés devant notre mac do à discuter sur ce ton distant, entre agressivité et réserve, je me disais que c’était peut être déjà trop tard. Le mal était peut être déjà fait. J’eus un vague espoir lorsqu’elle sembla me questionner sur l’usage des drogues au sein de ma confrérie, mais elle se défendit d’être inquiète, mettant juste en avant le fait qu’elle se moquait de moi. Elle voulait pas venir aux soirées mather où je la conviais et quand je tentais de me taper l’incruste à ses soirées énigmes chez les jaunes, elle me mit un nouveau vent. « Ok… J’aurais préféré y aller avec toi. » Je regardais mon carton de frittes presque vide avec un petit air confus, cherchant à expliquer cette ambiance étrange entre nous. Et en toute franchise, je soupirais : « Tu me manques… » Même quand elle était là devant moi, elle me manquait. C’était pour dire.  

Je sais, je suis pas du tout agréable avec Denys et je ne sais pas trop comment me comporter en fait. J'ai pas envie de lui sourire et de faire comme si de rien n'était. J'ai été un peu blessée au summer camp qu'on ait failli le faire alors qu'il se tapait d'autres conquêtes. Alors j'ai décidé de ne plus le voir, de chasser cette idée qu'il aurait pu se passer quelque chose entre nous et de vivre ma vie comme bon le semble. Tout allait bien, jusqu'au moment où il a commencé à m'harceler de messages pour qu'on se voit. J'ai finalement dit oui et voilà où on en était. En train de manger un McDo au mauvais goût, à se regarder dans le blanc des yeux et à se lancer des piques. Ouais non, ça pue vraiment et je vois pas comment ça pourrait sentir la rose. Denys voulait que je reste sa pote mais moi, je n'en ai pas envie. Et le tu me manques, c'est de trop ça. « Okay, stop Denys. » dis-je en levant mes mains pour donner le temps mort. « J'en peux plus. » de toi, de tout ça, de nous. Je veux passer à autre chose et tant pis s'il faut mettre un terme à notre amitié, qui n'existait plus depuis un moment selon moi. « Ne prends pas la peine de me dire tout ça parce que j'ai vraiment pas envie de rester ton amie. Je le suis plus depuis longtemps, et si tu n'as pas compris ça... maintenant tu le sais. » un faible sourire puis je soupirais en jouant nerveusement avec mes mains. Je chassais son regard et je laissais mes yeux observer les gens dans la rue. Voilà, c'est dit, et s'il insiste, je fous le camp.

  J’avais l’impression d’être en pleine mer, de ramer, de ramer, de ramer et de ne pas apercevoir le rivage. J’essayais tout : parler de ses amours, parler de sa confrérie, l’inviter en soirée… Rien ne semblait fonctionner. Elle était passée où, notre belle complicité passée ? Je lui soufflai, en désespoir de cause, l’aveu qu’elle me manquait mais ça ne sembla pas être une technique plus payante. Avec un air attristé, je la vis me rembarrer une énième fois. Levant les mains vers moi, me demandant d’arrêter, elle confessa ne plus en pouvoir. Et le verdict tomba. Je l’écoutais, mon air d’abord confus doucement remplacé par une franche expression blessée. Je déglutis difficilement, essayant d’avaler, de digérer l’info : Sophia ne voulait plus être mon amie. Pire, elle considérait ne plus l’être depuis longtemps. « Alors pourquoi on est là dis moi ? Pourquoi t’as répondu à mes sms ? Pourquoi t’as accepté qu’on vienne ? Pour les frittes ? Le burger ? Ronald ? » m’énervai-je en désignant avec agacement les restes de notre repas sur les plateaux devant nous. Et elle détournait le regard en plus. « Tu veux même plus me regarder en fait ? » soupirai-je alors qu’elle fixait les gens dans la rue à travers la fenêtre.