I shouldn't be jealous, you're not even mine... (Sophia)

Je n’avais pas revu Sophia depuis… Depuis ce soir d’explications un peu tumultueuses, au sujet du dérapage qui avait eu lieu entre nous durant le summer camp, et lorsqu’on s’était expliqué donc, elle avait fini par me dire qu’elle ne voulait plus me voir. Et des semaines de harcèlement par textos plus tard, je l’avais enfin décroché, mon droit de la revoir. Rencard fixé au mac do, j’étais presque nerveux à l’idée de retrouver la brune. Je me répétais mentalement de ne pas être stupide, que c’était l’une de mes meilleures potes, que l’épisode de cette nuit d’été était dernière nous… Mais d’un autre côté, je fulminais un peu suite à ses aveux : elle revoyait son ex quoi ! Lequel ex, je ne le savais pas, mais vu que Sophia était un aimant à sale type, c’était forcément pas un mec bien. Et puis, soyons réalistes, jamais je n’avais approuvé aucune des relations de mon amie. Bref, je chassais cette pensée de la jeune femme fricotant avec son ex, me souvenant que sur ce plan, j’étais tout aussi coupable et je filais jusqu’au fast food, attendant l’arrivée de la demoiselle devant le bâtiment.  

J'ai été sèche et froide avec Denys pendant plusieurs semaines. Je répondais à peine à ses textos, je cherchais même pas à le voir car je n'en avais pas envie. Mais avec un peu de recul, je me suis dit qu'il fallait passer outre, que la vie était trop courte pour se disputer avec les gens qu'on aime. Alors j'ai finalement accepté de le revoir, même si je n'arrivais pas à être enthousiaste. Je ne sais pas trop comment notre rencontre va se passer, si ça va encore péter ou si on va passer un bon moment. Franchement, j'en sais foutre rien. Tant pis, on se lance et on verra où le vent nous emportera. J'arrivais au Mcdo et je le voyais à l'entrée. Surement pour m'attendre. Les stars se font toujours attendre, que voulez-vous? Je lui souriais naturellement en passant à côté de lui. « Tu bouges? J'ai super faim. » Denys me suivit jusqu'à la caisse pour commander et je regardais un peu les menus qu'il y avait. Le truc c'est que j'aime tout alors si ça ne tenait qu'à moi, j'allais tout prendre. « En tout cas, c'est gentil de m'accompagner manger. » lançai-jeu au grecque en cherchant son regard. Même si j'essaye de faire comme avant, je sais que je n'y arriverais pas. Je me souviens encore de la chaleur de ses lèvres, de son corps sur le mien... raah faut que je chasse ses idées de la tête.

L’espace d’un instant, à attendre là, devant le bâtiment comme un con, l’idée qu’elle puisse me poser un lapin, qu’elle puisse se venger ainsi m’effleura l’esprit. Après tout, certains de ses textos avaient été plus que secs… Peut être qu’elle n’allait pas venir. En proie aux doutes, ils s’envolèrent rapidement quand la silhouette de la brune surgit devant moi et que je constatais que la demoiselle avait retrouvé son beau sourire pour s’adresser à moi. Mes lèvres s’étirèrent à leur tour dans un sourire ravi. « On y va, estomac sur pattes ! » soufflai-je taquin, en la suivant à l’intérieur du fast food directement la caisse. Elle détaillait les menus, me remerciant de l’accompagner manger et je ronchonnais : « T’es sérieuse là ? Je suis pas là pour les frittes moi Sophia… » Je l’avais pas vu de l’été, elle m’aurait dit viens on va visiter un cimetière je l’aurais suivi tout pareil. En gros, elle m’avait manqué et je voulais la retrouver, nous retrouver. Alors, si on était vraiment ici que pour la bouffe, merci… Je soupirai avec une moue boudeuse : « Puis je te préviens, j’ai plus un rond alors faut que tu m’invites… » Voilà, allez prouve moi que tu m’aimes toujours en me payant mon happy meal So’.

Peut-être que tout s'arrangera, qu'on aura plus d'attirance ou de malaise et qu'on retrouvera notre relation d'avant. Mais on n'oubliera pas ce qu'on a fait, ce qu'on a dit. C'est inévitable et de toute façon je ne suis pas assez conne pour effacer tout ça. Cela devait peut-être arriver pour nous aider à avoir le déclic qu'entre nous il n'y aura rien. Si c'est le cas, je préférais le savoir d'une autre façon. J'ai quand même mis ma main dans son caleçon! Heureusement pour nous, ça n'a pas été plus loin. Un peu à l'ouest dans mes pensées, je clignais plusieurs fois des yeux et je souriais à Denys. J'ai pas écouté ce qu'il a dit. Mais il a l'air vexé. « Oh ça va je rigole. » et je riais bêtement avant de commander mon menu. Je levais un sourcil lorsqu'il me demanda de lui payer son repas. « C'est super cher, t'as intérêt à me rembourser... ou me payer un autre repas. » si je lui offre un mcdo, ça veut dire que le prochain mcdo, ça sera lui qui me l'offrira. Je déconnais bien sûr, c'est pas si cher que ça mais j'aimais bien l'embêter. C'était peut-être une sorte de vengeance personnelle.

 Elle m’aurait proposé n’importe quoi, j’aurais dit oui. Parce que ça avait été trop horrible cette fin d’été faite d’échange de textos froids, distants… Je voulais retrouver ma Soso, vraiment et c’est avec un petit air vexé que je lui signalais que je n’étais pas là pour la bouffe, MOI. Et en plus, j’étais tellement à sec que j’avais pas de quoi régler, réclamant de la jeune femme qu’elle m’invite à ses frais. Elle répliqua que j’avais intérêt de la rembourser, ou de la réinviter. « Je te réinviterais, comme faut de la bouffe à la clé pour que tu acceptes de me voir, j’suis sûr qu’on ne passera pas l’année séparés comme ça… » répliquai-je donc. « Et puis, je vais me renflouer, j’pourrais même te payer autre chose qu’un mac do tu vois. » ajoutai-je avant d’expliquer : « Je reprends au garage là, entre les cours. J’ai déjà hâte d’avoir mon salaire. » Si mes frères me finançaient mes études, il y avait aussi tous les à côtés, les sorties, les soirées, les consos. Avoir une entrée d’argent me permettrait de profiter de la vie étudiante pleinement. Je commandais un menu et le serveur ne tarda pas à nous tendre un plateau avec notre repas. On alla s’installer à une table libre et j’entamai alors la conversation : « Alors quoi de neuf So’ ? T’as retrouvé tes têtes d’ampoule ? » Comme j’aimais appelé les dunsters. Et c’était un peu moqueur, mais affectueux aussi, n’oubliez pas que mon frère en avait fait parti lui aussi.

Je suis pas petée de tune non plus hein, mais bon pour dépanner un ami d'accord. Mais ça se fait pas je trouve, c'est l'homme qui offre, pas la femme. De toute façon, on est pas du tout en rencard, ce qui n'arrivera jamais car je n'ai plus envie d'être attirée par lui. Nope, ça m'apporte que des emmerdes alors merci. Puis c'est cool pour Denys, ça lui fera une nana en moins parmi son gros lot. Je soupirais à cette idée et j'acceptais de lui payer son menu. On prenait commande et on s'installait sur une table plus loin avec notre plateau. Je picorais quelques frites en haussant les épaules. « T'essayes de m'impressionner? » je pouffais de rire puis j'entamais mon hamburger que je mangeais avec grand plaisir. C'est trop trop bon, ce gras là. Il m'en faut, un peu de graisse aux fesses c'est ce qu'il me manque. « Ouais mais pff, j'en ai déjà marre du bizutage. » dis-je en soupirant en parlant des dunsters. Sérieux là, Paris il voulait me tuer avec ses énigmes et ses épreuves, je m'en sortais plutôt bien mais qu'est-ce que ça me saoulait. Moi j'aimais bien quand c'était rapide. « Et toi t'es où? » scuse hein, je me suis pas renseignée sur la rentrée de Denys Zacharias, j'avais un peu autre chose à faire.

 Installés à notre table, Sophia grignotait en m’écoutant distraitement lui parler de mon taf. « Pas t’impressionner non, juste te rappeler qu’en cas de problème je suis là So’. » Je vantais un peu mes qualités de mécanos au passage, mais c’était un prétexte : je voulais reprendre ma place de meilleur ami dans sa vie. Celui qu’elle appelait si elle crevait un pneu, celui sur qui elle pouvait compter si un mec la faisait chier, celui qu’elle pouvait déranger à tout heure du jour et de la nuit. Cette place que j’avais un peu perdu cet été, avec mes conneries, nos conneries, à jouer avec le feu, à se laisser emporter en s’embrassant, s’embrasant dans son lit… J’attaquai mon repas moi aussi, m’intéressant alors à sa confrérie. « M’en parle pas… » J’étais bizut aussi, je savais ce que c’était. « J’suis à la mather house. » répondis-je avant de reprendre : « Alors t’as eu quoi comme défi ? Apprendre le larousse par cœur ? » Je la taquinai un peu, retrouvant un peu mon aisance avec elle à mesure que la conversation avançait. Bien sûr, j’avais envie de l’interroger sur cet ex qu’elle m’avait avoué fréquenter, mais j’allais encore passer pour le jaloux de service alors c’était peut être mieux de parler de tout autre chose.

Je sais pas comment fait Denys pour faire comme si de rien n'était mais moi je n'y arrivais pas. Je ne me sentais pas à l'aise ici avec lui en face de moi, à manger des frites qui avaient un mauvais goût. Non, cela ne sera plus mon Denys d'avant. Il ne m'avait pas manqué, j'avais pas trop envie de le voir à la base et... j'ai un blocage. Je n'ai plus envie d'être son amie alors je me force à faire semblant pour lui faire plaisir. Pourquoi? Parce que je suis trop bonne trop conne et qu'au fond j'en crevais encore envie de ses lèvres ! Putain qu'il m'énerve. « T'inquiètes pas j'ai trouvé un nouveau monsieur gros bras pour me rendre service. » et toc, c'est sorti tout seul. Je prenais mon coca et je fourrais la paille dans ma bouche comme si ça allait m'aider à avaler la connerie que je venais de dire. Il ne faut pas qu'il s'imagine que sans lui ma vie est nulle. J'ai d'autres amis, d'autres connaissances et d'autres amants. Mes yeux doublèrent de volume lorsqu'il m'annonça qu'il était à la mather house. « T'es sérieux? » quoi que, ça lui va quand même bien; boire et baiser des meufs. « Non, c'était des énigmes à résoudre. » je sais qu'il a essayé d'être drôle et moi je lui ai répondu froidement. Je m'en voulais de me montrer sévère mais j'avais juste envie de crier que j'en avais marre ! Bon sang.

 Je voulais pas aborder le sujet et c’est elle qui le ramena sur le tapis. Lorsque gentiment, et naïvement, je lui signifiais que j’étais toujours là pour elle, elle répliqua mauvaise qu’elle avait trouvé un monsieur gros bras pour la servir. Je fronçai le sourcils un instant, ne répondis d’abord rien, l’air boudeur, l’imitant en la scrutant, prenant donc une gorgée de mon soda avant de ne plus tenir, et de laisser exploser les questions qui me brûlaient les lèvres : « C’est ton ex c’est ça ? Le type dont tu me parlais dans tes sms ? C’est avec ce mec que t’as passé toute la fin du SC ? » Allez, j’avais tenu dix secondes et demi à essayer de paraître détaché, bien joué Denys. Ca m’atteignait bien trop, comme d’hab. On évoqua la dunster, puis je révélais à la jaune que j’avais rejoint la MH pour ma part, ce qui l’étonna. « Les rouges vont me manquer, mais j’ai besoin de me démarquer d’Emrys. » De faire mes propres pas… Je pensais que parler de nos confréries détendrait l’atmosphère mais l’ambiance était toujours aussi gelée. « Ok… Peut être que tu devrais venir à une soirée mather avec moi un de ces quatre… » l’invitai-je alors, avec un petit sourire, ne sachant plus vraiment par quel moyen réussir à la détendre.

Pourquoi je devrais lui parler de Scar si c'est exactement le sujet qui va le gonfler? Il a beau se passer ce qu'il s'est passé, ça changera pas que Denys restera jaloux de mes fréquentations. Surtout si cette personne était mon ex, mon premier amour, mon tout premier quoi. Alors oui je m'y attendais à sa jalousie et je l'ai peut-être fait exprès. J'ai envie de le faire marronner un peu. Je ne sais pas encore si notre amitié est toujours envisageable alors je le pousse un peu. « Ouaip. C'est ce mec. » ce mec dont il ne faudrait pas venir chercher misère car c'est un gars au sang chaud qui, pour l'instant, aimait bien m'utiliser comme sa propriété privée. « Il vient même me chercher en décapotable après mes cours de zumba. » dis-je pour le narguer évidemment. N'empêche, il avait fait fureur auprès des filles quand il est venu m'ouvrir la portière alors que j'étais toute dégoulinante de transpiration. Je savais pas qu'Emrys était de retour. Décidément, retirez un Zacharias, il y en a un qui revient au galop. « Tu vas te mettre à te droguer alors. » c'est même pas une question. Je trouve ça débile son choix de maison. Malgré toutes mes petites piques, Denys voulait m'inviter à une soirée mather. J'ouvris la bouche pour répondre mais rien ne sortit. Je sais pas si j'en ai envie en fait, de traîner avec lui. C'est trop tôt. « L'année prochaine oui, pourquoi pas. » je buvais dans mon coca puis je regardais ailleurs en faisant traîner mes pieds sur le sol.