Tu es le plus beau des salauds + Cole

J’étais assez proche de Roman pour connaître le nom de ses colocs, et j’étais surtout suffisamment complice avec les démons de la Cabot, Zia et Aria, pour savoir que cette Carter était désormais l’ennemie à abattre. Je ne savais pas les sous tenants de l’histoire, je me doutais qu’il y avait surement des histoires tordues avec Roman là dessous et pas qu’une simple histoire de rouge à lèvres, mais je n’avais pas besoin d’en savoir plus pour savoir dans quel camp me placer. Je n’en laissais rien paraître, courtois et poli avec la demoiselle, souriant en me présentant. La jeune femme semblait bien occupée, mais j’avais eu le temps d’apercevoir des ecchymoses et sa lèvre fendue sous le maquillage… Intrigué, je la questionnai mais elle ne m’en fit pas plus. Normal me direz vous, nous venions juste de nous rencontrer officiellement, alors je tentais l’humour : « Ca a l’air violent le bizutage à la Cabot… » Pas sûr qu’elle m’en dise plus avec cette technique, mais bon, j’aurais tenté. J’entamai ensuite plus subtilement la conversation : « Roman n’est pas là aujourd’hui ? » Et la voyant toujours bien active, je proposai : « Je peux t’aider, tu cherches quelque chose ? »

 Elle m’apprit donc que Roman était parti à la WH, qu’il devait surement y dormir, que je pouvais m’y rendre pour le trouver. « Merci de l’info mais en fait… Je suis content de te trouver toi. Y’a un truc dont je voulais te parler. » soufflai-je, en prenant alors un air grave et concerné. Intrigué de la voir s’activer dans tous les sens, retournant limite le logement à la recherche de son livre de compta. « Attends, je vais t’aider à chercher comme ça on pourra discuter ensuite… » Je jouais donc les grands seigneurs serviables, avec clairement l’idée en tête de marquer quelques points, d’endormir sa méfiance, pour qu’elle m’écoute ensuite et surtout qu’elle gobe les bobards que je comptais lui servir. Je voulais pas créer d’ennuis au rouge, mais j’avais bien envie d’offrir un petit divertissement à cette chère Aria. Et pour se faire, il allait falloir que Carter se pose quelques instants, m’écoute et surtout me croie. Mission bouquin de compta donc. Je regardais derrière quelques coussins en essayant de faire la conversation : « T’es en comptabilité alors ? Ca doit être intéressant… Je suis en économie personnellement. » Je finis par me pencher pour regarder sous le canapé et attraper un livre qui était tombé là. « Je crois que je l’ai… » Avant de me raviser en découvrant la couverture de l’ouvrage : le kamasutra. « Ok, non c’est pas ça… » me marrai-je avant de demander, un peu moqueur : « C’est à Roman ou à toi ? »

  « De Roman… » répondis-je lorsqu’elle releva les yeux vers moi, intrigué que ça soit bien à elle que je désire m’adresser. J’essayais de garder un air sérieux, de ne rien laisser entrevoir de l’amusement que je ressentais face au bobard que je comptais lui servir ensuite. « Je sais que vous n’êtes pas de simples colocs lui et toi. » expliquai-je alors. Roman était mon ami, on avait l’occasion de parler de ça de temps en à autre, je savais donc que la relation entre Carter et lui était plus qu’ambiguë. Mais avant de poursuivre, je l’aidais à mettre la main sur son livre, cherchant avec elle, pour qu’ensuite je puisse avoir toute son attention. « Et moi en mineure, j'ai pris relations internationales. On doit être des personnes ouvertes sur le monde tous les deux toi et moi. » fis-je avec un sourire, essayant de nous trouver quelques points communs et de sympathiser, pour ainsi mieux gagner sa confiance. « Ca me plait oui… » Je finis par sortir un ouvrage de sous le canapé, tout fier, avant de réaliser que ce n’était pas du tout un livre de compta. Carter eut un regard perplexe, affirmant tout de suite que ce n’était pas le sien, que ça devait être celui de Roman. « Vous avez des lectures intéressantes dans ce canapé… » me moquai-je gentiment avec un sourire taquin avant de reposer le fameux kamasutra sur la table basse pour enchaîner sur le vif du sujet : « Comme je te le disais, je sais que Roman et toi vous n’êtes pas de simples colocs et… je crois que vous devriez être ensemble. Je sais exactement ce qu’il faut que tu fasses pour l’avoir, pour le faire craquer complètement et qu’il devienne fou de toi. » lançai-je alors, avec un air sérieux, histoire qu’elle n’aille pas s’imaginer que je me foutais d’elle.  

 Un petit rire s’échappa de mes lèvres à sa réplique. Je l’avais prise pour une de ces cabots gnan-gnan, cul cul la praline, le sexe = les sentiments et tout le blabla. Mais elle semblait plus libérée et libertine que je ne l’aurais cru. Son discours laissait même entendre qu’elle assumait complètement ses petits coups vite fait avec Roman. « Certes… Mais tu ne me feras pas croire que ce n’est qu’une histoire de cul. » m’amusai-je à rétorquer à mon tour en reprenant sa formulation. Je tentais d’éteindre sa méfiance, de gagner sa confiance, en lui livrant un peu des confidences de mon ami, qu’elle me voit comme un proche de Roman, comme un allié pour la conseiller. Et c’était dans l’unique but de mieux abattre mes cartes ensuite. Mais elle était sur la défensive encore, même après mon aide pour la chasse au livre, à l’issue de laquelle d’ailleurs je n’avais pêché qu’un kamasoutra. Elle s’étonna de mes paroles, reprenant sur le fait qu’elle n’avait jamais dit vouloir être avec Roman. « Ce n’est pas le cas peut être ? » Si elle n’en  avait rien eu à faire elle m’aurait envoyé promener, et ne serait pas là à me servir un –je t’écoute- qui trahissait bien qu’elle avait quand même envie d’entendre mon opinion. « Personne ne m’a rien dit, mais j’étudie les relations internationales, je te l’ai dit. Et dans la matière, ma perspicacité dépasse le domaine du commerce… » Petit sourire, un instant puis je repris mon sérieux : « Ce qui ferait terriblement plaisir à Roman, ce qui lui prouverait que t’es la femme qu’il lui faut, ça serait de réaliser son plus grand fantasme.. » Petit regard en biais sur le kamasoutra abandonné sur la table basse. « Et ce fantasme ne se trouve pas dans ce bouquin. » Je laissai échapper un petit rire avant de reprendre, tout à fait sérieusement : « Son rêve c’est de te voir avec Ariana. Je ne te parle pas forcément d’une nuit, mais rien qu’un baiser, ça le rendrait déjà complètement fou. » Cole les faux bons conseils. Pire que les courriers du coeur dans les magasines féminins.