La Eliot House. Une immense cours de récréation pour nous tous, et il nous fallait en prendre le contrôle, régner en maitre sur ce grand terrain de jeu, assouvir notre soif de pouvoir, tout réformer, à notre image… Mais avant d’envisager les changements à opérer, il était clair qu’il fallait plancher sur la manière d’accéder au trône. Et avant toute chose, décider qui serait candidat. Dans l’affaire, je ne voyais pas les deux garçons comme de potentiels adversaires mais bien comme deux alliés. Il me semblait même que si le scrutin devait révéler ma défaite au profit de leur victoire, je n’en serais presque pas vexé, parce que je saurais la maison entre de bonnes mains. Mais Noah déclina l’option de se présenter, brandissant son passé trop tumultueux. A son hésitation sur le choix du mot, on pouvait sentir l’ombre de Sage planer au dessus de sa tête. « On a tous quelques faux pas à notre actif… » J’avais moi même eu quelques mathers dans mon lit… Mais il fallait croire que la relation Noah/Sage me dépassait, que ce que je voyais comme un simple plan cul régulier était en fait bien plus… Trop subtil pour Cole Wildingham probablement… « Tu as ta place dans la lumière autant que nous… Mais soit, tu seras notre conseiller, quelque soit l’issue de ses élections Noah : tu auras ton mot à dire. La Eliot House sera aussi à toi. » assurai-je, des mots qui sonnaient un peu comme une promesse, celle de ne pas l’écarter, celle de l’écouter, en accord avec les propos de Tate d’ailleurs qui levait son verre en l’honneur de notre désormais déclaré officiellement directeur de campagne. J’imitais mon ami, levant également ma boisson avant d’écouter ensuite Noah argumenter sur le pourquoi Tate et moi ferions de parfaits candidats, et j’ajoutai d’ailleurs, au sujet de Murray : « Et il a été élu meilleur VP l’an dernier. Faut pas l’oublier ça. » Un atout de plus pour le garçon. Pas contre, pas sûr que de mettre en avant mon statut de roi du bal avec en reine une mather soit une bonne idée, ni même mon prix du –plus intimidant-… D’après Noah, la seule potentielle personne pouvant faire de l’ombre à notre duo serait… ma sœur. Je pinçai des lèvres, nerveux. L’évocation de Vic fit resurgir notre dernière discussion, nos dernières frictions, et si il y avait bien un truc que je ne supportais pas c’était d’être en froid avec ma jumelle. « Je lui aurais bien demandé si un nouveau mandat était dans ses projets, mais les choses sont quelque peu compliquées entre nous ces derniers temps… » répondis-je donc concernant sa potentielle candidature. Mais quand bien même elle se présenterait, Noah avait pensé à tout. Ce mec était un génie… Il énuméra son plan d’action, comment conquérir notre électorat, concluant sur le fait qu’on allait devoir jouer les charmeurs… L’occasion pour Tate de renchérir en me charriant. Je tapai l’épaule de mon ami avec un petit rire, le taquinant à mon tour : « Je ne peux pas jouer dans la même équipe que toi Tate, ça fait longtemps que tu m’as battu… » Trop de conquêtes pour notre serial loveur. J’en avais même perdu le fil de ses conquêtes durant l’été, c’était pour dire. « Mais bien sûr que je peux toujours charmer, charmer n’est pas tromper non ? » soufflai-je avec un petit sourire au coin des lèvres, rassurant ainsi au passage mes deux acolytes. Et le clou de la chose, c’était que si Noah ambitionnait de nous placer à la tête de la confrérie, lui, avait comme projet de mettre un pied au sein du journal de la fac, en tant que rédacteur, nous assurant ainsi une belle publicité et plus tard la propagande pro Eliot. Et quand bien même, seul l’un de nous serait en place au pouvoir, le troisième aurait la mission de créer un blog à la façon de feu CS, mais centré uniquement sur les Eliots, pour asseoir notre pouvoir de manière bien élargie. Tate était plus qu’enthousiaste, et c’était contagieux. « Noah, t’es un génie… Je ne vois même pas comment ça pourrait ne pas marcher sauf si… » Cole, pessimiste, here we go. « Si aucun de nous n’est élu ? » J’avais envie d’y croire dur comme fer à cette élection et en même temps… En même temps, il avait raison Noah, quand il évoquait son passé tumultueux, et moi même, sous mes airs de gentleman, je n’avais pas été un enfant de cœur. Que dire des multiples conquêtes de notre don Juan de Tate ? Peut être que ça allait se retourner contre nous, peut être que les bleus se tourneraient vers des candidats plus discrets, plus effacés…