La croisière sur le lac, Anastasiya l'avait attendue avec beaucoup d'impatience, parce qu'en tant que fille romantique amoureuse, elle savait que ce serait un moment unique passé en compagnie de son bien-aimé. Mais d'un autre côté, c'était l'une des dernières activités de ce Summer Camp et donc l'annonce de la rentrée, la reprise de la routine, et en même temps une vie nouvelle à cause de ses engagements envers le refuge et sa vie de couple. La demoiselle tenait certes à passer la croisière avec son Happy mais elle voulait aussi passer cette dernière escapade en compagnie de sa soeur adoptive, Anabel, voulant lui faire connaître plus amplement celui qu'elle considérait déjà comme l'homme de sa vie. La jeune femme et la fillette avaient embarqué à bord avant de passer quelques temps à l'avant du bateau histoire de profiter du paysage. C'était aussi l'endroit qui avait été prévu pour qu'ils se retrouvent avec Happy.
La croisière sur le lac… même seul, pour sûr, Happy n’aurait manqué cela pour rien au monde. Cela ne signifiait pas qu’il comptait totalement s’isoler, la preuve, il attendait désormais au point de rendez-vous prévu sa chère et tendre, Anastasiya, ainsi que sa petite sœur Anabel. Il avait eu l’occasion de croiser la fillette à plusieurs reprises durant ce Summer Camp, mais jamais suffisamment longtemps pour faire plus ample connaissance. Quelque chose lui disait que sa douce comptait rectifier la chose avant qu’ils se soient tous de retour à Harvard, avec la routine et les soucis du quotidien sur le dos. « Hey les filles ! » s’exclama-t-il en les voyant, s’approchant d’elle pour embrasser simplement Ananas sur la tempe - histoire de ne pas en faire trop - pour mieux déposer une large bise sur la joue de la fillette. « Vous allez bien toutes les deux ? »
Anastasiya trouvait le temps long lorsqu'elle n'était pas en compagnie de son chéri, comme tous les amoureux transis ! Anabel aussi appréciait beaucoup la présence du jeune homme et avait confié à sa soeur qu'elle le trouvait très beau. Toutes deux eurent un large sourire en le voyant arriver. Dès qu'il fut à sa portée, Anastasiya attrapa l'une de ses mains et l'embrassa sur la joue.
-Ca va !
Anabel venait de répondre la même chose que sa soeur.
-Et toi ? Pas trop déçu que la fin des vacances approche ?
Happy également avait trouvé le temps long depuis la dernière fois où ils avaient pu se voir. Mais entre Anastasiya qui devait évidemment veiller sur sa sœur, le fait de s’occuper des chiots ainsi que la préparation de la croisière… les deux n’avaient pas vu le bout. Voilà pourquoi, aujourd’hui, le sourire de l’américain illuminait littéralement son visage. « Oooh que si ! Je n’ai pas franchement hâte de retourner à Harvard et à mes obligations quotidiennes. Je suppose qu’avec Anabel vous pensez pareil… on était bien ici ! »
Au moins, tout le monde était d'accord sur le sujet ! Le départ de Cape-Breton serait d'autant plus difficile pour la jeune femme que c'était en ces lieux qu'elle avait connu le bonheur auprès de son chéri. Heureusement qu'elle ne le quitterait pas une fois à Harvard ! Anabel aussi était triste à l'idée de retourner à Cambridge puisqu'elle devait quitter ses amis, sa soeur aurait moins de temps à lui consacrer avec la reprise des cours, elle-même devait s'y remettre...
-On se soutiendra alors ! Et qu'est-ce que tu vas faire comme boulot du coup ?
La jeune femme attendait sa réponse avec impatience bien qu'elle avait quelque chose à lui proposer...
En parlant des « problèmes » qu’Happy risquait de rencontrer une fois de retour à Harvard, Anastasiya ne manqua pas de mettre sur le tapis le boulot du jeune homme sans attente, sans préparation ni rien. Sur le coup, il lui adressa une expression surprise, ne sachant pas au juste pourquoi elle exposait ce souci devant Anabel… mais il se reprit rapidement et, sans se démonter, énonça : « pour le moment toujours le même. Il faut que je sois sur place pour pouvoir postuler ailleurs. Même si c’est dur pour moi aussi, je ne peux pas en changer d’un claquement de doigt, sans paye, je suis en faillite personnelle. » Autant appeler un chat un chat, sans donner trop de détails pour autant…
Anastasiya n'avait pas pris de gants pour commencer cette conversation mais c'était bien voulu, au moins son annonce pourrait faire de l'effet. Quant à aborder le sujet devant Anabel, elle ne voulait rien lui cacher de l'homme qu'elle aimait. La réaction de l'enfant ne tarda pas à se faire entendre.
-Tu fais quoi comme travail ?
-Happy joue les anges gardiens on va dire. Quand une femme se sent seule, elle peut l'appeler pour qu'il lui tienne compagnie.
Elle regarda tour à tour sa soeur puis le jeune homme avec un regard complice.
-Mais mon petit loup, je ne veux pas qu'une autre que moi pose sa main sur toi désormais ! Surtout que je sais que c'est une corvée pour toi.
Elle s'approcha alors de son petit ami, posa ses mains sur les hanches de son bien aimé, arborant toujours un sourire alors qu'elle aurait pu se refermer sur elle-même en apprenant qu'il ne renonçait pas directement à son job, malgré ses besoins financiers.
Bien évidemment, la jeune Anabel ne manqua pas de poser la question qui tue à propos du métier d’Happy. Mais par chance, ce fut Anastasiya qui répondit en premier, d’une façon presque poétique pour un métier ne l’étant aucunement. La formule arracha même un sourire amusé au principal concerné, bien que la panique intérieure qu’il vivait actuellement n’ait rien d’agréable ou d’amusante. « C’en est une, de corvée » renchérit-il en caressant doucement la joue de sa bien-aimée, alors que cette dernière esquissait un rapprochement physique. Si l’adorable petite sœur n’avait pas été présente, sûrement aurait-il dit qu’il ne demanderait pas mieux que d’être intime avec elle, et qu’elle soit la seule à avoir ce privilège au passage… mais peut-être était-ce un peu tôt encore. « Tu poses tes mains quand tu veux sur moi tu sais » chuchota-t-il néanmoins avant de reprendre, piqué dans sa curiosité : « en revanche je me demande pourquoi tu as l’air de le prendre aussi bien que je ne puisse pas changer de taff… »
Anabel se contenta de la réponse de sa soeur et ressentit même une bouffée d'admiration et de sympathie supplémentaire envers Happy, qui lui semblait déjà être une personne très agréable. Comme à son habitude, l'enfant décida de vaquer à ses affaires, reposant son regard sur l'immensité du lac. Voyant cela, Anastasiya comprit qu'elle pouvait parler avec Happy sans crainte qu'ils soient écoutés par les oreilles innocentes. Elle se rapprocha davantage de son chéri pour finir collée contre lui.
-Oh mais parce que je sais que tu vas pouvoir en changer. Si tu n'acceptes pas ce sera une autre histoire mais j'ai bon espoir.
Elle retira une main de lui pour sortir un papier plié de son sac et lui tendre, il s'agissait d'un contrat de travail qu'il n'avait plus qu'à signer.
-La récolte des fonds suite à la chasse a vraiment dépassé mes attentes, d'autant que j'ai reçu un important don anonyme. Avec tout ça j'ai de quoi remettre les structures en état, prendre soin d'une centaine d'abandonnés et salarier correctement deux personnes. Vus les besoins du refuge, je ne vais prendre qu'une personne à temps non-complet pour assurer les soins vétérinaires. Et cette personne, je voudrais que ce soit toi. Je sais que ce sera fatiguant pour toi mais ce sera toujours mieux que ce que tu fais pour le moment je pense. Et puisque je peux salarier deux personnes et que je ne veux qu'une recrue, tu seras payé pour deux.
La visible admiration d’Anabel arracha un sourire attendri à Happy, lui rappelant à quel point il adorait les enfants, même s’il ne le criait pas sur tous les toits. La sœur d’Anastasiya était plus qu’adorable et si un jour il fallait quelqu’un pour la garder, l’américain se porterait très certainement volontaire. Mais pour l’heure, sa chère et tendre, désormais collée à lui, piqua au vif sa curiosité avec une sorte de proposition qu’il imaginait d’ors et déjà alléchante. Impossible pour lui de ne pas écouter, car l’espoir de son ananas adoré se lisait aisément dans son regard. « Tu veux m’embaucher ? » fit-il, une large expression d’étonnement sur le visage. Tandis que la jolie brune s’exprimait en lui donnant davantage de détails, il parcourait des yeux son contrat de travail, qui lui garantissait effectivement d’être bien mieux payé que tout ce qu’il aurait pu espérer en trouvant un autre job… « Je ne sais pas quoi dire… je comptais chercher un autre taff sitôt de retour à Boston, mais là ça dépasse de très loin toutes mes espérances ! Ana, je savais que tu étais parfaite mais à ce point… non seulement tu m’offres un premier pied à l’étrier dans ce qui sera ma future carrière, mais tu me permets enfin de mettre la tête hors de l’eau ! » s’exclama-t-il en la soulevant dans les airs, avant de lui offrir un langoureux baiser. « Je t’aime… »