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J'ai la tête qui éclate, je voudrais seulement dormir.
Je suis … dépité. Est-ce qu’une fois dans votre vie vous avez déjà rencontré quelqu’un de plus malchanceux que moi ? Je veux dire, je mérite sans doute de souffrir le martyr pour toutes les choses que j’ai faites, et même celles que je n’ai pas faites. Mais bon sang, j’ai 22 ans et je suis entrain de regarder ma vie s’effondrer comme s’écroule un pont. Il fait froid, tellement froid, à l’intérieur de moi. Je vis avec la permanence du manque, l’affreuse culpabilité de ceux qui voudraient s’arracher le cœur, l’envie de gerber ses tripes à chaque fois que je me regarde dans la glace. Je n’ai pas fuis Cape-Breton. Je suis parti parce que c’était mieux comme ça. Parce que plutôt crever que de faire du mal à Sage, même si ce qui lui fait du mal c’est le simple fait que je sois là. Nos derniers échanges de messages étaient … évasifs, infructueux. Je crois même que j’ai arrêté d’attendre qu’elle réponde au dernier. Je ne suis même pas sûre de vouloir qu’elle réponde. Pour dire quoi ? Des reproches ? Encore et encore ? J’en ai assez de son indifférence, de ses silences, de ses insultes et du reste. Pourquoi est-ce que je m’épuise à ouvrir les vannes de mes sentiments ? Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à faire comme j’ai toujours fait : verrouiller la porte d’entrée, fermer le rideau, et adieu les laids. Je ne sais pas, je ne sais putain de pas. Sage est … tellement différente. Elle m’a détruit cette fille. Elle n’a pas menti quand elle m’a promis qu’elle le ferait la première fois. Elle m’a anéantis, et le pire dans tout ça ? C’est que je suis incapable de faire taire son prénom dans ma tête. Peut-être qu’il va falloir que je m’habitue à son silence, peut-être qu’il va falloir que je me fasse à l’idée de la voir aux bras d’autres garçons. Tant pis si ça fait mal. Tant pis si elle, elle arrive à passer à autre chose. Tant pis si elle a menti. Tant pis, si ça doit me prendre une vie pour l’oublier. Tant pis si je ne l’oublie jamais. Pourquoi j’y pense là ? Ah ouai, parce que je suis à Cape-Breton. Depuis quarante huit heures voire plus. Je ne compte plus. Je suis encore dans cette sale d’attente, je n’ai rien mangé depuis mon arrivée. Les infirmiers ne veulent pas que je monte voir Ana dans sa chambre. Et pire encore, dans la nuit ils ont interné Ivy. Deux des personnes que j’apprécie le plus hospitalisées. Je réitère, vous avez déjà connu un mec aussi malchanceux ? Et peut-être que je le mérite. Peut-être que la pourriture que je suis le mérite. Soyez heureux, le gringalet que vous détestez souffre bien comme il faut. Je n’en ai rien à foutre. Je suis fatigué. Je finis par me lever me promettant à moi-même que je reviendrais dans la matinée. J’ai vraiment besoin d’une douche, de manger, de me poser. Alors je prends le premier taxi direction l’hôtel. J’envoie un message en court de route : « Mon amour, j’arrive. ». A la porte, je frappe. Une fois, deux fois. J’ai besoin d’elle comme d’une infirmière.
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