oh my sweet girl (valentina)

J'ai vu des tonnes de pères, des jambes à l'envers, crois moi je te jure, c'est les tiennes que je préfère oh oh oh my sweet darling oh oh oh, don't go — C’était la première fois depuis longtemps que j’avais eu l’impression de prendre des vacances. Il y avait toujours eu quelque chose dans ma vie qui empêchait le mot vacances de prendre tout son sens. Cette année, non. Après les chamboulements qui avaient traversé ma vie au début de cette année, j’avais fini par trouver une sorte de paix intérieure. J’avais pu faire ce que les autres font généralement en vacances : bronzer, sortir, découvrir, visiter, boire et sans à avoir à se soucier si la boutique tourne encore bien sans nous. Je me baladais dans l’hotêl, à la recherche d’une dernière chose à faire quand je vis Aaron s’approcher de moi. Ah… Aaron. Je lui souris.
« Sous un parasol ? Ça se voit non ? »
J’expose alors ma peau brunit par le soleil. Dieu que c’est bon d’être italienne et de bronzer si vite…
« Y avait tellement de monde ici que je crois que c’est normal que je ne t’ai pas vraiment vu », je rajoute, en lui faisant un clin d’oeil.

J'ai vu des tonnes de pères, des jambes à l'envers, crois moi je te jure, c'est les tiennes que je préfère oh oh oh my sweet darling oh oh oh, don't go — Valentina observe sa peau en même temps qu’Aaron. Oui, elle a effectivement pris des couleurs. Entre sa mère californienne et son père italien, elle avait de quoi ne pas rester une poupée de porcelaine -déjà qu’elle n’en était pas réellement une à la base. Elle était fière d’avoir pris des couleurs. Au moins, à la rentrée, quand elle resterait enfermée dans la bibliothèque ou chez elle, tout le monde continuerait de lui dire qu’elle avait bonne mine. L’italienne sourit quand Aaron lui dit qu’elle a bien profité du soleil. Elle était fière. Oh que oui !
Elle prend alors volontiers son bras quand il lui propose de passer le reste de la journée avec lui. Elle acquiesce, en signe d’accord. Elle n’avait de toute façon rien d’autre à faire. Ses valises ? Elles seraient faites en quelques minutes parce que Tina était tellement organisée qu’elle n’aurait qu’à déplacer ses affaires.
« Où tu m’emmènes ? Tu as demandé l’accord de mes parents avant de me kidnapper comme ça je ne sais où ? »

J'ai vu des tonnes de pères, des jambes à l'envers, crois moi je te jure, c'est les tiennes que je préfère oh oh oh my sweet darling oh oh oh, don't go — Aaron était une âme rebelle, et c’était là où résidait toute sa différence avec moi. J’avais pendant longtemps été une sorte de pantin que l’on manipulait au gré de ses envies, qui obéissait gentillement à ce qu’on lui demandé : quoi que non, ce schéma s’appliquait uniquement dans le cadre de ma famille, où dès mon plus jeune âge on m’avait inculqué le respect de mes pères. Dieu que ça pouvait ressembler à une monarchie plus j’y pensais. Je rigole quand il me parle de mes parents.
« Je suis majeure et vaccinée jusqu’à preuve du contraire. »
Je souris.
« Et puis, si on se connait c’est de la faute de mes frères, pas la mienne. »
Toujours agrippé au bras d’Aaron, je me laisse emportée au loin, sans aucune connaissance de l’endroit vers lequel nous nous dirigeons.

J'ai vu des tonnes de pères, des jambes à l'envers, crois moi je te jure, c'est les tiennes que je préfère oh oh oh my sweet darling oh oh oh, don't go — Je m’entendais bien avec Aaron. Il avait un petit caractère, un petit truc qui le différenciait des autres. Il changeait de tous ces gosses de riches, piteux qu’on pouvait trouver à Harvard. Et j’aimais cette différence qu’il pouvait exprimer. Par rapport à lui, je me sentais souvent banale. J’étais le stéréotype de ces gosses de riches qui vont à Harvard d’une certaine façon, bien que l’argent qui m’a amené ici soit tout sauf propre. Lorsqu’il parle de mes frères, bien que je sois celle ayant amené le sujet, j’émets un pincement au coeur. Ma famille. Merde.
« On se parle plus vraiment, ils viendront sûrement pas te taper. »
Ma déception est lisible sur mon visage.
« Bon, tu m’emmènes où ? Boire un coup ? Sur la plage ? Au fin fond d’une forêt ? »

J'ai vu des tonnes de pères, des jambes à l'envers, crois moi je te jure, c'est les tiennes que je préfère oh oh oh my sweet darling oh oh oh, don't go — Ma famille me manquait. Mes frères et leur protections excessives en venait même à me manquer. Mais j’avais fait ce choix, j’avais décidé de partir, pour mon propre bien, pour ma santé aussi, parce que clairement, tout commencé à me bouffer de l’intérieur. Même si c’était ma famille et que je ne pourrais jamais m’arrêter de les aimer. Aaron les connaissait, mes frères. Ces quatre petits cons qui avaient quasiment tous les même âge, tout ça parce que ma mère battait des records de fertilité.
« Y a pas grand monde qui sait. Tout le monde me voit moi et Raffa a Harvard et personne s’en doute. » je soupire. Rafa est sûrement celui qui me manque le plus.
La proposition d’Aaron me fait sourire : digne d’un épisode d’Esprits Criminels.
« Sur un bateau y a pas de réseau non plus, et t’as juste à me jeter par dessus bord pour te débarrasser de mon corps donc je sais pas si je dois dire oui. »
Mais si, bien sûr, je faisais confiance à Aaron bien évidemment. Je rigole à nouveau et le prend par la main pour qu’on se dirige près du port.