Harmila ✗ That's the beauty of a secret

Ce soir la belle avait en tête de rester sagement dans sa chambre. Bien sûr c'était sans compter sa grande sœur qui l'extirpa bien rapidement de son nid pour l'emmener en soirée. La russe n'est pas une insociable, mais une sortie accompagnée de sa sœur et de son chérie, non merci. Tenir la chandelle, ce n'est pas trop son délire. Sauf que limite forcée à sortir de sa chambre, elle suivi Oksa et son homme sur la plage qui borde l'hôtel. Les soirées étudiantes où se mêlent beuverie, filles en bikinis qui se trémoussent et j'en passe, ce n'est pas sa tasse de thé. Elle ne s'en cache pas, elle a des goûts de luxe. Du coup lorsqu'on lui tend un gobelet avec un mélange douteux à l'intérieur, elle décline. « C'est de la bière Ludmi, tu peux prendre au moins un verre » Sous le regard de son aînée, la jolie blonde acquiesce et cède finalement. Une bière, ça ne peut pas lui faire de mal. Même si elle n'apprécie pas tellement cette boisson. Lorsque le couple commence à se bécoter de partout, l'étudiante préfère les laisser et s'éloigner. Assez blasée et désespérée lorsqu'elle regarde sa vie sentimentale, ce n'est pas nécessaire d'en ajouter en lui foutant deux amoureux sous le nez. Elle décide de marcher un moment sur la plage le verre à la main. Elle n'a pas forcément envie d'aller faire la conversation à quelqu'un et de toute façon elle ne voit aucune tête qu'elle reconnaît. Mais cela ne veut pas dire qu'on va la laisser tranquille pour autant. Une voix s'élève et l'interpelle. Lorsqu'elle se retourne, elle voit un jeune homme déjà croisé durant le séjour. Un type sur lequel elle ne se serait pas forcément retournée. A première vue il a l'air de fumer comme un pompier et d'apprécier l'alcool. Le stéréotype qu'évite Ludmi. Mais ce gars-là l'intrigue d'une certaine manière. Donc dès qu'il vient l'accoster, elle se met à répondre gentiment. «  Monsieur a bonne mémoire. Toi il me semble que c'est Harlow si je ne me trompe pas »  Dit-elle en esquissant un léger sourire. Elle qui pensait passer la soirée soit à regarder l'autre couple se bécoter ou soit à flâner quelques minutes sur la plage avant de feindre une migraine envers sa sœur pour pouvoir rentrer. Ses plans viennent subitement de changer.

On n'a pas tous un goût prononcé pour l'alcool, l'euphorie, le joint et la baise sur la plage. Bien que le dernier doit être intéressant à expérimenter. Mais Ludmi est du genre guindée, bien trop coincée et bourge pour ce type de soirée. Elle l'assume complètement et ne s'en cache pas. C'est d'ailleurs quelque chose qu'on lui reproche bien souvent. Il faut croire qu'être trop sérieux et sage est désormais considéré comme un vilain défaut. De nos jours si tu ne te bourres pas la gueule jusqu'à te noyer dans ton vomi, tu n'es pas dans la norme. C'est stupide, mais bon d'un côté sa sœur Oksa n'a pas tort de la traîner à ce type de party. Rester dans sa chambre, ce n'est pas franchement fendart et ça fait un peu ermite. Il faut savoir se lâcher de temps à autre et ôter balai qu'on a dans le derrière.  « Oh ça se voit tant que ça ?  »  Dit-elle sur un ton plutôt ironique. Mais Ludmi cache difficilement ses sentiments. Lorsque quelque chose ne plaît pas, c'est inscrit sur sa tronche de boudin. Pas étonnant qu'elle ne rencontre personne avec ce caractère.  « Mais quitte à avoir été entraînée ici, autant se mettre dans l'ambiance …  »  Elle porte alors son verre aux lèvres pour y boire ses premieres gorgées. Elle le porte depuis tout à l'heure sans y toucher. Au lieu de faire décoration, autant le boire. Elle est sur la bonne voie pour se fondre dans la masse. Sauf qu'un crétin passe à côté, tangue, la bouscule et renverse le verre qu'elle a dans les mains sur le haut qu'elle porte. Machinalement elle lui lance un regard assassin et sans qu'elle ne puisse contrôler quoi que ce soit, des injures sortent de sa bouche.  « Espèce d'enfoiré, regarde où tu mets les pieds.  »  Le ton est sec, dur et le gars, sans doute éméché, n'a même pas le temps de dire quoi que ce soit que Ludmi lui fait signe de dégager. Elle regarde son haut agacé avant de se rappeler que juste avant cette incartade, elle discutait avec Harlow. Elle lève la tête vers lui.  « Pardon je …  »  Pourquoi elle s'excuse ? Sans doute du fait de passer pour une fille complètement bipolaire devant un type qu'elle connaît à peine.  

Le jeune homme confirme, Ludmi fait tâche. Pourtant les intentions de sa sœur ne sont pas mauvaises. Elle veut simplement que sa petite sœur apprécie ses vacances et sorte un peu plus. Qui sait, même si d'habitude elle n'est jamais dans son élément dans ce type de party, ce soir elle peut, peut-être, apprécier le moment. Elle commence même à apprécier le verre qu'on lui a servi. Bien sûr en quelques secondes un soulard la bouscule, son haut pue la bière et elle rembarre violement la personne qui ne perd pas un instant pour s'éloigner pour dégobiller ce qui lui reste dans l'estomac. Elle peut s'estimer chanceuse qu'il se soit retenu et que soit de la bière sur son haut et non autre chose.  «  Si ça ne t'embête pas, je veux bien pour le t-shirt … » Ce n'est pas que ça embête Ludmi de terminer la soirée avec un haut dégueulasse, mais avoir quelque chose de sec est bien plus agréable et confortable dans l'immédiat. Donc pourquoi refuser l'offre d'Harlow. Il lui tend un t-shirt tout simple, mais qui fera l'affaire pour remplacer le trempé qu'elle a sur le dos.  « Merci beaucoup, je vais faire gaffe aux soulards qui n'ont plus les yeux en face des trous pour éviter de dégueulasser ton t-shirt en plus du mien … » La demoiselle regarde rapidement autour d'elle et voit qu'il n'y a rien pour qu'elle puisse se changer. Elle n'est pas extrêmement pudique, mais elle a son confort et se changer en public, elle n'aime pas trop. Sauf que pour le coup elle n'a pas trop le choix. Résignée, elle reste sur place et se débarrasse donc de son haut. Un soutien-gorge est identique à un haut de maillot, au détail près que c'est en dentelle et légèrement transparent. Elle enfile par la suite le t-shirt du jeune homme. Bien que l'odeur soit dérangeante, c'est déjà bien plus agréable qu'un t-shirt à bière.  «  Du coup me voilà avec un verre vide. Tu aurais quoi à me proposer ? » Habituellement elle aurait eu tendance à rentrer, mais ce soir la fatigue n'est pas de la partie, donc autant rester un peu plus longtemps.

Contrairement à elle, Harlow semble habitué de ce genre de soirée. C'est compréhensible. La plupart des gens aiment le temps d'une nuit se retourner l'estomac, la tête, bref même si c'est se rendre minable pour Ludmi, pour eux, c'est une façon de profiter, de se lâcher. C'est donc étonnant de la voir encore présente. Il faut croire que ce soir, elle a peut-être, elle aussi, envie de se lâcher un petit peu. Elle n'ira pas aussi loin que le vomito qui vient de lui passer devant, mais simplement profiter, discuter et faire de nouvelles rencontres. Le sourire aux lèvres, elle remercie l'étudiant. Ce n'est peut-être qu'un t-shirt, mais ça dépanne bien la belle. Bien qu'hésitante dans un premier temps, elle finit par se changer rapidement au milieu de la plage. De toute façon les personnes autour d'elle sont si ivres et s'en foutent royalement. Une fois son haut changé, l'étudiant lui propose un tour en pédalo. Ce à quoi elle répond tout naturellement.  « C'est possible ça ?  » Avec une semi-tête de la nana étonnée. Puis elle se rend compte de la naïveté dont elle vient de faire preuve.  « … oh je vois. C'est fermé et interdit … sauf si on emprunte et qu'on rend le pédalo en état, c'est ça ?  »  Dit-elle sur un ton un peu rieur. Avec de l'autodérision, elle se moque d'elle-même. Croire que le pédalo ouvre même la nuit, c'est stupide. Mais pour Ludmi qui suit généralement les règles à la lettre, ce fut automatique que de poser la question. Maintenant la question est de savoir si pour une fois dans sa vie, elle va aller au-delà d'une interdiction. Elle se mordille légèrement la lèvre inférieur, signe qu'elle est en pleine réflexion. Oui, elle est hésitante. Pour lui c'est facile, il veut quelque chose, il le prend. La russe a grandi avec des restrictions et un cadre très strict, donc difficile pour elle de dévier et de sortir de ce cadre.  « Allons-y !  »  Léger sourire empli de malice au coin des lèvres, enfin elle ose prendre des risques dans sa vie de princesse russe complètement guindée et rigide.  

C'est à la fois excitant et effrayant pour Ludmi. Elle n'a jamais enfreint une seule règle. Toujours dans le droit chemin. La petite fille modèle qui n'a pas un défaut. Sortir un peu de cette route toute tracée, cela crée de l'adrénaline. Ce sont des sensations nouvelles pour la russe. Lorsqu'il lui empoigne la main pour la mener vers les pédalos, elle ne peut s'empêcher de sourire. Un sourire espiègle. Pour lui ce n'est rien, il a sans doute fait pire. Pour la belle, c'est une première. Etonnamment elle se prend très vite au jeu, si bien que ça lui donne un air mignon et encore plus innocent.  « Si on la coupe ils vont le voir et chercher le coupable. Si on défait et qu'on ne laisse pas trace, il y a moins de risques  » Elle veut bien se laisser embarquer, mais si par le plus grand des malheurs ils sont pris la main dans le sac, ça serait le drame pour Ludmila. Donc elle préfère prendre des précautions. Analysant le système de cordage des pédalos, elle reste camper sur ses positions et sur le fait que de couper une corde, c'est prendre un risque. Donc elle préfère l'autre solution. Elle a l'habitude de devoir défaire des nœuds avec ses fils de couture. Il suffit de projeter, sauf que là ce sont des gros fils. Sans attendre elle se place au bout et commence à dénouer la corde rattachée à la berge. Bien que ce soit plus difficile que ce qu'elle avait en tête, le nœud reste assez simple. Ils ne se sont pas foulés au niveau de la sécurité. Après deux minutes à galérer, elle a finalement la corde détachée dans la main, mais Ludmi se rend compte d'une énorme boulette. Au lieu d'en détacher un seul, elle a détaché l'ensemble des pédalos qui sont reliés les uns aux autres. Grimaçant face à sa bêtise, elle regarde Harlow avec un air légèrement paniqué tout en lui confiant la corde. S'il la lâche, tous les pédalos prennent le grand large.  « Je n'avais pas vu qu'ils étaient tous reliés …  » Maintenant pour savoir comment n'en prendre qu'un (…). Finalement l'idée de couper la corde paraît soudain plus logique, simple et radicale.